Les beaux jours du printemps amenaient un rituel immuable : l’aurore se pointait à peine au-dessus de la forêt que déjà le jeune homme descendait à pied le chemin de douanier conduisant à la fontaine des Vierges.

Il est nu. Bien agité, parfaitement réveillé d’un somme réparateur, le non-homoncule sort de l’abri qui lui sert de gîte (une ancienne étable aménagée en garage à charrue) et s’enfonce dans la campagne encore sombre et silencieuse, peuplée des rêves d’une nuit pas vraiment pressée de se retirer. Même en avril, le froid de certains matins n’a pas raison de lui : Hercule est impatient d’en découdre avec cette nouvelle journée. À l’intérieur il bout, son sang est chaud bouillant. Il n’en peut plus d’avoir dormi. Il faut qu’il s’active. Il a tellement d’énergie. Rarement garde son slip. Aime sentir le vent filer dans ses cheveux, humidifier ses yeux, hésiter sur l’anus, masser la nuque – n’attend pas mai pour faire ce qui lui plaît. Dans quelques instants il se frottera sous le jet saillissant d’un mur de pierre qu’un morceau de bambou, habilement coupé en son milieu, dressé solidement à hauteur d’homme, canalise avec panache.

La fontaine est une fontaine naturelle, d’époque carolingienne, en pierre authentique avec mousse véritable d’où suinte un ru discret qui rattrape une rivière. Feuilles desquamées sur le sol, branches de saules tortueuses et aulne glutineux, vaste espace autour de la fontaine pour s’ébattre finissent de composer le tableau.