22

Ivy

Le lendemain matin, je suis déjà habillée lorsqu’Antonia arrive avec mon petit déjeuner. Ses visites régulières et sa gentillesse me font un bien fou. Ce sont même les deux seules choses qui m’ont empêchée de devenir folle à force de rester enfermée dans cette pièce tout au long de ces derniers jours. Je sais combien de temps s’est écoulé depuis mon arrivée ici uniquement parce que je marque chaque jour qui passe sur un morceau de papier que j’ai rangé dans un tiroir de mon bureau. J’ai commencé à les comptabiliser le second jour, après qu’elle m’a apporté mon petit déjeuner.

C’est peut-être idiot, mais me garder enfermée ici, même pendant trois jours seulement, m’a fait beaucoup de mal. J’ai besoin de nager, de bouger. J’ai besoin de voir le soleil, d’ouvrir une fenêtre. Ce petit carré de lumière qui ne peut chasser les ténèbres de ma chambre renforce ma sensation d’enfermement, et en plus, il pleut. J’ai l’impression qu’il pleut toujours autour de cette maison.

Cependant, je me raccroche à la pensée que je vais voir mon père aujourd’hui. Santiago me l’a promis, et il me semble être un homme de parole.

Je ferme le baume qu’il m’a demandé d’appliquer régulièrement sur mon tatouage et me lève à l’instant où la porte s’ouvre. La douleur qui enflammait la plante de mes pieds n’est plus qu’un mauvais souvenir désormais. Il ne m’a frappée que deux fois. Recevait-il davantage de coups dans sa jeunesse ? Que ressentait-il lorsque son père le frappait dans le dos, lorsque ses pieds étaient recouverts de sang et qu’il devait continuer à marcher sans se plaindre ?

Mon Dieu. Est-ce ainsi que son père le punissait ? Quel homme horrible. Pourtant, malgré toutes les horreurs qu’il lui faisait subir, il garde une photo de lui sur l’autel de la chapelle. Je ne comprends pas mon mari. Il représente un véritable mystère à mes yeux.

— Bonjour, ma chère, me salue gaiement Antonia.

Malgré son air joyeux, comme chaque matin lorsqu’elle vient me voir, je remarque qu’elle promène un regard nerveux sur la pièce avant de poser les yeux sur moi. Je me demande ce qu’elle cherche. Un nœud coulant, peut-être. Après seulement trois jours, je me sens prête à me pendre, mais je n’ai pas besoin de corde pour cela. Je suis presque sûre que je pourrais mettre fin à mes jours en utilisant ce chapelet niché entre mes seins contre ma peau nue en guise de corde. Je l’ai caché sous mon pull et ne le retire que pour me doucher et dormir.

Je sais qu’elle n’aime pas verrouiller la porte. Elle me l’a dit. Mais c’est ce que désire le Maître.

Le Maître.

Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel devant tant de formalités chaque fois qu’elle le nomme ainsi.

Quelle arrogance.

— Bonjour, Antonia. Savez-vous si la voiture est prête à m’emmener voir mon père ? l’interrogé-je avec anxiété.

Je n’ai pas vraiment faim, alors j’ignore le plateau qu’elle pose sur ma table.

— Du calme, Mademoiselle. Il est encore tôt.

— Quelle heure est-il ? Si j’avais une horloge, je le saurais.

Cependant, je sais que mon mari ne m’autorisera jamais à bénéficier d’un tel luxe.

— C’est Madame Mercedes qui vous emmènera voir votre père, et elle ne se lève généralement pas avant midi.

— Pas avant midi ? répété-je avec incrédulité.

— Asseyez-vous et mangez. Santiago veut être certain que vous êtes bien nourrie, et moi aussi. Je ne voudrais pas que vous nous fassiez de nouveau un malaise.

Je capitule et m’affale sur ma chaise, un coude sur la table, pendant qu’elle me verse du café dans une tasse en argent.

— Une fois que vous aurez mangé, je vous emmènerai en bas pour vous faire visiter, reprend-elle. Je ne vois pas de mal à ce que vous attendiez Mercedes au rez-de-chaussée. Qu’en dites-vous ?

Je la dévisage, pleine d’espoir et aussi excitée qu’un enfant le jour de Noël. Ma réaction est totalement ridicule. J’en suis consciente. Toutefois, je ne parviens pas à m’en empêcher.

— Allez-vous avoir des ennuis si vous faites cela, Antonia ?

— Laissez-moi m’en inquiéter.

— Où est-il ? demandé-je en prenant ma tasse.

Je ne sais pas pourquoi je lui pose cette question, ni même pourquoi je m’en soucie. Mais je suis assez surprise qu’il ne soit pas celui qui m’accompagnera aujourd’hui, et peut-être un peu déçue également. Parce que même si je déteste l’admettre, et ne le ferai d’ailleurs jamais, l’énigme que représente mon mari me rend curieuse.

Quand il est avec moi, les choses sont différentes. Elles sont… plus intenses. Je ne sais pas vraiment comment décrire ce phénomène. Je suppose que je n’ai jamais vraiment ressenti ce genre d’émotions auparavant. Je n’ai jamais expérimenté autant d’anticipation, autant de douleur, autant de plaisir, et autant d’autres sentiments. C’est à la fois déroutant et agaçant. Cela devrait pourtant être simple. Je devrais le détester autant qu’il me déteste.

Je secoue la tête pour chasser ces pensées parasites. L’idée de passer du temps avec Mercedes me rend anxieuse. Je ne l’aime pas. Et je ne lui fais pas confiance.

Antonia met un point d’honneur à réarranger les aliments sur le plateau.

— Il s’en tient à son propre emploi du temps, répond-elle.

— Qu’est-ce que cela signifie ?

— Oh, rien, ma chère.

— Est-il ici ? Dans la maison ?

— La plupart du temps, oui, quand il ne s’absente pas pour affaires.

Elle s’éloigne pour faire le lit – que j’ai déjà fait – et tire simplement davantage sur les draps pour faire bonne mesure. Je devrais lui dire que je n’ai pas besoin d’une femme de chambre pour faire mon lit ou ma lessive, et que j’ai encore moins envie de l’exploiter elle. En réalité, je trouve cela embarrassant de faire appel à une personne de son âge pour des tâches que je suis moi-même capable de réaliser seule.

— Je reviens vous chercher dans vingt minutes, puis je vous emmènerai en bas, m’informe-t-elle. Mais d’abord, vous devez finir votre assiette.

Avant qu’elle n’ait entièrement fermé la porte derrière elle, je l’entends murmurer une dernière phrase.

— De toute façon, il voudra encore que je lui fasse un rapport…

Il voudra un rapport ? De ce que j’ai mangé ? Est-ce que cela m’étonne vraiment ? Après tout, c’est un véritable maniaque qui aime avoir le contrôle sur tout.

Je mange mon petit déjeuner qui se compose d’une assiette généreusement garnie d’œufs au plat et de bacon, de fruits frais, de toasts, d’un verre de jus de fruits et d’une tasse de café. Je ne suis pas certaine d’avoir jamais aussi bien mangé que depuis que je me trouve ici. Je suis sûre que ma mère serait choquée d’entendre le nombre de calories que je consomme au cours de mon petit déjeuner uniquement.

Penser à ma mère m’amène à penser à Évangéline. Mange-t-elle suffisamment ? Aurais-je dû insister pour la voir aussi ? Ou aurais-je dû demander à la voir elle, plutôt que mon père ? Je secoue la tête. Une étape à la fois. Aujourd’hui, je vais avoir le droit de quitter ma chambre ainsi que cette maison. C’est déjà un grand événement, en soi.

Une fois que j’ai terminé de manger, je me brosse les dents et, sous le regard d’Antonia qui se tient à la porte, enfile des bottes simples. Il s’agit de l’une des paires de chaussures neuves sans talons qui m’ont été livrées la veille. Elles font partie de toutes ces choses qui m’embrouillent l’esprit au sujet de Santiago. Dans un même souffle, il m’assure vouloir ma mort. Dans ses yeux, j’aperçois parfois la haine qu’il ressent envers moi. Et puis, ensuite, il m’achète des chaussures pour que je ne me brise pas le cou, juste après que je l’ai mis au courant de mon trouble vestibulaire.

Je secoue la tête.

Non. Il ne fait rien de tout cela pour moi. Il veut simplement me tourmenter. Peut-être le fait-il uniquement pour s’assurer qu’il sera bel et bien celui qui me tuera. Si je faisais une chute accidentelle et mortelle, je lui ôterais ce plaisir.

— Prête ? me demande Antonia en s’écartant et en indiquant le couloir.

Je souris et hoche la tête, me sentant totalement ridicule. Cela ne fait que trois jours, et j’agis déjà comme si j’avais été emprisonnée pendant des années et que venait enfin le jour de ma libération. Je la suis dans le couloir en prenant note de tous les détails que je remarque : des murs sombres, des tapis épais, des escaliers sinueux…

— Quel âge à la maison ? me renseigné-je.

— Le manoir date de plusieurs siècles. Il a été construit par le premier De La Rosa à s’être établi à La Nouvelle-Orléans. Cette famille est originaire d’Espagne, le saviez-vous ?

Je secoue la tête en observant les portraits, accrochés aux murs, devant lesquels nous passons pour atteindre le haut des escaliers.

— Sa mère est retournée à Barcelone il y a quatre ans, continue-t-elle.

Je me tourne dans sa direction.

— La mère de Santiago ?

Mon regard se pose sur le bas des escaliers. Je m’accroche à la rampe en sentant un vertige me gagner et m’assois rapidement sur une marche.

— Ivy ?

Je ferme les yeux quelques secondes, les rouvre et tâche de me concentrer sur le visage bienveillant d’Antonia.

— Je vais bien, la rassuré-je. Je n’ai pas pu faire d’exercice ces derniers temps. C’est juste un peu plus compliqué à gérer dans ces cas-là. Et les escaliers… quand je regarde en bas…

— Ce n’était peut-être pas une bonne idée. Vous devriez peut-être retourner vous allonger.

Je secoue la tête et me relève en sentant une bouffée de chaleur m’envahir et la sueur se répandre partout sur mon corps. Je ne suis pas tout à fait stable sur mes jambes. C’est toujours le cas après un de ces épisodes. Pourtant, je ne souhaite absolument pas retourner dans ma chambre.

— Je vais très bien. Vraiment, répété-je en souriant le plus largement possible.

Ce n’est pas vraiment un mensonge. Ces épisodes ne durent pas éternellement. Il faut simplement que j’évite d’être en haut des marches lorsqu’ils surviennent. Antonia m’étudie pendant un long moment, et certainement renonce-t-elle à me faire entendre raison, puisqu’elle finit par hocher la tête. Nous continuons donc à descendre les escaliers.

— Vous avez dit que la mère de Santiago est partie il y a quatre ans ? Juste après l’accident, je suppose ? la relancé-je.

Nous atteignons le palier du premier étage et je lève la tête pour regarder autour de moi. Les plafonds voûtés créent un effet dramatique, accentué par le mobilier sombre et les fenêtres en fer. Plusieurs couloirs partent dans des directions différentes et, tout droit, j’aperçois la fenêtre à laquelle j’ai aperçu une femme l’autre nuit.

— Oui, depuis l’accident, me confirme-t-elle.

Cependant, la façon dont elle met l’accent sur le mot « accident » me pousse à me demander ce qu’elle pense à ce sujet. Estime-t-elle que ce qui s’est passé n’en était pas un ?

— Si vous voulez mon avis, je pense que cette explosion l’a tuée, elle aussi, poursuit-elle. Elle est décédée peu de temps après son retour à Barcelone. Je ne doute pas que ce soit le chagrin qui l’ait emportée. Que Dieu bénisse cette pauvre femme.

Selon les rapports officiels, une fuite de gaz était à l’origine de l’explosion.

— En une seule nuit, elle a perdu son mari et l’un de ses fils. Quant au fils qui lui restait… il était différent après ce qui s’est passé.

— Vous voulez parler de son apparence ?

Sa mère l’a-t-elle abandonné à cause de ses cicatrices ?

— Non. Certes, ses cicatrices étaient terribles, mais je parle plutôt de ce que ça lui a fait à l’intérieur. Elle a essayé, sa mère, mais c’était trop dur. Vous voyez…

— Est-ce que vous parlez de mon frère ? nous interrompt une voix.

En sursautant, nous faisons toutes deux volte-face vers Mercedes qui vient d’émerger de l’un des couloirs sombres. Elle est magnifique, exactement comme la dernière fois que je l’ai vue. Vêtue d’une robe rouge moulante qui met en valeur sa peau olive, ses cheveux noirs et ses yeux sombres, elle s’approche de nous. Son maquillage est impeccable. Elle porte également des talons hauts qui seraient plus appropriés pour une soirée, et plus de bijoux que ma mère, mes sœurs et moi réunies n’en avons jamais possédé.

— Je ne pense pas que Santi aimerait savoir que son épouse fait des commérages avec le personnel.

Son regard passe de moi à Antonia. Cette dernière baisse les yeux et se tord les mains.

— Je ne me souviens pas qu’il t’ait autorisée à la laisser sortir, Antonia.

— J’ai la permission de sortir de ma chambre aujourd’hui, interviens-je afin de ne pas laisser ma femme de chambre se faire remonter les bretelles.

Je n’aime guère le ton qu’elle emploie à son égard. Et je déteste la phrase que je viens de prononcer. Elle me donne l’air d’une enfant.

— Vraiment ? Il vous en a donné la permission ? sourit-elle, un sourcil haussé.

Mon sang commence à bouillir dans mes veines.

— Il n’y avait aucune raison de la garder enfermée dans cette pièce, ajoute Antonia.

Ses mots me poussent à me demander si elle ressent ma colère envers ma belle-sœur et tente de calmer le jeu entre nous.

— Mais ce n’est pas à vous d’en décider, pas vrai ? cingle Mercedes.

— Ni à vous, Madame. Votre frère m’a clairement demandé de m’occuper convenablement de sa femme.

Mercedes me jette un regard noir.

— Hum. Vraiment ? Eh bien, je vais prendre le relais désormais, Antonia. Vous pouvez retourner à votre cuisine.

— Oui, madame, acquiesce Antonia à contrecœur.

Je suis gênée d’avoir mis la vieille femme dans une telle situation. Elle me lance un regard reconnaissant avant de disparaître dans l’un des couloirs, certainement pour retourner dans sa cuisine.

— Nous ne faisions pas de commérages, déclaré-je, ne voulant pas attirer d’ennuis à Antonia.

— Non, j’en suis certaine. Est-ce que c’est ce que vous comptez porter aujourd’hui ?

J’observe mon pull bleu pâle en cachemire et mon jean. Mercedes est une brute et une peste. Elle me rappelle Maria Chambers. Son rang dans la Société et sa richesse lui montent à la tête. Probablement n’a-t-elle jamais appris à faire la distinction entre le bien et le mal. Et pire encore, on ne lui a très certainement jamais dit non.

— Oui. C’est votre frère qui me les a achetés. Nous allons à l’hôpital, pas à un défilé de mode. Et vous, est-ce que c’est ce que vous comptez porter ?

Le dégoût lui fait serrer les dents et elle passe devant moi sans un mot. Je la suis dans ce que je suppose être le salon formel du manoir, qui est éclairé par les rayons du soleil qui traversent d’énormes fenêtres en forme de roses. Ses talons cliquettent rapidement tandis qu’elle le traverse. Pour ma part, je m’arrête au milieu de la pièce et lève la tête pour observer le plafond.

— Vous venez ? s’impatiente Mercedes.

Je détourne mon regard de la fresque que j’admirais.

— C’est magnifique, commenté-je.

Elle lève les yeux à son tour, hausse les épaules et fronce les sourcils.

— Vous savez, j’ai des choses à faire en dehors de vous servir de babysitter.

— Je peux très bien me débrouiller par moi-même, et j’en serais même ravie.

— Vous et moi subirions la colère de Santiago en agissant ainsi. Maintenant, venez.

Elle tourne les talons et s’éloigne. Je lui emboîte rapidement le pas et la suis à travers la maison jusqu’à la porte d’entrée. Devant le perron, un homme nous attend près d’une Rolls-Royce dont le moteur est déjà allumé. Je le reconnais. C’est James. Quand il m’a accompagnée jusqu’à la chambre de mon père au sein de l’hôpital, je pensais qu’il travaillait pour Abel, mais je suppose que Santiago me surveillait déjà ce jour-là. C’est logique, en un sens.

Il nous ouvre la portière. Je grimpe sur la banquette arrière à côté de Mercedes, puis observe comme une enfant par la fenêtre l’imposante silhouette de la maison et les jardins qui semblent s’étendre sur des kilomètres.

— Est-ce qu’il s’agit d’un labyrinthe ? questionné-je en désignant les hautes haies que je viens d’apercevoir au loin.

— Oui.

Lorsque nous atteignons enfin le portail en fer qui s’ouvre pour nous, je tends le cou pour regarder la maison jusqu’à ce que je ne puisse plus distinguer qu’une seule des deux flèches à son sommet.

Je me souviens de la route que nous avons parcourue le soir de notre nuit de noces. Je sais donc que le manoir n’est pas très éloigné du centre-ville. Mais il est niché au milieu d’un vaste terrain. Soudain, à cette constatation, la pièce dans laquelle j’étais enfermée me semble encore plus sombre qu’elle ne l’était quand j’y étais encore.

Lorsque je me retourne à nouveau, je trouve Mercedes en train de m’étudier. Ses yeux sombres et durs me scrutent avec curiosité. Pas comme si elle était intéressée par l’idée de découvrir qui je suis, mais plutôt comme si elle cherchait à établir une liste de mes faiblesses pour pouvoir ensuite les exploiter. Je suis parfaitement consciente de l’apparence que j’affiche à côté d’elle. Je dois ressembler à une petite fille qui tâche de bien se comporter devant ses parents.

Je me racle la gorge et tourne mon regard vers la vitre. D’après mes calculs, il nous faudra environ une demi-heure pour nous rendre à l’hôpital. Je m’imaginais un trajet gênant, mais Mercedes s’empare immédiatement de son téléphone et m’ignore complètement tout du long.

Lorsque nous arrivons, je suis en train de regarder discrètement Mercedes. Elle parle à quelqu’un au téléphone tout en étudiant ses ongles manucurés. James gare la voiture sur une place de parking, s’extirpe du siège conducteur et fait le tour du véhicule pour m’ouvrir la portière.

— Vous avez quinze minutes, m’informe Mercedes juste au moment où je m’apprête à sortir.

— Quoi ?

— Je ne viens pas avec vous. C’est trop déprimant.

— Quinze minutes ?

— Nous avons beaucoup à faire. Mon frère m’a chargée de vous préparer afin que vous soyez prête à évoluer en plein cœur de la Société le plus rapidement possible. Autant vous dire tout de suite que nous allons avoir du pain sur la planche, souligne-t-elle avec un dédain évident tandis que son regard me balaie ouvertement de haut en bas.

— Êtes-vous sérieuse ?

Elle sourit et fait semblant de consulter sa fine montre-bracelet en diamant.

— Vous feriez mieux de vous dépêcher.