CHAPITRE 13

 

Les mois de ma vie s’écoulent, gris et brumeux, sans adopter la couleur des saisons, ni l’espérance promise par le vert tendre printanier, ni la lumière dorée des premiers jours de l’été. À peine quelques éclaircies ont-elles ensoleillé certains jours, çà et là, telles des simulations trompeuses d’un bonheur familial auquel, malgré moi, je crois de moins en moins. Même l’afficheur du téléphone s’obstine à ne pas faire apparaître le numéro du bureau de l’orthophoniste.

À la fin de l’hiver, le mandat de Jean-Patrick à Jolicœur a été prolongé et il ne s’en est que mieux porté. Tout est devenu prétexte pour ne pas revenir auprès de nous durant les fins de semaine : réunion imprévue, visite des patrons, travaux urgents de toutes sortes, et même fatigue trop intense pour prendre la route. Bref, plus souvent qu’autrement, je me retrouve dans des conditions de mère seule dont l’époux continue de façon lointaine à s’occuper simplement de la gestion financière de la famille, soit les paiements du loyer, des assurances et des cartes de crédit, point à la ligne. Pour la présence paternelle, pour l’affection et la tendresse, pour les soins et l’éducation des enfants autant que pour l’empressement de l’époux aimant, on peut repasser.

Le pauvre homme… N’inspire-t-il pas la pitié ? Pas drôle, le rôle de père d’un garçon mal élevé et manipulateur que sa mère imagine malade alors qu’elle le couve outrageusement et exécute ses quatre volontés afin d’éviter ses crises d’enfant normal trop gâté… Après tout, les problèmes de langage n’ont rien à voir avec le caractère, voilà l’interprétation des choses du monsieur ! Et mieux vaut opter pour les faux-fuyants en donnant plus d’importance aux objectifs d’affaires d’une compagnie de produits pharmaceutiques qu’aux préoccupations familiales difficiles. N’est-ce pas, mon chéri ? Grrr !

Plus j’y songe et plus je sens la colère s’incruster viscéralement au plus profond de moi-même. Si mon conjoint me trouve si fautive et enchâssée dans l’erreur, pourquoi ne vient-il pas me donner un coup de main et m’aider à nous sortir tous du pétrin ? Il pourrait bien emmener lui-même Félix à ses rendez-vous chez la psy pour mieux comprendre ce qui se passe. Après tout, Félix est son fils autant que le mien ! Et Gabrielle aussi a besoin de son père. Elle le réclame d’ailleurs continuellement. Mais non ! Le cher représentant du sexe fort souffre tellement de notre situation qu’il opte pour la défilade comme première et unique solution. Comme ultime solution, à la vérité… Lâche, lâche, Jean-Patrick Lapierre ! Ou peut-être trop malheureux ? Je ne sais plus.

En dépit de mon code de déontologie, j’ai laissé l’amitié prendre de l’ampleur entre mon ancienne cliente Catherine Lecours et moi. Lors de nos rencontres, soit pour déjeuner au restaurant, soit lors d’une promenade au parc voisin, je n’ai pas hésité à lui confier mon indignation. Curieusement, elle m’a affirmé avoir vécu, quelques années auparavant, le même genre de circonstances avec son mari. Par contre, si le handicap physique de son fils Julien ne laissait pas de doute dès sa naissance, c’est quand le retard mental a commencé à se manifester que le père s’est réfugié dans l’absence, lui aussi. D’une voix éteinte, elle tente de ravaler son amertume.

— Tu comprends, Geneviève, l’amour-propre masculin prend un dur coup quand un homme s’aperçoit qu’il a contribué à procréer un handicapé intellectuel. C’est instinctif, que veux-tu !

— Félix est intelligent, pas un handicapé intellectuel !

— Mental ou physique, il s’agit tout de même d’une déficience. L’orgueil et l’égocentrisme, voilà les raisons pour lesquelles de si nombreuses ruptures de couple se produisent à la suite de telles épreuves. Il faut posséder un puissant instinct maternel pour ne pas décrocher de ces situations intolérables. Si tu aimes vraiment ton Jean-Patrick, donne-lui du temps, ma chouette. Il va finalement s’en remettre, crois-en mon expérience.

— Du temps, du temps ! Tu en as des bonnes ! Je ne possède pas ton âme de sainte, moi ! Félix a tout de même quatre ans et demi. Dès sa naissance, je me suis doutée que quelque chose n’allait pas. Jean-Patrick va-t-il prendre un autre quatre ans et demi avant de regarder la situation en face et d’admettre le problème ? Franchement, ça me décourage !

— Fais-moi confiance, Geneviève. Donne du temps mais surtout de l’amour et de la compréhension à ton homme et, au bout du compte, il va se faire à l’idée, je te le garantis.

— Est-ce qu’il m’en donne, lui, de l’amour et de la compréhension ? Pas du tout ! Même du temps, il m’en donne de moins en moins ! Les crises, c’est moi qui les endure, et les couches, c’est moi qui les change !

— Entre ça et un divorce…

Un divorce… ou une séparation ! Catherine a prononcé le mot fatidique sans se douter que l’horreur qu’il porte a commencé depuis quelque temps à s’infiltrer sournoisement dans le cours de mes pensées et, qui sait, peut-être bien dans celles de mon conjoint. Je n’en peux plus de ces espoirs sans cesse déçus, de ces attentes jamais comblées et de cette solitude cruelle et injuste, de cet isolement total devant une conjoncture qui ne devrait pas concerner que moi seule. Si le père de Félix refuse d’affronter courageusement les problèmes et a choisi avec lâcheté de m’abandonner, eh bien, qu’il parte réellement et non pas à moitié ! Je préfère les situations claires, moi, plutôt que de me retrouver sans cesse sur la corde raide. Depuis trop longtemps, monsieur rentre ou ne rentre pas, la fin de semaine, selon ses caprices ou ceux de sa compagnie. Selon ses états d’âme, à la vérité ! Et quand il revient, le même monsieur se montre de bonne humeur ou irascible selon la couleur du temps. Eh bien, j’en ai marre !

Finis pour moi les entre-deux qui génèrent une souffrance que je ne mérite pas ! S’il faut détruire notre ménage, démantelons-le d’une cassure franche et nette, et non à petit feu et à l’usure du temps comme il le fait. J’en ai assez de ce genre de torture dont je semble la seule à souffrir.

Jusqu’à ce matin, je ne croyais pas me tromper en envisageant la perspective d’une séparation, car petit à petit, au fil du temps, je sentais mon amour pour Jean-Patrick laisser la place à la rancœur. Une rancœur malsaine et destructrice qui, avant longtemps, ferait éclater mon horizon.

Mais en ce beau samedi d’été plein de promesses où, par miracle, mon homme tout joyeux a réintégré momentanément son foyer hier soir, un incident aussi terrible que merveilleux s’est produit.

Au milieu de la matinée, j’étais en train de dévorer les pages d’un roman, bien installée sur une chaise longue au bord de la piscine. Félix, assis par terre contre la clôture, jouait avec ses autos et ses camions pendant que Gabrielle se trouvait chez la voisine. À un moment donné, Jean-Patrick a décidé de tondre le gazon et le bruit de la tondeuse s’est mis à couvrir le babillage du petit enfermé dans sa bulle. Prise par la trame de mon livre, j’ai oublié ma surveillance, l’espace de quelques minutes. À mon insu, Félix s’est approché insidieusement de la piscine et s’est jeté avec témérité dans la partie profonde.

Ses cris et la vue de Jean-Patrick accourant et sautant dans l’eau pour l’en sortir m’ont vite ramenée à la réalité. Dieu du ciel !

— Vite, Geneviève, étends des serviettes par terre !

Jean-Patrick s’est agenouillé à côté de son fils inerte et blême comme un mort et a commencé à lui donner la respiration artificielle. Entre chaque inspiration, il lui lançait des appels déchirants et désespérés.

— Reviens, mon petit garçon, reviens ! Ne t’en va pas, je t’en supplie ! Félix, Félix, je t’aime tant ! Mon fils à moi, mon tout petit…

Et ces cris, à travers les bruits du moteur de la tondeuse abandonnée sur la pelouse et toujours en marche, ces supplications de revenir à la vie de la part de celui que je croyais totalement insensible à l’existence de son enfant, cette voix chevrotante criant l’amour d’un père, je ne l’oublierai jamais. Ces cris ont rebondi jusqu’au fond de mon cœur et ont jeté par terre toutes mes suppositions malsaines et erronées au sujet de l’affection paternelle de Jean-Patrick. De toute évidence, il tenait à son fils autant que moi.

Félix est revenu à la vie tout doucement. Après avoir rejeté une grande quantité d’eau, il a recommencé à respirer normalement. Alors là, j’ai vu le père prendre son fils dans ses bras et se mettre à pleurer comme jamais je n’aurais cru qu’un homme puisse pleurer.

— Mon trésor, mon amour…

Il l’appelait « mon amour » et prononçait ces mots sacrés en sanglotant. En l’entourant de mes bras, je les ai prononcés avec lui, en même temps que lui. Des mots qui veulent tout dire, des mots qui nous rapprochaient davantage que les plus longues explications et les plus beaux gestes d’amour. Tout à coup, « mon Félix » devenait « son Félix » et même, au-delà de mes espoirs, « notre Félix ». L’univers entier, mon univers venait de se recréer. Notre univers. Délicatement, avec mille précautions, nous avons séché le petit corps frêle et glacé et l’avons déposé sur le canapé sous de chaudes couvertures. Félix, après avoir repris connaissance durant quelques minutes, s’est aussitôt rendormi sous nos yeux attendris.

Jean-Patrick s’est alors ouvert le cœur pour la première fois depuis la naissance de son fils.

— Je sais, je sais, Geneviève, que notre garçon n’est pas normal. Mon orgueil a refusé jusqu’à maintenant de regarder la réalité en face. Je me sens tellement nul et impuissant devant ça, si tu savais ! J’ai préféré penser que tu te trompais. On n’avait pas le tour avec lui, toi et moi, rien de plus. Maintenant, je me rends bien compte de la réalité et n’ai plus le choix de la reconnaître. Je suis un pissou, le plus lâche des hommes. Et j’ai accepté ce travail là-bas que j’aurais pu, que j’aurais dû refuser. J’ai tellement honte de moi, mon amour, tu n’as pas idée…

— Jean-Patrick, dis-moi que je ne suis pas en train de rêver !

— Me pardonneras-tu jamais de t’avoir abandonnée ? Je ne te mérite pas, je ne mérite plus ma famille. Mets-moi à la porte définitivement, si tu veux, Geneviève. Je partirai sans protester et ne te ferai pas de problème. J’aurai simplement couru après notre perte et pourrai dire à tout le monde : « Mea culpa, mea maxima culpa. »

— Je veux bien te pardonner, Jean-Patrick, et rebâtir une nouvelle vie de famille avec toi. Mais il est primordial d’aimer ton fils et de l’accepter tel qu’il est, sinon l’existence restera invivable pour moi, comme maintenant. Tu comprends ?

— Oui, je comprends. Si tu veux bien me donner une chance, je suis décidé à recommencer différemment. Je l’aime, ce petit-là, moi, je l’aime à la folie même s’il n’est pas et ne sera jamais le fils dont j’avais rêvé. C’était juste difficile pour moi de… de l’accepter !

Comme s’il avait compris notre conversation, Félix a ouvert les yeux et nous a souri silencieusement. Combien de temps sommes-nous restés là, main dans la main et immobiles à ses côtés, à soustraire les souffrances et à rayer les souvenirs pénibles du passé pour enfin nous redessiner des paysages plus sereins ? Un peintre aurait pu intituler ce tableau « Lever de soleil » ou encore « Promesse de lendemains ». Des lendemains peut-être non garants de jours plus lumineux. Notre fils demeure et demeurera sans doute toujours un enfant handicapé. Mais au moins, la tempête semble s’éloigner, et nous serons deux pour regarder le soleil percer derrière les nuages et espérer l’arc-en-ciel.

Catherine Lecours avait raison. Ce matin, ma vie a basculé et pris une nouvelle tangente, une tangente bénie des dieux, celle d’une vie de couple renouvelée, renforcée. Mais peut-on parler de bénédiction quand le renforcement provient de l’acceptation résignée et dorénavant partagée par des parents d’une pathologie chez leur fils ? Acceptation résignée et partagée, certes, mais si laborieusement supportée…

— À partir d’aujourd’hui, on va se battre ensemble et faire tout en notre pouvoir pour améliorer le sort de notre fils. Je te le jure, ma Geneviève.

— Je te le jure, moi aussi, Jean-Patrick, en cette journée dramatique mais combien marquante de notre existence.

— C’est une promesse d’amour.

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Au cours de cette belle semaine de la fin de juillet, après les événements pathétiques du week-end, je réintègre mon bureau du CLSC avec plus de sérénité. Le temps doux ayant réinstallé les sans-abris sur les bancs de parc et rendu les gangs de rue plus visibles, je ne cesse d’envoyer des jeunes en difficulté à des Centres jeunesse.

Natasha n’est pas réapparue. Inquiète, je m’enquiers de son état au foyer de réadaptation auquel je l’avais confiée. On m’apprend froidement la mauvaise nouvelle qui me jette par terre : on a trouvé la jeune fille pendue sous une poutre dans le stationnement de l’édifice, le mois dernier. Je suis consternée. Une autre malheureuse qui disparaît, noyée dans la noirceur de sa solitude parce qu’il ne s’est trouvé personne pour entendre ses appels de détresse lancés d’une voix trop faible et à peine audible. Une autre mal née, mal aimée, incomprise et esseulée, une autre petite fille qui n’a pas eu le droit de grandir sereinement dans une famille heureuse pour y apprendre la formule de la joie de vivre. Une autre sans-voix.

Des nouvelles semblables me donnent toujours envie de m’agenouiller, de me prosterner pour demander à Dieu, si ce Dieu trop silencieux et trop lointain existe quelque part, de rendre enfin justice à Natasha et de lui permettre, dans l’ailleurs mystérieux et éternel où elle s’en est allée, de rattraper le bonheur que son destin terrestre ne lui a pas permis de connaître.

Le même jour, une femme vient me raconter son histoire en réclamant de l’aide avec insistance. Après avoir divorcé d’un homme violent, Alice a rencontré un nouveau conjoint au passé plutôt nébuleux. Pris en charge dès son tout jeune âge par de multiples foyers d’accueil, le type n’a pas connu ses parents. Dès l’année qui a suivi leur mariage, Alice a donné naissance à un enfant, même si leur couple allait déjà cahin-caha. Obsédé par ses origines, le père, plus ou moins mentalement équilibré, est parti un jour à la recherche de sa propre famille qu’il a finalement retrouvée en Gaspésie. Il n’est revenu que quelques semaines plus tard, confus et l’esprit encore plus troublé.

Au printemps suivant, l’homme est retourné sans avertissement à Gaspé en ne laissant à sa femme qu’un faux numéro de téléphone. Les premiers temps, Alice espérait son retour, attendait un appel ou un signe de lui, mais rien n’est venu. Après quelques vaines recherches, elle a dû se rendre à l’évidence : son mari était définitivement retourné vivre dans sa région natale et ne reviendrait plus. Bravement, elle s’est faite à l’idée, a trouvé un emploi et a pris entièrement la charge d’éduquer son fils, vaille que vaille. Elle ne pouvait se douter que, contre toute attente, le père surgirait de nouveau au bout de huit années d’absence, plus cinglé que jamais.

Effarée, la femme me parle d’une voix brisée et ses yeux roulent dans l’eau. La peur se lit sur son visage. De toute évidence, la saga vient de prendre une tournure pathétique et inattendue.

— Croyez-le ou non, madame, cet homme a sonné à ma porte, avant-hier, et il réclame de voir son fils. Il a pris un faux nom et affiche des allures de dément. Un vrai fou, je vous dis !

— Vous avez refusé de le laisser entrer ?

— Oui, bien sûr ! Mais il a promis de revenir. Il me fait peur et je ne sais pas à quel saint me vouer. S’il fallait qu’il enlève mon enfant et disparaisse avec lui… Cet homme est parfaitement du genre à faire ça. Heureusement, le petit se trouvait à l’école quand il est venu, mais je ne voudrais surtout pas le traumatiser avec cette histoire. Par contre, cet homme peut revendiquer sa paternité, vous comprenez.

Si je comprends ? Évidemment que je comprends ! Combien de fois, ces derniers temps, n’ai-je pas imaginé Jean-Patrick me laissant en plan et s’enfuyant ailleurs pour ne plus revenir sauf pour chercher les enfants toutes les deux semaines et les confier à une étrangère au joli cœur… Ouille ! Perspective terrifiante s’il en est ! Et encore, Jean-Patrick n’a rien d’un dément, bien au contraire ! Mais je chasse vite ces idées noires. Depuis nos explications à la suite du drame dans la piscine, le danger de fuite de mon homme ne représente plus qu’un méchant mirage à oublier. Notre famille, de nouveau tissée serré, se tient encore debout. La fileuse d’espoir est passée et l’a réparée avec des fils aux couleurs de l’amour.

À cause de l’incident de samedi dernier, qui aurait pu virer à la tragédie, Jean-Patrick a refusé à son patron, dès lundi, une autre prolongation de son travail à Jolicœur. Il a prétendu avoir fait sa part et préfère maintenant donner la priorité à sa famille, stipulant qu’il incombe à quelqu’un d’autre d’assumer désormais de tels déplacements. C’était à prendre ou à laisser, et le patron a compris. Dans moins d’un mois, dès le début de l’automne, mon homme rapatriera ses quartiers généraux, autant à la maison qu’à la succursale locale de sa compagnie. Et je m’en trouve fort aise, consciente que l’un des problèmes de ma vie vient de se régler. Reste celui, majeur, de Félix qui rentrera à la maternelle dans quelques semaines sans avoir encore reçu aucun traitement en orthophonie. J’en frissonne rien que d’y songer !

Je regarde partir ma cliente, Alice, non sans un certain attendrissement, après lui avoir recommandé une extrême prudence.

— Il faut absolument consulter les autorités policières afin de vérifier si cet homme est violent et si vos craintes s’avèrent fondées. J’insiste là-dessus, vous me comprenez bien, n’est-ce pas ? Vous devez y aller dès maintenant. Tenez, je vous donne le numéro du poste. Là, on enquête exactement pour ce genre de situation. Dites-leur que c’est moi qui vous envoie. On va s’occuper de vous aussitôt. Sans doute fera-t-on des recherches sur votre ex-mari et vous recommandera-t-on d’aller habiter ailleurs pour un certain temps, dans un lieu inconnu de lui. Connaissez-vous quelqu’un, une amie ou une sœur, par exemple, qui pourrait vous héberger ? Sinon, je peux vous suggérer un centre d’accueil pour femmes et enfants dans votre condition.

— Euh… je préférerais aller chez ma sœur. Elle vient tout juste de déménager et il ne connaît pas l’adresse.

— Informez-vous et rappelez-moi. Quant au petit, il faudra avertir l’école de garder particulièrement l’œil ouvert. Et je vous recommande de le transporter vous-même matin et soir. Revenez me voir la semaine prochaine pour me dire où en sont les choses, d’accord ?

— Merci, madame. Au revoir, madame.

La femme me quitte sans se retourner, anéantie par l’ampleur de son problème. Je mettrais ma main au feu que, travaillant justement dans ce poste, ma cousine détective Isabelle Guay-Deschamps s’occupera elle-même du problème. Problème de mère d’un petit garçon normal, fils d’un père détraqué…

Problème inverse du mien.