La trop sensible manucure du salon de coiffure
Un jour ne fut plus là pour tenir votre main.
Une dépression grave. N’aurait-elle pas dû
En guise d’onguents passer plutôt ses nerfs
Sur les griffes de ses clientes ronronnant d’aise
Calées dans leurs fauteuils avec leur viatique
De magazines sentimentaux sur les genoux
Et jeter à leur face ravalée ses flacons de vernis?
Des immeubles s’effondrent d’un coup. Ou bien
D’une chiquenaude on les abat
(Ruineusement) comme châteaux de cartes
D’autres après une guerre lèvent un front grêlé
De mitraille ou ne peuvent plus fermer les paupières
En revanche, où penchait un garage borgne
Grimpe une paroi sans faille de verre et d’acier
Le cœur des villes est un temple qu’on rafistole
Au nom d’un bel hier enfui mais le sentier
Vivace, visage aigu dans le bleu d’avril
Renouvelle à l’automne ses sortilèges d’ermite
Qu’un rien émerveille. Refuge
De la joie. Celle qu’on croyait morte
Ouvre derrière les nuages ses yeux clairs
Pose hardiment le pied sur le sol après
Un somme léger comme les siècles
Ôte rides et verrues, balaie les rognures.