Durant le demi-siècle séparant la période qui va des indépendances jusqu’en 2011, année des « printemps arabes », l’Afrique du Nord a connu de profondes mutations et de brusques soubresauts :
- L’Égypte a traversé une période troublée marquée par plusieurs conflits avec l’État d’Israël. Politiquement, le pays n’a cessé d’être dirigé par l’armée. Après la mort du colonel Nasser en 1970, Anouar el-Sadate qui lui succéda était lui aussi colonel. Assassiné par des militaires membres de l’organisation des Frères musulmans le 6 octobre 1981, il eut pour successeur le général Hosni Moubarak qui réussit à se maintenir au pouvoir durant trente ans, jusqu’en 2011, alignant l’Égypte sur la diplomatie américaine.
- En Libye, la monarchie fut renversée en 1969 et à partir de 1973, le colonel Kadhafi imprima sa marque profonde sur le pays au moyen d’une organisation politico-tribale originale, la Jamahiriyya.
- La Tunisie qui fit longtemps figure d’exception dans le monde arabo-musulman, tira un grand bénéfice de la gestion des deux seuls dirigeants qu’elle connut durant cette période, Habib Bourguiba de 1955 jusqu’à sa destitution médicale en 1987, puis, Zine el Abidine ben Ali jusqu’en 2011.
- En Algérie, dès l’été 1962, le pouvoir fut confisqué par l’armée des frontières qui élimina les politiques du GPRA. « Coincée » entre ses deux voisins du Maghreb, mais prolongeant vers le sud un artificiel appendice saharien, le pays connut le pouvoir militaire, la gabegie. L’échec de la tentative démocratique des années 1990-1992 déboucha sur une décennie de massacres et une sanglante confrontation avec l’islamisme radical, jusqu’à l’arrivé au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, un civil, élu à la présidence de la République en 1999.
- Au Maroc, le règne d’Hassan II débuta en 1961, à la mort de son père, le roi Mohammed V. Ses premières années furent agitées, au point que les observateurs crurent alors que le régime monarchique était condamné. Puis, le monarque réussit à redresser la situation avant de refaire l’unité nationale autour de l’affirmation de la « marocanité » du Sahara occidental.