Pourquoi les courses à la voile démarrent-elles si souvent en retard ?

Prenez la Transat Jacques-Vabre qui part du Havre. En 2013, les bateaux se sont élancés quatre jours après le départ prévu, à cause du mauvais temps sur la Manche.

D’autres éditions de cette course ont déjà été retardées : de quatre jours en 2003 et de trois en 2011. Et la mini-Transat était partie en octobre avec seize jours de retard ! Pourquoi tous ces faux départs à cause de la météo ? C’est un peu comme si on annulait des compétitions de ski à cause du froid. Quoi de plus normal que des tempêtes en mer !

En toute logique, si les bateaux ne sont pas susceptibles d’affronter la Manche et le golfe de Gascogne, comment cela va-t-il se passer dans les quarantièmes rugissants, au cap Horn, au milieu des icebergs, avec des creux de dix mètres ou dans les cyclones ? Là, on ne va pas stopper la course et dire aux gars : ce soir vous mettez les bateaux au port et vous dormez à l’hôtel…

Et quand bien même : pourquoi partir en plein automne, ce qui est le cas aussi du Vendée Globe et de la Route du rhum ? Pourquoi ne pas décaler la date pour échapper au mauvais temps ? En fait, cette solution réglerait le problème pour la partie européenne du trajet, mais pour le reste du parcours ce serait encore plus dangereux. Dans l’Atlantique, la saison cyclonique va de juin à novembre.

Aussi étrange que cela puisse paraître, le mauvais temps près des côtes est parfois plus dangereux qu’en plein océan. Près de la côte, l’eau est naturellement moins profonde et il arrive que la remontée de courants, particulièrement dans le golfe de Gascogne, rende la mer plus mauvaise qu’au large.

Sans parler du trafic, très intense dans la Manche, qui multiplie les risques de collision.

Les textes de la Fédération internationale de voile stipulent que « la décision d’un navigateur de participer à une course ou de rester en course relève de sa seule responsabilité ». Mais en France les règles sont différentes. Chez nous, l’organisateur est également tenu pour responsable aux yeux de la justice. Et en cas d’issue tragique, il devra rendre des comptes. Il peut être poursuivi s’il a lancé le départ dans des conditions jugées imprudentes. Bref, le principe de précaution a encore frappé. Tout est fait pour éviter un procès. Tant pis pour le panache. Tant mieux pour la sécurité.

Jusqu’à preuve du contraire…