CHAPITRE 62
Brenda regarda Thomas avec des yeux effrayés, le visage crispé de douleur tandis que l’homme la traînait sur le sol métallique du berg. En direction de la trappe et d’une mort assurée.
Quand il furent à mi-chemin, Thomas passa à l’action.
Il bondit et plaqua l’homme aux genoux ; le pistolet glissa devant lui. Brenda tomba sur le côté. Teresa la rattrapa et la tira en arrière loin de la porte. Thomas coinça son avant-bras gauche en travers de la gorge de l’homme et tâtonna avec l’autre main à la recherche du pistolet. Ses doigts le trouvèrent et le ramassèrent. Alors il s’écarta d’un bond, prit le pistolet des deux mains et le braqua sur l’inconnu allongé sur le dos.
— Plus personne ne va mourir, dit Thomas, le souffle court, encore sous le choc. Si vous estimez qu’on n’en a pas fait assez pour réussir vos foutus tests, tant pis. L’expérience est terminée.
Tout en disant ça, il se demanda s’il n’était pas supposé réagir ainsi. Peu importe, il pensait chaque mot qu’il avait prononcé. Ces meurtres et ces morts stupides devaient s’arrêter.
Un fin sourire adoucit le visage de l’inconnu ; il s’assit et recula sur les fesses jusqu’à la cloison. La grande trappe de la soute commença à se refermer dans un horrible grincement de charnières. Personne ne dit plus un mot jusqu’à ce qu’elle claque enfin, étouffant une dernière rafale de vent.
— Je m’appelle David, déclara l’homme d’une voix forte, dans le silence à peine troublé par le bruit des moteurs et des tuyères de l’engin. Tu as raison, c’est fini. Tout est fini.
Thomas acquiesça d’un air railleur.
— Oui, on a déjà entendu ça. Mais cette fois c’est la bonne. Pas question de rester les bras croisés et de continuer à jouer les rats de laboratoire. On en a marre.
David prit le temps de dévisager toutes les personnes présentes dans la soute, peut-être pour s’assurer que Thomas parlait au nom du groupe. Celui-ci n’osa pas le quitter du regard. Il avait besoin de croire que tous ses compagnons étaient derrière lui.
Finalement, David se retourna vers Thomas et se releva lentement, avec un geste conciliant. Une fois debout, il mit ses mains dans ses poches.
— Ce que vous ne comprenez pas, c’est que tout s’est déroulé exactement comme prévu, et que ça va continuer. Mais l’essentiel, c’est que les Épreuves sont terminées. On vous emmène dans un endroit sécurisé – un vrai refuge. Plus de tests, plus de mensonges, plus de coups fourrés. Plus de faux semblants.
Il fit une pause.
— Je ne peux vous promettre qu’une seule chose. Quand vous saurez pourquoi on vous a fait endurer tout ça, et pourquoi il est si important que vous soyez aussi nombreux à vous en être sortis, vous comprendrez. Je vous promets que vous comprendrez.
Minho ricana.
— C’est la plus grosse connerie que j’ai jamais entendue.
Thomas ne put s’empêcher d’éprouver un certain soulagement à constater que son ami n’avait rien perdu de son mordant.
— Et le remède ? Vous nous l’avez promis. Comment voulez-vous qu’on puisse encore vous faire confiance ?
— Croyez ce que vous voulez, répliqua David. Les choses vont changer, et vous aurez le remède, comme promis. Dès qu’on sera arrivés au quartier général. Tu peux garder le pistolet ; on vous en donnera d’autres, si vous voulez. Vous n’avez plus rien à craindre. Vous constaterez bientôt que vous êtes en sécurité et guéris, et vous serez libres de faire ce que vous voulez. La seule chose qu’on vous demandera, c’est d’écouter. Seulement d’écouter. Je suis sûr que vous mourez d’envie de savoir ce qui se cache derrière tout ça ?
Thomas aurait voulu s’emporter contre cet homme, mais hurler n’aurait servi à rien. Il répondit donc le plus calmement possible :
— Plus de petits jeux.
— À la première entourloupe, prévint Minho, on casse tout. Et tant pis si on doit tous y rester.
Cette fois, David sourit franchement.
— Vous savez, c’est exactement ce qu’on avait prévu à ce stade. (Il indiqua une petite porte au fond de la soute.) On y va ?
Newt prit la parole :
— Quelle est la suite du programme ?
— Oh, on s’est dit que vous aimeriez sans doute manger un morceau, et peut-être prendre une douche. Dormir un peu. (Il traversa le groupe des blocards et des filles.) Le vol va être long.
Thomas et les autres échangèrent un regard. Mais pour finir, tout le monde lui emboîta le pas. Ils n’avaient pas vraiment le choix.