C’est pour protéger Jacob que sa mère Rebecca l’envoya chez son frère Laban.
Elle connaît le penchant d’Esaü. Capable de tout, même du pire. Mieux vaut que Jacob s’en aille, se cache. Sans quoi Esaü le tuerait et — se dit la mère — je perdrais mes deux fils en même temps.
Question : Admettons que sa crainte soit justifiée, qu’Esaü tue Jacob ; elle n’aurait perdu qu’un fils, pas deux ?
Réponse : Si Esaü tue Jacob, Rebecca le préférerait mort. Pour une mère, un fils meurtrier est aussi mort qu’un fils tué. Sinon davantage.
Parole midrashique : La force et la bonne fortune d’Esaü et des ses descendants s’expliquent par le respect qu’Esaü témoignait envers son père.
Encore une : Jacob et Esaü savent tous deux se faire obéir. Esaü par son bras, Jacob par sa voix.
Et celle-ci : Comme Abraham et Isaac, Jacob fut l’élu de Dieu. Mais Dieu ne l’attira pas. C’est Jacob qui, de son propre gré, chercha à se rapprocher de Dieu.
Parole du Rabbi Menahem-Mendel de Kotzk : Au moment où Esaü se découvre victime de la supercherie de Jacob, il pousse un cri venant du plus profond de son cœur et, devant son père atterré, il verse trois larmes.
Pour ces trois larmes, Israël subira les affres de l’exil. Mais — dit le Rabbi après un long soupir — il y a une limite, il devrait y avoir une limite. Nous en avons versé des larmes au cours des siècles, assez pour faire déborder les océans, assez pour inonder les cieux. Il y a une limite, Seigneur, il devrait y avoir une limite !
Parole midrashique : Abraham est symbolisé par une montagne, Isaac par une vallée, et Jacob par une maison.
Pourquoi la vue d’Isaac s’assombrit-elle ? Pour que Jacob ait pu venir recueillir les bénédictions, déguisé en Esaü.
Dans sa vision de l’avenir, Jacob pleure avec ses descendants persécutés. Et il s’adresse à Dieu en ces termes : Il est écrit dans ton Livre que l’on ne doit pas égorger l’animal et ses petits le même jour. Loi qui ne sera pas respectée par les ennemis ; ils tueront des mères et leurs enfants, les uns en présence des autres. Je ne te demanderai même pas qui respectera ta Loi ; je te demande simplement de me dire qui l’étudiera.
En songe, Jacob voit une échelle dont le sommet touche aux cieux. Elle existe toujours. Certains l’ont vue, il y a des années, quelque part en Pologne, tout près d’une gare perdue. Et tout un peuple montait, montait vers les nuages enflammés. Voilà l’épouvante que notre ancêtre Jacob a dû ressentir.