Pourquoi met-on des fers aux chevaux alors que, dans la nature,
ils n’en ont pas ?

Vous allez me dire : pour les protéger, parce que dans la nature ils ne galopent pas sur le bitume ou les pavés ; les sols artificiels pouvant les blesser. Certes, mais pourquoi ferre-t-on les chevaux même quand il s’agit de les faire courir sur du sable ou de la terre (balades, manèges ou sauts d’obstacles) et même sur de l’herbe (courses hippiques, polo) ?

On l’oublie mais le cheval n’a pas toujours été au service de l’homme. Avant d’aider aux travaux des champs, tirer des charrues ou des carrosses, porter des charges ou trimballer les guerriers, le cheval vivait en liberté dans la steppe. Il ne passait pas son temps à gambader mais se déplaçait dans le seul but de fuir les prédateurs, et de trouver de nouveaux pâturages. Il faisait donc moins de trajets et était infiniment moins sollicité qu’une bête domestiquée.

Puis, jusqu’au XIXe siècle, quand le cheval était le principal moyen de locomotion utilisée par les sociétés humaines, il parcourait en moyenne 30 kilomètres par jour.

Dès lors, même si le cheval travaille sur un terrain meuble, ses sabots sont soumis à des contraintes plus importantes que dans les conditions naturelles : un cheval de compétition effectue plusieurs heures d’entraînement par jour (on le fait travailler chaque matin dans un marcheur automatique avant d’être monté au minimum une heure). Quant au sable des manèges, des parcours d’obstacles ou des hippodromes, même s’il s’agit d’un terrain plus souple que nos routes, il s’avère néfaste aux sabots : abrasif, il agit comme une lime géante qui entame la protection naturelle du pied du cheval.

Voilà pourquoi les chevaux sont ferrés.

Les fers sous leur forme actuelle (cloués au sabot) ont été inventés au IXe siècle. Auparavant, les Grecs entouraient les pieds de leurs chevaux de lanières en cuir pour les protéger des abrasions, mais cette méthode était peu efficace et posait même des problèmes d’ordre militaire : Cicéron raconte que, vers 330 av. J.-C., les conquêtes militaires d’Alexandre le Grand ont dû être interrompues afin que la corne des sabots des chevaux de son armée puisse se reconstituer.

À l’époque gallo-romaine sont apparues les hipposandales : sortes de sandales amovibles à semelle de fer, attachées par des lacets, et qui ont été récemment remises au goût du jour.

On trouve aussi la trace de fers à cheval pleins, des plaques de fer fixées sous le sabot pour éviter les blessures causées par les chausse-trapes (arme apparue dès l’Antiquité et constituée de pointes placées sous les pieds des ennemis et de leurs montures et souvent enduites de poison).

Mais revenons au sport. La course d’obstacles sollicite particulièrement les appuis du cheval, qui devra, à la réception, amortir son propre poids augmenté de celui du cavalier. Le fer est alors une protection indispensable, et il est souvent accompagné d’un renfort en silicone. Selon son positionnement et son façonnage, il permet également de prévenir les tendinites, d’éviter que le boulet (protubérance à l’arrière du pied du cheval) ne vienne taper trop violemment le terrain lors de la réception.

Les fers peuvent en effet jouer aussi un rôle orthopédique : corriger la posture et l’appui du pied du cheval et favoriser certaines guérisons.

Dans le polo et dans certaines courses de galop, des fers à crampons amovibles permettent au pied du cheval de ne pas glisser sur le gazon humide ; ce qui évite les blessures parfois très dommageables pour des cracks dont la valeur peut dépasser les 2 millions d’euros.

J’oubliais : comme les trois mousquetaires qui étaient quatre, les fers des chevaux de compétition ne sont pas en fer, mais en aluminium, plus léger.

Jusqu’à preuve du contraire…