Aujourd’hui, la direction a distribué du muguet à tous les soignants. Lors de notre 77e cellule de crise, le tableau Excel de l’administrateur de garde affiche la décrue : 54 lits Covid + ouverts dont 24 disponibles, 49 places libres dans les secteurs non-Covid. En réanimation, revenue à son niveau de base, sur les 20 lits Covid +, 4 sont libres. Les patients atteints du coronavirus sont sortis ou décédés, les autres ne sont pas revenus. Ce curieux entre-deux laisse tout le personnel perplexe. La moitié de mon service Covid + est vide. Lundi, le service va « décovidiser » un étage. Mais le service des urgences fonctionne à 40 % d’activité en moins pour un début de mois de mai. Après le vacarme assourdissant de la première vague s’ensuit un silence de mort. Comme après une tornade. Dans les rues, le déconfinement a déjà commencé. Le Premier ministre remet sous conditions la date du 11 mai. Les soignants hébétés attendent. Une nouvelle vague ? Une cohabitation entre patients Covid et patients non-Covid ? Un hôpital à moitié vide par peur ? La direction a promis 50 000 masques tissus pour les déplacements du personnel soignant en transports en commun.