Trois hommes d’origine maghrébine dont l’un en tenue religieuse et deux avec un masque chirurgical m’interpellent dans la coursive aérée de l’hôpital :
— Monsieur, on voudrait un certificat médical pour ramener notre parent en Tunisie. Il est mort aux urgences. Mais où faut-il aller ? Vous savez s’il n’est pas mort de la maladie ?
Et de me tendre le certificat de décès typique avec ces cases cochées qui s’opposent aux différents rites funéraires. Les religions s’adaptent à la pandémie aussi… Il n’y aura pas de rapatriement en Tunisie.
J’accélère le pas et tombe sur le Dr Antoine Parrot, notre pneumologue. Il est au bord du burn-out en venant d’apprendre que l’on doit vider l’hôpital des non-Covid pour laisser entrer la marée montante :
— Si ça continue comme cela, la semaine prochaine, je ne suis plus là…
Les mesures sanitaires se prennent aussi à l’aune du moral des troupes, surtout les plus aguerries. Mauvais présage d’un vent venu d’Italie du Nord qui souffle sur Paris.