Pourquoi le cannabis est-il considéré comme un dopant ?

Selon les autorités sanitaires, fumer du cannabis provoque à long terme des hallucinations et des troubles de la coordination neuromusculaire. Mais surtout, sur l’instant, un relâchement général. Alors, pourquoi est-il considéré comme un dopant au même titre que la cocaïne, la caféine, l’EPO, la testostérone ou l’hormone de croissance, la créatine, la cortisone ou autres anabolisants ?

Quel sprinter aurait l’idée de se faire un joint juste avant un 100 mètres, en se disant : tiens, ça va m’aider à courir vite ?

D’abord, qu’est-ce qu’un dopant ? La définition évolue constamment. En France, la première définition légale du dopage date de 1965. Est alors considéré comme dopé « quiconque aura, en vue ou au cours d’une compétition sportive, utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le règlement de l’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé1 ». En France, les premiers contrôles antidopage concernant le cannabis datent de 1993.

De nos jours, l’Agence mondiale antidopage (Wada) stipule que, pour qu’une substance soit interdite, « elle doit être un agent masquant ou répondre à deux des trois critères suivants : améliorer les performances sportives, être un risque potentiel ou réel pour la santé, représenter une violation de l’esprit du sport ».

C’est indéniable : le cannabis représente un risque pour la santé, mais en quoi peut-il améliorer les performances sportives ?

Tirer sur un joint peut aider dans certaines disciplines. Sa molécule active, le THC (tétrahydrocannabinol), agit sur les neurorécepteurs du cerveau, et améliore la relaxation musculaire et la vision, ce qui est très utile dans certains sports d’adresse, comme le tir. À faible dose, il agit comme un anxiolytique et aide à contrer les souvenirs anxiogènes, ce qui donne un sentiment de confiance, élément indispensable pour accomplir un exploit sportif.

La consommation de cannabis augmente également le temps de sommeil et la récupération, ce qui accroît les performances d’un athlète qui doit multiplier les compétitions sur de courtes périodes. Certaines études montrent que le THC favorise aussi l’oxygénation des tissus.

Enfin, le cannabis est un analgésique, et repousse donc les limites de la douleur, ce qui est utile aussi bien en compétition qu’à l’entraînement. Tout ceci explique sa classification comme « dopant » – n’en déplaise aux fans du film Rasta Rockett, l’histoire de l’équipe jamaïcaine de bobsleigh.

Mais ce n’est pas de là que vient le mot « descente »…

Jusqu’à preuve du contraire…

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