On a beau être loin de Wuhan, le sujet est intéressant pour les plus jeunes. Il y a du monde dans la salle de staff, car c’est le chef qui parle, mais guère plus que d’habitude. Et personne en dehors des infectiologues. L’attention est flottante. Le titre en est : « NCoV 2019 (c’est encore son nom) : réalités et questions, dix-sept ans après le Sras-CoV de 2002 et sept ans après la découverte du Mers-CoV (2012). » La Chine compte officiellement 6 057 cas, 132 décès et 110 guéris. C’est infinitésimal. Deux jours avant, les deux revues phares de la publication scientifique sont sur les rangs. The Lancet démontre la transmission interhumaine annonçant l’embrasement, avec une famille de Shenzhen venue rendre visite à une autre à Wuhan et où la quasi-totalité des personnes rentreront chez elles contaminées. Les enfants ne sont pas malades, ce qui est déjà un signal positif. The New England Journal of Medicine, pour sa part, fait le point sur 41 cas documentés : 28 patients hospitalisés et 13 en réanimation, soit 10 patients sous Ventilation non invasive (VNI), 2 patients intubés et 2 patients sous ECMO1. C’est loin, mais potentiellement grave. Depuis le 23 janvier, la ville de Wuhan est confinée à la chinoise. Le cours est illustré de photos des grandes artères de la mégapole vidée de ses habitants. Sorti des livres d’histoire de la médecine, on découvre le recours au confinement. À l’instar de la peste et du choléra. Comme durant la grande peste de 1720-1722 à Marseille. Et personne n’a percuté qu’il va se passer à Wuhan exactement ce qui s’est passé dans la cité phocéenne au XVIIIe siècle. À savoir, la fuite par tous les moyens possibles avant la quarantaine de milliers de personnes emportant dans leurs bagages le virus.