Vous savez ce qu’on appelle un Kop. La première fois que j’ai entendu ce mot, c’était dans les années 80, avec le « Kop of Boulogne », du PSG. La tribune derrière les buts qui faisait parler d’elle au JT, à cause de bagarres répétées entre ses membres, et des supporters du club adverse, ou des CRS, ou carrément d’autres fans du PSG.
Dans tous les stades du monde, le Kop est traditionnellement le repère des hooligans, plus intéressés par la baston que par le football1. Mais pourquoi ce terme étrange ?
Le mot n’a strictement aucun rapport avec le sport. Il tient son nom d’une colline d’Afrique du Sud qui s’appelait Spion Kop. Nous sommes en 1900, pendant la seconde guerre des Boers. C’est une bataille qui oppose les jeunes Républiques locales, indépendantistes, et le Royaume-Uni. Dans la nuit du 23 au 24 janvier, les Britanniques veulent s’emparer de ce point stratégique, situé au cœur des lignes de défense adverses. Mais malgré l’obscurité, ils se font repérer et sont bombardés pendant leur ascension. Les combats se finissent au corps à corps, à coups de baïonnettes et de couteaux. Un carnage : les Britanniques perdent près de 300 hommes, 1 300 combattants sont blessés ou capturés.
Cette déroute traumatise le Royaume-Uni au point qu’on la commémore un peu partout en Angleterre. C’est rarissime pour une défaite, un peu comme Camerone pour les légionnaires français. En 1903, en hommage, la nouvelle tribune du stade d’Anfield Road, à Liverpool, est baptisée Spion Kop. C’est une tribune couverte, en bois et en tôle ondulée. Elle deviendra rapidement vétuste. C’est aussi celle qui accueille les supporters les plus remontés, pour ne pas dire carrément furieux. Par la suite, on appellera Kop la tribune la plus véhémente du stade. Dans tout le pays, puis dans tous les pays.
Les stades anglais se sont beaucoup assagis. Au début des années 2000, les autorités du foot britannique ont trouvé la parade à la violence endémique des tribunes populaires. Grâce à une augmentation. Non pas en accroissant le nombre de policiers, mais le prix des places.
Ce n’est pas très moral, mais c’est efficace. Seul chez lui, devant sa télé, un hooligan a moins envie de tout casser. En tout cas, il réfléchit avant.
Jusqu’à preuve du contraire…