III

FAUX ET USAGE DE FAUX

L’affaire Bygmalion

Elle est connue comme « l’affaire Bygmalion », mais il faudrait la débaptiser, car l’enquête porte d’abord sur le financement suspect de la campagne présidentielle de 2012. Avec, bien sûr, ces 18,5 millions d’euros de fausses factures ordonnées par l’UMP afin de faire face aux folles dépenses du président-candidat. Mais c’est aussi et surtout une affaire Sarkozy, car l’enquête devra, in fine, répondre à cette question : l’ex-chef de l’État a-t-il couvert des pratiques financières délictueuses ?

Ce dimanche 15 avril 2012 en début d’après-midi, Nicolas Sarkozy est nerveux comme jamais. Démarche pressée, tics à foison, adrénaline au zénith. Il ne quitte pas des yeux les images de la place de la Concorde, retransmises par les chaînes d’info. Une nuée de drapeaux tricolores envahit les écrans. Il va entrer en scène. Il se gave de chouquettes et de chocolats. Il joue gros. Dans une semaine, c’est le premier tour de l’élection présidentielle.

Ce même jour, à quelques kilomètres de là, c’est une foule bon enfant qui prend d’assaut la place du château de Vincennes. Le groupe Kassav chauffe les militants socialistes, venus en nombre pour écouter François Hollande marteler son désir de « changement », une dernière fois. Le candidat socialiste doit prendre la parole à 16 heures, ce meeting sent bon la victoire. À la Concorde, les mâchoires serrées, les Copé, NKM, Fillon, tentent de galvaniser les dizaines de milliers de sympathisants de l’UMP qui veulent y croire, encore.

Le budget de la campagne a explosé, certes, mais rien n’est trop beau pour le candidat Sarkozy. La scène est mal située, sans perspective en arrière-plan ? Pas de souci, une gigantesque photo très haute définition est commandée et déployée derrière le pupitre. Elle ne plaît pas au candidat ? Aucune importance, on en réalise une seconde, dans la nuit. Elle finira à la poubelle, le lendemain. Découpée en fines bandelettes.

Mais à Vincennes, voilà que François Hollande s’apprête à voler la vedette à Sarkozy. L’enjeu est d’importance : le premier qui parle sera retransmis en direct par les chaînes d’information. Énervement maximal dans l’entourage du président-candidat. D’autant que, sur scène, François Fillon s’adresse toujours à la foule. « Fillon, on s’en fout », tranche Nicolas Sarkozy. Et Jérôme Lavrilleux, le directeur adjoint de sa campagne, qui hurle : « Envoyez la musique, merde ! » Il suffit pour cela d’appuyer sur un bouton. C’est, entre autres, le travail de Franck Attal, un cadre de Bygmalion, la société qui co-organise ce meeting. Il est le « topman », l’homme qui règle les soucis d’intendance, accompagne Sarkozy jusqu’à la scène, tout au long des quarante-quatre meetings de la campagne.

Surtout ne pas se louper.

François Fillon est interrompu brutalement, comme un raccourci du quinquennat qui s’achève, avec un Premier ministre prié sans ménagement de ne pas faire d’ombre au Prince. Le candidat fait son entrée, fracassante, à 15 h 25 précises. Il a devancé son adversaire socialiste de cinq minutes. Le timing est bon. Il le faut. Tout doit être parfait, on ne badine pas avec l’efficacité, à l’UMP. Tant pis s’il faut y mettre le prix. Les barrières métalliques sont recouvertes d’un coton gratté bleu du meilleur effet, un vrai réalisateur de télévision est aux commandes, un signal vidéo a été réservé. Et ces dizaines de milliers de drapeaux qui s’agitent… Ça coûte cher, un drapeau : 2 euros si l’on s’y prend à l’avance, jusqu’à 8 euros si l’on presse au dernier moment les fournisseurs.

Nicolas Sarkozy exige une loge cinq étoiles – un appartement, en fait –, il réclame des pièces insonorisées pour se préparer en toute quiétude ? Franck Attal lui fournit des doubles cloisons en bois épais bourrées de papier de verre. L’entourage du candidat veut toujours plus de tout : des portiques de sécurité à foison, les bancs des gradins qu’il faut gainer de bois… Sans compter les cantines pour ravitailler bénévoles et membres du service de sécurité, soit plusieurs centaines de personnes par meeting. Rien n’est trop beau pour le président-candidat.

Cette débauche de moyens, comme une rechute de la période « bling-bling », c’est la genèse de l’affaire Bygmalion. Le meeting de la place de la Concorde a coûté cher, trop cher. L’agence Publics, chargée d’une partie de l’organisation, a facturé ses prestations 1,077 million d’euros, sans compter les 7 TGV réservés pour l’occasion (612 387 euros), les 135 bus, et l’apport technique de la société Event & Cie, filiale de l’agence de communication Bygmalion. Un coût global se situant largement au-dessus des 2 millions d’euros. En face, côté socialiste, avec un pauvre TGV affrété pour la réunion de Vincennes et une scène minimaliste à 30 000 euros, l’addition dépasse à peine les 400 000 euros.

Si l’on veut comprendre l’affaire Bygmalion, il suffit aussi de comparer les comptes de campagne 2012 du PS et de l’UMP, publiés au Journal officiel. Les socialistes déclarent 5,5 millions d’euros de dépenses de « propagande et de communication », quand l’UMP annonce plus de 33 millions d’euros déboursés au même chapitre. Tout est à l’avenant. À l’UMP, les frais de voyage se montent à 9 752 389 euros – un TGV loué pour amener des militants coûte environ 200 000 euros. Le PS, lui, inscrit 3 113 646 euros à ce chapitre.

Évidemment, rien ne permet de certifier que les socialistes ont respecté à l’euro près toutes les directives publiques en matière de financement électoral. Ils ont une expérience peu glorieuse en la matière. Mais pour l’heure, côté PS, aucun élément n’est encore venu semer le doute sur le financement de cette campagne 2012. On ne peut pas en dire autant de celle de l’UMP, dont on sait désormais qu’elle a été entachée d’irrégularités.

Pourquoi ?

Principalement parce que Sarkozy voulait combler son retard.

À tout prix.

Au fil des mois, les sondages, longtemps catastrophiques, avaient fini par laisser entrevoir une lueur d’espoir au président sortant. Dans la dernière ligne droite, l’écart se resserrait, si bien que Sarkozy, donné archi-battu quelques semaines plus tôt par tous les médias, pouvait nourrir le rêve de coiffer son challenger sur le fil. Mais pour ça, il fallait mettre le paquet, c’est-à-dire les moyens.

Et puis, le candidat de la droite avait aussi le goût et l’envie des belles choses, de la perfection, et disposait d’un entourage prompt à exaucer, voire devancer, ses moindres désirs. À l’UMP, on pense encore, en ce printemps 2012, qu’une campagne chère, mitonnée, est une campagne réussie. Un gage d’élection. D’ailleurs, dès les premiers meetings, les salles sont pleines, il y a de l’effervescence, une énergie collective qui irradie. Sarkozy est aux anges, la bête électorale est de retour. Il veut tout donner, multiplier les réunions publiques. Ça coûtera ce que ça coûtera.

Le plafond légal des dépenses de campagne est pourtant fixé à 22 509 000 euros.

Il faut avoir lu l’étude publiée en 1994 de Steven Levitt, économiste à l’université de Chicago, ou les travaux d’Adam Brown, édités en 2013. Ces deux universitaires, après avoir examiné plusieurs campagnes électorales et les dépenses engagées, concluent de la même manière : les fonds investis ne pèsent pas sur le résultat d’une élection. Ou si peu. Deux ans après la défaite du printemps 2012, l’entourage de Sarkozy semble avoir enfin compris la leçon. Il suffit de se rendre à ses meetings, à l’automne 2014, dans le cadre de son opération de reconquête de l’UMP, pour constater que tout a changé. Finies les grandes salles et les infrastructures de luxe, place aux gymnases municipaux et aux installations modestes.

S’ils avaient appliqué d’autres recettes, cru à d’autres chimères, les dirigeants de l’UMP, et Nicolas Sarkozy au premier chef, ne se seraient pas embourbés dans l’affaire Bygmalion. Mais ce n’est plus le temps des regrets. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris, le 27 juin 2014, pour « faux, usage de faux, abus de confiance et tentative d’escroquerie », rien que ça. Elle a même été étendue à des factures douteuses remontant à l’année 2011. L’enquête a été confiée à trois juges d’instruction d’expérience, accrocheurs, en un mot, redoutables : Serge Tournaire, Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire.

Ils sont passés à l’offensive, à l’automne 2014. Six anciens cadres de l’UMP et de Bygmalion ont été placés en garde à vue, puis mis en examen, début octobre 2014. Avec une différence notable s’agissant des chefs de poursuites : quand les anciens de l’UMP sont mis en examen pour « abus de confiance », les ex-employés de Bygmalion sont uniquement poursuivis pour « faux et usage de faux ». En clair, les juges estiment que l’UMP a bien donné les ordres de falsification de factures.

Une ligne de front judiciaire qui a aussi replacé Nicolas Sarkozy au cœur de l’enquête. Comme d’habitude, ses proches minimisent le rôle de l’ex-chef de l’État, crient au complot. Leur argument massue : un président-candidat n’a pas le temps de s’abaisser à discuter des détails d’une campagne. Pourtant, trois questions, au moins, se posent à son sujet.

Que savait-il exactement ?

A-t-il décidé la manipulation des comptes ?

Enfin, en tant que candidat, est-il responsable juridiquement, donc pénalement, des errements de sa campagne ?

Les réponses commencent à être connues. C’est Bastien Millot, cofondateur de Bygmalion, qui, même s’il nie toute responsabilité dans le processus de fausse facturation, a eu les mots les plus durs à l’encontre de l’ex-chef de l’État : « Difficile de penser que Nicolas Sarkozy n’était au courant de rien », a-t-il affirmé le 7 octobre 2014 à l’hebdomadaire L’Express, à propos du système de double facturation mis en place par l’UMP. Il est suivi dans cette voie par Jérôme Lavrilleux. Nicolas Sarkozy avait pourtant déclaré, sur France 2, le 21 septembre 2014, avoir « appris le nom de Bygmalion plusieurs semaines après la campagne présidentielle ». Impossible d’après Bastien Millot : « Quand vous regardez certaines images télévisées des meetings, on aperçoit un homme qui accompagne le candidat Sarkozy jusqu’à la tribune, en le guidant. Cet homme, c’est Franck Attal, le directeur d’Event & Cie [filiale de Bygmalion] ! Le candidat l’a donc forcément vu à de nombreuses reprises. » Et Bastien Millot d’asséner le coup de grâce : « Une campagne se déroule au bénéfice d’un candidat et sous sa responsabilité. C’est bien le candidat lui-même qui signe le compte de campagne à la fin, avec une responsabilité légale et financière. Il est donc difficile d’imaginer qu’il l’ait signé sans regarder. »

Bastien Millot, sur ce point en tout cas, est en phase avec les enquêteurs. L’affaire Bygmalion débouche bien sur une affaire Sarkozy. Il suffit de consulter quelques pièces de procédure, armé d’un Code électoral à jour. Les policiers, eux aussi, ne sont pas loin de suivre Bastien Millot dans son raisonnement ; en tout cas ils évoquent, dans un rapport de synthèse du 1er octobre 2014 révélé par Le Monde, l’infraction de « financement illégal de la campagne électorale » et plus seulement celle d’« abus de confiance ».

Et cela change tout.

Car l’article 113-1 du Code électoral dispose que « sera puni d’une amende de 3 750 euros et d’un emprisonnement d’un an, tout candidat en cas de scrutin uninominal qui aura dépassé le plafond des dépenses électorales, n’aura pas respecté les formalités d’établissement du compte de campagne, [...] aura fait état, dans le compte de campagne ou dans ses annexes, d’éléments comptables sciemment minorés ». Ce qui semble bien être le cas, en l’espèce, du candidat Sarkozy.

Les conclusions du procès-verbal de synthèse du 1er octobre 2014 établi par Christine Dufau, chef de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), lèvent en effet le voile sur les intentions des enquêteurs : « Les investigations confirment les constatations faites au cours de l’enquête préliminaire selon lesquelles la société Event & Cie, à la demande de l’UMP, a adressé au parti des fausses factures à hauteur de 18 556 175,95 euros TTC courant 2012, faisant référence à des prestations liées notamment à des conventions, alors que les prestations réelles correspondaient à l’organisation de meetings pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy », commence la commissaire Dufau. Outre le délit d’« abus de confiance », retenu contre les cadres de l’UMP, « ces fausses factures adressées par Event & Cie à l’UMP constituent également l’infraction de financement illégal de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy puisque, sciemment, les deux parties ont établi de fausses factures pour éviter de devoir comptabiliser dans le compte de campagne des factures de prestations liées à cette campagne », affirme la patronne de l’OCLCIFF.

Évoquant les divers protagonistes poursuivis dans cette affaire, Mme Dufau va jusqu’à évoquer « leur participation au financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy et la présentation de comptes de campagne inexacts à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques et [au] Conseil constitutionnel ». Elle précise, comme pour répondre à Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé – patron de l’UMP au moment des faits – qui ont démenti avoir eu connaissance du système frauduleux : « Étant donné le nombre de meetings, l’enjeu financier qu’ils représentaient, il peut paraître très surprenant que personne ne se soit préoccupé de leur financement, et que les responsables du groupe Bygmalion n’aient pas pris contact avec ceux de l’UMP. »

Si, comme c’est très envisageable, l’enquête devait être étendue à des faits de « financement illégal de campagne électorale », voire de « fraude électorale », la menace se préciserait donc encore un peu plus pour Nicolas Sarkozy. Les juges vont devoir d’abord s’attacher à évaluer son degré de connaissance du « système » – c’est leur expression – délictueux mis en place. De ce point de vue, la mise en examen de l’un de ses proches, Éric Cesari, ex-directeur général de l’UMP, n’est pas de nature à le rassurer.

Ce n’est pas tout : les enquêteurs ont découvert que non seulement Bygmalion (et sa filiale Event & Cie) travaillait de longue date pour l’UMP, mais aussi que le système de fausse facturation avait été institué bien avant la campagne présidentielle de 2012. Le rapport de l’OCLCIFF souligne ainsi que « la société Event & Cie a établi à la demande de l’UMP des fausses factures en 2012 pour inclure le coût de prestations faites en 2011. Durant les auditions, les prestations concernées faites en 2011 n’ont pas pu être clairement précisées ». Cette découverte a conduit le parquet de Paris à accorder aux juges, en octobre 2014, un réquisitoire supplétif afin d’élargir leur enquête à ces faits nouveaux, également qualifiés de « faux et usage de faux ». Elle signifie surtout, pour les enquêteurs, que le procédé illégal mis en place pour masquer l’explosion des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy n’a pas été élaboré par hasard avec la société Bygmalion.

Les policiers l’ont d’ailleurs fait observer au patron d’Event & Cie, Franck Attal, lors de sa garde à vue, le 30 septembre 2014 : « Début janvier 2012, vous avez accepté, avec Sébastien Borivent et Matthieu Fay [respectivement directeur général d’Event & Cie et comptable de Bygmalion] de faire des fausses factures à la demande de l’UMP. Event & Cie a été choisie par l’équipe de campagne du candidat UMP début février 2012 pour organiser les meetings du candidat. Cela donne l’impression qu’Event & Cie était le candidat idéal pour un montage de sous-évaluation des dépenses de campagne. » Dans les locaux de l’OCLCIFF, M. Attal, a dédouané – en termes prudents – MM. Sarkozy et Copé. « Je n’ai aucun élément factuel qui me permet de dire qu’il était au courant », a-t-il dit à propos de l’ex-secrétaire général de l’UMP. S’agissant de l’ancien chef de l’État, même discours : « J’ai tendance à croire qu’il n’était pas au courant. »

Mais, pour Guy Alvès, cofondateur de Bygmalion, c’est moins sûr. « Est-il envisageable que les plus hautes autorités de l’UMP, donc M. Copé lui-même, et de la campagne, donc M. Lambert, voire M. Sarkozy, n’aient pas été associés à cette décision [de faire des fausses factures] ou tout au moins que leur accord n’ait pas été obtenu ? », lui ont demandé les policiers. « Je suis incapable de répondre. [...] Pour moi, les deux scénarios sont techniquement possibles », a-t-il répondu. Estimant avoir été « pris au piège par l’UMP et la campagne », M. Alvès s’est posé en « victime de l’UMP et de ses agissements ». Et de conclure, à propos de la décision de recourir aux fausses factures : « Elle n’a pu être prise que par des dirigeants à l’UMP et/ou de la campagne. Je ne peux pas imaginer qu’une telle décision ait été prise que par M. Lavrilleux. »

Par ailleurs, la qualification de « tentative d’escroquerie », soigneusement choisie par le parquet de Paris au moment de la rédaction de son réquisitoire introductif, pèse lourd, elle aussi. Ne vise-t-elle pas implicitement le candidat UMP, responsable de la campagne, du budget, et d’un exercice comptable sciemment truqué, au préjudice du Conseil constitutionnel et de la Commission des comptes de campagne ?

La première déclaration publique de l’intéressé sur le sujet date du mercredi 2 juillet 2014. Voici ce qu’il dit alors, sur Europe 1 et TF1 : « En ce qui concerne ma campagne, je le dis à tous ceux qui m’ont soutenu, il n’y a jamais eu le moindre système de double facturation […]. Les 17 millions qu’on prétend dépendre de ma campagne qui auraient été cachés, c’est une folie. Personne ne peut imaginer que les enquêteurs du Conseil constitutionnel ou de la Commission des comptes de campagne soient passés au travers. »

On a connu l’ancien président plus convaincant.

D’abord, il apparaît improbable, voire impossible, au vu de l’enquête, que Sarkozy ait découvert après l’élection présidentielle le nom de la société chargée d’organiser tous ses meetings de campagne. On l’a bien vu, à travers les récentes déclarations de Millot et de Lavrilleux. Ensuite, contrairement à ses affirmations, il n’y a pas eu d’enquêtes sur ses comptes. Comme l’a reconnu lui-même le président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), François Logerot, l’institution ne dispose d’aucun pouvoir d’investigation. « À partir du moment où nous n’avons pas de pouvoir de police sur ce qu’il se passe pendant la campagne, nous ne pouvons nous en remettre qu’à ce qui est dans le compte et à la procédure contradictoire que nous exerçons avec le candidat. Et nous agissons évidemment après coup, deux mois après l’élection. Nous avons six mois pour faire les investigations », a expliqué François Logerot, au micro d’Europe 1.

Le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, a abondé, toujours sur Europe 1 : « Quand des responsables politiques commencent, à droite ou à gauche, à s’en prendre aux juges, c’est un des fondements du vivre ensemble, de la République qui est atteint. » Au niveau personnel, le président du Conseil constitutionnel s’est dit « profondément blessé », ne supportant pas que l’institution qu’il préside soit qualifiée d’« officine du pouvoir ». « Nous avons montré notre impartialité », déclare-t-il, n’hésitant pas à corriger Nicolas Sarkozy sur ses propos concernant les pouvoirs des Sages. Pour évoquer ses comptes de campagne, l’ancien chef de l’État avait parlé des « enquêteurs » de cette institution. Faux, répond le chiraquien. « Nous n’avons pas des enquêteurs, nous n’avons pas de pouvoir de police judiciaire, nous ne pouvons pas faire de perquisitions, des saisies », explique-t-il. Selon Jean-Louis Debré, le Conseil constitutionnel n’a pas vérifié les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, contrairement à ce que l’ex-chef de l’État a laissé entendre, mais simplement validé la décision de l’organe chargé de le faire, à savoir la Commission nationale des comptes de campagne. « On laisse entendre que nous aurions vérifié l’ensemble des comptes de la campagne de l’ancien président de la République. Non ! Ce n’est pas exact ! lance-t-il. Nous n’avons examiné que les griefs de M. Sarkozy, nous n’avons pas examiné tout le compte. »

L’ex-chef de l’État peut-il être pour autant personnellement mis en cause par cette enquête qui a donc trait aux fausses factures ? Il convient déjà de considérer que les actes accomplis durant la campagne électorale 2012 semblent, par définition, difficilement rattachables à ses fonctions présidentielles. Nicolas Sarkozy agissait bien en qualité de candidat, pas de président de la République. Il lui serait donc difficile de se prévaloir d’une quelconque « irresponsabilité » présidentielle au sens de l’article 67 de la Constitution.

Il faut ensuite établir si Nicolas Sarkozy a eu oui ou non connaissance de l’extrême précarité des finances de sa campagne présidentielle. À l’évidence, la réponse est positive. En effet, les enquêteurs ont trouvé, dans les documents saisis lors des perquisitions, plusieurs éléments extrêmement instructifs.

Par exemple, cette note très précise de Pierre Godet, l’expert-comptable signataire du compte de campagne. Elle est adressée le jeudi 26 avril 2012, soit quatre jours après le premier tour, au « candidat Nicolas Sarkozy ». L’expert donne le chiffre des dépenses prévisionnelles ou engagées à la date du premier tour : 18 399 000 euros. Pour M. Godet, « ce montant est supérieur à celui budgété dernièrement (16 243 000 euros) et au plafond des dépenses requises pour le premier tour (16 851 000 euros) ». Selon lui, « ce dépassement résulte principalement des coûts engagés au titre des réunions publiques, en particulier celles de Villepinte et de la place de la Concorde ». Pour ce dernier grand meeting sarkozyste, le « coût complet dépasse la prévision budgétaire de plus de 1 800 000 euros (après négociation avec les principaux fournisseurs) ». Conclusion de M. Godet : il n’existe plus « aucune marge de sécurité » en vue du second tour, le comptable soulignant même « les conséquences extrêmement graves d’un éventuel dépassement du plafond des dépenses électorales ».

Le candidat Sarkozy était donc prévenu : les finances étaient dans le rouge. Un autre élément l’atteste : outre l’expert-comptable, le patron de l’UMP, Jean-François Copé, s’est entretenu de la situation financière de la campagne avec le « président-candidat ». Plutôt curieuse cette discussion entre les deux hommes d’ailleurs, car après tout, l’UMP n’est pas censée s’impliquer directement dans le budget de la campagne Sarkozy. En tout cas, la rencontre a bien eu lieu, en témoigne ce SMS – révélé par Le Figaro le 17 juin 2014 – adressé à Guillaume Lambert, le directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy, par Jérôme Lavrilleux, son adjoint. Le 28 avril 2012, à 12 h 19, à quelques heures d’une réunion publique organisée à Clermont, Lavrilleux écrit : « JFC [Jean-François Copé] ne vient pas à Clermont, il y est allé la semaine dernière. Louer et équiper un deuxième hall est une question de coût. Nous n’avons plus d’argent. JFC en a parlé au PR [président de la République]. »

Ce texto le confirme : en bon responsable politique expérimenté, Nicolas Sarkozy sait très bien qu’il n’a plus les moyens d’assurer une campagne de second tour de grand standing. Pourtant, les meetings vont continuer, à un rythme soutenu. Il faudra bien les payer. Les prestataires de services vont réclamer leur dû.

Et c’est là que tout a dérapé.

Les policiers, lors de l’enquête préliminaire initiée par le parquet de Paris, puis missionnés par les juges, se sont attachés à crédibiliser les faits révélés par les investigations initiales de l’hebdomadaire Le Point, puis du quotidien Libération. Et notamment à définir la responsabilité des uns et des autres dans cette histoire. À cet égard, une certitude : toutes les pistes mènent à l’UMP… et à l’Élysée.

D’abord, qui se cache derrière Bygmalion ? C’est une société spécialisée dans l’événementiel, créée et dirigée par deux proches de Jean-François Copé, ses anciens collaborateurs Bastien Millot et Guy Alvès. L’entreprise compte cinq filiales, dont Event & Cie, son directeur adjoint est Franck Attal. Event & Cie, comme le note le commissaire Dufau dans son rapport de synthèse, a connu un « développement fulgurant ». Son chiffre d’affaires, de 2010 à 2012, passe du néant à 20 112 513 euros. Les effets très positifs de la campagne 2012. C’est Lavrilleux, bras droit de Copé, qui impose cette société au camp Sarkozy.

Côté UMP, on s’organise. Éric Cesari, un très proche de Nicolas Sarkozy, est directeur général du parti depuis 2008. Il vient des Hauts-de-Seine, le fief du chef de l’État, et semble d’une fidélité sans faille. On évite de lui chercher des noises à l’UMP, où il est surnommé « l’œil de Sarkozy ». Fabienne Liadzé, directrice administrative et financière, gère l’intendance. Dominique Dord est trésorier du parti, il a succédé en août 2010 à un certain Éric Woerth, mis en cause dans un autre dossier embarrassant pour Nicolas Sarkozy, l’affaire Bettencourt.

Mais pour mener bataille, il faut une structure ad hoc. L’Association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy (AFCNS) est créée le 15 février 2012. Le budget de la campagne est préparé par Fabienne Liadzé : Nicolas Sarkozy apporte 10,5 millions d’euros, via un emprunt souscrit par l’UMP auprès de la Société générale, les dons se montent à 5,8 millions d’euros, et l’UMP met dans la corbeille 4,9 millions d’euros. Guillaume Lambert, l’ex-chef du cabinet de Nicolas Sarkozy, est nommé directeur de la campagne, son adjoint sera Jérôme Lavrilleux.

L’histoire commence à l’Élysée, au début de l’année 2012, dans le bureau de Guillaume Lambert. « C’était fin janvier ou début février, s’est souvenu Franck Attal devant les enquêteurs. Je me rends à cette réunion à laquelle participaient Jérôme Lavrilleux, Éric Cesari, Guillaume Lambert et Olivier Biancarelli [conseiller politique de Sarkozy]. » Event & Cie est censée pouvoir organiser quatre ou cinq meetings d’ici au mois de mai 2012. Tout à fait dans les cordes de la société. La première réunion publique a lieu à Marseille, le dimanche 19 février.

Mais très vite, le rythme s’accélère.

Chaque soir, à 19 heures, une réunion stratégique se tient à l’Élysée. Jérôme Lavrilleux, placé en garde à vue le 17 juin 2014, raconte ses souvenirs : « Cette réunion se faisait en présence du candidat-président avec autour de lui Guillaume Lambert, Franck Louvrier [conseiller en communication], Pierre Giacometti, en charge des études d’opinion, Patrick Buisson, chargé des sondages, Jean-Michel Goudard, conseil en communication du Président […]. Tout le monde partait du principe que ce que nous disait Guillaume Lambert venait de la réunion stratégique et que ce que nous disions à Guillaume Lambert allait remonter à la réunion stratégique. » Le système est pyramidal, afin d’assurer une circulation fluide des consignes.

Event & Cie, choisie pour la campagne par Franck Louvrier et Jérôme Lavrilleux, applique sa marge habituelle, soit 25 %, assure aux enquêteurs Matthieu Fay, le comptable de la société. Les meetings s’enchaînent, à tel point que Franck Attal ne met plus les pieds au bureau, il passe d’une ville à l’autre. Frénésie électorale.

Event & Cie facture, énormément, à hauteur de 19 millions d’euros, tous les plafonds sont explosés.

À quand remontent les premiers soucis de trésorerie ? « On a rencontré des difficultés dès avril 2012. Les principaux sous-traitants n’ont pas été payés dans le délai de trente jours », selon Matthieu Fay. Event & Cie, sous pression, assaille l’UMP de questions, relance la comptabilité du parti… Fabienne Liadzé renvoie sur Éric Cesari ou Jérôme Lavrilleux. Mais Franck Attal n’obtient toujours pas de réponses précises. Jusqu’au jour où l’horizon s’éclaircit. « Je me souviens avoir rencontré, début avril, à l’UMP, Fabienne Liadzé, Jérôme Lavrilleux et Éric Cesari à ce sujet, a relaté le directeur adjoint d’Event & Cie aux policiers. Et c’est là qu’ils me disent que le rythme des meetings va encore s’accélérer mais qu’il y a un problème d’ordre financier lié au plafond de campagne qui va être complètement dépassé. Jérôme Lavrilleux propose alors de facturer des prestations relatives aux meetings de campagne sur des conventions UMP. Il me demande donc de faire des fausses factures. J’ai l’impression que tous les participants à cette réunion sont piégés. À partir de ce moment-là, le comptable chez nous, Matthieu Fay, s’est organisé avec Fabienne Liadzé. »

Jérôme Lavrilleux, même s’il confirme le principe de la double facturation, n’a pas conservé exactement les mêmes souvenirs, notamment en ce qui concerne les dates. Pour lui, les irrégularités ont été décidées après mai 2012 (le second tour a eu lieu le 6), quand il s’est agi de clôturer les comptes de campagne. Il dit ne pas être à l’origine de la prise de décision, concernant les fausses factures, et accuse directement Éric Cesari, le DG de l’UMP, d’avoir élaboré le stratagème.

« Fin mai 2012, je crois, Éric Cesari et Fabienne Liadzé sont venus me voir dans mon bureau, à l’UMP, à l’issue d’une réunion qu’ils ont tenue avec Guillaume Lambert et Franck Attal pour parler des comptes de campagne », a déclaré aux policiers M. Lavrilleux. « Ils m’ont indiqué alors qu’il était impossible de mettre toutes les dépenses dans les comptes de campagne et qu’il faudrait donc ventiler le surplus des dépenses sur le compte de l’UMP. Je ne peux pas vous dire si c’était l’idée de M. Cesari ou s’il me transmettait la décision prise par un tiers. » Guillaume Lambert, devenu préfet de la République, a écrit au procureur de Paris pour protester de son innocence dans le processus délictueux.

Reste à mettre un nom sur ce « tiers » évoqué par M. Lavrilleux. Il serait tentant de désigner Jean-François Copé. Voire Nicolas Sarkozy qui, averti des difficultés financières lors d’une réunion stratégique, aurait pu souhaiter qu’une solution adéquate soit trouvée. Mais pour Jérôme Lavrilleux, cette double éventualité est impossible : « Je n’ai jamais évoqué ce sujet avec Nicolas Sarkozy. À mon avis, il est impossible qu’il en ait été informé. » Voilà l’ancien président dédouané ? Pas si simple.

L’affirmation de l’ancien directeur adjoint de la campagne semble avoir laissé les policiers de l’OCLCIFF dubitatifs. Ils lui ont bien fait comprendre, lorsqu’ils ont évoqué Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé : « Comment expliquez-vous que les deux personnes principalement concernées, au vu des dispositions rigoureuses liées au financement des campagnes des partis politiques, n’aient pas été informées, alors même que cela pouvait remettre en cause le résultat des élections, par son annulation, et le devenir d’un parti, par sa déstabilisation, voire sa dissolution ? » La question est logique, la réponse, habile : « C’est justement pour éviter les conséquences politiques prévisibles que je n’en ai pas informé Jean-François Copé et que je n’ai jamais abordé ce sujet avec l’ancien président Nicolas Sarkozy », lâche Jérôme Lavrilleux.

Fabienne Liadzé et Éric Cesari ont été licenciés de l’UMP, après sa reprise en main par le trio d’anciens Premiers ministres, Raffarin-Juppé-Fillon. Sollicités, ni l’un ni l’autre n’ont souhaité s’expliquer publiquement. Éric Cesari, qui a accepté de nous rencontrer mais refusé que l’on cite ses propos, a vivement démenti – il s’en est tenu à la même ligne de défense devant les policiers puis les juges – avoir donné le moindre ordre pour falsifier les comptes.

Des comptes, les enquêteurs pourraient bien en demander à l’ancien candidat UMP lui-même. Car Éric Cesari, l’homme de confiance de Sarkozy, est accusé explicitement par MM. Attal et Lavrilleux d’avoir couvert, si ce n’est ordonné, le maquillage de la comptabilité de la campagne 2012. Les juges l’ont d’ailleurs mis en examen, même s’il persiste à nier avoir eu connaissance des fausses factures. En tout cas, conséquence de cette décision prise au sommet de l’UMP, la société Event & Cie, in fine, s’est résolue, pour être payée, à accepter la manœuvre imposée par le parti présidentiel.

Pour Event & Cie, le deal est clair : il lui faut ventiler le montant global des facturations, soit 18 861 620,28 euros, sur des conventions (fictives) de l’UMP, tout en conservant une addition officielle de 3 346 423 euros, celle qui sera présentée aux autorités de contrôle. C’est ce tour de passe-passe qui motive l’incrimination de « faux », mais aussi l’autre chef de poursuite retenu par le parquet, la « tentative d’escroquerie ».

Le comptable Matthieu Fay est chargé de la mise en œuvre de tout cela. Il réalise les devis, les fausses factures. « Il nous a été demandé par l’UMP de facturer 35 conventions. Au vu du surplus à facturer hors les meetings, le montant de ces factures était autour de 300 000 euros », dit-il aux policiers. Event & Cie avait-elle le choix ?

Pas vraiment, si l’on en croit Guy Alvès, l’un des deux cofondateurs de Bygmalion. « Le sentiment que j’ai, a-t-il confié aux policiers, c’est que je suis face à une demande de franchissement de la ligne jaune, c’est-à-dire accepter des fausses écritures. Mon choix est alors soit d’accepter ces irrégularités, soit de ne pas être payé et donc de ne pouvoir moi-même honorer le paiement des sous-traitants. »

Les fausses factures sont ensuite, pour paiement, soumises à la signature à l’UMP. Un processus est clairement défini, au sein du parti présidentiel, pour entériner le règlement. Selon Dominique Dord, alors trésorier (il a quitté ses fonctions en novembre 2012), « la procédure formelle était, pour chaque engagement de dépenses, les visas de quasi systématiquement quatre personnes, pour que je signe l’ordre de virement ou le chèque ». Il poursuit : « Pour tout ce qui est communication et événementiel […] les quatre signataires sont le directeur de la communication Pierre Chassat, la directrice financière Fabienne Liadzé, le directeur général Éric Cesari, le directeur de cabinet Jérôme Lavrilleux. » Les factures que nous avons pu consulter comportent bien ces quatre paraphes.

Côté Event & Cie, pour plus de sécurité, on ne sait jamais, tout le modus operandi est conservé sur une clé USB, de même que les factures litigieuses. Ce précieux petit objet a été remis aux enquêteurs. Une manière aussi de pouvoir prouver qu’il n’y a pas eu de surfacturations, mais seulement des fausses factures. « Franck [Attal] m’a dit qu’il n’y avait jamais eu de surfacturation et qu’il avait la comptabilité réelle des prestations qui le prouvait, sur une clé USB », dixit Guy Alvès.

En effet, mis en cause, le camp Sarkozy a eu tôt fait de pointer le montant exorbitant des sommes déboursées – détournées ? –, suggérant l’existence d’une caisse noire mise en place par les proches de Jean-François Copé. En d’autres termes, l’argent n’aurait pas servi à payer la campagne de Nicolas Sarkozy mais à arrondir les fins de mois de certains. Plus de 996 000 euros ont disparu, selon les policiers.

Interrogé au cours de l’enquête préliminaire, Jean-François Copé s’est vigoureusement défendu, campant sur une ligne simplissime : il assure ne jamais avoir entendu parler de quoi que ce soit. « Tout ceci a été une révélation sidérante, indique-t-il aux policiers le 26 mai 2014, je n’avais jamais été informé d’irrégularités dans les dépenses et les procédures de l’UMP. » C’est seulement le 16 mai 2014 qu’il dit avoir eu connaissance des méthodes illégales utilisées par l’UMP, au sortir d’une réunion qu’il avait organisée à l’UMP, en présence de Fabienne Liadzé et de Franck Attal.

Une version mise en doute par les enquêteurs. En effet, ils ont découvert que Guillaume Bazaille, le responsable presse de Sarkozy, puis celui de Copé, avait été mis au courant du système de fausse facturation dès le jeudi 27 ou le vendredi 28 février 2014. Une réunion avait été organisée à son domicile le soir, après les premières révélations du Point concernant les fausses factures. Pour Franck Attal, présent ce soir-là avec Bastien Millot, Guy Alvès et Jérôme Lavrilleux, les participants ont « parlé du système de ventilation des factures ». Le dimanche 2 mars, une seconde réunion a encore lieu chez M. Bazaille. Et cette fois, M. Copé est bien présent. Est-il possible que quatre des proches de Copé, anciens ou actuels collaborateurs, à savoir Lavrilleux, Bazaille, Alvès et Millot, l’aient totalement tenu à l’écart du processus ? Manifestement, les policiers n’en sont pas persuadés. D’autant que l’agenda de M. Copé porte la trace de deux rendez-vous avec Franck Attal, les 8 mars et 11 mai 2012. Réaction de M. Alvès, devant les dénégations de M. Copé : « Je ne m’attendais pas à autre chose. […] J’estime qu’il aurait pu prendre, au nom de l’UMP, ses responsabilités. »

Alors, jusqu’où remontera le scandale Bygmalion ? Aux policiers qui cherchaient à savoir « qui contrôlait ou supervisait [l’]équipe de campagne » du candidat Sarkozy, l’ancien trésorier Dominique Dord a répondu, le 27 mai 2014 : « Éric Cesari et Jérôme Lavrilleux rendaient compte, je pense, logiquement aux patrons politiques, c’est-à-dire le directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert, et à Jean-François Copé pour l’UMP. » Les juges continuent à expertiser la masse de documents saisis à l’UMP et chez Bygmalion, en particulier les centaines de courriels échangés entre les différents protagonistes du dossier. D’autres personnalités devraient défiler dans leur cabinet d’instruction.

Le système frauduleux mis en place étant avéré, les magistrats poursuivent désormais un objectif principal : cerner le plus précisément possible les responsabilités de chacun. Notamment celle de Nicolas Sarkozy.