Adrian Longesley se réveilla le jour suivant avec la migraine d’alcoolique qui était désormais son lot. Un matin, il ne se réveillerait pas. Il le savait, et c’était presque un soulagement.
Pour l’heure, cependant, il était vivant, conscient, et la bosse qu’il avait sur la tête n’arrangeait pas son état.
S’il avait été frappé à l’arrière du crâne, il aurait été moins inquiet. Là, il s’agissait d’un coup frontal qu’il n’avait pas vu venir. Cela en disait long sur la dégradation de ses facultés.
Il soupira et s’enfonça dans les oreillers en attendant, pour pouvoir se redresser, que la pièce cesse de bouger.
Etre privé de la vue ne l’empêchait pas de sentir tout tanguer comme s’il était à bord d’un bateau. Il songea que sa nausée serait probablement pire s’il pouvait voir la chambre tourner…
Les arômes d’un petit déjeuner pour lequel il ne se sentait aucun appétit lui parvinrent tout à coup.
La femme !
Il fallait vraiment les divagations d’un ivrogne pour croire un instant pouvoir l’arracher deux fois au danger.
Si, par sa faute, elle était retombée aux mains de ces hommes, il…
Pris de panique, il se dressa brusquement, mais un haut-le-cœur le lui fit regretter aussitôt.
Soudain, la fin de sa soirée lui revint à la mémoire.
N’était-ce pas la voix de cette femme qu’il avait entendue dans la calèche pendant qu’on le ramenait chez lui ? Oui, et il se souvenait également de celle de son secrétaire, Hendricks.
Mais bien sûr ! Hendricks avait dû le retrouver à temps, il avait sauvé la femme et l’avait ramenée à bon port.
Au moment où le soulagement le gagnait, une pensée amère lui vint : le comte de Folbroke était un invalide qui avait besoin d’être secouru.
Il était maintenant tombé si bas qu’il ne pouvait plus prendre soin de lui-même et, pis, son handicap mettait en danger la vie d’innocents. Le moment était sans doute venu de mettre un terme à tout cela, plutôt que d’attendre patiemment que la nature fasse son office…
Adrian repoussa ces pensées morbides. Sa dernière heure n’était peut-être pas encore arrivée car, la nuit dernière, il avait sauvé cette femme… même partiellement. L’intervention de Hendricks avait permis une fin heureuse, alors sa fierté pouvait supporter l’idée qu’il avait désormais besoin d’aide.
Si, comme elle le prétendait, cette femme était bien née, elle n’avait pas fait preuve de beaucoup de jugeote. En effet, quelle femme avisée s’aventurerait, seule de surcroît, dans un bouge pareil ?
Mais peut-être disait-elle la vérité. Peut-être était-elle vraiment à la recherche de son mari.
Dans ce cas et si son époux fréquentait ce genre d’endroits, alors elle était à plaindre.
Certes, il s’y trouvait lui aussi, mais au moins avait-il la maigre satisfaction de savoir que sa femme n’en saurait jamais rien.
L’étrangère s’était refusée à lui, preuve qu’elle n’était donc pas venue s’encanailler dans les bas quartiers, à la recherche de sensations fortes.
Ensuite, elle l’avait accompagné jusque chez lui, et elle était entrée dans sa chambre pour s’assurer qu’il allait bien.
Il se souvint de ses paroles de gratitude, de l’admiration mêlée de surprise dans sa voix lorsqu’elle l’avait rassuré sur sa vaillance au cours de la bagarre.
Ses manières, tout comme ses baisers, étaient un peu… acides — en accord avec son parfum citronné dont il sentait encore les effluves sur sa peau, à l’endroit où elle l’avait touché.
Quelle femme, tout de même !
Si elle était bien telle qu’il croyait se la rappeler, il aurait adoré passer un peu plus de temps en sa compagnie.
La douceur de son corps contre le sien, la caresse électrisante de sa langue dans sa bouche, la délicieuse pression de ses seins contre son bras lorsqu’elle s’était penchée au-dessus de son lit…
Et ce baiser ! Une promesse de délices à venir…
Ce souvenir l’emplit de bonheur et il rit.
Cela dit, il était peu probable qu’il la revoie. Elle avait promis de le contacter, mais c’était sans doute pour qu’il lui lâche la main.
Elle avait d’ailleurs refusé de donner son nom, d’indiquer où elle habitait, et ne s’était pas privée de vertement critiquer sa tenue négligée.
Il frotta son menton hérissé d’une barbe de deux jours. Oui, elle avait raison : il s’était un peu laissé aller, ces derniers temps.
Son valet de chambre entra alors. Adrian sentit l’odeur du thé et des toasts lorsqu’il posa le plateau de son petit déjeuner sur la table de chevet.
Quelques instants plus tard, il entendit d’autres pas, puis le bruit des rideaux que l’on ouvre, et une grande clarté inonda soudain sa chambre.
— Hendricks, vous êtes un monstre ! protesta-t-il. Vous pourriez au moins laisser un homme s’habituer doucement à la lumière matinale !
— Bonjour, Monsieur, répondit poliment Hendricks. Il est presque 13 heures.
— Là n’est pas la question. Vous connaissez l’heure à laquelle je suis rentré et l’état dans lequel je me trouvais, puisque c’est vous qui m’avez ramené…
Adrian s’interrompit, car une question lui était soudain venue.
— D’ailleurs, comment se fait-il que vous vous soyez retrouvé dans cette taverne ? Je m’y étais pourtant rendu seul !
Au léger bruit que fit Hendricks, il devina que celui-ci se dandinait d’un pied sur l’autre, embarrassé.
— Je… J’étais venu… euh… vous chercher, Monsieur.
Attendant la suite, Adrian resta silencieux.
Le secrétaire poursuivit, après un raclement de gorge gêné.
— Pendant que vous étiez sorti, nous avons reçu la visite de la comtesse. Elle voulait vous informer de sa présence à Londres. Elle a beaucoup insisté pour savoir où vous étiez. Et j’ai cru bien faire en…
— Je vois.
Ce n’était pas la première fois que sa femme venait à Londres. Chaque fois, heureusement, il était parvenu à l’éviter.
Après les événements de la veille, la savoir si proche le mit mal à l’aise.
A tâtons, il attrapa sur sa table de chevet la miniature représentant Emily et, machinalement, la caressa.
— Vous étiez parti depuis un certain temps, et les domestiques étaient inquiets, ajouta Hendricks.
« Ce que je fais de mon temps ne regarde que moi ! », pesta intérieurement Adrian.
La sollicitude de ses domestiques n’était rien d’autre que de la pitié nourrie par leur certitude qu’il ne pouvait vivre sans leur aide.
Il ravala néanmoins la remarque cinglante qui lui brûlait la langue. Lorsqu’on a été ramené inconscient d’un tripot sordide, il est difficile ensuite de clamer que l’on peut se débrouiller seul.
— Remerciez le personnel pour le souci qu’ils ont de moi. Et je vous remercie également pour votre intervention. Grâce à vous, tout est bien qui finit bien.
Un silence gêné lui répondit.
— Je suis sincère, précisa-t-il. Et je vous promets qu’à l’avenir j’essayerai d’être plus prudent.
Une promesse qu’il n’entendait bien évidemment pas tenir, mais inutile d’alarmer ce pauvre Hendricks.
En attendant, un sujet le préoccupait : sa femme était à Londres !
— Vous avez mentionné l’arrivée en ville de ma femme. Connaissez-vous l’objet de sa visite ? s’enquit-il avec une désinvolture étudiée.
— Elle n’a rien dit, Monsieur.
Il entendit un bruit de papiers que l’on presse nerveusement.
— Vous êtes-vous occupé du transfert de fonds dont nous avions discuté après votre dernière visite au château de Folbroke ?
— Oui, Monsieur. Lady Folbroke a évalué les dommages causés par les orages de printemps, et les travaux sont en cours.
— Donc, ce n’est sans doute pas l’objet de sa visite.
A son corps défendant, Adrian sentit l’inquiétude le gagner.
L’efficacité de sa femme était en effet presque légendaire. Hendricks lui avait lu le rapport rédigé par Emily. Elle y expliquait en détail l’étendue des dégâts, son programme de réparation, et le budget nécessaire pour le mener à bien.
Elle n’avait besoin ni de son aval ni de ses conseils. D’ailleurs, la plupart du temps, elle requérait sa signature par pure courtoisie ; une façon symbolique de lui signifier qu’il était encore impliqué dans la gestion de son domaine.
Si sa femme était venue à Londres et, qui plus est, pour le voir, il devait s’agir d’un problème plus personnel.
— Comment va-t-elle ? demanda-t-il avec une légèreté feinte.
Le silence de Hendricks l’inquiéta un peu. Etait-elle souffrante ? Lui avait-on caché quelque chose ?
— Elle semblait bien se porter, répondit enfin son secrétaire.
— Depuis quelque temps, je me surprends à penser à elle, avoua Adrian.
La culpabilité, sans doute. Oui, c’était certainement cela, car il aurait juré sentir tout à coup dans la pièce son parfum si particulier… citronné.
— Aurait-elle besoin d’autre chose ? Plus d’argent ?
— Dans ce cas, Monsieur, Mme la comtesse peut se faire un chèque sur le compte dévolu à l’entretien de la maison.
— Elle vient peut-être s’acheter des robes. Cela lui arrive-t-il souvent ? Je m’en souviens, ma mère adorait cela. Oui, peut-être est-ce la raison de sa visite.
— Madame ne s’est jamais plainte de son manque de vêtements.
Le ton de Hendricks était celui d’un ennui poli. Visiblement, le sujet n’avait aucun intérêt pour lui.
— Des bijoux, alors ? Elle n’a rien reçu depuis notre mariage.
— Si vous voulez en savoir plus, puis-je vous suggérer de lui poser la question vous-même, Monsieur ? répondit sèchement Hendricks.
Quoi ? Hendricks d’habitude si patient semblait exaspéré par les questions de son maître !
— A-t-elle parlé de me rendre une autre visite ? insista Adrian.
Il attendit la réponse, plein de crainte et d’espoir. Ces sentiments contradictoires l’animaient à chacune des visites de sa femme. Il avait envie de la revoir tout en craignant sa réaction lorsqu’elle apprendrait la vérité sur sa condition.
Adrian redoutait la colère d’Emily en découvrant qu’elle avait épousé un infirme et, plus encore, sa pitié.
— Elle a évoqué la possibilité de s’installer à Londres… Enfin, si j’ai bien compris.
Ainsi, Emily aurait parlé de vivre à Londres et Hendricks n’avait pas cherché à en savoir plus ? Il connaissait pourtant sa volonté de cacher sa cécité à son épouse !
Tout cela n’avait aucun sens.
Sauf si Hendricks lui cachait quelque chose. Peut-être même à la demande d’Emily…
— A votre connaissance, va-t-elle voir d’autres gens à Londres ?
Après des années passées à négliger ses devoirs d’époux, il aurait difficilement pu se montrer jaloux, et il ne l’était d’ailleurs pas. Il n’y aurait rien d’anormal à ce que sa femme ait trouvé un compagnon pour la distraire depuis qu’il l’avait abandonnée.
Cela faisait trois ans. Trois ans qu’il était parti. Emily n’était plus une jeune fille, maintenant, mais une femme dans la force de l’âge.
— Pas que je sache, Monsieur. Elle a cependant mentionné votre cousin, Rupert.
— Mmm…
Adrian but une gorgée de thé, en essayant d’avoir l’air indifférent.
Jeter son dévolu sur le prochain comte de Folbroke était assez rationnel, même si d’aucuns pourraient trouver la manœuvre quelque peu… vénale.
En épousant son cousin, elle pourrait garder son titre ainsi que le château, à sa mort.
— Rupert ? Mon Dieu ! s’exclama-t-il incapable de cacher son mépris pour l’individu. Je sais qu’il fait partie de la famille, mais j’espérais qu’elle avait meilleur goût.
N’eût-il été handicapé par sa mauvaise vue, il aurait fait passer à son cousin l’envie de batifoler avec sa femme.
Oui, ce détestable personnage méritait une raclée et, même aveugle, il n’était pas exclu qu’il la lui administre la prochaine fois que Rupert lui rendrait visite.
Encore une fois, sa jalousie n’était pas en cause — il se sentait bien trop fautif pour en éprouver —, mais il ne pouvait laisser croire à son cousin qu’Emily faisait partie de l’héritage. C’était insupportable. Sa femme méritait mieux.
« Comme si tu étais encore capable d’assurer son avenir, imbécile ! » se reprocha-t-il intérieurement.
— Pardonnez-moi, Monsieur, mais la comtesse ne partage pas les détails de sa vie privée avec les domestiques.
La remarque acerbe de son secrétaire le tira de ses pensées.
« Si vous voulez obtenir des réponses, posez vous-même les questions à votre femme », voilà ce que Hendricks avait voulu lui signifier par cette remarque.
Pourtant, Hendricks aurait dû comprendre les vraies raisons de sa curiosité et l’impossibilité dans laquelle il se trouvait de parler à Emily.
— Et elle n’a pas davantage de raisons de les partager avec moi. Après tout, je n’ai pas de réelle autorité sur elle.
— A part celle que confère le mariage, fit remarquer Hendricks, glacial.
— Puisque je n’ai fait aucun effort pour me comporter en mari, exiger la loyauté de ma femme me semblerait parfaitement hypocrite. En revanche, ma curiosité est tout à fait légitime. Si, par hasard, ma femme décide de me rendre visite de nouveau et que je ne peux éviter cette rencontre, j’aimerais au moins pouvoir me préparer convenablement. Donc, cher Hendricks, si vous aviez l’obligeance de m’avertir de sa venue, je vous en serais très connaissant.
— Très bien, Monsieur.
Adrian entendit le soulagement dans la voix de son secrétaire. Hendricks devait en avoir assez de jouer les intermédiaires, et la perspective d’une rencontre entre le comte et la comtesse signifiait pour lui la fin d’une tâche désagréable.
— Nous sommes donc d’accord. Vous pouvez disposer, Hendricks.
Au lieu de quitter les lieux, le secrétaire resta immobile, son embarras presque palpable.
— Avez-vous autre chose à me dire, Hendricks ?
— Le courrier est arrivé.
— S’il est plus de 13 heures, c’est normal. Souhaitez-vous me lire quelque chose ?
— Une lettre, Monsieur. Il n’y a aucune adresse et pas de cachet. J’ai pris la liberté de…
— Vous avez bien fait. De toute façon, vous êtes mes yeux et je ne peux rien vous cacher.
Adrian eut un petit rire amer.
— Eh bien, ne faites pas tant de manières ! poursuivit-il. Lisez-la-moi.
Il s’assit, but une autre gorgée de thé, prit un toast et attendit.
Hendricks se racla la gorge et se mit à lire, manifestement mal à l’aise.
— « Je tiens à vous remercier pour votre aide, hier soir. Si vous voulez bien me faire l’honneur de dîner en ma compagnie, montez dans la calèche que j’enverrai vous chercher à 8 heures, ce soir. »
Adrian attendit la suite, mais Hendricks garda le silence.
— La lettre n’est pas signée ?
— Non, Monsieur. Et il n’y a aucune formule de politesse.
— Donnez-la-moi. Je souhaite l’examiner.
Il reposa sa tasse et, se saisissant de la feuille, fit courir ses doigts sur sa surface. Comme il aurait aimé, à cet instant, pouvoir « sentir » le sens des mots !
La façon dont l’invitation était formulée ne lui donnait aucune information précise. S’agissait-il d’un dîner en tête à tête ou y aurait-il d’autres convives ?
— Et vous n’avez trouvé aucun indice sur l’identité de l’expéditeur ? Aucune adresse, aucune marque distinctive ?
Pourtant, sous ses doigts, il aurait juré avoir senti un sceau ou un monogramme gravé.
— Non, Monsieur. Mais je pensais que vous saviez qui est la dame en question.
Adrian huma le papier — une odeur un peu âcre d’encre fraîche à laquelle s’ajoutait une note diffuse de parfum citronné.
S’était-elle passé la feuille sur le corps ou y avait-elle déposé une goutte de parfum avant de l’envoyer ?
Il sourit. Elle savait que ce message imprégné de parfum susciterait chez lui des interrogations, des images… Il l’imagina tenant la feuille contre la peau douce de sa poitrine, près de son cœur battant…
Cette femme était une diablesse.
Comment avait-il fait pour oublier de lui demander son nom ? Il allait se ridiculiser en avouant son ignorance à Hendricks.
— Comme vous le savez, hier soir, les circonstances n’étaient pas très propices. En effet, je ne l’ai rencontrée que quelques minutes avant votre intervention, et nos assaillants ne m’ont pas laissé le temps de lui demander son nom…, se justifia Adrian.
Il s’interrompit, cherchant ses mots.
Son secrétaire était déjà le témoin au quotidien de sa dégradation physique, et il n’avait aucune envie d’ajouter la décrépitude intellectuelle au tableau.
Ses relations avec Hendricks allaient au-delà des simples relations d’employeur à employé. Les années passées ensemble à l’armée et la perte progressive de sa vision l’avaient poussé à se reposer de plus en plus sur Hendricks qui était presque devenu un ami. Un ami également pour son épouse avec laquelle il était en permanence en contact… Comment lui demander son aide pour revoir cette femme mystérieuse sans mettre sa loyauté envers Emily à rude épreuve ?
— Mais vous avez vu cette femme, n’est-ce pas ? Comment était-elle ?
Adrian avait presque l’impression de voir l’attitude embarrassée de Hendricks tant son silence était pesant.
Le malheureux devait avoir le sentiment de trahir la comtesse.
« Tant pis », pensa Adrian taraudé par la curiosité.
— Est-elle séduisante ? hasarda-t-il.
— Très, admit Hendricks.
— Décrivez-la-moi.
— Blonde, les cheveux ramenés en hauteur, avec des boucles. Yeux gris, menton volontaire.
« Volontaire. » Voilà un adjectif qui correspondait parfaitement à l’idée qu’il s’était faite d’elle.
La veille, elle avait fait preuve de détermination et elle n’était de toute évidence pas du genre à se laisser embobiner par de beaux discours.
Adrian se sentait de plus en plus attiré par cette femme.
— Mais encore ? demanda-t-il avec impatience, avide d’en savoir plus.
— Elle était richement vêtue.
— Et vous l’avez raccompagnée chez elle, n’est-ce pas ?
— Oui, Monsieur.
— Où était-ce ? C’est bien vous qui l’avez raccompagnée ?
Encore ce même silence embarrassé.
— La dame m’a fait jurer sur l’honneur de ne divulguer aucune information sur son identité ou sur son adresse, finit par avouer Hendricks. Mais c’est à vous que va d’abord ma loyauté, et si vous me le demandez je…
— Non, je ne vous obligerai pas à trahir le serment fait à une dame. Ce serait indigne de la part d’un gentilhomme, conclut Adrian à contrecœur.
— Merci, Monsieur.
— Reste à espérer qu’elle me révélera elle-même son identité lorsque je la verrai, ce soir.
Il entendit son secrétaire s’agiter de nouveau.
— Et je souhaite que vous ne vous mêliez plus de cette affaire, Hendricks, si ce n’est pour m’aider à lire la correspondance. Je sais que vous apportez une aide précieuse à la comtesse, tout comme vous le faites pour moi. Je ne veux donc pas vous mettre dans cette position délicate.
— Merci, Monsieur.
— Ce soir, je prendrai la calèche et me rendrai chez cette dame pour accepter ses remerciements. Il est fort probable que, après cela, je ne la revoie plus et que vous n’entendiez donc plus parler de cette histoire.
— Sans doute, Monsieur, répondit Hendricks avec un manque de conviction exaspérant.