Sous les étoiles filantes du ciel, pierres parsemées de ma couronne, j'allais, royalement timbré, les pieds sublimement glissants sur les trottoirs de l'exil, j'allais, avec une élégance androgyne et un peu folle. Mort aux juifs. J'exorcisai le mur par des haussements de sourcils, par des gestes mécaniques et solennels. Vie aux chrétiens, répondis-je à la mauvaise inscription, et je regardai le ciel où les yeux de mes anciens morts scintillaient et m'approuvaient. Oui, les chrétiens étaient mes enfants, mes chauds moineaux pépiants que je tenais dans mes bras, que je serrais contre moi grave de paternité, et je leur promettais qu'ils deviendraient gentils et que je m'en chargeais. Mort aux juifs. Je souris au mur, j'essayai de le calmer, je lui fis des gestes conciliants, je lui fis signe de prendre patience. Sale juif, hurlèrent des foules, et je les bénis. Sacerdotalement, de la main écartée en deux rayons, je bénissais mes chers méchants, et sur ma face en douleur et sourire je sentais couler, en bave longue, les outrages et la haine de mes fils, les hommes.