Il a quarante-cinq ans et porte un masque et un T-shirt qui arbore le sigle du mouvement de défense de l’hôpital public. Il revient sur son parcours de soignant devenu soigné. Avec le statut de « soignant zéro » de Tenon. Il est aide-soignant à l’accueil des urgences et son épouse est secrétaire médicale d’un ancien médecin de Tenon. Il témoigne : « J’étais surtout inquiet pour mes proches. Ma fille de onze ans a été positive. Mais ma femme et ma fille de quinze ans, non. » Et les conditions de sa contamination ne sont pas claires, car il officiait derrière une vitre de protection, contre les violences notamment : « Oui, ce n’est pas très clair. En temps normal, si le patient est en face de nous, on lui demande s’il est allergique ou pas et on lui met le bracelet d’identification qui convient. Parfois, on est amené à sortir du box. Je me demande si à un moment donné, la famille n’est pas venue me dire que le patient n’était pas bien. Parce que dans ces cas-là, je vais dans la salle d’attente pour voir comment va la personne. » A-t-il eu peur ?
« On a eu un mauvais épisode pour ma fille. Lorsque j’ai su qu’elle était positive, j’ai alerté la directrice d’école. La classe a fermé, puis les parents d’élève se sont réunis, les médias s’en sont mêlés. Ma fille a été stigmatisée sur les réseaux scolaires, nommée par certains parents d’élève : un moment difficile. La rentrée n’a pas encore eu lieu… On est inquiets. On appréhende quand même l’arrivée en sixième, en septembre. On sera vigilants… J’ai aussi su, par mon gardien d’immeuble, qu’une voisine voulait afficher une feuille dans le hall avec mon nom et l’étage de mon appartement. Il a refusé. »