Après les Almohades, trois autres dynasties berbères dominèrent le Maghreb. Les Hafsides (ou Hafçides) régnèrent à Tunis de 1229 à 1574, les Zianides (ou Abd el-Wadides) à Tlemcen de 1235 à 1554 et les Mérinides au Maroc de 1258 à 1420 (carte page XXXIX). Ces trois pôles politiques maghrébins qui rappelaient les trois royaumes berbères pré-Romains (voir pages 72-73), eurent des orientations différentes. Le Maroc exerça ainsi une influence à la fois vers le Sahara au sud, vers la péninsule ibérique au nord et, quand il était puissant, vers l’est maghrébin. Le royaume de Tunis fut en quelque sorte « à cheval » entre l’Égypte et le Maroc, regardant à la fois vers l’orient et vers l’occident. Au centre, le royaume de Tlemcen, fut comme pris en tenaille par ses deux voisins, réussissant à certains moments à desserrer leur étreinte, mais devant le plus souvent la subir.
Au début du XIIIe siècle, dans le Maghreb almohade, le pouvoir local était délégué à des gouverneurs. Celui d’Ifrikiya, province s’étendant approximativement de Constantine à la Tripolitaine, fut Mohammed ben Abi Hafs, d’où le nom Hafside350. Àl’ouest, Yaghmoracen ben Zian – d’où Zianide –, Berbère de la tribu des Abd el-Wad était gouverneur de Tlemcen. Tous deux prirent leur autonomie et ils fondèrent chacun une dynastie.
Nous avons vu qu’en 1229, le sultan marocain Al Mamoun (1229-1232), avait rejeté la doctrine almohade pour en revenir au sunnisme. Aussitôt, le gouverneur de l’Ifrikiya, Abou Zakaria Yahya (1229-1249), petit-fils d’Abou Hafs, rompit avec lui et il se proclama émir. Il étendit ensuite son pouvoir vers l’ouest en soumettant le royaume de Tlemcen, reconstituant en quelque sorte l’ancien royaume ziride (Brunschvig, 1947).
Mohammed Ier Al-Mustansir ben Abou Hafs (1249-1277) lui succéda351. En 1258, il prit le titre de calife quand Al-Mutasim (1242-1258), le dernier calife abbasside fut tué par les Mongols. À la mort de Mohammed Ier Al-Mustansir ben Abou Hafs, s’ouvrit une période d’incertitudes marquée par des révoltes, des querelles de palais et des dissidences. En 1284, Abou Hafs al-Mustancir Billah (1284-1295) s’empara du pouvoir grâce à l’aide des tribus arabes qu’il remercia en les établissant dans la région de Sfax et de Tozeur.
En 1294 la Tripolitaine prit son autonomie, puis le royaume hafside éclata en deux quand l’émir de Bougie, Abou Zakaria II, cousin d’Abou Hafs al-Mustansir Billah, fit sécession pour créér un royaume s’étendant à la plus grande partie de la région de Constantine. Les deux royaumes hafsides se combattirent durant plus de vingt ans, s’auto épuisant au plus grand profit des tribus arabes qui monnayèrent leur soutien aux deux camps.
Finalement, un compromis fut trouvé aux termes duquel le dernier survivant du sultan de Tunis Abou Açida (1295-1309), ou de celui de Bougie, Abou-I-Baqa (1309-1311) réunirait les deux royaumes. Abou Açida de Tunis le premier et Abou-I-Baqa régna donc sur le royaume hafside réunifié, mais un de ses cousins, Ibn el-Lihyani (1311-1318) prit le pouvoir, appuyé sur les tribus arabes. Puis l’anarchie fut générale.
Sous le règne d’Abou Bakr II al-Mutawakil (1318-1346), le royaume hafside fut à nouveau reconstitué, mais également bientôt confronté au grand mouvement d’expansion des Mérinides qui avaient pris Tlemcen et qui, après avoir conquis le centre de l’actuelle Algérie, avançaient vers l’est (voir plus loin page 219). En 1347, le sultan mérinide Abou l’Hassan (1331-1351), devint le maître de toute l’Ifrikiya dont il fut chassé en 1350.
Après le retrait marocain, le royaume hafside éclata en trois principautés, Tunis, Bougie et Constantine, toutes trois dirigées par des membres de la famille hafside. Une réunification se produisit sous le règne d’Ahmad II al-Mustansir (1370-1394) et sous celui de son fils Abou Faris al-Mutawakil (1394-1434). Tous deux combattirent certaines tribus arabes tout en s’appuyant sur d’autres, repoussant celles qui désolaient les régions de Bône, de Bougie, de Biskra, de Tozeur, de Gafsa et de Tripoli.
À la mort d’Abou Faris al-Mutawakil, son neveu, Abu Abd-Allah al-Mustansir, lui succéda pour un règne de quelques mois à peine. Mort de maladie, il eut pour successeur son propre frère, Abou Amr Othman (Uthmân) qui monta sur le trône alors qu’il avait seize ans. Durant son long règne (1435-1488), il tenta, vainement, d’écarter la menace que les tribus arabes faisaient à nouveau peser sur le royaume hafside.
Abou Amr Othman avait désigné comme successeur un de ses petits-fils, Abou-Zakaria Yahya (1488-1489). Contesté par ses oncles et par ses frères, il fut tué en les combattant. Le pouvoir se délita ensuite car plusieurs souverains affaiblis se succédèrent, s’efforçant de maintenir une autorité de plus en plus chancelante sur l’Ifrikiya ; jusqu’à ce que les Ottomans s’emparent de la région au XVIe siècle comme nous le verrons plus loin352.
Originaires de l’Aurès dont ils pourraient avoir été chassés par les Arabes hilaliens, les Berbères Zianides (ou Beni Abd el Wadides), migrèrent vers l’actuel Maroc. Ils s’allièrent à l’Almohade Abd el-Moumen dont ils devinrent les vassaux et qui leur confia le gouvernorat de Tlemcen.
En 1240, Yaghmoracen ben Zian ne reconnut plus la suzeraineté almohade, puis, les Zianides furent confrontés à l’expansionnisme des Mérinides. Sous Abou Saïd Othman Ier (1283-1304) et sous son successeur Abou Zyan Ier (1304-1308), Tlemcen subit un siège de huit années, de 1299 à 1307.
Tlemcen retrouva son indépendance avec Abou Musa Ier (1308-1318) qui fut assassiné. Son successeur, Abou Tachfin Ier (1318-1337)353, fut tué avec trois de ses fils durant la guerre qui l’opposa au sultan mérinide Abou l’Hassan (1331-1351) qui occupa le royaume (voir plus loin page 224). Redevenu indépendant en 1350, Tlemcen fut réoccupée dès 1351 par le Mérinide Abou Inane (1351-1358).
Sous le règne d’Abou Hamou Musa II (1359-1388), Tlemcen connut une grande prospérité illustrée par un développement architectural et culturel qui en fit une ville de savants et d’artistes réputés.
Le royaume entra ensuite dans une longue période de décadence, oscillant entre deux maîtres successifs, le Mérinide à l’ouest et le « Tunisien » hafside à l’est. Cependant, dès que la poussée mérinide ou hafside cessait de s’exercer, Tlemcen redéveloppait son dynamisme commercial, notamment avec l’Espagne, tant chrétienne que nasride (Grenade).
Le successeur d’Abou Hamou Musa II, fut Abou Tachfin II (1388-1393) qui abdiqua en 1393354. En 1411, Abou Malek (1411-1430) prit le pouvoir grâce au soutien du sultan Mérinide Abou Saïd III (1398-1420), puis il se retourna contre ses alliés marocains, défit leur armée et prit leur capitale, Fès. Cette reconstruction de la puissance tlemcénite inquiéta les Hafsides de Tunis. Aussi ces derniers fomentèrent-ils une révolution en soutenant Abou Abdallah, oncle d’Abou Saïd qu’ils reconnurent comme sultan en 1424 et qui régna sous le nom d’Abou Abdallah Mohammed III.
Un nouveau retournement de situation se produisit en 1428 quand, réconcilié avec les Hafsides, Abou Malek reprit Tlemcen grâce à leur aide et redevint sultan. Cette victoire ne fut cependant que de courte durée puisqu’en 1430, il fut renversé et tué par Abou Abdallah Mohammed III.
Le sultan hafside Abou Faris al-Mutawakil (1394-1434) décida alors d’en finir et en 1431, il se présenta devant Tlemcen à la tête d’une armée forte de plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Abou Abdallah Mohammed III fut capturé et mis à mort puis Abou Faris al-Mutawakil pénètra ensuite au Maroc alors en pleine anarchie. Après avoir échoué à mettre sur le trône de Fès un de ses alliés (voir plus loin page 229), il rentra à Tunis.
Profitant du départ d’Abou Faris al-Mutawakil, les Zianides reprirent ensuite le pouvoir, mais le royaume qui continua à connaître des temps difficiles ne fut plus que l’ombre de lui-même. D’autant plus qu’en 1461, un autre zianide du nom d’Abou Abdallah qui s’était proclamé sultan de Ténès, prit Tlemcen au sultan Abou el-Abbas qui se réfugia en Espagne. Ce dernier tenta ensuite de reconquérir son royaume, mais il fut tué au combat le 31 août 1463. Les Espagnols qui venaient de prendre Oran, nouèrent alors une alliance avec Abou Abdallah.
Tlemcen et l’Aragon
Le royaume de Tlemcen qui était lié à l’Aragon par traité avait le quasi-monopole du commerce avec les îles Baléares et des liaisons maritimes régulières existaient entre les ports aragonais et les siens. Le royaume de Tlemcen avait un poumon maritime avec les ports d’Honayn, d’Oran et de Ténès. Arzew était son arsenal où étaient construits ses navires. La plupart des routes de la méditerranée occidentale passaient par Honeyn.
Des contingents tlemcénites combattaient régulièrement dans les rangs aragonais contre les Castillans, tandis que des troupes aragonaises ou catalanes venaient non moins régulièrement prêter main-forte aux Zianides quand ils étaient en difficulté au Maghreb.
Berbères de la branche zénète, les Béni Merine étaient originaires des hauts-plateaux et des confins sahariens355. Au XIIe siècle, la tribu nomadisait dans le Tafilalet (carte page XLIII), entre Figuig et Sijilmassa. Cavaliers, éleveurs de moutons et de chameaux, les Béni Merine se déplaçaient chaque été vers le nord afin d’y trouver des pâturages et y acheter leurs réserves de grains pour l’hiver qu’ils passaient dans le sud. Tous les ans, à la fin du printemps, les régions de la vallée de la Moulouya, la steppe de Guercif et les terroirs de Taza et d’Oujda voyaient arriver avec inquiétude ces nomades frondeurs, indépendants et souvent pillards.
Rebelles au pouvoir almohade, ils ne reconnurent ce dernier que le temps de participer à la guerre sainte en Espagne à leurs côtés. Dès que les souverains almohades ne furent plus capables de les contenir à l’intérieur de leur « couloir » de migration, les Mérinides transformèrent leurs annuels rezzous en conquête territoriale.
À partir de 1216 ou de 1217, profitant de l’affaiblissement du pouvoir almohade, ils pénétrèrent dans les régions situées au sud du Rif et ils poursuivirent leur progression vers le centre du Maroc où ils se firent verser tribut.
En 1244, face à la réaction almohade, ils se replièrent vers Taza avant de s’engager dans le couloir de la Moulouya pour regagner leurs zones méridionales d’hivernage. Cependant, dès l’année suivante, ils reprirent leur marche en avant, déclenchant ainsi un processus qui ne s’arrêta qu’avec leur victoire.
Durant cette première phase d’expansion, les Mérinides disposaient de deux atouts. Le premier consistait dans les bonnes relations qu’ils avaient su nouer avec les autres tribus berbères du groupe zénète de la vallée de la Moulouya et avec les Sanhaja vivant dans la partie orientale du Rif. L’aide de ces tribus leur permit de compenser une infériorité numérique qui fut leur principal handicap.
Abou Yahia Abou Bak fut l’initiateur de l’expansion mérinide, réussissant à transformer des raids de nomades pillards en volonté impériale. En 1245, les villes de Taza, Salé et Fès passèrent sous son autorité et il fit de Fès sa capitale. Puis, àpartir de 1255, Abou Yahia Abou Bakr isola les Almohades dans leur fief de Marrakech, occupant l’une après l’autre les oasis sahariennes et les coupant ainsi des voies caravanières vers l’Afrique de l’Ouest. Abou Yahia Abou Bakr mourut à Fès en 1258. Son frère, Abou Youssef Yakoub (1258-1286) qui acheva son œuvre est considéré comme le premier souverain mérinide.
L’action des sultans mérinides s’exerça dans plusieurs directions. Ils s’efforcèrent ainsi de secourir les musulmans d’Espagne qui reculaient devant les coups de boutoir de la reconquête chrétienne et ils menèrent en Andalousie une guerre dans laquelle ils s’épuisèrent. Ils tentèrent également de reconstituer l’unité de l’Islam occidental en refaisant, autour du Maroc, l’union du Maghreb depuis l’océan Atlantique jusqu’au golfe de Gabès. Dans les deux cas, deux défaites sonnèrent le glas de cette ambitieuse politique : Rio Salado, près de Tarifa en Espagne (carte page XXXVI), en 1340 et Kairouan en Afrique en 1348.
Le règne d’Abou Youssef Yakoub (1258-1286), peut être divisé en deux périodes. Durant la première qui va jusqu’à 1269, date de la prise de Marrakech, le souverain conquit le sud du Maroc, supplantant définitivement les Almohades. Durant la seconde partie, de 1269 à 1286, année de sa mort, il intervint par quatre fois dans ce qui restait d’Al Andalus, feint de tenter d’y freiner l’irrésistible reconquista chrétienne.
Maître de tout le Maroc, Abou Youssef Yakoub assura son pouvoir en s’appuyant sur les tribus apparentées aux Béni Merine, dont les Beni Watta. À l’étroit dans Fès, sa capitale, il créa une ville nouvelle afin d’y installer son administration, son makhzen, et il fonda Fès Jdid (voir le plan XL). La ville fut divisée en quatre quartiers : celui du palais ; celui des casernes et notamment des unités chrétiennes qui constituaient sa garde356; celui du makhzen et enfin, comme ils étaient nombreux à avoir lié leur sort à celui du roi mérinide, un quartier réservé aux Juifs, le mellah, où, protégés par le sultan, ils n’auraient en principe plus à craindre les pogroms qu’ils subissaient régulièrement dans leur ancien quartier du fondouk el-Yudi.
Fès sous les Mérinides
Aux XIVe et XVe siècles, sous la dynastie mérinide et plus particulièrement durant les règnes d’Abou Rabia (1308-1310) et d’Abou Saïd Othman (1310-1331), la ville de Fès atteignit son apogée après être redevenue capitale du royaume. Elle connut alors un développement spatial considérable avec la création d’une ville nouvelle, Fès Jdid (ou Fès la Nouvelle)357 par opposition à Fès el Bali (Fès la Vieille), construite à l’ouest des fortifications là où le palais royal, les riches demeures, un important quartier administratif et une citadelle s’édifièrent bientôt. Au début du XIVe siècle, Fès Jdid vit se créer un important mellah ou quartier juif transféré depuis Fès el Bali.
Fès était non seulement la capitale politique, religieuse et économique du Maroc, mais aussi un des principaux centres de tout le monde islamique. De cette époque datent plusieurs médersa (centre d’enseignement coranique) accueillant des étudiants venus de tout le monde musulman et attirés à Fès par le renom des collèges prestigieux dans lesquels enseignaient les savants les plus réputés. La médersa el Attarin est considérée comme le chef-d’oeuvre de l’art mérinide de Fès, mais les médersa es Seffarin ou Bou Inania n’ont rien à lui envier.
Toujours sous les Mérinides, se développa à Fès un art original connu sous le nom d’art hispano-mauresque. Son extrême raffinement fut la marque d’une civilisation ayant atteint la quasi-perfection. L’apogée de cet art est généralement situé vers 1350, à la fin du règne du sultan Abou l’Hassan (1331-1351). Dans toute la ville s’élevèrent alors les constructions luxueuses décorées de marbre et de faiences précieuses, les fameuses zellidjes.
Durant le règne d’Abou Youssef Yakoub, nous avons vu que les relations entre les Mérinides et les Zianides (ou Abd el-Wadides) de Tlemcen furent conflictuelles. Pourtant apparentés, Mérinides et Zianides poursuivirent une incessante vendetta familiale qui hypothéqua le développement de chacune des deux dynasties.
Abou Youssef Yakoub lança quatre expéditions sur la rive nord du détroit358.
- La première débuta au mois d’avril 1275 pour s’achever en janvier 1276 et elle se déroula dans un contexte particulièrement confus. Le roi Alphonse XIII briguait en effet la couronne impériale et toutes les énergies du royaume castillan étaient donc tournées vers ce but européen. Cependant, comme il ne pouvait laisser le royaume musulman de Grenade refaire ses forces et menacer son flanc sud, de subtiles alliances furent nouées avec les émirs de Malaga et de Guadix qu’il aida à s’affranchir de la tutelle de Grenade. Mohammed II, roi de Grenade, demanda alors l’aide du Maroc pour soumettre ses vassaux dissidents.
Abou Youssef Yakoub n’hésita pas longtemps, d’autant plus que Mohammed II lui offrait en échange de l’aide militaire demandée, la cession de Tarifa et d’Algésiras, ainsi que le ravitaillement du corps expéditionnaire marocain. En avril 1275, 5 000 cavaliers débarquèrent à Tarifa, puis, Abou Youssef Yakoub et Mohammed II mirent au point un plan de campagne : les Marocains attaqueraient Ecija avant de marcher sur Séville, tandis que l’armée grenadine tenterait une percée vers Jaen.
Alphonse X absent d’Espagne, le commandement chrétien commit deux erreurs grossières :
- Don Nuno, le chef militaire (ou adelantado) de Cordoue, se porta au-devant d’Abou Youssef Yakoub, et alors qu’il était en infériorité numérique, il livra bataille à la cavalerie marocaine qui l’écrasa. Cet affrontement de moyenne envergure (32 morts chez les Marocains et 500 chez les Castillans dont Don Nuno), eut un énorme retentissement dans toute l’Espagne.
- De son côté, voulant obtenir une victoire glorieuse, l’archevêque de Tolède décida d’attaquer sans attendre l’arrivée de toutes les troupes annoncées et il fut battu, fait prisonnier puis tué.
Une nouvelle armée espagnole se mit en marche, mais l’infant de Castille qui la commandait tomba malade et mourut. Jugeant cependant l’ennemi trop puissant, les Maroco-Grenadins décidérent de se replier.
- La seconde expédition d’Abou Youssef Yakoub eut lieu au mois de juillet 1277. L’armée marocaine marcha alors sur Séville et Jaén mais les résultats de cette campagne furent insignifiants.
- La troisième campagne se déroula d’avril 1282 à octobre 1283. Il ne fut plus alors question de guerre sainte du côté musulman, pas plus que de reconquête dans le camp chrétien. La situation était en effet insolite puisque l’infant de Castille, Don Sancho, en révolte contre son père le roi Alphonse X, avait trouvé refuge à Grenade, chez l’ennemi musulman avec lequel il avait fait alliance. Quant à Alphonse X, il proposa l’alliance castillane au sultan Abou Youssef Yakoub qui s’empressa de l’accepter. Les armées castillane et marocaine firent leur jonction à Ecija, puis elles marchèrent de concert sur Cordoue où l’infant Sancho s’était retranché. Les Marocains attaquèrent les troupes du roi de Grenade et les bousculèrent, mais Abou Youssef Yakoub étant tombé malade, la paix fut conclue entre tous les belligérants.
-La quatrième campagne dura sept mois, d’avril à octobre 1285. Abou Youssef Yakoub débarqua à Tarifa au début du mois d’avril 1285, mais il tomba à nouveau malade et il mourut en 1286, alors qu’il se trouvait à Algésiras.
Le résultat des campagnes espagnoles fut nul pour les Marocains qui s’y épuisèrent sans réussir à faire reculer le front de la reconquête chrétienne. De plus, le Maroc était désormais possesseur de plusieurs villes, dont Tarifa et Algesiras, qu’il allait lui falloir défendre contre les chrétiens.
Abou Yakoub Youssef (1286-1307) fils et successeur d’Abou Youssef Yakoub eut à faire face à deux royaumes rivaux, Grenade et Tlemcen.
En Espagne, les possessions marocaines furent remises au royaume de Grenade, à l’exception de Ronda, de Tarifa et d’Algésiras. Loin de remercier Abou Yakoub Youssef, les Grenadins prirent Tarifa grâce à une alliance nouée avec les Castillans et avec Tlemcen. De plus, les troupes de Grenade débarquèrent sur la rive africaine du détroit et s’emparèrent de Ceuta.
En 1288, après avoir temporisé, Abou Yakoub Youssef mit le siège devant Tlemcen en construisant le camp fortifié de Mansoura. Petit à petit, tous les territoires zianides furent conquis : Oran et sa région en 1300, Alger et ses environs en 1301-1302, puis le massif de l’Ouarsenis. Il ne restait plus aux Marocains que la ville de Tlemcen à enlever quand, en 1307, le sultan fut assassiné à Mansoura.
Son petit-fils nommé Abou Thabet (1307-1308) lui succéda et il décida de lever le siège. Il mourut après un règne de quelques mois et son frère Abou Rabia (1308-1310) fut proclamé sultan. Ce dernier réoccupa Ceuta et intervint en Espagne où il parvint à reprendre quelques villes aux chrétiens, mais il mourut après deux années de règne.
Abou Saïd Othman (1310-1331), fils d’Abou Youssef Yakoub, le fondateur de la dynastie mérinide et grand-oncle d’Abou Rabia, fut proclamé sultan à Taza. L’Espagne musulmane apparaissait alors définitivement condamnée, même si les chrétiens ne pressaient pas la Reconquête. Les Castillans avaient pris Tarifa, la principale base marocaine ainsi qu’Algésiras, cependant que les Aragonais tentaient de s’emparer d’Almeria (carte page XXXVI). La manœuvre était claire : occuper tout le littoral afin d’isoler Grenade à l’intérieur des terres et priver ainsi le royaume dont le territoire se rétrécissait comme une peau de chagrin, de toute possibilité d’aide venue du Maroc.
Abou Saïd Othman décida de se porter au secours de Grenade mais, comme Tarifa et Gibraltar étaient passées sous le contrôle des chrétiens, il eut des difficultés à trouver un point de débarquement en Andalousie. Il ne voulut donc rien entreprendre tant qu’il n’aurait pas repris la maîtrise de la navigation dans le détroit, ce qui fût en partie chose faite en 1329 quand il réussit à reconquérir Algésiras. L’armée marocaine put donc débarquer et si elle fit lever le siège d’Almeria, elle ne réussit cependant pas à inverser le mouvement de reconquête chrétienne.
Abou Saïd Othman noua une alliance avec Tunis, concrétisée par le mariage de son fils Abou l’Hassan avec la fille du roi hafside Abou Bakr. Ce fut d’ailleurs en se rendant au-devant de la princesse qu’il tomba malade et qu’il mourut.
Abou l’Hassan, fils et successeur d’Abou Saïd Othman fut le plus grand des souverains mérinides et il laissa un héritage architectural, religieux et culturel important. Son règne fut tout d’abord une longue suite de victoires, tant en Espagne qu’au Maghreb mais, dans sa seconde partie, le système mérinide s’effondra, mettant en évidence la crise qui allait emporter la dynastie dans les décennies suivantes.
En 1331, quand le règne d’Habou l’Hassan débuta, la situation de l’Islam espagnol était dramatique, même si – et nous l’avons vu –, les Marocains avaient réussi à reprendre Algésiras. Cependant, comme cette place forte était flanquée de possessions chrétiennes, tout acheminement de troupes était donc aléatoire. Pour Abou l’Hassan, une chose était claire, si Tarifa et Gibraltar n’étaient pas reprises aux Castillans, il n’y aurait plus de possibilité de lancer des expéditions en Espagne.
En 1332, Mohammed IV, le sultan de Grenade, vint à Fès supplier Abou l’Hassan de se porter à son secours. Ce dernier décida d’intervenir et il confia l’armée à son fils Abou Malik qui embarqua à Ceuta et à Tanger afin de donner l’assaut à Gibraltar qui fut prise en 1333.
En 1334, Abou l’Hassan attaqua Abou Tachfîne Ier (1318-1337), le sultan de Tlemcen. Les deux principales tribus berbères des environs, les Béni Toujin et les Maghraoua, s’étant ralliées aux Marocains, toute la région comprise entre Oujda et Alger incluse passa alors sous le contrôle d’Abou l’Hassan. Le 13 avril 1337, ce dernier enleva Tlemcen et durant l’assaut Abou Tachfîne et trois de ses fils furent tués.
En 1339, en Espagne, les Marocains subirent une grave défaite face aux Castillans et leur armée fut anéantie. Quant à son chef, Abou Malik, le fils d’Abou l’Hassan, il fut fait prisonnier puis tué alors qu’il tentait de s’évader.
Le sultan Abou l’Hassan décida de le venger et la campagne débuta par une bataille navale. La flotte marocaine, renforcée de vaisseaux venus de Tunis, se composait de cent navires de guerre et de cent cinquante navires de transport. La flotte chrétienne tenta de lui barrer la route dans le détroit de Gibraltar, mais elle fut vaincue et son amiral tué. Abou l’Hassan débarqua ensuite à Tarifa et il mit le siège devant cette ville hautement stratégique. Comme les Castillans ne pouvaient le laisser reprendre le verrou du détroit, une armée vint assiéger les assiégeants et le 28 novembre 1340, aux environs de Tarifa, eut lieu la bataille du Rio Salado.
Au bout de plusieurs heures de combat acharné, les chrétiens prirent l’avantage et les contingents marocains commencèrent à plier. La garnison assiégée de Tarifa fit alors une sortie et, pris à revers, les Marocains furent mis en déroute. Abou l’Hassan réussit à gagner Gibraltar d’où il s’embarqua la nuit même pour le Maroc. La défaite marocaine étant totale, l’Espagne musulmane fut alors définitivement condamnée ; d’autant plus qu’Algésiras fut prise par les chrétiens en 1344 au terme d’un siège de deux années. Après cette date, il ne resta plus qu’un seul point d’appui aux Marocains, Gibraltar.
En 1346 le sultan hafside Abou Bakr II al-Mutawakil, beau-père d’Abou l’Hassan, mourut et ce dernier se mit en marche à la tête de son armée. En 1347 il entra à Tunis et annexa le royaume hafside.
Abou l’Hassan sultan du Maroc, de Tlemcen et de Tunis fut alors au sommet de sa puissance. Cependant, en deux ans, de 1348 à 1350, un total retournement de situation se produisit : la peste noire s’abattit sur le Maghreb ; devant Kairouan, trahi par ses contingents arabes, il fut battu par une armée hafside et enfin, son propre fils, le futur sultan Abou Inane Faris, se révolta. L’empire marocain s’effondra alors et Abou l’Hassan fut poursuivi dans le haut Atlas par Abou Inane Faris. Il mourut en 1351 cependant que Tunis et Tlemcen retrouvaient leur indépendance.
Voulant refaire la grandeur mérinide, Abou Inane (1351-1358) reprit Tlemcen, Constantine et Bône, mais en 1358, il fut étranglé par un de ses vizirs. Cette mort ouvrit une longue période d’intrigues de sérail car, durant un siècle, les révolutions de palais entraînèrent une totale anarchie avec morcellement territorial et invasions étrangères.
De 1358 à 1374, le pouvoir appartint aux vizirs qui firent et défirent les sultans, souvent en les assassinant. Dix-sept sultans « régnèrent » ainsi après Abou Inane, dont sept furent assassinés et cinq déposés. Le premier de la série, As Saïd (1358-1359), successeur d’Abou Inane, fut noyé dans un bassin.
De 1374 à 1393, Mohammed V de Grenade exerça une véritable tutelle sur le Maroc auquel il prit Gibraltar et Ceuta. Puis, à partir de 1399, la Castille intervint à son tour dans la politique intérieure marocaine après qu’Henri III de Castille eut pris et ravagé Tétouan afin d’en chasser les corsaires qui s’y étaient installés. Pour punir la ville, il en vendit la population à des marchands d’esclaves.
Au mois d’août 1415 les Portugais prirent Ceuta, important point d’appui faisant face à Gibraltar encore sous contrôle musulman. Le sultan Abou Saïd III (1398-1420) tenta de reprendre la ville mais il fut repoussé. En 1419, renforcé par des contingents venus de Grenade, il essaya, encore en vain, de reconquérir Ceuta. En 1420, il fut assassiné et toute sa descendance périt avec lui à l’exception d’un enfant d’un an, Abd al Haqq qui fut le dernier Mérinide.
En 1437, les Portugais échouèrent devant Tanger et ils durent négocier leur réembarquement. Fernando, le frère du roi resta au Maroc comme otage afin d’être échangé contre Ceuta, mais Dom Duarte (Edouard Ier) décida, par raison d’État, de conserver Ceuta et d’abandonner son frère qui mourut à Fès le 5 juin 1443.
Les Portugais au Maroc (carte page XLIV)
En 1415, année de la bataille d’Azincourt et alors que la France et l’Angleterre étaient encore engagées dans la « guerre de Cent Ans », les Portugais prirent Ceuta, dans le nord du Maroc, lançant ainsi un fantastique mouvement d’expansion.
En 1458, une flotte portugaise attaqua El Ksar Sghir qui fut prise le 23 octobre. Plusieurs fois, dans les années qui suivirent, les Portugais échouèrent devant Tanger, mais le 24 août 1471, quand Arzila fut enlevée, la route de la ville leur fut enfin ouverte et dès le 29 août, les troupes portugaises l’investirent.
Durant le règne de Manuel Ier dit Le Fortuné (1495-1521), les Portugais entreprirent la conquête systématique des ports du littoral atlantique marocain.
En 1497 les habitants de Safi se révoltèrent contre leur caïd, allié des Portugais, et ces derniers prirent la ville. En 1497, ils s’installèrent à Massa. En 1505, Manuel Ier donna l’autorisation à Joao Lopes de Sequeira, de fonder à ses frais et d’entretenir une forteresse à Santa Cruz du Cap Aguer (Agadir)359.
En 1513, Manuel Ier décida la conquête d’Azemmour afin de donner de l’espace à l’établissement de Safi et le 2 septembre, un corps de débarquement s’empara de la place.
En 1514, à Mazagan, les Portugais commencèrent les travaux d’une forteresse. Cette année-là, à l’apogée de la période portugaise au Maroc, il ne restait plus qu’un seul port atlantique aux mains des Marocains, celui de Salé ; tous les autres mouillages importants étaient alors sous contrôle de Lisbonne360.
La conquête portugaise était faite pour durer puisque trois évêchés furent créés, à Ceuta, Tanger et Safi (Cénival, 1929). Les établissements portugais avaient pour nom les fronteiras. Accrochés au littoral, assiégés quasiment en permanence, ils ne survécurent que grâce au ravitaillement qui leur parvenait du Portugal. Dans certains cas, les Portugais réussirent à trouver des alliés marocains comme Yahia ben Tafouft à Safi ou Bou Agaz dans le Sous, mais en général, l’hostilité des populations fut totale et c’est pourquoi ils furent contraints de se fortifier. Lorsqu’ils n’occupaient pas une ville déjà ceinturée de remparts, ils commençaient par mettre en place des fortifications de bois qu’ils débarquaient de leurs navires dans l’attente de pouvoir édifier de véritables défenses en maçonnerie.
L’échec des Mérinides s’explique par trois grandes raisons :
1- Leur principal handicap fut qu’ils ne disposaient pas d’une base ethnique numériquement suffisante361. C’est d’ailleurs pourquoi leur conquête du Maroc fut lente et entrecoupée d’épisodes de repli ou d’attente.
2- Leur seconde faiblesse fut que, à la différence des Almoravides ou des Almohades, ils n’étaient pas des réformateurs religieux. Ils ne furent donc pas portés par le puissant message réformateur que véhiculèrent leurs prédécesseurs. Ils n’étaient pas non plus les champions, les bras armés d’une lignée chérifienne.
3- La troisième raison de l’échec mérinide, fut le problème arabe. La faiblesse numérique de la dynastie fit en effet qu’elle fut sans cesse contrainte d’osciller entre deux politiques vis-à-vis des tribus bédouines : les utiliser ou les écraser quand elles cherchaient à se rendre autonomes. Pour s’assurer leur fidélité, les Mérinides ne disposaient que de deux moyens : les alliances matrimoniales ou les alliances politiques avec remise de terres en échange d’une participation à des expéditions guerrières ou en contrepartie d’une soumission, ce qui accéléra la décadence en favorisant la dissociation territoriale.
Venus du Grand Sud selon l’immémorial mouvement qui poussait vers le nord les nomades berbères des franges sahariennes, les Mérinides n’apportèrent rien, en dehors de leurs qualités guerrières. Hommes de rezzou, ils apprirent néanmoins rapidement à gouverner ou à faire gouverner un empire. Leur héritage est surtout monumental car les sultans de cette dynastie construisirent de nombreuses mosquées, voulant peut-être de la sorte acquérir cette « légitimité islamique », qui leur manqua tant.
La décadence mérinide fit entrer le Maroc dans un processus de décomposition interne aboutissant à une dislocation territoriale. Des régions entières, notamment dans le Rif, le Sous et le Tafilalet, se rendirent ainsi indépendantes. Ayant son makhzen miné par les vizirs et son unité nationale brisée par les féodalités, l’État mérinide sombra inexorablement. Le Maroc sembla alors éclater en trois grands ensembles :
- dans l’Atlas, l’émiettement fut presque total, chaque tribu reprenant ses anciennes habitudes d’indépendance ;
- le sud du Maroc vit apparaître des dynasties locales en rupture avec ce qu’il faut bien nommer le royaume de Fès et non plus le Maroc ;
- dans le Grand Sud, région de Sijilmassa, et dans les oasis, les Arabes Maqil se rendirent indépendants.
Ce fut alors qu’intervinrent les Beni Watta. Originaires de Tripolitaine, ces Berbères du groupe zénète étaient arrivés au Maroc au XIVe siècle. Installés dans le Rif, ils s’y étaient associés aux Mérinides auxquels ils étaient apparentés.
Nous avons vu que le sultan mérinide Abou Saïd III (1398-1420) fut assassiné avec ses fils, ce qui provoqua la vacance du pouvoir. Le Hafside Abou Faris (1394-1434), maître de Tlemcen, voulut alors profiter de la situation pour placer sur le trône marocain un homme à lui. Or, cette manœuvre fut mise en échec par le gouverneur de Salé, Abou Zakaria Yahya, un Beni Watta qui réussit à faire proclamer le seul fils d’Abou Saïd III ayant échappé au massacre, un bébé âgé d’un an nommé Abd al Haqq.
Abou Zakaria Yahya exerça la régence, tentant de freiner le mouvement d’éclatement du royaume mais, en 1448, après vingt-huit années de pouvoir, il trouva la mort en combattant une tribu arabe. Il eut deux successeurs, Ali ben Youssouf, un de ses cousins, qui fut également tué en réprimant une révolte arabe, et un de ses propres fils, qui portait le même nom que lui.
En 1458, ce dernier fut assassiné avec toute sa famille sur ordre d’Abd al Haqq, désireux de se défaire de régents qui lui avaient certes sauvé la vie, mais qui étaient devenus d’encombrants soutiens. Deux Wattassides échappèrent cependant au massacre, dont Mohammed Ech-Cheikh qui se réfugia dans le Rif et dont nous reparlerons plus loin.
Voulant remplacer le personnel administratif mis en place par les régents Wattassides, le sultan Abd al Haqq (1458 à 1465), nomma un vizir juif du nom d’Haroun362. Ce dernier voulut réduire la part de l’impôt revenant aux confréries religieuses et aux marabouts, ce qui le rendit très impopulaire. Profitant d’une absence du sultan qui s’était porté au-devant de la garnison portugaise de Ceuta, une émeute éclata à Fès et Haroun fut massacré ainsi que de nombreux Juifs. Un prétendant idrisside, Abou Abdallah al Jouti, fut alors proclamé sultan.
Le sultan Abd al Haqq revint à Fès afin de mater la révolte, mais au mois de mai 1465, il fut capturé par les insurgés, emprisonné dans une mosquée, puis égorgé. Abou Abdallah al Jouti l’avait donc emporté, mais son pouvoir ne s’exerçait qu’à Fès et ses partisans se recrutaient exclusivement au sein de deux tribus arabes. Depuis son refuge rifain, le Wattasside Mohammed Ech-Cheikh décida alors de le chasser. Battu une première fois à Meknès en 1465, il entreprit une nouvelle tentative six ans plus tard, en 1471, et il prit Fès en 1472.
Mohammed Ech-Cheikh (1472-1505) fut le premier sultan de la dynastie wattasside qui en comporte cinq. Il n’eut pas les moyens d’intervenir au-delà de Fès et nous touchons là au mal principal dont souffrit le Maroc à l’époque : le démembrement par la dissociation territoriale, phénomène qui concerna tout le pays. Au nord où des zones entières entrées en dissidence refusèrent l’autorité du sultan, au sud également où la région de Marrakech se rendit indépendante.
Le fils de Mohammed Ech-Cheikh qui régna de 1505 à 1524 fut surnommé Mohammed al-Bortougali « le Portugais » car il avait été otage au Portugal. Il tenta de reconquérir certains ports passés aux mains des Portugais, mais il échoua par trois fois, en 1508 devant Arzila, puis en 1511 devant Tanger et à nouveau devant Arzila en 1516.
Durant son règne, le démembrement du Maroc se poursuivit. Dans le nord, les émirs idrissides de Tétouan et de Chaouen, qui étaient en première ligne face aux Portugais363, devinrent chefs de guerre sainte et ils réussirent à se rendre quasiment indépendants. Dans le sud, le même phénomène se produisit, mais d’une manière encore plus inquiétante pour le pouvoir wattasside. Avec la montée en puissance de la famille saadienne maîtresse de Marrakech dès 1522, c’étaient en effet des rivaux dynastiques qui émergaient.
La fin du royaume de Grenade
Le royaume de Grenade réussit à survivre durant cent cinquante ans à la défaite mérinide de Rio Salado de 1340 et cela, grâce à une habile politique faite tantôt d’humble soumission envers la Castille, tantôt de réaction guerrière.
Il importe cependant de ne pas perdre de vue que la Castille ne chercha pas véritablement à conquérir ce royaume qui remplissait fidèlement ses obligations de vassalité. De plus, depuis Alphonse X (1221-1284), elle avait des ambitions européennes, regardant davantage vers le nord que vers la péninsule. Dans le contexte de la Reconquête, et comme l’a écrit Terrasse, même si l’esprit de croisade n’était pas mort en Espagne :
« […] les rois castillans ne mirent nulle hâte à réaliser ce rêve : la politique de tolérance vis-à-vis des Musulmans et des Juifs se poursuivait : alors que l’on pensait toujours faire un État et une nation avec des hommes des trois religions, il n’était ni gênant, ni illogique de conserver un grand vassal musulman » (Terrasse, 1949, tome II : 125).
Tout en l’étranglant lentement, la Castille laissa donc survivre le royaume de Grenade. Après 1478, année du mariage de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille, union qui permit la réalisation de l’unité espagnole, tout changea car les « Rois Catholiques » voulurent achever cette politique d’unification, et ils décidèrent de s’emparer du royaume de Grenade.
Au Maroc, les Béni Watta étaient au pouvoir et Grenade ne pouvait en attendre aucun secours ; d’autant plus qu’à cette époque, les trois principaux ports de la côte marocaine du détroit, à savoir Ceuta, Tanger et El-Ksar es-Sghir, étaient aux mains des Portugais (carte page XLIV).
La fin de la Reconquête fut lente mais méthodique. Les Espagnols prirent d’abord Alhama, puis ils entreprirent la conquête systématique des villes du royaume, ce qui leur prit cinq années. De 1484 à 1489, ils décidèrent de couper Grenade de la côte afin qu’aucun renfort ne parvienne à ses défenseurs. En 1485, Ronda et toute la ligne de défense arc-boutée sur les sierras de Ronda et d’Ubrique fut conquise par les Espagnols. En 1486, ce fut le tour de la ville de Loja ; en 1487 celui de Malaga et l’année suivante celui de Baza. En 1489, quand Almeria et Guadix furent prises à leur tour, il ne resta plus à Abou Abdallah (Boabdil en espagnol) que la ville de Grenade et ses environs.
Un accord fut trouvé avec les Espagnols car Abou Abdallah s’était montré un vassal loyal en 1489 lors de la conquête de Baza, principauté gouvernée par un prince nasride dissident. Il était prévu que le roi de Grenade livrerait la ville aux Espagnols et qu’en échange il conserverait son commandement avec le titre de marquis ou de duc. Mais Abou Abdallah revint sur les termes de l’accord et l’armée chrétienne mit alors le siège devant Grenade. Un nouvel accord fut trouvé et la ville fut livrée sans combat. Le 2 janvier les Espagnols en prirent possession et le 6 janvier, jour de la fête des Rois, les Rois Catholiques firent leur entrée solennelle dans la ville. Une page d’histoire ouverte en 711 se referma alors.
Au début du XVIe siècle, maîtres de l’Égypte, les Ottomans avancèrent vers l’ouest. Ils se heurtèrent alors directement aux Espagnols et à leurs alliés Hafsides de Tunis. Durant le règne du sultan Sélim Ier (1512-1520), ils subjuguèrent le Maghreb, moins le Maroc.
Dans les années 1500, les rivages espagnols furent régulièrement attaqués par des corsaires maghrébins. Au mois d’octobre 1505, les régions d’Alicante et de Malaga furent razziées et des centaines d’habitants enlevés pour être vendus sur les marchés aux esclaves. Les Espagnols décidèrent alors de contre-attaquer en occupant les principaux ports de la rive sud de la Méditerranée. En 1505, le comte Pedro de Navarre prit ainsi Mers el Kébir ; en 1508, ce fut le tour de Velez dans le nord du Maroc et d’Oran, puis, en 1510, celui de Bougie. En 1510 toujours, il prit Tripoli365 après de rudes combats. Craignant de subir le même sort, Alger remit à l’Espagne l’îlot du Penon sur lequel fut édifié un fort menaçant la ville.
Alors que l’Espagne prenait peu à peu le contrôle des ports maghrébins, les Ottomans intervinrent à leur tour en Méditerranée occidentale. Le mouvement démarra sous le règne de Suleiman dit le Magnifique (1520-1566) et l’assaut global fut alors donné à la Chrétienté. En 1551 le capoudan pacha (amiral de la flotte ottomane), enleva ainsi Tripoli aux chevaliers de Malte. En 1559, le roi Philippe II d’Espagne réagit et il reconquit la ville, mais, dès le mois de mai 1560, elle fut définitivement reprise par les Turcs.
À partir de Tripoli, les Turcs cherchèrent à prendre le contrôle des pistes menant vers la région du lac Tchad mais ils connurent bien des déboires. Or, vers 1565, un Marocain nommé Al-Mustasir al-Fasi et qui prétendait descendre de la famille du prophète Mohammed, parcourut le Fezzan. Les populations qui subissaient alors les conséquences des luttes incessantes auxquelles se livraient plusieurs tribus, lui demandèrent de les protéger. Al-Mustansir al-Fasi accepta et il repartit pour le Maroc afin d’y lever des troupes. Il conquit ensuite le Fezzan dont il devint le sultan366.
En 1577, jalouse, sa seconde épouse nommée Khuda, fut chassée. Pour se venger elle demanda aux Turcs présents à Tripoli depuis 1560 de prendre le contrôle du Fezzan. La Porte saisit l’occasion qui lui était offerte de s’emparer du carrefour du commerce avec la région tchadienne et un détachement fut envoyé à Mourzouk. Au même moment, le sultan Al-Mansur al-Fasi mourut et Khuda s’en prit aux Turcs. Assiégée à Sebha, elle fut capturée, torturée, puis brûlée vive. En 1582, une insurrection se produisit au Fezzan d’où les Turcs furent chassés.
Au Maghreb, des renégats367 précédèrent l’arrivée des Ottomans ; parmi eux, les frères Barbaros (Barberousse), Areuj et Khayr ad-Din, eurent un rôle déterminant.
En 1501, l’aîné, Areuj qui se livrait au commerce et à la course, avait été capturé en mer par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. En 1503 son frère Khayr ad-Din réussit à le faire évader et il reprit ses activités au service des Ottomans, puis des Mamelouks du Caire. En 1512 ou en 1513, le souverain hafside de Tunis lui donna l’autorisation d’utiliser le port de La Goulette et l’île de Djerba afin d’en faire une base d’action puis, en 1514, il s’installa à Djidjelli dans l’actuelle Algérie.
Salim Ettoumi, « roi d’Alger368 » fit ensuite appel aux frères Barbaros pour qu’ils le débarrassent de la garnison espagnole installée devant la ville, sur un îlot aujourd’hui rattaché au continent. Au début de l’année 1516, Areuj établit ses quartiers à Alger mais, au mois de septembre 1516, les Espagnols l’en chassèrent.
En 1518 il prit Tlemcen dont le roi, Bou Hamou, était l’allié de Charles Ier d’Espagne369. La réaction espagnole fut immédiate et le gouverneur d’Oran, le marquis de Comarès vint mettre le siège devant la ville, prenant Areuj au piège. Ce dernier réussit une sortie, mais il fut rattrapé et tué.
Son frère, Khayr ad-Din Barbaros qui lui succéda fut à l’origine de l’installation ottomane dans la région car il comprit que, réduit à ses seules forces, il ne pourrait jamais l’emporter sur les Espagnols. Il prêta alors hommage au sultan Sélim Ier (1512-1520) qui lui accorda le titre de beylerbey et lui envoya une force composée de 2 000 Janissaires et de 4 000 soldats réguliers (Tal Shuval, 2002 : 3). En 1519, grâce à ce contingent, il reprit Alger, mais la cohabitation fut difficile entre Kabyles et Turcs.
En Haute Kabylie, le royaume de Koukou, fondé par Sidi Ahmed ou el Kadhi, fut dans un premier temps un allié des Turcs contre les Espagnols, puis il devint leur farouche adversaire. En 1520, Khar ad-Din Barberos décida de le détruire, mais le chef kabyle réussit à s’emparer d’Alger. Le soulèvement des tribus kabyles força alors Khar ad-Din Barberos à se replier à Djidjelli. En 1521, il contre-attaqua et prit Collo ; puis, en 1522, ce fut le tour de Bône et de Constantine où il s’allia à la tribu des Zemoul.
En 1527, Khayr ad-Din Barbaros s’empara de la plaine de la Mitidja puis d’Alger grâce à l’aide d’Abd-el-Aziz, chef des Aït Abbas. Enfin, le 27 mai 1529, après un siège de trois semaines, les 25 survivants de la garnison espagnole de 150 hommes qui défendait le penon d’Alger durent capituler. Leur chef, le comte Martin de Vargas fut tué à coups de bâton et Khayr ad-Din Barbaros fit détruire le fort dont les pierres permirent la construction du môle réunissant l’îlot au port et qui fut construit par des captifs chrétiens.
En 1526, Abu Abd-Allah Muhammad al-Mutawakil, le roi hafside de Tunis mourut après avoir choisi pour successeur le plus jeune de ses fils, Moulay Hassan. Refusant cette succession, l’aîné, Al Mamoun tenta de prendre le pouvoir, mais Moulay Hassan le fit assassiner ainsi que tous les mâles de sa lignée, à l’exception d’al-Rachid qui réussit à s’enfuir et à se réfugier auprès de Khayr ad-Din Barbaros.
Le 1er mai 1534, ce dernier fut investi capoudan pacha et il prit aussitôt la mer avec près de 200 navires, tant birèmes que galères ou fustes (Zeltner, 1992 : 5). Le 18 août 1534, Tunis fut prise et al-Rachid installé au pouvoir.
Le sultan hafside Moulay Hassan fit alors appel à Charles Quint qui lui envoya une flotte de 400 navires à bord desquels embarquèrent 30 000 hommes. Le 20 juillet 1535 les Espagnols enlevèrent Tunis et Moulay Hassan fut rétabli. Khayr ad-Din Barbaros se replia alors à Bône d’où il lança un raid sur les îles Baléares, razziant plusieurs milliers de captifs à Minorque.
Au mois d’octobre 1541, Charles Quint voulut en finir avec Alger et il mit sur pied une puissante expédition forte de 516 navires transportant 24 000 hommes. Les Espagnols débarquèrent le 23 octobre au cap Matifou, à l’est de la ville, mais quand ils arrivèrent dans ses faubourgs, ils furent pris sous une pluie diluvienne avant d’être assaillis par les Turcs. Ne pouvant plus avancer, ils durent se replier vers la flotte qui, entre-temps, avait perdu près d’un tiers de ses navires en raison de la tempête. Le 3 novembre le corps expéditionnaire rembarqua.
Cette défaite espagnole poussa Moulay Mohammed, le roi de Tlemcen, à se rallier aux Turcs. En réaction, le comte d’Alcaudete370, gouverneur d’Oran, prit la ville au mois de février 1543 et il y mit au pouvoir un jeune frère du souverain nommé Abd Allah.
En 1544, Hassan Pacha, le fils de Khayr ad-Din Barbaros, devint le nouveau gouverneur d’Alger puis, en 1546, à la mort de son père, il fut nommé beylerbey. Le 28 septembre 1555, après un siège de 24 jours, à bout de vivres et de munitions il obtint la capitulation de la garnison espagnole de Bougie dont les survivants furent réduits en esclavage371.
Le sultan marocain Mohammed Ech-Cheikh al-Mahdi (1554-1557) qui redoutait une menace ottomane s’allia alors aux Espagnols auxquels il envoya des troupes. En réaction, les Turcs le firent assassiner comme nous le verrons plus loin.
Au mois d’août 1558, dans la région de Mostaganem, le comte d’Alcaudete livra plusieurs combats à Hassan Pacha. Le 26 août, ayant échoué dans la prise de la ville, les Espagnols retraitèrent vers Oran, mais le comte d’Alcaudete périt, écrasé sous son cheval. Don Alonzo Martin de Cordoba, fils aîné du défunt fut alors nommé capitaine-général des places d’Oran et de Mers-el-Kébir.
En 1563, Hassan Pacha marcha sur Oran à la tête de 15 000 Janissaires et de plusieurs milliers de volontaires kabyles. Son plan était de prendre d’abord Mers-el-Kébir où, le 7 juin, Don Alonzo Martin de Cordoba fut blessé. Réduite à moins de 130 hommes, la garnison fut sauvée in extremis par l’annonce de l’arrivée d’une flotte de secours commandée par l’amiral Doria. Le 9 juin, Hassan Pacha ordonna la levée du siège. Oran demeura espagnole jusqu’en 1792.
Les années qui suivirent, virent les deux camps remporter tour à tour d’importantes victoires et essuyer de non moins importantes défaites. En 1569, Uludj Ali372 enleva Tunis. En 1570, les Turcs prirent Chypre aux Vénitiens, mais, le 7 octobre 1571, les Espagnols remportèrent la bataille de Lépante. Quelques mois plus tard, Don Juan d’Autriche s’empara de Tunis puis de Bizerte, ce qui provoqua une violente réaction turque, l’Espagne subissant à son tour deux terribles défaites, l’une à Tunis et l’autre à La Goulette. Le 23 septembre 1573 les Turcs commandés par Sinan Pacha s’emparèrent de Tunis, mettant un terme définitif à la dynastie hafside. Un bey turc y fut installé.
350. Ce Berbère Hintata (groupe Masmouda), était le fils d’Abou Hafs Omar, compagnon d’Ibn Toumert, le fondateur de la puissance almohade.
351. Sous son règne, en 1270, le roi de France Louis IX débarqua à Carthage lors de la huitième Croisade. Le souverain mourut des fièvres le 25 août 1270, sous les remparts de Tunis.
352. Pour une vision d’ensemble sur la dynastie hafside, voir Dalouatli (1976).
353. Pour tout ce qui concerne les régnes d’Abou Musa Ier et d’Abou Tachfin Ier, voir Atallah Dine (1985).
354. Nous sommes mal renseignés sur la période 1393-1411.
355. Pour tout ce qui concerne les premiers sultans mérinides durant la période 1269 à 1331, voir Ahmed Khaneboubi (1987). Pour une vision philosophico-politique des Mérinides, voir Maya Shatzmiller (2000) et pour la réalité plus prosaïquement « tribale » de leur politique, le livre de Mohammed Kably (1986) est indispensable.
356. Sous les Mérinides, les sultans conservèrent la milice chrétienne qui, pour l’essentiel, tint garnison à Fès et à Marrakech. En 1305, le roi d’Aragon Jaime II nomma Guillaume de Pujalt « caid des hommes en armes » et en 1314, Arnaldo Segui lui succéda. En 1390, les cinquante derniers chevaliers composant cette unité demandèrent à rentrer en Espagne (Cenival, 1927 : 82). Prisonnier des Marocains de 1556 à 1563, Marmol y Carvajal (1667) rapporte que l’on avait conservé à Marrakech le souvenir de l’existence de l’ancien casernement des milices chrétiennes situé à l’ouest de la mosquée d’el-Mansour, un véritable quartier ceint de murailles et clos de portes appelé el-Bora.
357. Sur l’histoire de Fès Jdid, voir Bressolette et Delarozière (1982).
358. En Espagne, la Reconquête chrétienne ne pouvant plus être arrêtée, tout ne fut plus qu’une question de temps car la Castille et l’Aragon avaient chacune une puissance supérieure à celle du royaume musulman de Grenade. Après la victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa en 1212 (carte page XXXVI), de nouveaux reinos de taifas s’étaient développés sur les ruines de l’autorité almohade. Alors que le camp musulman était en crise, le roi de Castille Ferdinand III le Saint et le roi d’Aragon, Jaime Ier le Conquérant, lui avaient porté des coups redoutables. Quand la Castille et le Léon se retrouvèrent unis en 1233, Badajoz, Mérida, Cacérès et Andujar étaient déjà tombées aux mains des chrétiens. En 1233, Baeza et Ubeda furent prises ; en 1236 ce fut le tour de Cordoue, l’ancienne capitale du califat omeyyade, puis, en 1238 celui de Valence. En 1249, Séville, Cadix et Huelva furent conquises. Devenu vassal du royaume de Castille, le royaume nasride de Grenade demeura alors la dernière position musulmane dans la péninsule ibérique.
359. Plus tard, en 1513, l’établissement végétant en raison des moyens énormes exigés par son entretien, le roi Manuel Ier racheta l’établissement au nom de la Couronne.
360. Dans le nord du Maroc, les Espagnols occupèrent Badis (Vellez) entre 1508 et 1522, puis définitivement en 1564. Leur principale implantation fut Melilla, l’antique Rusadir des Carthaginois qui fut prise au mois de septembre 1497 pour le compte des rois catholiques Ferdinand et Isabelle par le commendator Estopinan à la tête de 700 hommes (Dollot, 1952).
361. La faiblesse numérique des Mérinides provoqua également des problèmes militaires car les contingents alliés ou incorporés les trahirent souvent sur le champ de bataille. Leur plus gros handicap fut l’indigence pour ne pas dire l’inexistence de leur infanterie, ce qui provoqua leurs échecs face aux Castillans.
362. De nombreuses incertitudes demeurent sur cette période, l’une des plus mal connues de l’histoire du Maroc.
363. Pour tout ce qui concerne l’histoire des Portugais au Maroc, les travaux de Ricard (bibliographie en fin de volume), demeurent indispensables.
364. Sur la présence turque à Alger, voir Wolf (1979) ; pour ce qui concerne les relations entre les Ottomans et le Maroc, voir Brett (1984).
365. En 1530, les Espagnols confièrent la ville aux chevaliers de Malte.
366. Il fut à la fois le fondateur de la dynastie des Awlad Muhammad qui régna sur la région jusqu’en 1811 et de la ville de Mourzouk qui fut sa capitale.
367. Les renégats étaient des Européens convertis à l’islam. Sur les renégats, voir Bartolomé Bennassar (1989) et Jacques Heers (2001).
368. C’était un Berbère de la tribu Taâliba originaire de la région de Tipaza.
369. Charles Quint, successeur en 1518 de Ferdinand et qui fut élu en 1519 empereur germanique après la mort de Maximilien d’Autriche.
370. Pour tout ce qui concerne les vingt-quatre années de gouvernement du comte d’Alcaudete et les relations entre l’Espagne et le royaume de Tlemcen, voir Paul Ruff (1998).
371. À l’exception du commandant, Don Luis de Peralda, autorisé à rentrer en Espagne avec sa famille. Traduit devant un conseil de guerre, il fut condamné à être décapité pour avoir capitulé.
372. Giovani Dionogi Galeni (1520-1587), dit Uludj Pacha. Ce renégat né en Calabre tenta un débarquement en Espagne en 1568 afin de venir en aide aux Morisques révoltés.