Ce matin en venant garder le petit dernier, Yvette, notre nounou, a le sourire en bandoulière. Comme chaque matin. Elle est ivoirienne, a dépassé la cinquantaine. Les premiers enfants qu’elle a gardés sont au collège. Dans sa famille, il y a des médecins et des pharmaciens. Elle a ses secrets et peut-être que son regard sur la médecine en fait partie. Pour autant, elle est très catholique, très pratiquante. Elle prie pour notre salut depuis le début de cette pandémie. Cela nous fait du bien. Yvette chante le matin en pensant que les prières de l’Afrique vont épargner ce continent. Parfois, sur son iPhone, elle montre aux trois enfants de notre garde partagée des messes chantées en la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan, bénie le 11 mai 1980 par le pape Jean-Paul II. On a du mal à tamiser sa joie. Mais elle est porteuse d’énergies positives.
Au 13 juin 2020, 226 034 cas confirmés de coronavirus toucheront le continent africain dans une comptabilité impossible pour raison sanitaire. Il n’empêche, le Covid-19 a déjà coûté officiellement la vie à 6 070 personnes sur ce continent, selon le centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. Les trois pays les plus touchés restent l’Afrique du Sud, l’Algérie et l’Égypte. En Côte d’Ivoire, le couvre-feu auquel le pays est tant habitué depuis les événements politiques de ces dix dernières années, 384 nouveaux cas journaliers de Covid-19 ont été enregistrés, portant à 6 063 le nombre total de cas. Au 8 avril, avec seulement 3 décès, le couvre-feu de 21 heures à 5 heures est prolongé jusqu’au 8 mai. Yvette ne retournera pas voir sa famille en Afrique avant de nombreux mois.
La Côte d’Ivoire, comme la RDC, commence à libérer ses prisonniers qui constituent potentiellement une bombe à retardement compte tenu de la surpopulation carcérale. On a libéré des milliers de détenus dont le reliquat de peine était inférieur ou égal à deux mois.
Deux essais cliniques débuteront début avril 2020 au Bénin et au Burkina Faso, très impliqué dans la lutte contre le coronavirus. J’ai travaillé avec ce pays dans la lutte contre le VIH durant des années, avec des échanges de personnels entre la ville de Bobo-Dioulasso et le service. Les deux essais visent à évaluer l’efficacité de la chloroquine seule ou associée à l’azithromycine, dans le sillage des études controversées de Marseille. Mais ces études ouvrent une voie importante pour l’Afrique compte tenu de la disponibilité de cette molécule sur le continent et son moindre coût en générique. D’autres essais se montent dans certains pays africains avec des plantes traditionnelles à propriété antivirale, selon leurs promoteurs.