VINGT

Aujourd’hui

Jace se plia en deux, les mains sur les genoux, et partit d’un nouveau fou rire.

— T’as fini de te foutre de moi ? lâcha Reid, furieux. Parce qu’un peu d’aide ne serait pas de refus.

Reid avait tenté, sans succès, de se défaire des menottes avec lesquelles Brynn l’avait attaché. En témoignaient la pellicule de sueur qui le recouvrait et le cadre du canapé-lit tout tordu. Jace avait été son dernier recours avant d’appeler le personnel du club. Mais finalement, il aurait peut-être été plus sage de faire directement appel au personnel…

Jace toussa pour essayer de reprendre son sérieux.

— Excuse-moi, Reid. Mais comment veux-tu que je ne me marre pas ? Ne te plains pas : elle t’a seulement menotté. Elle aurait pu te planter un truc dans le derrière… Qu’est-ce que tu as fait pour lui inspirer une telle haine ?

Reid laissa tomber sa tête sur l’oreiller et scruta les papiers étalés devant lui.

— Elle a fouillé mon sac et a compris que je travaillais sur l’appel du mec qui est en prison pour le meurtre de sa mère.

— Et tu ne lui as rien dit ? rétorqua Jace, soudain tout à fait sérieux.

Reid se dévissa la tête et le fusilla du regard.

Jace leva les mains pour calmer le jeu.

— OK, OK, ça ne me regarde pas. Laisse-moi retrouver les clés.

Au bout de quelques minutes, Jace mit la main sur ce qu’il cherchait et libéra son ami du lit. Reid s’entoura des draps et massa ses poignets endoloris.

— J’ai sérieusement foiré là…

— On dirait bien, répondit Jace en enjambant une chaise, le visage grave. Qu’est-ce que tu ne m’as pas dit, hein ?

Reid soupira puis déballa toute l’histoire. Il n’avait jamais parlé de l’appel à Jace, car il savait très bien que son ami ne l’aurait jamais laissé entrer au club pour ce motif. Mais il lui devait la vérité, désormais.

Jace demeura muet une bonne minute lorsque Reid eut terminé son récit, son visage ne trahissait aucune émotion.

— Tu n’es donc pas là pour aider Brynn et la reconquérir, comme tu me l’avais dit ? Tu es là parce que tu as besoin de retrouver ton témoin capital, c’est ça ?

— Oui. Non.

Reid passa une main dans ses cheveux, perdu.

— Je ne sais plus… J’ai surtout fait tout ça parce qu’il fallait que je retrouve Kelsey et, je ne vais pas te le cacher, j’avais également envie de me venger de Brynn pour tout le mal qu’elle m’a fait il y a dix ans. Je brûlais d’envie de lui rappeler ce qu’elle avait décidé de laisser tomber.

— Mais…

Reid soupira.

— Mais d’un autre côté, je ne supportais pas l’idée qu’elle puisse se soumettre à quelqu’un d’autre. Je ne pouvais pas passer à côté de l’opportunité de la toucher encore une fois.

— Et maintenant, tu es tellement dingue d’elle que tu ne sais même plus quoi penser.

— Non, ce n’est pas ça…, se défendit Reid devant un Jace amusé.

De toute évidence, Reid avait cherché à se convaincre du contraire, mais oui, il était dingue de Brynn.

Il ferma les yeux et secoua la tête.

— Allez, va t’habiller ; on va la retrouver, ta chérie, le rassura Jace avec un sourire.

***

Reid n’avait jamais vu autant de corps nus en un seul endroit. La bacchanale avait commencé à peine une heure plus tôt, mais les invités n’avaient clairement pas perdu de temps.

Certains dansaient, d’autres écrasaient du raisin dans une grosse cuve, complètement nus, et le reste était dans l’herbe, s’adonnant aux ébats les plus crus sans complexe. L’air était chargé d’une odeur de terre et de sexe qui se mêlait aux sons du plaisir de la chair.

La décadence de ce spectacle était l’incarnation du fantasme, mais à cet instant précis, il s’agissait davantage d’un cauchemar que d’un rêve, aux yeux de Reid.

Trouver Brynn parmi toute cette foule s’avérerait ardu – d’autant plus qu’elle ne voulait sûrement pas qu’on la trouve.

— On dirait bien qu’on a raté quelque chose, lança Jace à Reid, qui scrutait la foule.

— Tu la vois quelque part ?

— Je ne vois pas comment on va pouvoir la trouver là-dedans, rétorqua Jace. Mais il y a Grant, là-bas, près du buffet. Je vais lui demander s’il l’a vue. Rien ne lui échappe, en général.

— Bonne idée, je t’accompagne. Je n’arriverai à rien en continuant comme ça, de toute façon.

Grant les gratifia d’un sourire en les voyant se diriger vers lui. Contrairement à tous les autres, il portait son jean et sa chemise habituels. Reid ne le connaissait pas très bien, mais s’il se basait sur le peu qu’ils avaient échangé jusqu’ici, il sentait que cet homme se tenait sur ses gardes même dans son propre club.

— Bonsoir, messieurs. Vous vous êtes enfin décidés à vous joindre à nous ? lança-t-il en sirotant une boisson orangée.

— En fait, je cherche Brynn, répondit Reid en continuant à observer la foule. Vous ne l’auriez pas vue, par hasard ?

— Je m’étais imaginé qu’elle vous avait rejoint, dit Grant, parvenant enfin à attirer l’attention de son interlocuteur. Je l’ai trouvée toute seule, aux abords de la propriété, un peu plus tôt. Si je peux me permettre, elle avait l’air de vous en vouloir… J’ai réussi à la convaincre de m’accompagner jusqu’ici, mais elle n’a pas tardé à partir ensuite. Je pensais qu’elle était allée vous retrouver pour tout arranger.

— Non, je ne l’ai pas vue.

Reid lâcha un soupir frustré.

— Ça fait combien de temps qu’elle est partie ? intervint Jace. Elle était toute seule ?

Grant haussa les épaules.

— Ça doit faire une demi-heure. Et, oui, elle était seule.

Il les dévisagea l’un après l’autre, le visage soudain marqué par l’inquiétude.

— Est-ce que tout va bien ?

— Oui, ça va, répondit Jace en plaquant une main sur l’épaule de son ami. Reid a juste poussé le bouchon un peu loin. Rien de nouveau jusque-là… Je suis sûr qu’elle finira par repointer le bout de son nez dans ta cabine, va. Tu nous tiens au courant, si jamais tu la trouves avant nous ?

— Pas de souci.

Reid s’apprêtait à reprendre ses recherches, mais quelque chose dans le regard de Grant le fit hésiter.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Grant prit une gorgée de sa boisson et plissa le front.

— Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais vous devriez faire attention.

— Comment ça ?

Il haussa de nouveau les épaules.

— Lorsqu’on pousse trop loin une fille comme Brynn, elle détale comme un lapin. Il lui faut un dominant qui soit capable d’en faire sa soumise sans pour autant briser ce qu’il y a de fragile en elle.

Reid se hérissa. Pour qui ce type se prenait-il ? Le Dr Phil du SM ?

— Écoutez, j’apprécie que vous vous souciiez d’elle, mais vous ne la connaissez pas.

Un sourire retroussa les lèvres de Grant.

— Lorsqu’on dirige un club comme celui-ci depuis aussi longtemps, on apprend à décrypter les gens. Je ne cherche qu’à vous aider, Reid.

Reid hocha la tête, la gorge serrée, et tourna sur ses talons avant de repartir en direction des festivités. Il n’avait franchement pas le temps de se faire analyser.

Jace le suivait de près.

— Tu as une idée de là où elle a pu aller ?

— Pas du tout… On pourrait déjà vérifier nos cabines, à tous les deux. Elle n’a pas de voiture, elle n’a pas pu aller bien loin.

Au moment où il aperçut sa cabine au loin, le téléphone de Reid se mit à vibrer contre sa jambe. Il s’arrêta et s’en empara. Numéro inconnu.

— Attends, Jace. Allô ?

Après quelques secondes de silence, il eut enfin une réponse.

— Reid ?

Il se détendit aussitôt au son de sa voix.

— Écoute, Brynn, il faut qu’on parle. Je te demande pardon pour ce qui s’est passé. Je sais que j’aurais dû t’en parler. J’ai eu tort d’agir ainsi. Je t’en prie, donne-moi une chance de…

— Arrête, Reid, le coupa-t-elle d’une voix légèrement tremblante. Je n’ai pas envie de parler de ça maintenant, d’accord ?

Il plissa le front, se concentrant sur le bruit en arrière-fond. Était-elle… dans une voiture ?

— Mais où est-ce que tu es ?!

Une longue pause.

— Je rentre chez moi. J’ai… appelé un taxi. Je n’ai pas trouvé Kelsey. Je n’ai pas l’impression qu’elle soit là-bas, finalement. Alors j’ai préféré rentrer.

— Tu as appelé un taxi ?

Il se mit à faire les cent pas ; Jace se dégagea de son chemin.

— Qu’est-ce que c’est que cette histoire, Brynn ?! Tu sais très bien que je t’aurais raccompagnée !

— Tu ne comprends pas ? Je n’ai plus envie d’avoir affaire à toi, Reid. Et je ne dispose pas de chaussures en rubis pour faire tout ce chemin à pied. Donc oui, j’ai appelé un taxi.

— Brynn…

— Au revoir, Reid.

On avait raccroché.

— Elle s’est barrée ? demanda Jace en faisant la grimace.

Reid balança le pied dans un buisson, qui y laissa quelques feuilles au passage.

— Elle rentre chez elle. Elle a appelé un taxi.

— Je suis désolé, ça craint vraiment…, commenta Jace en gardant sagement ses distances. Elle a peut-être besoin de prendre un peu d’espace pour se calmer, non ?

— Rien à foutre de l’espace. À partir du moment où elle aura retrouvé son petit monde, elle se forcera à tout oublier de ce qui s’est passé ce week-end. Et je reprendrai ma place en tête de sa liste de personnes à haïr.

— Tu ne la rattraperas jamais.

Reid le défia du regard.

— Euh… pourquoi tu me regardes comme ça, au juste ?

Reid sourit alors de toutes ses dents.

— Non, pas avec ma voiture, c’est sûr…

Jace croisa les bras sur sa poitrine.

— Hors de question, tu es complètement taré. Seules mes mains ont le droit de se poser sur le volant de mon bébé. J’ai vu l’état de ta voiture, merci.

— Soit tu me donnes les clés, soit tu m’accompagnes, rétorqua Reid sans le lâcher des yeux.

Jace poussa un soupir et sortit les clés de sa poche.

— Bon, on y va. Mais je conduis ! Et si ma voiture s’en sort avec ne serait-ce qu’une éraflure, je poste sur Internet les photos que j’ai prises de toi ce soir, c’est compris ?

— Tu n’as pas pris de photos, répliqua Reid.

Jace esquissa un petit sourire malicieux.

— Ne sous-estime jamais mon penchant pour le chantage…

***

Le vrombissement du moteur emplissait l’habitacle tandis que la Dodge Viper de Jace fonçait sur l’autoroute. Reid composa une fois de plus le numéro de Brynn d’une main furieuse, espérant que sa persistance à lui – ou son agacement à elle – la fasse décrocher.

Mais il obtint une fois de plus le répondeur. Il raccrocha sans laisser de message et prit sur lui pour ne pas balancer son téléphone sur le tableau de bord.

— On aurait déjà dû la rattraper.

Jace avait conduit comme un vrai pilote depuis qu’ils avaient quitté Le Ranch, mais jusqu’ici, ils n’avaient doublé qu’une poignée de voitures sur la route sombre – et pas un taxi. Son ami plissa le front mais ne détacha pas les yeux de la route.

— Et s’ils s’étaient arrêtés à une station-service et qu’on les avait doublés sans s’en rendre compte ?

— Les deux stations qu’on a passées jusqu’ici semblaient vides. Tu devrais peut-être aller plus vite.

Jace lui lança un regard incrédule.

— Un kilomètre-heure de plus et on franchit le mur du son, mec. Mon but, c’est que tu retrouves Brynn en un seul morceau, hein…

Reid lâcha un petit rire moqueur, concentré sur les feux du SUV noir qu’ils rattrapaient. Jace se décala sur la file de gauche et jeta un coup d’œil dans le véhicule qu’ils doublaient.

— Tiens, nous ne sommes pas les seuls à rater la bacchanale, ce soir.

— Comment ça ?

Reid se retourna aussitôt, mais l’Escalade était déjà bien loin, l’imposant véhicule ne disposant clairement pas de la puissance de la sportive de Jace.

— C’était Davis Ackerman, répondit Jace avec un haussement d’épaules. C’est un membre du club.

— T’es sérieux ? s’écria Reid en grimaçant. Il y a des femmes qui acceptent de coucher avec ce tas de merde ?

— Certaines, oui, souffla Jace d’un ton prudent. Mais Grant a eu beaucoup de mal à lui trouver des partenaires. D’après ce qu’on m’a dit, les penchants de David sont plutôt tordus.

— Laisse-moi deviner, rétorqua Reid avec un petit sourire. Il est dans l’humiliation extrême, c’est ça ? Il a toujours excellé dans ce domaine, au boulot.

— C’est pire que ça, dit Jace en doublant un nouveau véhicule. Il n’exige que des femmes qui n’ont aucune limite. Il y a quelques semaines, Grant a dû appeler un médecin parce que Davis avait mordu le cou d’une fille tellement fort qu’elle pissait le sang. Il a déjà reçu deux avertissements pour ce genre de pratique.

— Sans déc’…

— Ouais, ce type est complètement taré. Il ne va pas tarder à se faire virer, c’est sûr. Il m’a commandé tout un tas de trucs sous un faux nom il y a quelques semaines. J’imagine qu’il se prépare un terrain de jeu perso.

— Et ben… Ravi de savoir qu’il fait partie de notre conseil municipal…

Jace ne répondit pas, visiblement perdu dans ses pensées, et Reid se mit à observer l’obscurité tout en pianotant des doigts sur l’accoudoir. Jace ralentissait devant les stations-service et les aires de repos, mais trente minutes plus tard, ils n’avaient toujours pas repéré de taxi.

Reid ne cessait de remuer sur son siège. Le coup de téléphone de Brynn le hantait. Il avait ressenti autre chose que de la colère dans sa voix. Mais il avait été incapable de mettre le doigt sur ce que c’était exactement. Il se rejoua leur conversation dans sa tête. Qu’avait-elle dit, déjà ? Je ne dispose pas de chaussures en rubis. Bizarre, comme phrase… Il ferma les yeux et s’appuya sur le repose-tête, se répétant les paroles de Brynn en boucle, cherchant à comprendre leur sens. C’est alors qu’elles trouvèrent leur place, comme une combinaison sur un cadenas – un mot se détachant clairement des autres.

— Bordel ! hurla-t-il.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Jace, circonspect.

Reid plaqua ses paumes sur ses tempes, son cerveau menaçant d’exploser.

— Elle a utilisé son ancien code de sécurité et je n’ai rien capté.

— Quoi ?

— Au téléphone. Elle l’a utilisé, elle a voulu me dire quelque chose.

Sa frustration de ne pas avoir pu la retrouver jusqu’ici se mua alors en terreur. Il dévisagea Jace.

— Et si elle avait des soucis ?

Son ami lui lança un regard oblique.

— Tu sais quoi ? Je pense que tu deviens parano et que tu cherches trop à analyser. Elle t’en veut, c’est tout, mon gars.

Il secoua la tête.

— Non, je suis sûr que non. Elle a volontairement utilisé ce mot. Elle a bien appuyé dessus. J’étais juste trop atterré par le fait qu’elle soit partie pour y prêter attention. Et pourquoi serait-elle partie si brusquement, d’abord ? En sachant qu’elle laissait tomber sa sœur, en plus…

Les traits de Jace reflétaient l’inquiétude de Reid, désormais.

— Mais elle était au Ranch… Ce n’est pas comme si le type qui en a après sa sœur pouvait se pointer là-bas l’air de rien. Comment pourrait-elle avoir des soucis ?

— Je ne sais pas… Peut-être que quelqu’un l’a appelée, l’a appâtée. Peut-être que ce fameux dealer a un contact au Ranch.

Il lâcha un soupir frustré.

— Elle pourrait être n’importe où ! Tout ce que je sais, c’est qu’elle était dans une voiture.

— Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je fais demi-tour ou je continue ?

Reid fixa la route devant lui, le cerveau en ébullition. Avait-elle laissé échapper un autre indice, au téléphone ? Est-ce que quelqu’un, au Ranch, lui avait témoigné une certaine attention ? Quelque chose le titillait, mais il ne savait pas quoi.

Il songea à la nuit précédente, à chaque instant qu’il avait passé avec Brynn – à lui faire l’amour, à la toucher, à embrasser le moindre carré de sa peau nue. À la conversation qu’ils avaient eue dans le jacuzzi.

À la façon dont il l’avait baignée, savonnée, dont il avait fait courir ses doigts le long de son dos et sur la discrète tache de naissance qui formait un cercle sur sa clavicule.

Une terreur glacée l’envahit lorsqu’il revit ce dernier instant, cette marque sur sa peau. Ce n’était pas vraiment un cercle, mais plus deux croissants pas totalement liés. Cette cicatrice existait-elle quand ils se fréquentaient dix ans plus tôt ? Non, pas dans sa mémoire, du moins.

Quand il avait posé les doigts dessus, dans le jacuzzi, Brynn s’était imperceptiblement raidie, comme si elle avait retenu son souffle l’espace d’une seconde. Il s’était dit qu’elle avait réagi ainsi parce qu’elle n’aimait pas sa tache de naissance, mais… Sa soudaine prise de conscience fut accompagnée d’un haut-le-cœur.

Non.

Il ne s’agissait pas d’une tache de naissance. Mais d’une morsure. Reid agrippa la poignée de la portière, envahi d’une rage meurtrière, tout son corps tremblant d’un besoin urgent de mutiler et de démembrer ce salaud.

— Fais demi-tour.

Jace lui jeta un rapide coup d’œil.

— Tu es sûr ?

— Fais demi-tour, je te dis, siffla Reid entre ses dents. Je sais qui la tient. C’est cet enfoiré qui l’a violée…

La voiture ralentit légèrement. Jace s’était retourné vers lui, perplexe.

— Quoi ? Qui ? Le dealer ?

— Non. Ackerman. Brynn a une trace de morsure dans le dos. Elle travaillait pour lui quand on l’a agressée.

Les traits de Jace se transformèrent, et il lâcha l’accélérateur afin que leur demi-tour ne les envoie pas dans le décor. Reid brûlait tellement de rage qu’il était certain qu’il cracherait des flammes s’il le pouvait. Ce monstre tenait sa femme. Elle était en train de vivre son pire cauchemar, et elle était seule. Faites que j’arrive à temps…

Davis ferait mieux de se mettre à prier, parce que Reid comptait bien le renvoyer à son créateur une fois qu’il aurait mis Brynn en sécurité. Ce psychopathe l’avait traumatisée et l’avait détruite. Il avait anéanti la relation que lui et Brynn avaient construite. Que seraient devenues leurs vies si Reid avait pu lui offrir sa bague, ce jour-là ? Ce salaud leur avait tout volé. Reid fit craquer ses doigts.

— S’il lui touche ne serait-ce qu’un cheveu…

Jace lui lança un regard prudent.

— Respire, calme-toi. Tu ne peux pas le tuer, frangin. Tu ne sais même pas si c’était vraiment lui ou même s’il tient Brynn actuellement. Tu sais mieux que moi qu’on peut se planter sur de simples présomptions.

Reid le savait, oui, mais quelque chose lui disait qu’il ne se trompait pas cette fois.

— Je ne vais pas le tuer. Mais si c’est bien lui qui tient Brynn, j’ai hâte de voir si cet enfoiré aime qu’on se lâche sur lui comme il se lâche sur les autres…