Souhaitant se démarquer de la masse des automobilistes, les premières voitures de Jacques Duval sont plutôt surprenantes. Il achète sa toute première auto en 1954, une Morris Oxford qui avait encore des tiges qui sortaient à gauche ou à droite pour indiquer sa direction! Suivront une Willys Aero puis sa première voiture neuve, une Ford Mainline 1955 bleu poudre rapidement remplacée par une Buick Special. Sur un coup de tête, il s’offre ensuite une voiture allemande totalement inconnue: une Borgward Isabella 1958. Un achat qu’il va amèrement regretter: «N’était-il pas insensé de payer le prix fort (4 000 $) pour une voiture inconnue chez nous, dont la valeur de revente serait minime et qui n’était vendue que par une poignée de concessionnaires ne possédant ni les pièces, ni l’équipement, ni le personnel pour les entretenir? On a du mal à imaginer que le type qui affichait un tel manque de réflexion dans le choix de ses voitures personnelles ait pu devenir le conseiller automobile de milliers de Québécois. Mais, comme on dit souvent, on apprend de ses erreurs, et c’est ce qui m’est arrivé», précise-t-il dans son autobiographie. Alors qu’il qualifie lui-même sa conduite de peu sûre à ses débuts, son ami Alain Stanké, journaliste, écrivain et éditeur lui donne quelques cours de conduite. Un peu plus tard, Jacques Duval a la piqûre de la course en assistant à une épreuve sur le circuit de St-Eugène. S’essayant d’abord au rallye, à la course de côte et aux courses sur glace avec l’Austin 850 de sa femme, puis des Renault 8 et Dauphine 1093 commanditées par CKVL, il se dirige finalement vers le circuit. Souhaitant s’offrir une auto sport, il opte pour une Alfa Romeo Giulietta Sprint Veloce 1960. C’est d’ailleurs au volant de celle-ci qu’il prend sa première leçon de pilotage, avec l’espoir Peter Ryan. Mais dès ses premiers tours de roue, il constate qu’elle n’a pas les qualités nécessaires pour être rapide sur circuit. «Mon Alfa de route n’était pas du tout adaptée au pilotage sportif, notamment en raison d’une suspension beaucoup trop souple. Le roulis dans les virages était effroyable» (voir photo page 119).

L’occasion manquée en Formule 1

Jacques Duval en a peu parlé, mais il aurait pu participer à une course de Formule 1! En effet, alors qu’il roule assidûment avec ses Porsche sur les circuits canadiens, il reçoit une offre pour participer au Grand Prix du Canada 1968, dans son jardin de Mont-Tremblant. S’il accepte de payer la somme de 3 000 $ (26 000 $ aujourd’hui), il peut piloter la voiture de réserve de l’écurie Lotus et faire équipe avec Graham Hill et Jackie Oliver. Craignant de se rendre ridicule au volant d’une voiture qu’il ne connaît pas et face à des pilotes de très haut niveau, il refuse. Un choix qui lui vaudra quelques remords par la suite: «J’ai souvent regretté de ne pas avoir mis l’opinion publique de côté et d’accepter de courir au moins un Grand Prix dans ma carrière», explique-t-il dans son autobiographie. C’est finalement Bill Brack qui héritera de ce volant… et qui abandonnera à cause d’un bris de transmission.