MARDI 14 AVRIL 2020  19 HEURES

L’imparable déconfinement

Le directeur général de la santé a annoncé 241 décès de plus dans la journée du 14 avril, soit encore un décès toutes les trois minutes. Ce qui monte le total à 15 729 décès, dont 5 280 dans les EHPAD où on ne compte pas tout. La colère monte sur le terrain, parce qu’on en est déjà à discuter du déconfinement sans en connaître les modalités. Les chirurgiens poussent à reprendre leur activité privée à l’hôpital public ! Jusque-là, nous étions groupés, mais certains trépignent d’impatience de redémarrer leurs activités alors que l’hôpital est plein comme un œuf de Covid-19. Au total, 30 % de l’hôpital, hors réanimation, est rempli de malades hospitalisés pour le coronavirus. Ce taux montera à 42 % au plus fort de la crise. La réanimation ne recrute que des patients qui viennent précisément des services médicaux qui accueillent les Covid +. Nous sommes sans doute l’hôpital qui, en Île-de-France, hors centres de référence, a été le plus transformé dans le sens Covid +. Cela commence à peser lourdement sur les épaules, les transferts vers les cliniques sont encore possibles pour les patients Covid +, mais difficiles pour les autres. Comme à l’accoutumée, ce sont les cas les plus graves qui restent à l’hôpital public. Ceux précisément qui iront en réanimation. On ne maîtrise ni les flux d’entrée des patients Covid + ni celui des patients Covid free.

Plus grave encore, la pénurie de tenues et de matériels alourdit de plus en plus le quotidien. On nous a trouvé des kimonos pour remplacer les surblouses, qui ne protègent quasiment pas. Les charlottes sont distribuées au compte-goutte. Dans certains services, il y a des boîtes de gants uniquement de taille small. On a distribué des stocks de masques FFP2, datant de 2012, avec un seul élastique, qui sont difficiles à supporter pour le personnel qui a du mal à respirer avec. Toujours pour combler l’insuffisance de matériel, arrivent des ponchos que le personnel juge contaminants par défaut de protection. À trois mois et demi de l’épidémie, alors qu’on est à peine en début de plateau, c’est hallucinant d’avoir à gérer une telle pénurie de matériel de protection.