Il existait une grande part de non-dit en lui. Il en avait conscience. Cela reposait sur une sensibilité, animale, pour le moins connaissant les vertiges nés de la fatigue. Un soudain souffle d’air chaud borgne pouvait le déstabiliser. Il redevenait l’enfant des Hautes-Fagnes. Fantassin parmi d’autres fantassins, tentant de répondre à la seule question qui vaille « Qui suis-je ? ». Il avait décidé seul, du mouvement des marées. Il fut le maître des vagues et des tempêtes. Celui qui, par obligation morale se met à croire au Très-Haut. Qu’est-ce vraiment qu’une vie aimante ? aimable ? N’est-ce pas le contraire d’un raout proustien ! Il lisait Ruysbroek. Il s’était engagé sur le chemin de perfection. Alors pourquoi cette dysharmonie entre lui et les hommes ? Il avait autrefois réfléchi à ce qu’il nommait « la vie ». En attendant il préparait la suite d’un combat dans lequel, l’un après l’autre, les adversaires avaient cru pouvoir l’emporter. Seules, les tourbières refusaient de quitter leur territoire, leurs marécages, tout ce qui les liait encore à la vie primitive.