Durant cette longue période, de profonds bouleversements se produisirent, tant au Machrek qu’au Maghreb.
En Égypte, après la mort de Nasir Mohammed ibn Kalaoun survenue en 1340, le pouvoir mamelouk s’affaiblit lentement. La période comprise entre les années 1340 et 1517 marqua la fin du sultanat, suivie de la prise de contrôle de l’Égypte par les Ottomans. Puis, durant la seconde partie du XVIe siècle, l’autorité de la Porte se relâchant, l’on assista à un retour des Mamelouks ; au XVIIe siècle, la crise économique fut de plus en plus forte, les famines permanentes et l’anarchie entretenue par les factions mameloukes se disputant le pouvoir tout en mettant le pays au pillage.
Le Maghreb subit la saignée démographique provoquée par la Grande Peste de 1384, aggravée par les dévastations dues à l’intrusion des tribus arabes commencée durant les siècles précédents. Puis, au début du XVIe siècle, l’ancienne Berbérie subit une double conquête, turque à l’est et ibérique à l’ouest.
Alors que la Chrétienté s’organisait en Éats-nations de plus en plus structurés et puissants, Tlemcen, mais également Fès et Tunis, ne parvinrent plus à dépasser le cadre de la Cité-État. Le reste de la région connut un phénomène de morcellement, cependant que les ports, repliés sur leur immédiat hinterland, devinrent le plus souvent des sortes de républiques vivant de la Course et menant leurs politiques indépendamment les unes des autres, signant des accords avec certaines puissances chrétiennes.
Cette situation explique à la fois la conquête par le Portugal d’une large façade maritime au Maroc et la poussée turque à laquelle le royaume ne résista qu’en s’alliant à son vieil ennemi espagnol.