J'ai eu droit à six mois de séances avec Simon Moriarty avant d'être enfin réformé après mon deuxième contrat. Deux fois par semaine, j'ai pris le bus pour me rendre au cabinet de Dalkey et lui passer une tasse de café sous le nez jusqu'à ce qu'il s'extirpe de son lit.
« Allez, sergent, m'avait dit un jour Moritarty avec un rictus qui indiquait qu'il en savait beaucoup plus sur le monde que moi. Rendez-moi la tâche difficile. Tout ceci est trop simple. Vous êtes un cas typique. »
J'étais allongé sur un divan en cuir bordeaux, aussi à l'aise qu'un poisson hors de l'eau. D'habitude, le sofa était réservé à Simon, mais nous en étions à notre dernière séance et il procédait au bilan.
« Un cas typique, hein ?
— Clair comme de l'eau de source, Sergent. Trans-pa-rent.
— Mettez-moi dans la confidence, docteur. Quel est mon souci ? »
Simon alluma un petit cigare. « En général, pour les Irlandais et les Juifs, le problème se résume à la mère. Pour vous, il s'agit de papa chéri. »
Je m'assis et le regardai, l'air grave.
« Vous êtes en train de me dire qu'un père abusif handicape la vie future ? Vous devez être une espèce de génie.
— Très amusant, sergent. Se cacher derrière l'humour. Bonne stratégie. Elle fonctionne bien, pour vous ? »
Simon pouvait être vraiment chiant, mais le plus souvent, il tapait dans le mille.
Je me rallongeai.
« Pas tellement. Écoutez, docteur, on a tous nos difficultés, nos solutions, qu'importe. Il faut faire avec et rester le plus calme possible. »
Moriarty épousseta la cendre tombée sur son T-shirt des Ramones.
« Nous sommes ici pour nous en assurer, Daniel. Êtes-vous en mesure de garder votre sang-froid ? Nous ne pouvons pas relâcher une machine entraînée à tuer dans la nature si elle n'arrive pas à mettre ses talents en veilleuse.
— Ne vous inquiétez pas. J'ai vu assez d'effusions de sang.
— Vous avez des projets ?
— Je suis libre mardi et je connais un bar sympa. »
Il ôta encore un peu de cendre.
« Des projets de vie, gros malin. Avec vos pulsions, il faut être très prudent. La situation peut vite dégénérer.
— Pulsions ? Vous me prenez pour un pervers.
— Je vais vous dire ce que je pense, Daniel. Vous avez eu un père violent qui battait votre mère, votre jeune frère, ainsi que vous-même. Il a tué la famille entière, sauf vous, dans un accident de voiture, en état d'ébriété. Alors maintenant, vous voulez protéger les faibles. Voilà pourquoi vous vous êtes engagé. Pas pour tuer, mais pour pro-té-ger. Seulement, vous entretenez aussi des rapports conflictuels avec l'autorité, la figure paternelle. Vous vous croyez o-bli-gé d'entrer dans l'armée et vous vous croyez o-bli-gé de molester vos supérieurs. Vous voyez la contradiction ? »
Il fallait que je me justifie. « Mon supérieur avait laissé trois de ses hommes pris sous le feu des troupes israéliennes et des miliciens. Il a refusé de demander un tir de couverture. Certains méritent d'être molestés. »
Simon fit semblant de griffonner quelques mots.
« Il y a des protocoles à respecter, Dan.
— Je sais. Tirs à répétition interdits, bla-bla-bla…
— Vous avez donc ignoré la procédure et de nouveau fait feu à partir de votre 10-20. Vous avez choisi de ne pas respecter la voie hiérarchique et d'effectuer vous-même un tir de suppression.
— 10-20 ? Ce positionnement est pour les cibistes, pas pour les militaires.
— Lâchez-moi un peu, j'essaye de vous aider. Vous avez donc ignoré la procédure et pris une moitié d'obus dans le dentier.
— Pas une moitié d'obus. Quelque chose d'entier. »
Simon fronça les sourcils. « Un obus dentier ?
— Entier, sans d devant.
— Oh, je vois. Mais mon argumentation tient toujours. Vous vous croyez obligé de protéger.
— O-bli-gé de pro-té-ger. D'accord. Où étiez-vous lorsque j'ai signé mon engagement ?
— Vous souffrez par ailleurs d'une addiction au jeu. »
Celle-là, il ne me l'avait jamais faite. « Addiction ? Allez. Qui vous a raconté de tels bobards ? Je m'offre parfois une partie de poker, d'accord, mais pas plus que n'importe qui. Ce n'est pas vraiment un problème.
— L'idée était séduisante, admit Simon. Cette analyse commence à me fatiguer et puis j'aime bien moi-même jouer de temps en temps au poker.
— Je ne pense pas que vous soyez le genre d'homme qu'on puisse bluffer. »
Simon referma son carnet de notes d'un coup. « Tout compte fait, je crois qu'une réforme pour raison médicale est la meilleure option pour vous.
— Réforme pour raison médicale ? Je trouve ces termes un peu dégoûtants.
— Choisissez un environnement pacifique, continua Moriarty sans prêter attention à ma tentative de détournement par l'humour. Un endroit où vous n'aurez pas à protéger quiconque ».
Je ne pus me retenir. « Vous voulez dire pro-té-ger ? »
Simon lâcha un rire sec. « Très bon. Les blagues : le chemin le plus court vers l'équilibre mental. Soyons sérieux, Dan. Dégottez-vous un poste où vous ne serez pas stressé. Pas de jeux de cartes, pas de patron et personne dont le bonheur dépendrait de vous. »
Maintenant, je me retrouve videur dans un casino. Mais ce n'est pas ma faute, je me crois o-bli-gé.
C'est l'effervescence en ville, pourtant je ne me sens pas concerné. J'ai l'impression d'observer les gens à travers une vitre sale. Ce monde bâti à la sueur de mon front s'écroule enfin. Les flics nous jettent à la rue comme des malpropres et nous ordonnent de nous barrer. Pas de roulette branlante ou de bikini à pois ce soir.
Connie est morte, Zeb a disparu. J'ai tué quelqu'un avec une clef, bon sang.
Je sais que la clef n'est vraiment pas l'élément primordial, mais j'y vois une certaine dose d'ironie.
Au lieu de refermer une porte, j'en ai ouvert une autre pour Barrett, vers l'au-delà.
De force. Avec difficulté.
La clef de l'existence n'existe pas, juste la clef de la mort.
Cette formule est meilleure, mais ce n'est pas demain la veille que j'écrirai des petits livres de poésie. J'ai l'estomac tout retourné, la bile remonte dans mon gosier. La bile et la tequila. Je m'arrête pour cracher dans le caniveau. Tandis que je me racle la gorge, penché, la main sur un poteau, un éclair de lumière scintille sur un emballage de chewing-gum. Un souvenir me frappe.
Le stylet de Mike Barrett tournoie en l'air, tel un bâton de majorette, et va se planter dans une des plaques du faux plafond.
Le stylet. Il est toujours là-bas.
Merde.
Merde. Merdouille de queue à pipes.
Qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que je devrais faire ?
Je me redresse lentement, comme un très vieil homme, et m'exhorte :
« OK, Daniel. Calme-toi et réfléchis. »
À la troisième personne, maintenant ? Bon Dieu, la situation est critique.
Manque de chance, le calme et la réflexion ne sont pas à l'ordre du jour en ce qui me concerne. J'essaye d'ignorer les vagues de douleur et les effluves de tequila. Mon esprit embrouillé part dans tous les sens.
Pas de quoi paniquer.
D'accord, le stylet est là-haut. Peu probable qu'il mène jusqu'à moi, sauf si le manche était muni d'une caméra-espion.
Avec le pot que j'ai…
Je glousse et crache une dernière fois, histoire de redevenir un homme après ces coups du sort.
Réfléchis bien.
Retourner au cabinet serait une erreur. Mike l'Irlandais pourrait surveiller l'endroit et me repérer.
Et pour Zeb ?
Je voudrais avoir une pensée réconfortante. Mon royaume pour une réponse claire et brillante. Rien ne vient, excepté la tristesse et la confusion.
Connie, ma chère.
Zeb est mort.
Appelle-le pour vérifier. Voilà une idée.
Je sélectionne le numéro de Zeb dans le répertoire du portable Prada de Barrett. Deux sonneries, puis on décroche.
« Ouais ? »
Pas Zeb. Une syllabe suffit à me mettre la puce à l'oreille. Zeb a cette espèce de voix d'asthmatique, tout dans le nez.
« Docteur Kronski ?, je demande sur un ton professionnel.
— Qui est à l'appareil ? rétorque le type.
— Vous ! », dis-je avant de raccrocher. J'aurais sans doute pu improviser un laïus médical et assurer que je rappellerais plus tard, mais j'ai eu la flemme.
Ils prennent ses appels. Ils n'ont pas encore trouvé ce que cherchait Macey Barrett, sinon le téléphone de Zeb serait au fond d'un réservoir avec son corps.
Je n'aurais pas dû donner ce coup de fil. Je me passerais bien de ce genre d'informations qui m'obligent à faire un choix.
Quand j'arrive chez moi, les nuages baignent dans un crépuscule luisant. Je me sens comme une vieille merde et j'en ai sans doute l'air. La dernière chose dont j'ai besoin, c'est de ma voisine du dessus, Mme Delano, en train de tenir une cuite carabinée. Et je ne parle pas de Mike Madden qui a dû réaliser depuis que j'étais une épine dans son pied…
Compte tenu de tout ceci, j'utilise l'ensemble des techniques apprises lors de mon entraînement militaire pour m'infiltrer dans l'appartement. Il pourrait y avoir une cellule terroriste embusquée au deuxième étage, personne n'entendrait le sergent Daniel McEvoy se glisser dans le couloir jusqu'à la porte de son domicile. Qui est ouverte. La serrure trois points, foutue, gît lamentablement au sol.
J'oublie toute opération furtive lorsque je vois la tornade qui a dévasté mon appartement.
« Bon Dieu », je crie, pataugeant dans les débris de ma vie réduite en miettes. Un état habituel du temps où je consultais Simon, sauf que maintenant il n'a plus rien de métaphorique. La douleur est la même et aucun pas supplémentaire ne me réconforte.
Les lieux ont été dévastés. Détruits. J'ai vu des sites bombardés en meilleur état. Ils ont arraché le papier peint, dépiauté le divan, démonté les appareils. Mon frigo, tombé sur le côté, bave de la mayonnaise, tel un robot à l'agonie. L'air conditionné, en mille morceaux sur la table, me rappelle les cours de mécanique auxquels j'assistais jadis. Mes tableaux par terre. Une illustration de Jack Yeats sur l'Irlande de l'Ouest, rapportée de Dublin dans un tube de transport, déchirée par pure méchanceté.
J'arpente la pièce, mouline des bras, donne des coups de pied dans les détritus. Par où commencer ? Comment on vient à bout d'un désastre pareil ?
À cet instant, Mme Delano se fait entendre. Elle attendait que je rentre chez moi, j'en suis certain. Elle est sans doute restée debout toute la nuit, les yeux injectés de sang à cause de la caféine. Je sais que j'ai l'air de raconter n'importe quoi, mais quand vous vivez en dessous d'une folle, une partie de sa folie déteint sur vous.
« Vingt dieux, s'exclame-t-elle à travers la mince cloison. Saloperie de vingt dieux. »
Je ne suis vraiment pas d'humeur à supporter cette gonzesse maintenant. Je sais, la meilleure solution consiste à ne pas tomber dans le piège. Si je réagis, elle gagne et nous en aurons peut-être pour la matinée, et à la fin, mon domicile sera toujours vandalisé.
« T'es là, l'Irlandais ? Tu ne peux pas calmer les macaques qui te servent de copains ? »
Macaques ? Copains ? Et merde. D'abord Zeb, ensuite Barrett, puis Connie, ma douce. J'ai besoin de relâcher la pression, laisser sortir la vapeur. Alors je rejette la tête en arrière et rugis, style Tarzan :
« Ferme ta putain de gueule, espèce de cinglée. »
Elle continue : « Les cinglés ont la gueule foutue.
— Taisez-vous, je hurle, les tendons prêts à se rompre. Ou je jure devant Dieu que je monte vous corriger.
— Dieu n'a aucune correction, dans ce quartier. »
Ce genre d'échange m'épuise et maintenant que Delano m'a dans le collimateur, elle va s'acharner pendant des heures.
« Allez vous faire voir, vieille folle. Pourquoi vous ne crevez pas, bordel ? »
Mon visage est rouge, congestionné. Je ne crie pas uniquement après Delano, j'en suis conscient, mais je persiste.
« Voilà. Crève. Le monde s'en portera mieux.
— La crève est mieux ? Tu crois que la crève est mieux pour les vieilles folles, l'Irlandais ? »
Sa voix a pris une nouvelle inflexion. Délirante, froide. Je me sens un peu dans le même état.
« Vous m'avez compris. »
Elle ne répond pas, ce qui est inhabituel. Voire inquiétant. Les échos de ma propre voix serpentent autour de moi, semblables à des spectres.
Si on était dans un film, un drame vraiment horrible serait sur le point de se produire.
Qu'est-ce qu'elle va faire ? Quel va être le dénouement ? Delano me hantera-t-elle pour l'éternité ?
Il existe un moyen sûr de le savoir.
Un choc sourd ébranle le plafond au-dessus de ma tête.
Quatre morts ? Quatre morts en une journée ? Pitié.
Je contourne ma chaise en plastique cassée, me précipite vers la porte. Du coin de l'œil, je remarque qu'ils ont même démonté les poids de mes haltères. Un travail méticuleux.
Je gravis les marches quatre à quatre, l'estomac noué. Mon cœur bondit dans ma poitrine, identique à une bille de Loto.
S'il vous plaît, mon Dieu, faites qu'il ne soit pas trop tard. Qu'est-ce qu'elle a bien pu fabriquer ?
La porte de Delano est plutôt robuste et munie de verrous supplémentaires, mais je marche à l'adrénaline. Ma charge taurine les fait sauter. Emporté par l'élan, je titube dans l'entrée, essoufflé, l'épaule meurtrie, effrayé à l'idée de regarder.
Mais je regarde tout de même, au cas où il faudrait agir vite, et je vois Delano, assise sur une chaise à dossier droit, une cigarette fixée entre deux doigts fins. Un livre épais posé par terre à côté d'elle. Une Bible, je crois.
« Bonjour, mon héros, souffle-t-elle. Vous me devez une porte. »
La fumée s'échappe de sa bouche en cul de poule.
Quel imbécile je fais.
« Pauvre poire », ajoute-t-elle. Cette expression convient mieux.
Mon premier réflexe est de démarrer au quart de tour, enragé, mais, je comprends presque immédiatement l'inutilité de la démarche. Toute cette putain d'histoire est à se tordre. Pas du genre ha, ha, rigolo, donc je n'éclate pas de rire.
« Vous pourriez me lâcher un peu, je dis doucement. Si vous saviez la journée que j'ai eue.
— Je suis restée debout toute la nuit à écouter vos amis », me coupe-t-elle, dénuée de la moindre compassion.
Je n'ai jamais vu Delano d'aussi près. Elle a mon âge ou quelques années de moins. Une longue chevelure lisse et blonde. Peut-être est-elle bien roulée ? Dur de se prononcer avec la robe de chambre. Ses yeux bleus surlignés au khôl me scrutent comme s'ils pouvaient lire en moi. Je remarque pour la première fois son regard félin, pareil à celui d'Ava Gardner ou de Madonna. Beau mais dangereux.
Cet appartement est propre à faire peur, sans âme. Un courant d'air glacé passe par un trou dans la fenêtre.
Elle se rend compte que j'observe l'orifice. « Je réfléchissais, explique-t-elle. Putain de vandales. Incroyable, non ? Ils ont laissé un sacré trou. »
Enfin une occupation, Dieu merci. Ne plus penser à son regard.
Fais quelque chose de tes dix doigts, soldat, et ne songe même pas à étrangler cette femme.
À l'armée, vous apprenez à vous servir de vos mains. Des objets se cassent sur le terrain et il faut les réparer ; pas besoin d'attendre le matériel. L'Irlande est à perpète du Liban et même si les colis survivent aux chapardages le long de la chaîne, ils mettent toujours six mois à arriver. Un type de mon escouade avait réussi à retaper une vieille radio 77 avec des pièces d'un stylophone Rolf Harris ramené de Mingi Street, à Naqoura. Un véritable MacGyver. Même si je n'étais pas bon en électronique, je pouvais prendre en charge la plupart des réparations domestiques.
Je mesure la fenêtre d'un coup d'œil, puis vais farfouiller sous l'évier en quête d'un ustensile.
« Eh, l'Irlandais, à quoi tu joues ? »
Delano croit sans doute que je cherche des sacs-poubelle dans lesquels envelopper son corps.
Bien.
Dommage qu'elle ne soit pas au courant de mon instinct pro-tec-teur. Peut-être que je lui raconterai plus tard.
Rien sous l'évier pour boucher le trou, alors je vide les meubles. Chez cette nana, il y a plus de cachetons que chez un dealer et plus de tiroirs que dans un magasin de sous-vêtements.
T'es un tueur plutôt marrant avec tes gros sabots, Daniel McEvoy, glousse le fantôme de Zeb. Pas de doute.
« Laisse mes tiroirs tranquilles, l'Irlandais. »
Je rigole. « Ne vous inquiétez pas, Madame Delano.
— Va te faire mettre.
— Vous vous mettez où ? », je réplique en déformant ce qu'elle dit. Puéril, d'accord, mais j'ai besoin de m'amuser un coup.
La plupart des tiroirs sont à moitié vides. Je les remplis les uns avec les autres puis défonce le premier. La planche de bois vient facilement, les clous oxydés ressemblent à ceux d'un cercueil.
Évitez les métaphores, m'avait jadis conseillé Simon.
— Parce qu'elles accroissent la douleur ?
— Non, parce que les vôtres sont merdiques.
— J'aimerais lire le bouquin d'où vous avez tiré cette réflexion. Chapitre VI : « Les métaphores merdiques et leurs effets sur les Trous du cul latents. »
À présent, Delano ne me demande plus ce que je fabrique, mais tire fort sur sa cigarette dont l'extrémité rouge et blanche pulse.
J'étale ma science, voilà ce que je fabrique. Je pourrais me contenter de scotcher le trou, il y a un rouleau d'adhésif juste là, mais cette planche de bois correspond mieux à mon état d'esprit, comme dirait l'un de mes amis. Je la place sur le panneau brisé, puis enfonce les clous sur le contour avec un attendrisseur à viande trouvé dans l'égouttoir. Le courant d'air est réduit à un léger filet. Pas trop mal.
Mme Delano reste assise bouche bée, aussi immobile qu'une statue, les volutes de fumée autour de son poing.
« J'appellerai un copain, dis-je avant de partir. Un serrurier ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pour votre porte et la mienne. Entre-temps, j'éviterais de faire trop de bruit. Vous ne voudriez pas attirer l'attention d'individus indésirables ? »
Malgré la journée que j'ai vécue, je redescends les marches sourire aux lèvres. Pas un mot en provenance de chez Delano. Pas un soupir.