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Avec ses arrangements Art déco et un menu qui proposait diverses spécialités de la région Nord-Ouest, le restaurant Zelda’s était un endroit couru lorsque les amateurs de sports d’hiver étaient en ville, et les habitants d’Icicle Falls ne pouvaient alors y entrer sans avoir réservé. Mais ce soir-là, il n’y avait pas besoin de réservation : c’était un jour de semaine et les touristes n’avaient pas été très nombreux, à cause des faibles chutes de neige. Ce qui, couplé à la neige glacée qui tombait dehors, laissait le restaurant plus qu’à moitié vide : on ne comptait que quelques familles, et deux ou trois couples profitant du coupon que Charley avait fait paraître dans le Mountain Sun du dimanche.

Les arômes d’épices et de bœuf poêlé accueillirent Samantha lorsque sa mère et elle franchirent la porte. Le grésillement de la viande en train de cuire qui parvenait par la porte ouverte de la cuisine, où le nouveau chef de Charley s’affairait à créer des chefs-d’œuvre culinaires, servait de toile de fond sonore aux éclats de rire de trois femmes qui avaient décidé de commencer la soirée par un apéritif bien arrosé. Plus tard dans la soirée, elles se dirigeraient vers le bar pour retrouver des hommes du coin mais, pour le moment, elles profitaient d’un délicieux martini-myrtille façon Zelda’s accompagné de tartelettes aux crevettes. A travers la fenêtre, Samantha aperçut encore Luke, leur directeur de la production. Il était attablé avec sa petite fille de quatre ans, Serena, qui finissait sa glace nappée de caramel chaud. Il salua Samantha d’un sourire accompagné d’un geste de la main.

Luke était un père célibataire, mais pas par choix. Sa femme était morte dans des circonstances tragiques deux ans auparavant, percutée par une voiture alors qu’elle faisait son jogging. C’était un homme adorable qui travaillait dur, l’un des nombreux employés dont l’existence dépendait de Sweet Dreams. Samantha lui fit signe à son tour, tâchant d’ignorer le poids de sa responsabilité, qui venait brusquement de lui couper l’appétit.

Les trois jeunes femmes attablées éclatèrent de rire ensemble, et Muriel fronça les sourcils.

— Je n’aurais pas dû te laisser me convaincre de venir, Samantha.

— Elles seront vite parties…, assura Samantha.

— Ce n’est pas elles, c’est moi. Je ne suis pas prête pour voir des gens, chérie. Tu vas rester avec ces messieurs. Je peux rentrer à pied.

Elle fit volte-face pour repartir, mais Samantha l’implora du regard en posant la main sur son bras.

— Maman, je t’en prie… Il n’y en a que pour une heure. J’ai vraiment besoin de ton aide.

Et elle avait besoin que sa mère fasse les yeux doux à Del pour que celui-ci accepte de soutenir le festival. Elle était en train de vendre sa propre mère… Elle était pathétique, ni plus ni moins.

Elle aperçut alors Ed, installé à une table en coin, qui lui faisait signe. Del, assis près de lui, semblait très excité.

— Et puis, ils nous ont vues, ajouta-t-elle. Ce serait mal élevé de partir.

Jouer la carte de la politesse fonctionnait toujours, avec sa mère.

Comme prévu, Muriel se résigna à son destin en soupirant.

— Très bien. Mais je ne veux pas rester ici toute la nuit.

Charley, remplaçant la serveuse qui s’était montrée si accueillante envers son ex-mari, les accueillit en leur tendant les menus.

— Ed et Del sont déjà là. Je vous ai installés à une belle table dans un coin où vous pourrez parler.

Elle ajouta à l’attention de Muriel :

— Ça fait plaisir de vous voir, madame Wittman.

Muriel parvint à sourire et la remercia en murmurant, puis Charley les conduisit à leur table.

Les deux hommes se levèrent poliment à leur approche. A côté d’Ed, qui était grand, mince et avait toujours ses cheveux, Del, avec sa bedaine et son crâne dégarni, n’avait pas vraiment fière allure, en dépit de son costume noir, de sa chemise immaculée et de la cravate couleur lavande destinée à plaire aux dames.

Ed prit les deux mains de Muriel dans les siennes.

— Je suis heureux que vous soyez venue.

Del alla encore plus loin : il saisit la main de Muriel et la porta à ses lèvres en lançant :

— Vous êtes très belle, ce soir, Muriel.

C’était la pure vérité : sa mère avait revêtu une robe noire toute simple et ne portait pas d’autre maquillage qu’un peu de mascara et d’eye-liner (même sur son lit de mort, elle n’y aurait jamais renoncé), mais la pâleur de son visage lui donnait un air très vulnérable.

Le sourire poli de Muriel disparut. Elle murmura, en dégageant sa main :

— Merci.

Ils prirent place et Del gratifia Muriel d’un large sourire.

— Que diriez-vous d’un remontant, après ce froid ? lui demanda-t-il.

A en juger par le verre quasiment vide qui se trouvait devant lui, Del avait largement combattu le froid.

— J’aimerais bien un thé, répondit Muriel.

— Je pensais à quelque chose d’un peu plus fort… Un verre de vin blanc, peut-être ?

Muriel refusa d’un signe de tête, et Del parut déçu.

A ce moment-là, Maria s’approcha de leur table, prête à prendre la commande.

Del demanda alors à Ed :

— On ferait mieux de prendre une bouteille, vous ne croyez pas ?

— Absolument, approuva Ed.

Samantha espérait qu’il paierait les boissons…

Lorsque le vin fut arrivé et qu’ils eurent choisi leur plat — des steaks pour les hommes, du poulet sauce framboise et des pommes de terre sautées pour elle, une petite salade pour Muriel —, Samantha aborda sans plus tarder le sujet du festival.

Mais Del but une gorgée de vin et secoua la tête.

— Nous avons tout le temps de parler de ça. Mais tout d’abord, laissez-moi simplement vous dire, Muriel, que si vous avez besoin de quoi que ce soit, j’espère que vous savez que vous n’avez qu’à demander.

— Merci, Del, répondit Muriel. J’apprécie beaucoup.

Samantha pensa que le moment aurait été idéal pour que sa mère dise quelque chose comme : « J’ai besoin que vous souteniez le festival que nous organisons. » Mais celle-ci se contenta de prendre la petite théière que Maria lui avait apportée et versa le thé dans sa tasse.

Samantha se retint de tambouriner des doigts sur la table. Elle jeta un coup d’œil à Ed : ce dernier était très absorbé par la dégustation de son vin et ne semblait pas pressé d’en venir aux affaires. Et c’est exactement ce qu’il faut faire, se raisonna-t-elle. Ne jamais se précipiter pour parler d’un sujet qui nous tient à cœur. Toujours laisser à l’autre le temps de se détendre et de se concentrer. En fait, Del était déjà détendu. Et Ed aussi. Il n’y avait qu’elle à être stressée.

Del se versait son troisième verre de vin lorsque les plats arrivèrent. C’était maintenant le moment de lancer le sujet du festival. Samantha but une gorgée puis se jeta à l’eau :

— Je suis heureuse que vous vous soyez joint à nous ce soir, Del.

— Et moi, je suis content de passer la soirée avec mon vieux copain Ed, ici présent, et deux des plus charmantes femmes de la ville.

Del avait prononcé cette dernière phrase en adressant à Muriel un sourire rayonnant.

— Nous sommes très enthousiastes à l’idée de partager les idées que la chambre a eues pour faire venir davantage de visiteurs en ville, reprit Samantha.

Del but une autre gorgée de vin.

— Et si nous dégustions nos plats, plutôt ? Nous pourrons parler affaires un peu plus tard.

Après combien d’autres verres de vin ? Samantha lança un regard qui en disait long à Ed, mais celui-ci se contenta de hausser les épaules et se pencha sur son steak.

Elle soupira intérieurement, tout en se répétant que flatter quelqu’un prenait un peu de temps. Et Del risquait de leur en demander beaucoup.

A mesure que la soirée traînait en longueur et que coulait le vin, les anecdotes de parties de pêche de Del devinrent de plus en plus difficiles à supporter, et son rire de plus en plus grossier.

— Ah, rien ne vaut d’être au cœur de la nature ! Quand on est au milieu de la rivière, on oublie le reste du monde. Et quand un homme se trouve dans un tel endroit avec une belle femme, c’est comme être au paradis.

La main de Del disparut sous la table, et Muriel se déplaça brusquement sur sa chaise. Oh, oh…

Samantha tenta désespérément de le distraire :

— Eh bien, toute notre région est un petit morceau de paradis.

Elle reprit après une courte pause :

— Et cela en fait l’endroit idéal où organiser un festival.

De toute évidence, Del avait des projets plus intéressants, comme caresser la jambe de Muriel. Cette fois, il manifesta franchement son ennui.

Quant à sa mère, elle était devenue glaciale. Elle se tourna vers Samantha et déclara :

— Je ne me sens pas bien. Si tu ne m’en veux pas, je vais prendre la voiture et rentrer à la maison.

Del, qui espérait certainement un flirt, proposa :

— Je serais heureux de vous raccompagner.

— Moi, je pense que vous ne devriez pas conduire, rétorqua Muriel. Ed, ça vous dérangerait de ramener Samantha ? Et Del ?

— Pas du tout, Muriel.

— Je vais te ramener, maman, intervint Samantha.

C’était le moins qu’elle pût faire. Quelle pitoyable idée elle avait eue !

Sa mère avait conservé une attitude parfaitement courtoise, mais Samantha pouvait sentir les ondes d’irritation qui irradiaient d’elle.

— Non, ma chérie, reste là et amuse-toi bien.

Cela ne risquait pas d’arriver. Il n’y avait rien d’amusant à être assise à cette table, et Samantha soupçonnait que les choses allaient encore empirer.

Elle n’avait pas tort : une fois sa mère partie, Del ne montra plus d’intérêt que pour la deuxième bouteille qu’Ed avait commandée. Et lorsque Samantha tenta de rattraper la situation en revenant au festival, elle n’obtint qu’une seule réponse :

— J’aurais préféré que vous m’en parliez avant. Je ne vois pas comment vous pourriez vous en sortir.

C’est alors que Maria s’approcha de leur table pour leur demander s’ils prendraient des desserts.

Ils avaient dépensé bien assez d’argent, à abreuver Del.

— Non, nous allons prendre l’addition, répondit résolument Samantha.

Par chance, Ed insista pour prendre la note.

Plus tard, lorsqu’ils eurent fait entrer Del, bien éméché, dans la voiture d’Ed, Samantha murmura :

— J’ai bien peur que nous n’ayons gaspillé notre argent.

— Rien n’est jamais perdu, Samantha, lui répondit Ed. Vous êtes certaine que je ne peux pas vous déposer ?

Elle secoua la tête.

— Je préfère marcher. Et puis, j’ai l’impression que j’ai passé assez de temps comme ça avec notre bon maire.

Ed sourit.

— Del n’est pas un mauvais bougre. Mais il ne tient pas l’alcool. Ça ne date pas d’hier. Ne vous inquiétez pas. Je rediscuterai avec lui quand il ne sera plus ivre. Il changera d’avis.

Elle l’espérait de tout son cœur : le soutien de Del était indispensable. Et elle n’aurait peut-être plus celui de sa mère. Elle resserra son manteau et se mit en marche vers la maison familiale, se préparant à une réprimande bien méritée.

Quand Samantha entra, elle trouva Muriel assise dans son fauteuil de cuir beige, une tasse de thé à la main, regardant la télévision d’un air maussade. Sa mère leva les yeux à son arrivée mais ne lui sourit pas. Ce n’était pas bon signe.

— Comment te sens-tu ? hasarda Samantha.

Sa mère leva un sourcil.

Samantha connaissait bien cette expression : elle l’avait apprise quand elle était toute petite. Cela n’augurait rien de bon pour leur conversation. Elle se mordit la lèvre et s’assit sur le bord du sofa.

— Je suis désolée pour ce soir… Je n’aurais jamais imaginé que Del se comporterait de cette manière.

— Il se conduit toujours comme ça quand il a trop bu, et il boit toujours trop.

— Maman, je suis vraiment désolée. Je pensais…

Mais sa mère l’interrompit :

— Je sais parfaitement ce que tu pensais. Samantha, je comprends que nous devons sauver l’entreprise.

— Pas seulement elle. Toute la ville en profiterait.

Sa mère leva la main pour l’interrompre.

— Je me moque que toute la ville en profite. Je ne laisserai pas ma propre fille me vendre au premier venu.

— Maman ! protesta Samantha.

Il était déjà terrible qu’elle-même l’ait pensé, mais l’entendre confirmer par sa mère… Ses joues s’embrasèrent.

Muriel reposa sa tasse et lui lança un regard devant lequel celle-ci eut l’impression d’avoir de nouveau huit ans.

— Samantha Rose, je ferai tout ce que je peux pour t’aider dans les coulisses, mais je ne tolère pas ce genre d’idioties. Est-ce clair ?

Samantha se mordit de nouveau la lèvre et acquiesça.

Muriel inclina la tête à son tour.

— Bien. Maintenant, viens m’embrasser et rentre chez toi.

Samantha, qui avait compris la leçon, déposa un baiser sur la joue de sa mère, prit les clés de sa voiture et s’enfuit. Elle pleura durant tout le trajet jusqu’à son appartement, puis tenta d’oublier sa détresse en jouant à des jeux vidéo jusqu’à 2 heures du matin. Mais elle eut beau tuer des centaines de zombies, elle ne se sentit pas mieux.

Elle était encore en train de tuer des zombies dans son sommeil (ils ressemblaient tous à Del) lorsque son réveil sonna à 7 heures, le lendemain matin. Elle le coupa en grognant et se força à sortir du lit. Ceux qui gagnent n’abandonnent jamais, et ceux qui abandonnent ne gagnent jamais. Elle ne comptait pas abandonner.

Nibs était affamé, comme d’habitude. Elle lui donna à manger, puis lança son DVD favori de danse rythmique et commença ses exercices. Cela lui faisait toujours du bien de danser, et elle commençait à se sentir bien quand un coup violent contre le plancher de son salon, assené par Lila Ward, sa voisine grincheuse d’en dessous, lui fit comprendre qu’elle devait modérer son enthousiasme. Elle tapa du talon sur le sol deux fois de suite, pour indiquer à Lila qu’elle avait saisi le message, abandonna la danse et se mit à faire des abdominaux. Après quoi elle prit une douche rapide, avala des œufs brouillés et sortit de chez elle.

Une journée bien remplie l’attendait. Outre le formulaire à déposer à la mairie, elle devait écrire un courriel aux membres de son tout nouveau comité du festival, examiner le site que Jonathan était en train de concevoir et rencontrer Lizzy, sa comptable.

Plus tard, elle demanda à Lizzy, lorsque celle-ci l’eut rassurée en lui indiquant qu’elle et ses employés pourraient tenir encore un mois :

— Alors, quel budget pouvons-nous consacrer à la promotion ?

Lizzy considéra Samantha par-dessus ses lunettes roses à double foyer.

— Etes-vous sérieuse ?

Samantha s’affala alors dans son fauteuil et soupira.

— D’accord. Question idiote.

*  *  *

Blake Preston avait eu bien du mal à se sortir Samantha Sterling de la tête. Il se trouvait en face d’une femme qui venait d’hériter d’une affaire laissée au bord du chaos, qui aurait pu évaluer ses chances en quelques secondes et jeter l’éponge. Mais elle luttait toujours, elle se battait de toutes ses forces. Comment aurait-on pu ne pas admirer cette prouesse ? Et puis, outre le fait qu’elle était une battante, elle était une boîte à idées vivante. Si on lui laissait la moitié d’une chance, elle était capable de sauver son entreprise.

Il connaissait toutes les raisons pour lesquelles il ne pouvait faire une exception et lui laisser cette chance, mais s’il le faisait, cela ne faciliterait en rien les bonnes relations avec ses clients d’Icicle Falls. En plus, qu’allait bien faire Cascade Mutual d’une chocolaterie ?

Il posa la question à son directeur régional, Darren Short, tandis qu’ils dégustaient des escalopes panées chez Schwangau, le restaurant favori de Blake.

Darren se coupa un énorme morceau de viande et le fourra dans sa bouche.

— Ne vous inquiétez pas. Elle ne nous restera pas sur les bras.

Blake considéra Darren en fronçant les sourcils. De quinze ans plus âgé que Blake, Darren était à la fois son mentor et son champion. Mais à ce moment précis, Blake vit le menton amolli de Darren, et se dit qu’il avait affaire à un dégonflé.

— Et pour quelle raison ?

Darren avala une large rasade de bière pour faire passer sa bouchée d’escalope.

— Parce que nous avons un acquéreur intéressé pour racheter les actifs.

— Qui ? Qui diable pourrait bien vouloir ces actifs ?

— Madame C., à Seattle.

Blake repoussa son assiette. Son appétit avait disparu.

— Mais c’est leur concurrent.

— Les gros poissons mangent les petits, se contenta de répondre Darren en haussant les épaules.

— Et nous, nous les leur servons sur un plateau.

A ces mots, Darren reposa sa fourchette et son couteau.

— Blake, aurais-je fait une erreur en vous mutant dans votre ville natale ?

— Vous avez vu mon rapport. C’est à vous de me le dire.

Darren but encore quelques gorgées de bière, puis se pencha en arrière et observa Blake. Ils restèrent ainsi un moment, se fixant du regard, tandis que, derrière eux, d’autres personnes attablées entonnaient une vieille chanson à boire en allemand.

Darren fut le premier à détourner le regard. Il reprit ses couverts et se remit à couper sa viande.

— Vous faites un excellent travail. Je détesterais vous voir marcher dans les traces d’Arnie.

— Je n’en ai pas la moindre intention, déclara Blake.

Après une courte pause, il reprit :

— Mais je m’efforce de faire ce qui est le mieux pour la banque. La préservation des bonnes relations de proximité, par le soutien d’une entreprise locale, est un moyen raisonnable de rapporter des affaires.

— Nous n’avons pas besoin de ce genre d’affaires, qui nous coûtent énormément d’argent. Allons, Blake, vous êtes dans la finance depuis assez longtemps pour connaître le but du métier.

— Oui, et ce n’est certainement pas d’aider les gens, même si nous l’affirmons.

— Trevor Brown est un homme, lui aussi, et si Sweet Dreams coule, sa société profitera de leur faillite.

Blake plissa les yeux d’un air suspicieux.

— Donc, vous connaissez Brown…

Darren se coupa tranquillement un autre morceau de viande.

— Je connais beaucoup d’hommes d’affaires de Seattle. Ecoutez, Blake… Je ne suis pas en train de dire que je veux que cette entreprise fasse faillite. J’espère qu’ils s’en sortiront. Mais si ce n’était pas le cas, de toute façon, la banque ne s’en portera pas plus mal et cela fera plaisir à quelqu’un. Il y en a qui coulent, et il y en a qui montent. Et ça, mon garçon, ce sont les affaires.

Sur ces mots, il mit la viande dans sa bouche.

— Comme vous venez de le dire, de toute façon, la banque s’en sort bien, déclara Blake.

— Cela résume la situation. Et toutes les personnes qui travaillent dans notre filiale d’Icicle Falls auront toujours du travail le 1er mars, parce que vous faites ce qui doit être fait.

Darren leva son verre.

— A votre santé.

C’est ça, à votre santé.