VENDREDI 17 AVRIL 2020 10 HEURES

Une heure avant la cellule de crise :
France/Allemagne, le match éternel
France = 147 113 cas et 17 942 morts
Allemagne = 139 273 cas et 4 101 morts,
soit 4 fois moins de décès

C’est la question du jour qui m’obsède. Pourquoi une telle différence entre deux pays aux systèmes de santé a priori comparables ? Dans le service, cela n’étonne pas un patient Covid + d’origine allemande. Moi si. Un collègue pneumologue m’a fait parvenir un échange avec son homologue de l’hôpital de la Charité à Berlin.

Le pneumologue allemand a des explications constructives et claires sur le différentiel France/Allemagne quant au Covid-19. Pour lui, le premier facteur différentiel est la mise à disposition massive des tests PCR, disponibles dans tout le pays, avec des temps de réponse assez rapides. Y compris pour les cas bénins. Quand la France faisait 35 000 tests par semaine, l’Allemagne en faisait 350 000… Pour ce spécialiste, « les premiers malades en Allemagne étaient principalement des jeunes de trente à cinquante ans, surtout des skieurs qui ont été infectés dans des zones de ski sensibles en Autriche/Italie ; plus un deuxième point sensible régional suite au carnaval après lequel plus de 300 personnes et leurs familles seront confinées (région de Heinsberg) ». Second épisode qui a connu une importante couverture dans les médias allemands. D’où une forte sensibilisation de la population avant même le début de la crise en Lombardie. Plus encore, le pays aurait adopté « un bon respect des mesures de distanciation sociale. Dans un contexte culturel de moindres contacts corporels dans la culture allemande, moins d’embrassades et de baisers lors des salutations entre amis, par rapport à l’Italie, la France et l’Espagne ». Pourtant les mesures d’éloignement social ont été moins strictes en Allemagne. Mais mieux suivies. La disponibilité des outils de protection (masques, produits de désinfection, etc.), même dans les foyers pour personnes âgées, était également insuffisante, mais le tissu hospitalier disposait d’un des taux les plus élevés de lits de soins intensifs : 25 000 contre 5 000 en France avant la crise.