Vous avez déjà vu un chat sauter tranquillement sur la table. Proportionnellement, c’est comme si un humain décollait jusqu’au balcon du premier étage, voire du second. Il y a plus fort encore : une puce peut sauter cent cinquante fois sa hauteur. Une fourmi peut porter cinquante fois son propre poids. Un lapin de garenne peut courir à 65 km/h, c’est-à-dire beaucoup, beaucoup plus vite qu’Usain Bolt, le recordman du monde, chronométré un jour à 44,7 km/h. Bref : pourquoi les animaux sont-ils souvent bien plus forts que nous ?
En réalité, ils ne sont pas plus forts, plus musclés que les hommes, mais ils sont souvent plus puissants. Parce qu’ils sont plus petits. Du coup, leur squelette – ou leur exosquelette dans le cas des insectes – est beaucoup plus léger.
Schématiquement, la force des muscles est proportionnelle à la surface de leur section transversale, « l’aire » comme on dit en mathématiques. Cela se mesure en centimètres carrés. D’où, par exemple, les biceps au diamètre hors norme des haltérophiles. Si vous étiez dix fois plus petit que votre taille actuelle, vos muscles seraient cent fois moins forts. Certes, mais vous pèseriez mille fois moins, puisque le poids est fonction du volume, donc du cube des distances. Résumons : cent fois moins de force, mais mille fois moins de poids : vous seriez donc dix fois plus efficace. Car ce qui compte dans la performance, c’est le rapport poids/puissance. Le moteur d’un semi-remorque de 35 tonnes est bien plus puissant que celui d’une berline, et pourtant, au feu rouge, la voiture le surclasse à tous les coups. Ce n’est pas un hasard si, au football, les joueurs les plus vifs, Messi ou Valbuena, ne dépassent pas 1,69 mètre (et seulement 58 kilos pour Valbuena).
Au XVIIe siècle, un disciple de Galilée, Giovanni Borelli, avait observé cette constante : tout ce qui saute saute à peu près à la même hauteur. Qu’il avait estimée aux alentours de 75 centimètres. C’est la hauteur du bond que vous pouvez faire dans votre cuisine ou au bureau (essayez si vous êtes en forme), mais c’est aussi la hauteur du saut d’un chat qui monte sur la table, d’une grenouille, et même d’une puce.
Évidemment, cette valeur s’accroît dès lors qu’on saute avec une technique sportive, beaucoup d’élan et des années d’entraînement. Et je ne parle pas des puces savantes !
Jusqu’à preuve du contraire…