JEUDI 23 AVRIL 2020  18 HEURES

Réunion sur l’application Zoom de notre département médico-universitaire

Le Covid a cassé toute l’organisation hospitalière. La réflexion à l’échelon d’un service, d’un Département médico-universitaire (DMU) ou d’un groupe hospitalier est désormais dépassée. Même les Agences régionales de santé ne suffisent pas à contenir l’adaptation mouvante à la pandémie. Le pouvoir politique n’aura de cesse de renvoyer les décisions pratiques aux organisations régionales et territoriales. Pourtant le Covid fera exploser la dimension nationale, régionale, départementale. L’unité de mesure des clusters sera la famille ou le groupe d’amis, de collègues. Comme cela se confirmera lors du déconfinement. Le DMU, c’est le groupement territorial en version parisienne. Celui auquel j’appartiens est gigantesque avec trois services de maladies infectieuses, trois services de médecine interne, un service de dermatologie, un service de pédiatrie, etc. Mais le DMU n’a pas eu de sens par temps de crise Covid. Pendant cette réunion sur Zoom, je comprends combien les lignes ont été cassées. Je pressens combien le naturel du médical et plus encore de l’hospitalo-universitaire pourrait reprendre le dessus, corporatiste.

C’est une question posée dans toutes les discussions médicales à l’échelon du groupe hospitalier, de l’Assistance publique, mais aussi à l’échelon régional et national. La grande crainte c’est de voir avant même que le déconfinement soit une réalité, avant même que la deuxième, que la troisième, que la quatrième vague de cette pandémie soit absorbée, que d’aucuns auront repris leurs réflexes. Quels signes avant-coureurs ? Ici les chirurgiens qui piaffent pour reprendre leur activité, notamment de chirurgie privée. Là, les spécialités les moins impactées qui ont prêté leurs personnels non médicaux pour participer aux activités de continuité des soins des malades Covid +, empressées de retourner au point d’équilibre. Pourtant à beau y regarder, on doit d’abord comptabiliser l’épidémie au plan national, régional, hôpital par hôpital. La décrue n’est pas là. Certains ont déjà lâché le joli consensus et la solidarité file. Ce mouvement, cet élan contre le coronavirus, en dépit des règles qui viennent de la Direction générale de la santé, du siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, s’effrite. Certains rouvrent leur consultation sans avoir attendu les recommandations qui devraient les accompagner pour protéger les plus fragiles, assurer les mesures barrières, espacer les rendez-vous, multiplier la téléconsultation, distribuer des masques et des solutions hydroalcooliques, considérer chaque patient comme étant patient Covid suspect. C’est le seul moyen d’arriver à endiguer les vagues successives qui pourraient succéder à cette vague initiale. Mais on ne change pas des décennies d’hospitalo-centrisme en quatre mois de pandémie. Déjà, la révolte gronde dans les Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et dans les directions syndicales hospitalières.