Après le départ silencieux d’Angelo, le Juge prend place à droite de l’autel. Devant nous, les autres témoins sont déjà assis sur les bancs de l’église. Le bâtiment est faiblement éclairé par une lueur douce, et bien que j’aurais préféré ne pas avoir à me tenir debout ici en face de tout ce monde, je me dis que c’est plus facile qu’en plein jour puisqu’ils ne parviennent qu’à obtenir de maigres aperçus de moi.
Après quelques instants, l’organiste commence à jouer la musique que j’ai choisie pour la cérémonie. Ivy apparaît dans l’embrasure de la porte aux côtés d’Abel. Je le regarde assez longtemps pour remarquer la crispation de sa mâchoire lorsqu’il croise mon regard, mais déjà, mes yeux dérivent vers ma fiancée. Sa silhouette tout en dentelle noire, munie de roses, avance pas à pas dans ma direction. Sa beauté est obsédante et je m’attends presque à ce qu’elle disparaisse pour ne plus jamais réapparaître, comme si elle n’était qu’une hallucination.
Abel la guide dans l’allée. Il ne la traîne pas réellement de force, mais la pousse vers l’avant en gardant une main serrée autour de son bras. Le voir agir ainsi me met les nerfs à vif. Sa bouche est nettement enflée et des bleus sombres commencent à se former sur sa gorge. Pourtant, il a choisi de me livrer sa sœur de son plein gré.
Mon cœur bat au rythme de la musique. Je retiens mon souffle jusqu’à ce qu’Ivy se tienne devant moi. Quand Abel la lâche, elle vacille légèrement sur ses pieds. L’agacement me gagne alors que je réfléchis à la raison qui pourrait expliquer qu’elle ne soit pas stable sur ses jambes. Est-elle nerveuse ou a-t-elle bu ?
Lorsqu’elle atteint la place qui lui est réservée, elle lève le menton pour m’observer et il m’est impossible de manquer le sursaut qui agite ses lèvres. La lueur des bougies danse sur nous, mettant en évidence les traits déformés de mon visage. Presque immédiatement, son regard est attiré vers le demi-crâne et les roses qu’elle tenait glissent de ses mains pour se disperser autour de nos pieds. Elle paraît surprise, légèrement embarrassée et morbidement fascinée, mais ne cesse à aucun moment de me fixer.
Je regrette presque de ne pas lui avoir permis de me voir jusqu’à maintenant parce que plus que tout, je désire que nous soyons seuls pour vivre ce moment. Dans mon esprit, je m’étais joué tant de fois ce scénario. J’ai imaginé toutes les façons dont il pourrait se dérouler. J’ai songé à la peur, à la colère et à la terreur qui pourraient s’imprimer sur son visage. J’arrivais facilement à la voir s’éloigner de moi en courant puis grimper dans une voiture passant dans la rue plutôt que de rester là à subir notre union. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’elle pourrait me dévisager comme elle le fait en cet instant, qu’elle voudrait m’étudier, et qu’elle me trouverait… intrigant.
Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi. Je ne me rends compte que j’ai attrapé son poignet, afin de l’ancrer à moi, que lorsque mon pouce effleure son pouls qui bat sauvagement sous sa peau. C’est peut-être pour cette raison qu’elle n’a pas bougé. Ses yeux se baissent vers mes doigts qui l’emprisonnent. Elle les regarde comme s’ils représentaient une arme. La tentation de la relâcher est grande. J’ai envie de voir si elle se mettrait à courir, mais il se trouve que je ne peux m’y résoudre.
Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas le temps de nous attarder sur cette interrogation. La musique touche à sa fin et nous sommes tous deux obligés de nous concentrer sur le prêtre. Il nous ordonne de nous asseoir sur les chaises qui ont été montées à notre intention sur l’estrade, et ainsi débute la cérémonie traditionnelle.
Nous commençons par un hymne, suivi de lectures de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le prêtre parle longuement du mariage, de l’Évangile et de la réflexion, mais je ne l’écoute que d’une oreille. Quand Ivy et moi sommes réunis devant l’autel et qu’il nous est demandé d’unir nos mains, elle m’offre les siennes avec raideur.
Mes doigts s’enroulent autour des siens, et je note que sa peau est froide et très pâle, comme si la réalité venait de la rattraper. Elle déglutit et m’observe à travers ses grands cils. C’est alors que j’aperçois sa pupille étrangement déformée, chose qu’elle essaie souvent de cacher derrière ses cheveux. Cette petite tâche a été la source de beaucoup de tourments lorsqu’elle était enfant, et l’humiliation qu’elle a vécue dans ses jours d’école persiste encore en elle. Quand elle sera ma femme, elle finira par comprendre que je ne l’autoriserai pas à me la cacher, ni à moi ni à qui que ce soit d’autre.
La cérémonie des vœux arrive et, comme je le lui ai demandé, le prêtre saute les formalités relatives au fait que nous, jeunes mariés, nous engageons dans ce mariage sans contrainte et nous promettons de nous aimer jusqu’à ce que nous tombions en poussière. Je ne manque pas le regard inconfortable qu’il jette dans ma direction. Néanmoins, je choisis de me focaliser sur ma fiancée plutôt que sur l’opinion qu’il peut avoir de moi.
Ivy et moi commençons par déclarer nos intentions, puis je répète les mots sacrés qui incluent la seule promesse que je peux tenir envers elle. Je vais la prendre pour épouse. Je lui serai fidèle dans les bons comme dans les mauvais moments, dans la maladie et dans la santé, jusqu’à ce que la mort nous sépare.
L’intensité de ma déclaration me brûle la gorge et réchauffe mon regard, ce qui semble déconcerter ma fiancée puisqu’elle rompt notre contact visuel à plusieurs reprises. Sa voix n’est plus qu’un murmure lorsqu’elle répète les mêmes vœux, et qu’elle se promet à moi avec une résignation que je trouve tout aussi frustrante que fascinante.
Le prêtre reconnaît notre consentement et nous bénit avant de passer à la cérémonie de l’échange des anneaux. Ivy reçoit mon alliance avec ma promesse répétée de fidélité au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Lorsqu’à son doigt tremblant, je glisse l’anneau assorti à la bague qu’elle porte déjà, je ressens un intense sentiment de satisfaction. Ce sentiment s’amplifie davantage quand elle me rend la pareille.
Conformément à mes demandes, le prêtre ne me demande pas de l’embrasser et la déclare simplement mienne. C’est quelque chose que je souhaite réserver pour l’intimité, où son dégoût ne pourra plus être vu de mes frères.
Nous sommes enfin unis dans la prière et saluons les témoins pour échanger un signe de paix, puis nous communions. Après une dernière bénédiction nuptiale, nous sommes congédiés et invités à aller à la rencontre de nos invités.
Lorsque j’attrape le bras d’Ivy et enroule mes doigts froids autour de sa peau, je la sens frissonner. Son regard est résolument fixé devant elle. Néanmoins, il m’est impossible de ne pas remarquer à quel point elle paraît faible sous ma poigne. Alors que nous marchons dans l’allée et gagnons la rue où un chauffeur nous attend avec une voiture, je peux sentir une nouvelle fois l’instabilité qui marque sa démarche. Mais c’est seulement quand elle monte dans le véhicule que je constate qu’elle est toujours pieds nus.
Marco ferme la portière après que je me suis installé confortablement à côté de ma femme. La vitre séparatrice est déjà relevée, ce qui nous plonge tous deux dans un silence de mort. Au moment où la voiture démarre, Ivy commence à se tordre les mains sur ses genoux. Elle semble nerveuse, ce qui est tout à fait normal. Toutefois, sa peur ne me satisfait pas autant que je l’avais espéré.
— Où sont les chaussures que je t’ai achetées ?
Ma voix résonne rudement entre nous. Elle me regarde à nouveau et commence à étudier le tatouage qui recouvre une partie de mon visage. Je la surveille attentivement pour voir si elle va me dévoiler ses véritables sentiments à mon égard, mais ne parviens qu’à lire sa curiosité dans ses yeux. Cela me rend perplexe au-delà de toute mesure et m’irrite bien plus que ce que j’aurais pu l’imaginer.
Elle est censée être dégoûtée par moi. Elle est censée me haïr. C’est l’ordre naturel des choses.
— C’était vous dans le confessionnal, n’est-ce pas ? me demande-t-elle tout bas. Votre eau de Cologne…
Je sens mon dos se crisper en réaction à cette observation. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si… perspicace. Elle ne devrait pas me poser une telle question.
— Tu veux dire lorsque tu as supplié Dieu de ne pas te laisser épouser un monstre ? ricané-je.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire… proteste-t-elle avant de secouer la tête. Vous déformez mes propos.
Je tourne mon regard vers la vitre en essayant de ravaler mon exaspération. Elle se révèle être désobéissante. Elle me défie déjà. Elle refuse de porter les chaussures que je lui ai achetées, me questionne comme si elle avait le droit de le faire. Comme si une Moreno pouvait un jour espérer devenir l’égale d’un Fils Souverain.
Dans son esprit, elle est probablement heureuse de sa situation. Après tout, c’est ce que sa famille a toujours désiré. L’élévation, l’argent, le pouvoir… Se lier à moi lui fournira toutes ces choses. Au fond, je n’ai aucun doute quant au fait qu’Ivy est comme sa mère. Elle a peut-être eu une vie différente, mais elle a tout de même choisi de m’épouser. Ce serait idiot de ma part de ne pas croire qu’elle a ses propres motivations et quelles qu’elles soient, elle n’obtiendra jamais ma confiance.
Je suis soulagé qu’elle me rappelle nos rôles respectifs. C’est à moi de lui faire savoir que ce comportement ne sera pas toléré, et qu’elle n’a aucune raison d’attendre que je lui réponde. Ivy s’est peut-être facilement liée à moi. Cependant, elle comprendra rapidement que le seul bonheur conjugal qu’elle sera à même de recevoir de ma part sera les punitions que je lui infligerai.
Le trajet ne dure que quelques instants et lorsque Marco coupe le moteur, je tape sur la vitre et lui demande de nous laisser seuls. Il obéit sans discuter.
Dehors, la rue est sombre. Seule la lumière d’un lampadaire éclaire faiblement l’intérieur de la voiture. Pour autant, l’obscurité ne suffit pas à masquer les tremblements qui parcourent le corps de ma femme lorsque je me tourne vers elle pour attraper son visage. Je suis déterminé à la remettre à sa place immédiatement. Pourtant, lorsqu’elle essaie de me cacher son œil étrange, mes intentions sont momentanément dispersées.
— Ne fais pas ça, la préviens-je alors qu’elle essaie d’ajuster ses cheveux. Je veux le voir.
Elle se fige. Nos regards se croisent. Et pour la première fois, je me rends compte qu’Angelo avait peut-être raison. Il est difficile pour moi de m’accrocher à ma colère face à sa beauté. Tandis que mes doigts descendent jusqu’à atteindre son pouls au niveau de sa gorge, je n’arrive pas à savoir si je désire l’embrasser ou l’étrangler.
— Ne me cache jamais tes défauts, la sermonné-je. Ils m’appartiennent désormais.
— Mais… je le déteste.
Sa voix vacille. Un rire creux s’échappe de ma poitrine.
— Peut-être que moi, je l’aime bien.
Elle semble décontenancée par mon étrange réponse, tout comme moi. Ma prise se resserre, puis je la relâche. Je ne comprends pas l’effet qu’elle a sur moi.
— S’il vous plaît, me supplie-t-elle en laissant planer sa main près de ses cheveux.
— Tu sembles penser que tu peux faire ce que tu veux, dis-je froidement. Dois-je te rappeler les règles de base de la Société ? Les règles auxquelles tu as prêté serment ?
Elle soupire et se recroqueville inconsciemment. Elle comprend très bien le sens de mes paroles.
— Je n’ai pas besoin d’une piqûre de rappel, assure-t-elle à voix basse.
— Mais tu en recevras une malgré tout.
À l’extérieur, j’entends les bruits de pas des députés qui envahissent peu à peu la cour. La cérémonie du marquage commencera dans quelques instants. Toutefois, j’ai une promesse à tenir. Cela devra donc attendre. J’ouvre la portière et fais signe à Ivy de me suivre.
Elle sort de la voiture et laisse échapper un petit cri lorsque je la hisse par-dessus mon épaule. Ses pieds nus pendent sous le tissu de sa robe. Nous recevons quelques regards curieux alors que j’entre dans la cour et m’éloigne de la chaise et de la table qui l’attendent. Mes pas sont rapides et produisent un écho dans le couloir de la petite chapelle privée uniquement réservée aux membres influents de notre société. La porte se referme en grinçant et je m’avance vers l’autel devant lequel je dépose ma femme désobéissante sur ses pieds. Une lueur rougeâtre, en provenance des lampions en verre, illumine son visage. Elle ose me jeter un coup d’œil. La frustration engendre mes plus sombres désirs et mon sang se dirige rapidement vers ma queue pour la faire durcir jusqu’à ce que c’en devienne douloureux.
Je n’ai pas arrêté de songer à toutes les punitions que je pourrais lui infliger depuis que la tentation de l’épouser s’est imprimée dans mon esprit. La patience a été la seule vertu que j’ai gagnée après l’explosion. La pensée qu’un jour, chaque Moreno souffrirait comme moi me motivait. Il m’est donc difficile de concilier que plus que tout, en cet instant, je veux la toucher.
Une seule fois ne suffira pas à combler mes besoins primaires. Son parfum m’enivre. La chaleur de sa chair m’attire de la façon la plus étrange qui soit. J’ai besoin… de quelque chose de sa part, mais je ne suis même pas certain de savoir de quoi il s’agit.
L’intensité de son regard me trouble, alors je la fais pivoter dans mes bras. Elle halète. L’un de mes bras s’accroche autour de sa taille et la force à se pencher sur l’autel en bois tandis que l’autre vient se poser sur la délicate dentelle qui recouvre son dos. Le voile m’empêche de la voir correctement, alors je l’arrache violemment et le jette par terre. Elle se mure dans un silence total pendant que je fais courir mes doigts sur les boutons de satin noir qui ornent la courbe de sa colonne vertébrale et en profite pour apprécier la beauté de son corps si élégamment magnifié par cette robe.
— Tu dois savoir que si je te donne quelque chose, je m’attends à ce que tu le portes, annoncé-je d’une voix sèche.
— Je ne pouvais pas, marmonne-t-elle.
Ma main tombe dans le bas de son dos pour saisir dans mon poing le tissu qui s’éparpille sur le plancher. Lorsque je le soulève pour révéler ses cuisses nues, son corps se raidit.
— Que faites-vous ? s’inquiète-t-elle.
Elle jette un coup d’œil par-dessus son épaule et fouille mon visage du regard.
— Je te punis.
Au moment où ces mots quittent mes lèvres, elle tente de se débattre, mais je la presse fermement contre l’autel en plaquant ma paume sur son dos. Son visage se trouve à quelques centimètres à peine de la chaleur des bougies et sa poitrine se soulève rapidement. Des yeux, elle cherche désespérément un sauveur invisible. Mais personne ne viendra la sauver.
Je repousse le tissu autour de sa taille, révélant ainsi les courbes parfaites de ses hanches et de ses fesses partiellement cachées par un minuscule morceau de dentelle noire. Mes yeux errent sur son corps parfait, et je ravale un râle d’agonie en me forçant à me rappeler pourquoi nous sommes ici.
J’attrape une bougie. La respiration d’Ivy s’accélère et elle essaie de se redresser.
— Santiago.
L’intensité de sa voix me transperce avec une efficacité surprenante. Mes doigts se figent autour de la bougie. Je cligne des yeux, stupéfait par ma propre réaction, avant de secouer la tête.
Tout en faisant traîner le bougeoir sur la surface en bois de l’autel, je savoure la façon dont son corps tremble sous ma paume. Lorsque je suis satisfait de l’avoir suffisamment fait anticiper ce qui va suivre, je glisse mes doigts sous la délicate bande de tissu de sa culotte sur sa hanche et la déchire en deux. Je répète le processus de l’autre côté et laisse tomber le bout de tissu afin qu’elle soit désormais nue devant moi.
Je referme ma main sur ses fesses et frémis en silence en enfonçant mes doigts dans la chaleur de sa chair. Je pourrais la prendre maintenant, mais ce ne serait pas suffisant. J’ai besoin de temps pour tout ce que je souhaite lui faire subir.
Je plonge alors mes mains vers l’intérieur de ses cuisses et les écarte jusqu’à avoir une magnifique vue sur son sexe rose et scintillant à la lumière des bougies. La vue de son excitation indéniable me fait siffler entre mes dents serrées. Je sais que ce doit être une réaction due à sa peur. Pourtant, j’ai envie de la toucher, de constater par moi-même l’effet que j’ai sur elle.
Mais d’abord, j’ai une promesse à tenir.
J’approche le bougeoir en verre de la courbe de sa colonne vertébrale et m’arrête juste au-dessus de la chute de ses reins. La chaleur qu’elle sent contre sa peau délicate la fait se cambrer. Elle prend une inspiration et recommence à me supplier.
— Vous n’êtes pas obligé de faire ça, Santiago.
— Bien sûr que si.
Je la maintiens fermement en place d’une main et incline le bougeoir de l’autre. La première goutte de cire tombe sur ses fesses, ce qui la fait gémir de douleur. Avec fascination, je la regarde descendre jusqu’à sa cuisse et durcir en à peine quelques secondes. Elle s’agite et je presse davantage mon poids contre elle avant d’incliner à nouveau la bougie de l’autre côté de sa colonne vertébrale. Une autre rivière de cire s’écoule sur sa chair.
Je me fais alors la réflexion que je pourrais faire cela toute la nuit.
La respiration d’Ivy commence progressivement à se stabiliser tandis que je verse une autre goutte. Elle arrête totalement de me combattre. J’en profite pour remonter ma main libre le long de son dos et la poser sur sa nuque. Je la caresse lentement pendant que je peins la moitié inférieure de son corps comme une toile. Un schéma commence à apparaître sur ses fesses. Je répète le processus encore et encore, créant ainsi de longs ruisseaux sinueux jusqu’à ses mollets.
Elle demeure obéissante et immobile, jusqu’à ce que je repose finalement la bougie pour admirer mon œuvre. Je n’ai aucun doute quant au fait que sa peau est désormais brûlée. Pourtant, elle n’a pas versé une seule larme. Je fais courir mes mains sur ses fesses, retire la cire durcie et, ce faisant, expose à nouveau son sexe à mon regard. Quand l’air frais s’insinue entre ses cuisses, elle se tortille sous mon étreinte et sursaute presque lorsque j’y glisse mes doigts pour recueillir le fruit de son excitation.
— Comme ça doit être étrange d’apprécier une telle punition, murmuré-je.
Elle ne répond rien, alors je continue de faire glisser mes doigts d’avant en arrière à travers son humidité et joue avec son clitoris en une douce torture. Après quelques passages, elle commence à s’affaler sur la table et son corps se détend tandis que ses paupières se ferment. Elle ne cherche plus à s’éloigner de moi, mais à me toucher. Je presse mon corps contre le sien sans cesser de jouer avec son sexe et passe mes doigts dans ses cheveux avant de les empoigner pour l’obliger à pencher la tête vers l’arrière.
Mes lèvres effleurent la peau de son cou. J’inhale son odeur. Un frisson lui échappe lorsque mes dents effleurent son épaule avant de la mordre pour la marquer. Puis, quand je presse mon érection contre la douce chaire de ses fesses et insinue un doigt en elle, elle gémit.
— N’oublie jamais à qui tu appartiens, grogné-je à son oreille.
Elle continue de gémir. Je la taquine tellement que son agonie doit être aussi intense que la mienne.
— Dis-le, insisté-je.
Je resserre ma prise sur ses cheveux sans tenir compte de la rugosité méconnaissable de ma voix.
— Santiago, halète-t-elle. Santiago De La Rosa.
La douceur de sa peau m’arrache à mon tour un gémissement. Mes doigts travaillent sans relâche pour l’amener lentement mais sûrement vers la rupture. Il ne faudrait plus grand-chose pour la faire jouir. Déjà, elle se mord la lèvre inférieure et essaie de contenir les bruits étranglés qui s’échappent de sa gorge. Je l’amène si près de l’orgasme qu’elle peut presque le goûter. Chaque muscle de son corps se tend. Quelques caresses supplémentaires suffiraient à la libérer…
Juste avant qu’elle ne jouisse, je m’arrête et m’éloigne, la laissant douloureuse et gonflée pour moi. La souffrance est le seul cadeau qu’elle mérite. Lorsque ses paupières s’ouvrent et qu’elle me regarde par-dessus son épaule, je constate qu’elle semble confuse et frustrée par les réactions de son propre corps. Je mentirais en prétendant que ce n’est pas également mon cas.
Je tire le tissu sur ses hanches pour la recouvrir. Lentement, elle se redresse et je l’attire à moi. Mes doigts viennent se poser sur sa mâchoire. Nos souffles se mêlent.
— Ferme les yeux.
Elle m’obéit et je penche mon visage pour partir à la rencontre du sien. Elle ne recule pas comme je m’y attendais quand mes lèvres frôlent les siennes. Ça ne dure qu’une seconde, pas une de plus, mais c’est suffisant pour lui faire ressentir quelque chose. Une illusion. Tout ceci avant qu’elle n’apprenne vraiment à me détester. Elle rouvre les yeux et m’observe. Son regard m’étudie bien trop attentivement à mon goût.
— Maintenant, remercie-moi de m’être montré si indulgent.
— Merci, s’exécute-t-elle avec amertume.
Le tourment qui brille dans ses prunelles me perturbe. Pendant un instant, je ne suis pas certain de savoir pourquoi je caresse sa joue et lui témoigne un élan de douceur qu’elle ne mérite pas.
— Prépare-toi, lui ordonné-je. L’heure est venue pour toi de porter ma marque.