CHAPITRE 8

Ma première journée de retour au travail ne s’avère pas de tout repos. Ce ne l’est jamais, d’ailleurs, mais aujourd’hui, malgré la coïncidence avec le départ définitif de Jean-Patrick pour son nouvel emploi à Jolicœur, je la vis tout de même comme une bénédiction du ciel. Enfin sortir de chez moi trois jours par semaine, enfin voir du monde, enfin redevenir Geneviève Martin et pas seulement la mère des deux petits Lapierre, cette femme qui n’existe pas pour elle-même et doit se consacrer, telle une chargée de mission, au service exclusif de sa famille depuis plus d’un an et demi. Et cette mission requiert le total oubli de soi exigé par une véritable vocation.

Je l’ai pourtant choisi volontiers, ce rôle de mère, et en toute connaissance de cause. Je l’ai même désiré depuis ma plus tendre enfance, à l’âge où je m’y entraînais déjà joyeusement avec mes poupées. Mais jamais je n’aurais pu imaginer un tel accaparement, une invasion aussi harassante, au point de considérer l’exercice de mon autre profession hors de la maison comme un soulagement et un répit où reprendre mon souffle et m’appartenir enfin.

À la vérité, les absences hebdomadaires de Jean-Patrick ne feront pas beaucoup de différence dans mes journées. Le soir, au retour du travail, avant de se coller le nez sur l’écran de son ordinateur ou de la télévision, il se contentait dernièrement de passer quelques instants avec Gabrielle qui lui faisait la fête, naturellement ! Hélas, il négligeait de porter attention à Félix réfugié dans mes bras en train de lui jeter des regards hostiles. À cause de ce masque d’indifférence sans cesse affiché par son père, notre fils semble avoir développé une certaine animosité envers lui. Jamais il n’accepte de se laisser prendre et caresser par lui. Ni par personne d’autre, d’ailleurs. Cet état de fait me rend hors de moi. Bref, ces derniers temps, Jean-Patrick ne redevenait mon tendre conjoint qu’au milieu de la soirée, une fois les enfants couchés et endormis. Une fois débarrassés des enfants, devrais-je dire. Et adieu la vie de famille ! Dorénavant, je devrai me contenter d’un amoureux de fin de semaine seulement.

Dans un certain sens, je peux comprendre les frustrations du père dont la fierté masculine s’irrite de la présence d’un enfant différent de la norme et de plus en plus marginal, braillard et presque impossible à élever. Un enfant étrange, incompréhensible… D’un autre côté, au même titre que Gabrielle si brillante et attachante, Félix est notre fils. SON fils. Un enfant tellement beau, doux et potelé qu’on aurait envie de le dévorer de baisers. Un enfant pur aux yeux magnifiques remplis d’innocence. Et cet enfant a probablement davantage besoin que sa sœur de parents empressés et conciliants, constamment présents auprès de lui. De parents l’aimant inconditionnellement. Besoin d’un père adéquat surtout.

J’ai donc accepté sans broncher le fait de voir partir Jean-Patrick chaque dimanche soir vers une région lointaine, en dépit de mon sentiment de payer le gros prix pour être en mesure d’apprécier une nouvelle paix. Supporter chaque jour l’insouciance de mon homme, surtout son déni au sujet de Félix, me tapait sur les nerfs et grugeait, mine de rien, mes sentiments d’amoureuse, je l’avoue. Certes, sa présence me manquera tout au long de la semaine, et j’attendrai avec impatience ses retours du vendredi soir, mais cet éloignement, cette sorte de rupture intermittente et, je l’espère, temporaire, arrangera peut-être les choses. Certaines choses en tout cas !

Quand, selon les prédictions du fameux docteur Sansoucy, Félix aura rattrapé le temps perdu et sera devenu un sage petit bonhomme, son père maladroit se rattrapera lui aussi et il se rapprochera plus facilement de son fils, je n’en doute pas. À tout le moins, je le souhaite très fort. Pour le moment, mes rôles de mère et de travailleuse sociale associés à nos fins de semaine tout de même agréables en famille me suffiront amplement.

Au travail, la misère des autres à laquelle mon métier ne cesse de me confronter ne me laisse pas indifférente, mais jamais elle ne pourrait m’envahir comme mes propres problèmes, comme cette crainte insupportable d’avoir mis au monde un enfant à part des autres, sinon carrément anormal, en plus de la peur irraisonnée de voir mon conjoint s’éloigner à jamais de moi.

Le premier rendez-vous de la matinée ramène la jeune Natasha dans mon bureau.

— J’avais tellement hâte de vous revoir, madame Geneviève !

— Moi aussi, ma belle enfant. Hum ! Tu n’as pas l’air dans ton assiette, toi ! Parle-moi donc de cette dernière année, puisque tu as brusquement cessé tes appels sur mon cellulaire.

— Euh…

— Tu as recommencé à consommer, n’est-ce pas ?

La jeune fille, méconnaissable, baisse la tête à la manière d’une enfant prise en flagrant délit. Sur son dossier, ma remplaçante a indiqué l’avoir obligée à retourner en thérapie, à la suite des recommandations empressées de la DPJ. Natasha, après une période d’abstinence louable mais très courte, est retombée de plus belle dans son vice. En ultime recours pour la sortir de là, un long séjour en cure fermée a été prescrit. Parfois, le dernier recours se résume à croire au miracle.

Hélas, le miracle ne s’est pas produit puisque la revoilà devant moi, plus décharnée que jamais, les yeux cernés et le regard éteint, la main tremblante. La dégénérescence suit son cours. À l’avilissement ont succédé la corruption des mœurs et les perversions. Si rien ne change, le crime suivra, car elle coûte drôlement cher, la cocaïne ! Et, qui sait si la mort, comme dans de trop nombreux cas, n’éteindra pas le dernier des espoirs en remportant une victoire finale ?

Je crains que rien n’arrêtera Natasha vers la déchéance totale. La vie l’a brisée en bas âge et elle possède si peu de ressources intérieures. Comment croire en la vie quand on n’a jamais connu la joie de vivre ? Comment croire en l’amour quand on n’a jamais été aimée ? Comment regarder l’horizon quand on ne sait même pas relever la tête ? L’amour absent d’une mère détraquée et d’un père agresseur ne peut se rattraper ni se réinventer. Les blessures graves et mal soignées laissent parfois des cicatrices éternellement purulentes.

Et je me demande si le discours conventionnel recommandant d’oublier le passé et de regarder en avant, ce fameux « Tourne la page » soit-disant miraculeux, peut tenir la route dans la tête d’une jeune fille qui n’a connu, dans le livre de son enfance, que des pages sombres et salement barbouillées. Sur quoi peut-elle se baser pour entrevoir des pages d’avenir colorées de rose et de jaune soleil ?

Seule la drogue trompeuse réussit à allumer momentanément en Natasha un véritable sentiment de bien-être. Sournoisement, la coke la convainc de l’impossibilité de vivre une vie supportable sans sa consommation. D’une « sniffe » de poudre blanche à l’autre, puis de l’injection d’une seringue à l’autre, sans faire de bruit, la dope traîtresse possède la jeune fille corps et âme pour mieux la détruire, pauvre marionnette désarticulée, sans volonté et sans voix. Si elle ne trouve pas en elle-même la force d’y renoncer, Natasha périra, j’en ai bien peur.

Soudain, je porte un regard effaré sur son ventre et je sens les cheveux me dresser sur la tête. Non, non, ce n’est pas vrai, je me trompe ! Il n’est pas aussi protubérant que ça, voyons ! Juste un peu enflé, voilà tout ! J’ai l’imagination trop fertile. J’ose quand même poser la question.

— Serais-tu enceinte, Natasha ?

Son signe affirmatif et silencieux de la tête me laisse pantoise. Un enfant vit en elle et elle prend de la drogue. Un pauvre petit être innocent qui n’a pas demandé à exister et dont la vie semble déjà hypothéquée par sa mère… Je retiens ma respiration et serre les dents pour ne pas bondir et l’accabler de reproches.

— Qui est le père du bébé ?

— Mon chum, mais il m’a déjà laissée tomber pour une autre fille. Et il ne veut pas reconnaître sa paternité. Madame Geneviève, j’ai besoin d’argent, c’est… c’est urgent ! Je suis venue vous voir pour ça. C’est que… voyez-vous, avec mon ventre, je ne peux plus aller danser et si ça continue, je ne saurai plus où aller.

— Tu consommes encore de la drogue ?

— Bof… de temps en temps, quand j’ai la chance, je me paye une traite, mais sans exagérer. Ça me fait du bien, vous comprenez.

— Une traite de temps en temps ? J’espère que tes « de temps en temps » ne sont pas trop fréquents… Si tu es incapable de t’en passer complètement, ma belle, il faudrait à tout le moins diminuer ta consommation, c’est trop dangereux pour toi et le bébé. On va essayer de t’aider à contrôler ça. Et tu dois bien t’alimenter. Ça aussi, tu y penses « de temps en temps », je suppose ?

— …

— Et l’avortement, y as-tu songé ?

Le regard de dédain que la jeune fille plonge dans le mien veut tout dire : oui elle y a songé, et non, elle ne veut pas en discuter.

Dire que moi, enceinte, je me refusais un verre de vin et même une aspirine pour donner toutes les chances du monde à mon enfant. Natasha, elle, drogue son petit à la cocaïne ! En songeant à ce pauvre bébé, je sens la moutarde me monter au nez. Du calme, ma vieille, du calme. Cette jeune fille absolument immature ne réalise pas la gravité du drame. Contente-toi de bien faire ton travail, et pas de jugement, s’il te plaît ! Natasha a besoin d’aide et ça urge. Point à la ligne !

— Bon, je t’envoie immédiatement à une représentante de la DPJ pour te trouver une maison d’hébergement, un centre mère-enfant, où on va s’occuper de toi jusqu’à la fin de ta grossesse. Après, on verra.

— Non, ça m’intéresse pas. Ils… ils vont se montrer trop sévères envers moi. Je ne veux pas y aller. Moi, c’était de l’aide pour payer mon loyer que je venais chercher. Rien que ça…

— Désolée, Natasha, que ça t’intéresse ou non n’a pas d’importance. Tu es mineure, ne l’oublie pas, et la société a le devoir de veiller sur toi et ton bébé. Si tu veux absolument rester chez toi, tu peux t’attendre à un solide suivi. Je préférerais t’envoyer dans un endroit sans risques et où ça ne te coûtera rien. Dans moins d’une heure, quelqu’un va venir te chercher et t’amener dans un centre où des thérapeutes qualifiés s’occuperont de toi.

Je la regarde s’essuyer silencieusement les yeux. Pauvre, pauvre petit oiseau blessé… La compassion prend bientôt le pas sur ma colère, et l’instinct maternel de la prendre dans mes bras est plus fort que moi. Un peu plus et je l’emmènerais chez moi ! Je me lève spontanément et la serre contre moi, cette petite fille qui n’a pas connu de mère. J’ai l’impression de tenir dans mes bras toute la souffrance du monde. Cette maudite souffrance sur laquelle je ne détiens qu’un pouvoir minime. Un pouvoir infinitésimal. Natasha se laisse aller contre moi en sanglotant. La reverrai-je jamais ? Fasse le ciel que le fameux miracle s’accomplisse. Mais je ne sais plus lequel…

Le reste de l’après-midi me ramène Richard, l’ancien prisonnier actuellement en déroute parce qu’il a perdu son précieux emploi de concierge à cause d’une altercation avec des locataires.

— Richard, croyez-vous que régler les problèmes avec ses poings constitue une bonne idée ?

— J’avais raison. Ces gens-là sont des emmerdeurs de la pire espèce !

Ah ! Seigneur ! Apprendra-t-il jamais ? Il paraissait pourtant sur la bonne voie lors de notre dernière rencontre, l’année passée. Je le vois encore, tout content de brandir bien haut son formulaire de bail.

— Pendant que j’ai encore toute ma tête, je suis venu vous voir parce que des fois… des tites fois… j’aurais envie d’aller m’acheter quelques grosses bières au dépanneur. Si jamais je recommence ça, je vais perdre la carte et ne pourrai plus répondre de moi, je le sais. Tout ça me fait peur, vous pensez bien ! Je possède encore mon logement, mais il suffirait d’une seule rechute pour que tout bascule, je me connais ! J’aurais besoin de retourner en thérapie, je pense. Pourriez-vous m’aider, s’il vous plaît, madame Martin ?

— Richard, je vous admire pour votre courage et votre bonne volonté.

Heureusement, cet homme s’avère assez intelligent et mature pour venir chercher de l’aide. Encore plus que moi, il connaît le danger menaçant, sachant bien qu’un seul petit geste insensé, une seule soirée arrosée d’alcool l’entraînerait sur la pente dangereuse, peut-être bien au fond de l’abîme. Il ne me sert à rien de lui débiter un long discours pour lui faire la morale, il les connaît tous par cœur, les sermons ! Je veux bien lui offrir l’attention et l’écoute dont il a besoin, mais cela ne suffit pas. À sa demande, je m’empresse de lui redonner les adresses de centres de crise et de maisons de thérapie qu’il connaît sans doute déjà. Puis, je lui propose une nouvelle série de rencontres avec un psychologue, sans oublier de lui remettre la liste des meetings des AA dans les alentours, en lui recommandant d’y assister dès aujourd’hui. Cher Richard ! Un autre que je pourrais serrer dans mes bras en récitant une prière…

— La dernière fois que je vous ai vu, Richard, juste avant de partir pour mon congé de maternité l’an passé, vous pétiez le feu. Vous vous étiez même fait une blonde, une excellente cuisinière, si je me rappelle bien. Elle ne se trouve plus dans le décor ?

— Euh… non ! Je la trouvais trop dépensière et je l’ai mise à la porte. Je me sens mieux tout seul, à bien y penser.

— Bon. Il existe certainement d’autres emplois dans cette ville… et d’autres femmes ! Tenez, je vous donne l’adresse du centre régional d’Emploi-Québec. Là, ils vont vous aider à trouver autre chose. Rien n’est perdu en autant que vous soyez prêt à vous aider vous-même en allant chercher du soutien tel que vous me le demandez. Réfléchissez bien à tout cela et prenez un autre rendez-vous avec moi pour la semaine prochaine.

— Et le psychologue ?

— Ah… pour ça, il faudra peut-être attendre un certain temps avant d’obtenir une rencontre. Les listes d’attente n’en finissent plus, mais je vais inscrire votre nom sur la liste prioritaire.

— Merci, madame.

Richard se lève lentement et me quitte en silence, visiblement déçu. À bien y songer, il n’avait pas besoin de moi pour connaître toutes ces adresses qu’il possède déjà et le lieu de la prochaine rencontre des Alcooliques Anonymes dans son quartier. Quant au psy, si seulement on augmentait les effectifs d’aide… Ma simple écoute empathique suffira-t-elle à lui fournir la bouée dont il a besoin ? Il va sans dire qu’il incombe à lui, et à lui seul, de ne pas reprendre de l’alcool. S’il le veut vraiment, avec l’aide qu’il ira chercher, Richard réussira. Je le souhaite ardemment.

La dernière cliente de la journée n’est pas pour me remonter le moral. Divorcée et mère de trois enfants dont le plus jeune de vingt ans souffre d’autisme, la femme, dans la quarantaine avancée, vient me solliciter en dernier recours. La communication avec son fils s’avère de plus en plus difficile. Depuis le départ de son frère et de sa sœur du domicile, le garçon se montre plus violent que jamais quand il se sent incompris ou contrarié.

— Ses colères sont devenues ingérables et j’ai maintenant peur de lui. Il m’a déjà cassé un bras, je ne veux plus que ça se reproduise. Mais je ne sais plus vers qui me tourner. Avant ses cinq ans, il était suivi par un pédopsychiatre qui l’avait inscrit à un centre spécialisé. Une fois d’âge scolaire, il n’a jamais reçu le nombre d’heures d’intervention comportementale promis à cause d’un manque de personnel à l’école, semble-t-il. Maintenant devenu adulte, il est laissé pour compte et n’a plus aucune ressource. Personne ne veut le prendre. Je suis désespérée, il faut faire quelque chose, madame.

— Et le père ?

— Disparu à jamais. Il y a quinze ans, il m’a dit, un jour de crise : « Choisis, c’est le petit ou moi ! » Quand il a compris que je n’abandonnerais jamais notre fils, il a claqué la porte et n’est jamais revenu.

Les ressources pour autistes adultes s’avérant plutôt rares, une fois de plus, je songe au miracle. Une maison pour jeunes délinquants n’accepterait certainement pas ce jeune homme, car on ne saurait pas l’encadrer.

— Bon ! Il existe les ressources publiques offertes par des centres pour la réadaptation en déficience intellectuelle, en plus des centres privés spécialisés en troubles envahissants du développement. On n’a rien à perdre à essayer de ce côté-là.

— Non, non, je ne viens pas pour ça ! J’ai une autre solution à laquelle j’ai songé depuis quelque temps.

À mon grand étonnement, je vois soudain le visage de la femme s’illuminer, les yeux pleins de rêve.

— J’ai bien envie d’acheter une maison à deux logements. Mon fils habiterait à l’étage et moi, au premier plancher. Il pourrait vivre sa vie à sa manière et le danger d’altercations entre nous deviendrait moindre. Qu’en pensez-vous, madame Martin ? Dans ce cas, le gouvernement pourrait-il me fournir une aide quelconque ? Voilà pourquoi je suis venue : je voudrais une subvention.

— C’est à voir. Avant tout, il faudrait faire évaluer l’autonomie du jeune homme. Mais mon devoir est d’abord de vous mettre en garde. Il s’agit d’un projet à long terme, vous savez, sans savoir si cette double existence à proximité ne tournera pas au vinaigre. Cela augmenterait évidemment votre charge de travail, vous auriez à faire deux ménages, deux lavages, deux commandes à l’épicerie, etc. De plus, un simple escalier entre vous deux suffira-t-il à prévenir les agressions ? Et puis, il va désirer sortir à l’extérieur de temps à autre, ce garçon ! Il faut réfléchir à tout cela sérieusement, ma chère madame, et évaluer tous les risques. On ne prend pas ce genre de décision à la légère. D’un autre côté, qui sait s’il n’y a pas là un début de solution… L’important est de penser à vous et à votre qualité de vie.

— Ma qualité de vie ? C’est quoi, ça ? Je n’en ai plus, de qualité de vie, depuis la naissance de cet enfant, moi, madame. Vingt ans que ça dure ! Mais il est mon enfant, vous comprenez ? Je ne vais tout de même pas le mettre à la porte et l’abandonner sur le trottoir ou dans l’un de vos centres pour les fous ! IL EST MON FILS !

— Si vous vous sentez prête à assumer les aléas d’une telle entreprise, eh bien, il faut tenir le coup, alors. Nous allons essayer de vous aider et travailler ensemble pour l’améliorer, cette fameuse qualité de vie. Je vais voir pour la subvention. Mais avant tout, nous allons commencer avec l’évaluation par une équipe spécialisée.

— Oh ! merci, merci, merci !

Un peu plus et la femme me sauterait au cou. Je ne lui donne pas facilement ma bénédiction pour autant et j’exige d’abord une garantie.

— Promettez-moi d’appeler la police si jamais votre garçon se montre trop agressif, ou présentez-vous avec lui à l’urgence d’un hôpital, on l’enverra alors en psychiatrie. Vous me comprenez bien, n’est-ce pas, madame ? C’est très sérieux et j’insiste ! Il y va de votre sécurité, peut-être même de votre vie. Cela doit passer avant tout. D’ailleurs, je vous conseille de revoir son médecin pour une réévaluation de sa médication. Il ne faut pas jouer avec le feu, madame. Et puis… je vous souhaite la meilleure chance du monde pour la réussite de votre entreprise. Votre générosité est louable. J’espère de tout cœur que ça va marcher.

Quelqu’un m’aurait battue que cela ne m’aurait pas autant jetée par terre que cette dernière visite. Je mets au moins une demi-heure à me ressaisir avant de quitter le centre.

Félix, mon amour, mon trésor, tu ne souffres pas d’autisme, hein ?