1

Adossé au mur blanc dans le hall de l’hôpital régional d’Ísafjörður, Hrafn tient le combiné noir de la cabine téléphonique et tortille le fil gris acier, une pièce de cent couronnes à la main.

Fatigué, le ventre creux, les traits tirés, la joue tuméfiée, le regard vague et les yeux cernés, il porte un bandage à l’oreille qu’on vient de lui recoudre.

— Allô ?

Il tousse, cesse de tortiller le fil et insère la pièce dans la gouttière du téléphone.

— Þóra, c’est moi, Hrafn, dit-il à voix basse, face au mur. Alors, quoi de neuf ?

— Comment ça ? renvoie-t-elle, hésitante, pour ainsi dire méfiante.

— Comment ça, comment ça ? Soit il y a du nouveau, soit il n’y en a pas !

— Eh bien… Elle réfléchit quelques interminables secondes. Oui, il y a bien un petit truc.

— Ah bon ? Quoi donc ?

— J’ai essayé de t’appeler tout à l’heure, mais ton téléphone était éteint.

— Oui, je sais, je n’ai plus de batterie. C’est pour ça que je t’appelle d’une cabine. Allez, arrête de lambiner et crache-moi le morceau !

— Un incendie nous a été signalé hier soir vers vingt et une heures. Quand les pompiers sont arrivés sur les lieux, ils ont trouvé une voiture en feu. Une jeep de luxe américaine.

— Et ensuite ?

— Cette voiture était celle de Símon Örn Rekoja.

— Ah bon ? Et c’était vraiment…

— Símon ? Oui. Il est mort. Tu étais au courant ?

— Bien sûr que non. Il a eu un accident ?

— Non. Les premiers résultats de l’autopsie concluent à une perforation du poumon gauche. Il avait en outre une côte cassée et son cœur était pour ainsi dire en deux morceaux. Il semble qu’on l’ait poignardé avec un objet pointu. En d’autres termes, il s’agit d’un meurtre.

— Et avez-vous des…

— Des suspects ? Oui et non. Nous avons arrêté les frères SS ce matin. Plusieurs indices semblaient les impliquer dans cette affaire, mais nous avons dû les relâcher à la fin de l’interrogatoire.

— Ah bon ? répond Hrafn, histoire de meubler.

— Quelqu’un leur a mis une raclée, mais ils ont un alibi qui tient. Ils sont allés voir leur grand-mère à la maison de retraite Hrafnista hier soir vers dix-neuf heures trente et sont restés là-bas jusqu’au moment où ils sont allés au cinéma, à vingt-deux heures. Ils n’ont rien voulu nous dire de plus. Ils nous ont sorti un truc comme quoi ils ne causaient pas aux flics et tous ces clichés qui circulent dans la mafia.

— Je vois, répond Hrafn en remerciant le ciel de la bêtise des frères SS et de leur credo.

— Ils savent des choses, ils sont peut-être même mêlés à cette histoire, mais nous n’avons rien contre eux. En tout cas, pour l’instant. La Scientifique a trouvé des traces de pneus et de pas sur les lieux, ainsi que quelques gouttes de sang, mais tout cela est en cours et l’enquête n’en est qu’à son stade initial. Enfin, tu connais la routine.

— Bien sûr.

— Nous avons tenté de retrouver María, mais nous avons été informés qu’elle était également décédée. Elle a volé une voiture et s’est précipitée dans le port de Súðavík. Elle est morte dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital.

Hrafn hoche la tête, mais ne dit pas un mot.

— Je te présente toutes mes condoléances.

— Merci, soupire-t-il.

— C’est toi qui les as ramenés à la surface, elle et son bébé, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Bravo ! Tu es un vrai héros.

Hrafn ne répond rien.

— Apparemment, elle était en fuite.

— Oui.

— Ce n’est sans doute pas elle qui a tué son conjoint, sauf peut-être de manière indirecte. Mais elle aurait sans doute pu nous communiquer des informations capitales sur les dernières heures de Símon… enfin, hélas…

— Comme tu dis, hélas, toussote Hrafn.

— En tout cas, cette affaire ne met pas le service sens dessus dessous.

— Ah bon ?

— Non. Símon n’était pas un honnête citoyen, il n’a rien d’une malheureuse victime. La presse et les gens savent très bien de quoi il vivait et ce qu’il cachait. Il n’a ni famille, ni amis, ni collègues, ni groupe de soutien, ni personne pour compatir. Par conséquent, la Criminelle n’a aucune raison de se décarcasser, tu me suis ?

— Oui, enfin, je comprends, répond Hrafn, soulagé. En outre, bon nombre de ses ennemis sont spécialistes pour fermer leur gueule devant la police et les fouineurs de tout poil.

— Hrafn, dis-moi… ?

— Quoi ?

— Es-tu venu à Reykjavík hier ?

Il se tait, sent sa gorge se serrer et un frisson lui remonter le dos. L’épaule appuyée au mur, il regarde à travers la double porte vitrée le grand parking enneigé peu à peu envahi par la nuit.

— Ce n’est pas le fruit du hasard si c’est justement toi qui étais au bon endroit au bon moment lorsque María a plongé dans la mer avec cette voiture, non ?

Une jeep de police entre sur le parking et se gare devant l’entrée.

— Bon, Þóra, je dois y aller. Le brigadier-chef arrive pour me chercher. Je dois faire ma déposition sur ce qui est arrivé à María.

— Hrafn ?

On entend un bip dans le combiné, le crédit de cent couronnes est bientôt épuisé. Il soupire.

— Oui ?

Un second bip se fait entendre.

— Tu n’as rien à me confier ?

— Non, ma chère Þóra, je n’ai rien de précis à te confier.

— Je comprends. La vérité n’est pas toujours bonne à dire.

— Merci beaucoup, murmure-t-il, des sanglots dans la voix.

À peine a-t-il lâché ces mots que la communication est coupée.

Il raccroche et traverse le hall en boitant jusqu’à la porte de sortie.

2

Une heure et demie plus tard, Hrafn quitte les locaux du commissariat d’Ísafjörður. Il se dirige vers la Subaru blanche dont le moteur tourne au ralenti, de l’autre côté de la rue.

— Mon Dieu, tu m’as fait une de ces peurs ! s’exclame Bíbí en portant sa main à sa poitrine.

Assise au volant, elle dévisage son compagnon comme si elle voyait un fantôme.

— Pardon, s’excuse Hrafn.

Il recule le siège jusqu’au dernier cran, l’incline, s’installe, puis claque la portière.

— Tu as une mine à faire peur.

Bíbí s’apprête à lui caresser la joue, mais il tourne la tête et se dérobe.

Elle laisse sa main retomber.

— Je ne voulais pas te faire de mal, observe-t-elle, vexée.

— Je sais, soupire-t-il. Pardonne-moi, je ne suis pas encore bien remis de la journée d’hier. Épuisement, hypothermie et tout le reste. Mais ça va aller, j’aurai bientôt récupéré.

— Je comprends.

Assis côte à côte, silencieux, ils regardent droit devant eux pendant un long moment.

Il fait nuit, une brume glaciale monte de la mer.

Bíbí porte un manteau noir en laine, un pull-over à col roulé, un pantalon noir et des bottes noires. Ses cheveux noir corbeau sont coiffés avec une mèche sur le côté et une autre relevée, son vernis à ongles bordeaux est assorti à son rouge à lèvres. Sa tenue est impeccable. Elle est comme toujours habillée et maquillée avec goût, mais autour de ses yeux gris, rougis par les larmes, on distingue de profondes rides d’inquiétude et son regard est empli de doute, de tristesse et de colère.

— Que s’est-il passé exactement hier ?

— Je me promenais à pied après minuit et j’ai vu une voiture plonger dans le port. J’ai appelé la centrale d’urgences et je me suis jeté à l’eau. J’ai réussi à sortir la conductrice de l’habitacle et à la ramener sur la jetée. Mais il était trop tard et elle est morte.

— C’était María Pétursdóttir, n’est-ce pas ?

Il hoche la tête et renifle, les yeux emplis de larmes.

— Mes condoléances.

Le regard qu’elle lui adresse est sincère et plein de compassion, mais on décèle dans sa voix un soupçon d’amertume, voire de sarcasme.

— Merci, répond-il sèchement.

— Hrafn, ton histoire ne tient pas debout !

Il la regarde dans les yeux, impassible.

— Je te répète ce que je viens de dire à la police, ma petite Bíbí. C’est dans ma déposition. C’est la seule vérité qui soit disponible. Celle-là et aucune autre.

— Tu étais soûl ?

Il secoue la tête.

— Et la voiture ? La voiture de collection de Biggi ? Celle qui t’appartenait autrefois ?

— Comment ça, la voiture ?

— Des gens t’ont vu la conduire. Tu as fait le plein hier midi et on l’a retrouvée écrasée contre les roches des brise-lames. Tu l’as prise pour aller à Reykjavík, n’est-ce pas ?

— Premièrement, personne n’a porté plainte pour le vol de cette voiture, ensuite, il n’y aura aucun témoin. Je peux t’assurer que les gens de Súðavík seront de mon côté, tous autant qu’ils sont.

Bíbí roule des yeux et lève les bras au ciel.

— Enfin, Hrafn !

— Oui, je sais, soupire-t-il. J’irai voir Biggi et je m’arrangerai avec lui. Mais en ce qui concerne mon prétendu voyage à Reykjavík, c’est une affaire qui ne regarde que moi. D’accord ?

Elle hoche la tête, plus pour avoir la paix que par conviction.

Il tend son bras vers elle et lui pose sa main sur la cuisse avec une extrême douceur.

— Je veux que tu le saches, ma Bíbí : il n’y avait rien entre moi et María. Absolument rien. J’ai toujours eu beaucoup de tendresse pour elle, mais elle n’éprouvait rien pour moi. C’était une personne brisée, elle allait très mal. Elle est morte cette nuit, mais en réalité, cela fait seize ans qu’elle a quitté le monde des vivants. Elle ne s’est jamais remise de la mort de son père.

— Merci, Hrafn, répond-elle, les larmes aux yeux, et en serrant dans sa main les doigts puissants de son compagnon. Merci de me dire ça. Merci… Merci beaucoup.

— Je t’en prie, dit-il en esquissant un sourire un peu gêné.

Bíbí essuie la larme au coin de son œil.

— Bon, si on rentrait ? J’ai mis un gigot d’agneau au four avant de partir. Tu dois être mort de faim, non ?

— C’est sûr, mais il faut d’abord qu’on passe à l’hôpital.

— Ah bon ? Pourquoi ? s’inquiète-t-elle, un œil dans son rétroviseur tandis qu’elle quitte la place de parking. Ils m’ont pourtant dit que tu étais en état de rentrer chez toi.

— C’est vrai. Mais je voulais te montrer un petit truc.

— Maintenant ? Ça ne peut pas attendre ?

— Si, ça pourrait attendre, mais j’ai envie de le faire tout de suite. On n’en a pas pour longtemps, c’est promis.

— D’accord.

3

Hrafn ouvre la porte de la maternité et fait passer Bíbí devant lui.

Le service aux murs couleur pastel est divisé en plusieurs zones : salle de travail, salon, office et pouponnière. C’est là que les futurs habitants des fjords de l’Ouest voient le jour, à raison de cinquante à soixante-dix par an.

Le piano en sourdine se mêle aux sanglots d’un nourrisson : dans le silence et l’atmosphère feutrée des lieux flotte un parfum de lait de toilette et de fleurs.

Bíbí se raidit et ouvre de grands yeux.

— Qu’est-ce qu’on fait ici ?

— Comme je viens de te le dire, je voulais te montrer un petit truc, répond Hrafn.

Elle secoue la tête, l’air buté.

— J’ai entendu dire que María était enceinte et que les médecins avaient réussi à sauver l’enfant, mais je n’ai aucune envie de voir ce petit. Ne le prends pas mal, mais je ne supporte pas de voir un nouveau-né. Et c’est comme ça depuis… Enfin, tu sais…

— Attends-moi ici, d’accord ? J’en ai pour une minute.

Hrafn traverse un couloir et franchit une porte à sa droite.

— Hrafn, s’il te plaît, ne…, s’écrie Bíbí.

Mais il a déjà disparu.

Quelques instants plus tard, il revient, accompagné d’une grosse femme âgée d’une soixantaine d’années, vêtue d’une combinaison jaune clair. Blonde, le visage maternel, des lunettes à montures rouges sur le nez, elle sourit à Bíbí et passe la main dans le dos de Hrafn tandis qu’elle s’avance avec lui jusqu’au fond du couloir.

— Hrafn ! siffle Bíbí.

Elle le fusille du regard. Il lui répond par un sourire et continue de marcher en lui faisant signe de le rejoindre.

— Je n’y crois pas, marmonne-t-elle, toute pâle.

— Ça ne nous prendra qu’un moment, lui murmure Hrafn.

Il s’approche du rideau bleu au centre du couloir et l’ouvre en grand.

Bíbí s’arrête à un mètre de la vitre que le rideau couvrait l’instant d’avant et déclare d’une voix tremblante :

— Tu as envie de me voir m’effondrer ? Tu sais à quel point c’est difficile pour moi ?

— Chut, commande-t-il en lui attrapant doucement le bras pour la faire approcher.

Ils regardent par la vitre de la pouponnière.

À l’intérieur, la sage-femme de service tient dans ses bras un bébé endormi enveloppé dans une couverture bleue. L’enfant grimace, son visage est fripé et on voit sur son crâne quelques mèches blondes. Il ferme les yeux, entrouvre la bouche et serre ses poings minuscules.

— Mon Dieu…, soupire Bíbí en regardant avec de grands yeux le petit garçon maigrelet, mais en parfaite santé.

Hrafn lui passe ses bras autour des épaules.

— La femme qui tient le bébé dans ses bras s’appelle Jórunn Gísladóttir. Elle était l’une des meilleures amies de ma mère et elle l’a presque remplacée pendant les mois qui ont suivi l’avalanche. C’est elle qui a mis au monde ce petit orphelin et elle veille constamment sur lui depuis qu’il est né.

— Il est orphelin ? s’étonne Bíbí sans quitter l’enfant des yeux.

— On connaît l’identité du père, mais à part Sólveig, la maman de María, ce petit n’a aucune famille.

— Le pauvre, soupire Bíbí.

Hrafn adresse un signe de tête à Jórunn qui marche vers la porte du fond et quitte la pièce avec l’enfant.

— Où l’emmène-t-elle ? s’inquiète Bíbí, au bord des larmes. Que va-t-il lui arriver ?

— Viens, on va s’asseoir un moment, suggère Hrafn.

— D’accord.

La tête penchée sur le bras de son compagnon, elle continue d’avancer avec lui dans le couloir. Ils dépassent le service des accouchées où une jeune mère assise dans son lit et enveloppée dans une épaisse couette donne le sein à son enfant. Puis ils entrent dans une salle d’attente plongée dans la pénombre.

— Qu’est-ce qu’on fait ici ? Qu’est-ce que tu manigances ?

Bíbí ôte son manteau, s’assoit sur l’un des sièges et se prend le visage à deux mains.

— Je sais que tu as vécu des choses difficiles, déclare Hrafn, assis face à elle. Et je sais aussi que je n’ai pas été à la hauteur. Je t’ai laissée te débattre seule face à tout ça et j’ai honte. Je ne peux pas réparer mes erreurs, ce qui est fait est fait, mais je refuse de vivre enfermé dans le passé, dans le deuil et dans les regrets. Je ne veux pas vivre dans le silence. Nous ne pouvons pas avoir d’enfant mais…

Les sanglots qui lui montent à la gorge l’interrompent.

— Mais quoi ?

Elle ôte ses mains de son visage et lève vers lui ses yeux baignés de larmes.

— Mais il y a quand même une possibilité, car nous pouvons avoir celui-là.

— Ah bon ?

À ce moment-là, Jórunn entre dans la salle d’attente avec l’enfant.

— C’est un adorable petit garçon, mais nous n’allons pas pouvoir le garder ici bien longtemps. Une maternité n’est pas un orphelinat. Nous devons lui trouver des parents adoptifs, un couple uni et bienveillant qui voudra bien de lui ou qui s’en occupera en attendant une autre solution.

— Mais… ? Bíbí se lève de son fauteuil, regarde le petit avant de dévisager Hrafn et la sage-femme. Mais María vivait à Reykjavík, non ?

— Ça ne change rien. Elle est décédée, l’enfant n’a pas de mère et il est né ici, à Ísafjörður.

— Qu’en dis-tu ? interroge Hrafn à mi-voix.

— Et les services de protection de l’enfance, alors ? Ils ont sans doute leur mot à dire, non ? s’emballe Bíbí. Ce n’est tout de même pas le rôle des maternités que de trouver des parents adoptifs ?

— Je suis présidente de l’association des femmes, de la chorale de l’église et du comité de protection de l’enfance de la ville d’Ísafjörður, répond Jórunn, tout sourire. Or le rôle du comité est de trouver un bon foyer pour ce malheureux petit. Vous pouvez le garder cette nuit et réfléchir. On vous donnera des couches, des vêtements propres, du lait en poudre et tout ce qu’il faut. Qu’en dites-vous ?

— Je ne sais pas, répond Bíbí. Je ne me suis jamais occupée d’enfants. Et si je ne l’aime pas ? Et s’il ne m’aime pas ? Et s’il y a un problème ? Si vous changez d’avis ? Peut-être que nous serons forcés de vous le rendre. Je ne le supporterais pas !

La sage-femme s’approche d’elle et lui tend le petit.

— Une chose à la fois, ma chère. Je comprends bien que tout ça vous effraie un peu. Essayez de le prendre dans vos bras pour commencer.

Bíbí secoue la tête.

— Non, je ne peux pas. Je ne veux pas.

— Ne craignez rien, calme Jórunn, d’un ton maternel. Il ne vous mordra pas. Et je le reprends tout de suite.

— C’est promis ?

— Je vous le promets, dit Jórunn en lui tendant le petit qui dort à poings fermés, mais pousse un gémissement quand il passe des bras de la sage-femme à ceux de Bíbí.

— Mon Dieu qu’il est petit !

La jeune femme tient l’enfant à distance de sa poitrine, comme si elle craignait de l’écraser. Elle le berce doucement sans le quitter des yeux.

Hrafn fait un signe à Jórunn, qui hoche la tête et s’éclipse discrètement.

— Regarde, il ouvre les yeux, murmure Bíbí en le serrant un peu plus contre elle.

Hrafn se poste derrière elle, lui pose les mains sur les épaules et l’embrasse tendrement sur la tête.

— La Providence nous a apporté un enfant. Il s’appelle Pétur et nous le ramenons chez nous.

La baie vitrée face à eux donne sur la langue de terre et sur les eaux tranquilles du fjord. Ils semblent être debout à l’étrave d’un grand navire.

Tous trois se reflètent sur la vitre, transparents comme des spectres ou des anges sortis d’un rêve.

Les gros flocons qui tombent du ciel enveloppent les voitures, les rues et les maisons d’un tapis épais moelleux.