En 2003, après plusieurs tentatives pour se maintenir à flot en dépit de diverses blessures – au ménisque, au quadriceps, une lombalgie –, Cléo avait pris rendez-vous à Pôle Emploi.

À chacun de ses entretiens, son conseiller semblait oublier qu’il lui avait déjà cité La Fontaine : se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue.

Pourquoi ne pas passer son diplôme d’enseignement de la danse ?

Elle n’avait pas la fibre pédagogique.

Pourtant, lui objectait-il, Cléo avait un sacré parcours, ça serait formidable de transmettre son expérience à des jeunes filles.

faire comme Cléo

Alors… masseuse, peut-être ? Ou – mais c’était sans réel rapport avec son savoir – tenir l’accueil d’un centre de danse à Bastille ?

 

De 9 heures à 17 heures, Cléo indiquait les vestiaires aux arrivants, répondait au téléphone, encaissait les paiements. Au début de chacun des cours – le centre comptait cinq salles – les élèves lui tendaient leur ticket, tous la connaissaient par son prénom, ils se confiaient à elle : Cléo t’es mieux que ma mère, merci Cléo.

La directrice la complimentait pour sa vigilance. Une camarade de classe de Lucie lui avait raconté en pouffant cet épisode où son père, qui l’attendait après son cours de street jazz, avait subi un long interrogatoire de la part de Cléo : la honte pour lui, il était passé pour un pédo. Sa mère c’était une féroce.