Chapitre 12
La réconciliation
Plusieurs jours passent sans que William ne se manifeste. D’ailleurs, il semble éviter son amie. S’ils se retrouvent par hasard dans le même corridor à l’école, il s’occupe toujours à chercher quelque chose dans son sac ou bien à attacher les lacets de ses souliers. Aucun appel téléphonique non plus ! Magalie déteste cette situation. Elle repense à leur dernière discussion et se dit qu’elle devrait peut-être se réconcilier avec lui, même si, croit-elle, William a tort. Son amitié lui est trop précieuse, elle s’ennuie de lui. Les jours sont tristes. C’est comme s’ils avaient perdu leur sourire.
Magalie s’est déjà privée d’une amitié il y a quelque temps et elle ne se souvient même plus de la raison de cette rupture. Son orgueil l’a empêchée de renouer avec Audrey, elle veut éviter la même erreur à tout prix. C’est ce que cela signifie, « apprendre de ses erreurs ». Sa chicane avec Audrey aura eu cela de bon : lui montrer à être plus conciliante avec les gens qui lui sont chers.
Cependant elle ne veut quand même pas donner l’impression à William de courir après lui ! Alors comment faire ? Elle se dit que le temps arrange les choses, donc elle décide d’attendre. Attendre quoi ? Elle ne saurait trop le dire, mais elle ne fera rien, tout va s’arranger tout seul. C’est ainsi que d’autres journées plus longues les unes que les autres s’ajoutent à celles passées, formant une semaine et le début d’une autre. William ne s’est toujours pas montré. Magalie en vient à penser qu’il faut parfois provoquer les événements si l’on veut qu’ils arrivent. Et elle veut vraiment une réconciliation avec son ami.
Elle décide donc d’aller l’attendre à la sortie de l’école à la fin de l’après-midi. Lorsque la cloche de fin des cours sonne, elle se précipite à son casier pour récupérer son manteau et court dans le corridor vers la porte de sortie, afin d’être la première arrivée. Son cœur bat un peu plus fort dans sa poitrine. C’est qu’elle a quasiment battu un record mondial de vitesse !
Elle est aussi un peu anxieuse de revoir William après ces nombreuses journées de chicane. Elle ne se souvient pas de s’être vraiment querellée avec lui auparavant. Elle ne sait pas s’il sera content de la voir puisqu’il l’évite. Peut-être est-il encore fâché ? Soudain, elle hésite sur le geste à poser ! Elle n’est plus certaine que ce soit la meilleure chose à faire de l’attendre ainsi. Et si la revoir l’irritait davantage ? Elle s’apprête donc à rebrousser chemin lorsqu’en levant les yeux, elle sursaute en apercevant William debout devant elle.
Magalie fixe son ami, bredouille une phrase inintelligible et devient rouge comme du ketchup. Elle fait un pas de côté afin de pouvoir continuer son chemin lorsque William lui touche le bras. Et, de son beau sourire, celui qui éclaire tout son visage et fait rire ses yeux, celui qui fait tout son charme, il lui dit :
— Merci d’être là ! Je commençais à trouver le temps long !
— Je m’ennuyais, moi aussi. Est-ce qu’on fait la paix ?
— Je ne demande pas mieux ! Voudrais-tu excuser mon emportement de l’autre jour ? Je n’aurais pas dû me fâcher ainsi et te laisser seule. Je sais que toute cette histoire t’énerve. Je devrais t’appuyer davantage au lieu d’augmenter tes tracas, puisque je suis ton ami. Eh ! Je suis toujours ton ami, n’est-ce pas ?
— Bien sûr que tu es mon ami ! C’est moi qui te demande pardon d’avoir douté de toi une seconde fois. Mais tu me connais, je ne le pensais pas vraiment, je réfléchissais tout haut, je n’ai pas eu le temps de m’expliquer. Si tu n’avais pas tourné les talons si vite, on ne se serait jamais querellés !
William reconnaît bien le tempérament de Magalie. Elle s’excuse, mais en même temps elle veut se justifier. Jamais elle n’avoue totalement ses torts. Mais William ne tient pas à la perdre de nouveau. Il a eu tout le temps de réfléchir lui aussi et il sait qu’elle peut être très têtue, même au point de perdre une amitié. Il décide de ne pas pousser plus loin les explications, lui sourit de nouveau et propose de faire ensemble le trajet qui les ramène chez eux. Magalie accepte avec plaisir.