JEUDIJANVIER 2020  10 h 51

Première trace d’un coronavirus () version 2019 sur ma boîte mail.
Le SRAS de 2003 serait-il de retour ?

Je reçois un mail de mon adjoint, le Dr Ludovic Lassel, féru de santé publique, avec un lien vers un article posté sur la toile. Il a lu sur un site d’alerte issu de la crise du H5N1 qu’un virus détecté en Chine avant la Saint-Sylvestre était déjà présent à Hongkong. Ce virus aurait donc parcouru 919 km en quelques jours. Signal préoccupant, le mal, s’il n’est pas encore étiqueté, voyage vite. Le mail est assez sibyllin : « 60 cas de pneumonies dues à un nouveau coronavirus. C’est à Hongkong : chaud ! »

Le SRAS, premier coronavirus à résonance médiatique, parti du fin fond de la province du Guangdong, en Chine, a affecté en quelques mois une trentaine de pays et infecté près de 8 000 personnes. Puis il s’est éteint. Le feu a été circonscrit par le dépistage, l’isolement et les mesures barrières. En trois mois, sous le poids des contraintes hygiénistes. L’épidémie a fait néanmoins 774 morts dans le monde, tuant une personne contaminée sur dix, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce sont la Chine continentale et Hongkong qui ont payé le plus lourd tribut, avec respectivement 349 et 299 morts. Le bilan économique aussi a été lourd : quelque 54 milliards de dollars. En avril 2003, les autorités chinoises reconnaissaient que le nombre de cas signalés était dix fois supérieur aux 37 initialement évoqués… Pire, elles avouaient que le premier cas sur leur sol avait été gardé « secret » pendant près d’un mois. Manifestement, la leçon n’a pas été entendue.

La Chine a fait, dix-sept ans après le SRAS, des efforts louables de transparence durant le mois de janvier 2020. Une transparence à la chinoise : partielle, pragmatique et policière. Mais, dès le début de l’année 2020, la régulation variable d’un pays à l’autre des voyages internationaux et du confinement, la dispersion des politiques de prévention sans cohérence inter-États, l’absence de solidarité européenne, le manque de collaboration interrégionale entre la France, l’Italie, l’Espagne, la désorganisation du système de santé dans les régions mises sous tension vont faire de la crise du Covid-19 un exemple pour l’histoire. À l’image de la peste, du virus du sida, de la grippe espagnole, du chikungunya, de la maladie d’Ebola, le Covid-19 va envahir le monde en épousant les déplacements des hommes et en se jouant des systèmes de veille sanitaire, tel un « passager clandestin planétaire » passant de corps en corps.