VENDREDI 20 MARS 2020  7 h 30

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Bas les masques !

La gestion catastrophique des masques, les stocks qui n’existent pas, ou plus, les politiques qui se rejettent la faute sur dix années, les louvoiements, les vols de masques : devant tant d’errances, la colère monte…

 

18 masques par semaine pour la médecine générale.

6 masques par semaine pour les sages-femmes.

9 masques par semaine pour les aides à domicile.

Tel est le décompte du ministre de la Santé. Un comptage édifiant qui signe une pénurie d’État. Pour comprendre, ne prenons que les chiffres de la médecine générale. Selon le ministère de la Santé et des solidarités, il y a 226 000 médecins en activité en France, dont 102 000 généralistes, le reste étant constitué de spécialistes hors médecine générale. Qui ont aussi besoin de masques. Un généraliste voit en moyenne 22 patients par jour. La durée de vie d’un masque chirurgical est de quatre heures. Mais il faut compter le changement durant les visites, lors des soins plus exposants, comme les aérosols, et surtout de pouvoir en donner aux patients. Car les pharmacies n’en disposent pas encore. Le calcul est simple : 102 000 généralistes avec au minimum un masque toutes les quatre heures cinq jours sur sept et 22 patients par jour. Ce sont plutôt 18 millions de masques qui auraient dû être livrés aux généralistes, soit 180 par semaine. C’est ce qu’ont fait des pays comme la Corée du Sud, Hongkong, le Japon… L’écart est abyssal entre les besoins des soignants et les dotations attribuées par l’État. À l’hôpital de Mulhouse, dans le Haut-Rhin, au cœur de l’épidémie les nécessités minimales sont de 80 000 masques chirurgicaux et 35 000 masques FFP2 par semaine. L’État n’en distribuera que 20 000 et 5 000 par semaine. À Tenon, le premier réflexe dans le service a été de mettre tous les stocks sous clé dès qu’ils ont commencé à fondre comme neige au soleil.

Très vite l’exportation va se refermer tant sur les masques que sur les tests de dépistage et les surblouses. Un industriel spécialiste des tests me confie début avril : « C’est incroyable, on a l’impression d’un blocus depuis le 1er avril. On négocie les prix qui augmentent d’un facteur six toutes les semaines. Le prix dépend d’ailleurs de la date d’acheminement. Plus c’est lointain, moins c’est cher. On a l’impression d’une vente aux enchères aux plus offrants. »