Pourquoi les shorts des joueurs de basket sont-ils si larges ?

Vous connaissez sûrement la tenue caractéristique des joueurs de NBA, le championnat américain de basket où jouent les plus grandes stars, notamment le Français Tony Parker. Un maillot sans manches, avec le numéro du joueur des deux côtés et son nom à l’arrière, des chaussures pointures 45 minimum (vu la taille des joueurs, normal), des chaussettes sans intérêt particulier, et un short énorme, flottant, qui couvre parfois les genoux.

Les maillots de basket ont peu évolué1 ; en revanche les shorts, qui étaient moulants dans les années 1970 et 1980, ont subi une révolution. On peut situer l’année : 1989. Le short (mot qui signifie « court » en anglais), le short short donc, laisse place à un short mi-long, un « baggy ».

À cette époque, il n’y a qu’un seul équipementier, la marque Champion, qui a obtenu le droit exclusif de fabriquer les maillots de la NBA. Ce monopole favorise une standardisation des équipements. Vous allez me dire : est-ce qu’un styliste de la marque – ennemi des moule-boules satinés – s’est soudain pris d’affection pour les bermudas trop grands ?

Pas du tout. Tout est venu de Michael Jordan, peut-être le plus grand joueur de tous les temps, l’équivalent de Pelé au football. Il a tout gagné depuis son panier de la victoire sous les couleurs de son équipe universitaire, les North Carolina Tar Heels (face aux Hoyas de Georgetown), qui remportent ainsi le championnat étudiant de la NCAA (National Collegiate Athletic Association) en 1982.

Et il n’est pas question de mode, mais de superstition.

Une fois arrivé en NBA, le très superstitieux Michael Jordan a demandé à la marque Champion de lui fournir un short trop grand, pour pouvoir planquer quelque chose dessous. Et ce n’était ni une patte de lapin, ni un fer à cheval. Sous son short des Chicago Bulls, « Air Jordan » porte toujours, depuis 1984 et tout au long de sa carrière professionnelle, le short utilisé lors de sa victoire avec les North Carolina Tar Heels – on n’ose imaginer le nombre de lessives).

La mode est lancée. D’autres joueurs du championnat demandent à leur tour des shorts géants – Scottie Pippen est le premier, en 1990. Chez beaucoup de joueurs, c’est même la superstition de Jordan qui est reprise, comme pour Kobe Bryant (il porte le short de sa précédente équipe Lower Merion sous sa tenue des Lakers). Foutaises ? La revue Psychological Science2 a mené une étude qui conclut que « la superstition […] décuple les performances en confortant la croyance qu’ont les joueurs en leurs capacités personnelles ».

Depuis, les shorts n’ont cessé de s’allonger, au point qu’en 2011 la fédération a infligé une amende de 1 000 dollars à la joueuse Diana Taurasi pour avoir porté un short trop long… Peut-être parce que ça empêchait ses adversaires de passer la balle entre ses jambes (ce qui soulève une autre question).

Désormais, on compte sur les doigts d’une main les joueurs préférant jouer avec des « shorts courts » (Chris Douglas-Roberts, John Stockton, par exemple), mais la mode vintage revient. J’y crois. Je ne suis pas superstitieux.

Jusqu’à preuve du contraire…