Par exemple, Cic., Catil. III, 9,22 (cf. P. Jal, 1962 ; R. Oniga, 1995, p. 9-10). Quant à la « crise », les auteurs la datent diversement entre 202 et 146 : Tite-Live en situe les débuts en 187 (XXXIX, 6,7) ; Calpurnius Pison en 154 (fr.38 P.) ; Polybe en 168, date de la victoire romaine à Pydna (XXXI, 25,3) ; Salluste en 146, date du sac de Carthage (Catil. 10,1) ; Valère Maxime entre la fin de la deuxième guerre punique et la première guerre de Macédoine, etc. Dans la suite, c’est la version sallustienne qui sera plutôt suivie : Pline, N.H. XXXIII, 150 ; Florus, I, 33 (II, 17) ; Velleius Pat., II, 1,1 ; Aug., civ. Dei, I, 30 ; Orose, V, 8,5.
Successivement, Cic., de prov. cons. 22 ; sur Salluste, cf. Granius Licinianus, 36,31 sq. : et tempora reprehendit sua et delicta carpit et contiones inserit et dat invicem loca, montes, flumina et hoc genus alia ; Hor., Odes III, 3, v. 53-56 ; Pline, N.H. VII, 1,6 ; Strab., II, 4, 1C, 104 (cf. aussi Pline, N.H. XIV, 1,2 : communicato orbe terrarum).
Sur les Indiens : Cic., Tusc. V, 27,78 ; sur les Juifs et les Syriens : Cic., prov. cons. 10 ; sur les Gaulois, ibid., 29 ; sur les Sardes : Scaur. 17,38-44. Mais Quintilien (I.O. XI, 1,89) rapporte que, dans ce domaine, Cicéron adaptait ses arguments aux besoins de la cause. Sur l’attitude des Romains à l’égard des étrangers, on consultera, outre l’ouvrage un peu ancien de T.J.Haaroff (1938), l’étude générale de J.P.V.D.Balsdon, 1979, p. 59 sq. ; pour quelques études de détail, cf. M. Dubuisson, 1983 ; 1990 ; sur les différentes façons de désigner l’étranger (barbarus, externus, natio, gens), cf. D.B.Saddington, 1975, p. 116 sq. Sur la destruction de cités moins célèbres que Carthage, en Épire par exemple, cf. Liv., XLV, 34,4.
Timée de Tauromenium par exemple : cf. Den. Hal., I, 4,3. Sur Timée et Rome, cf. A. Momigliano, 1966, p. 23 sq.
Successivement : Q. Cic., Commentariolum petitionis 14,54 : civitas ex nationum conventu constituta. Sur les représentations théâtrales, cf. Suét., Caes. 39,1 (même chose sous l’Empire : Mart., de spect. 3 ; Flavius Jos., A.J. XIV, 18,8) ; puis, Athén., Deipnos. I, 36, 20b-c : « On y peut voir d’un coup réellement installées toutes les cités, et la plupart avec leur caractère propre, telles que la “ville d’or” des Alexandrins, la “belle ville” des Antiochiens, la “ville splendide” des Nicomédiens, et en outre… Athènes. Ce n’est pas d’un jour que j’aurais trop peu pour énumérer les cités ajointées dans la ville-univers des Romains (ἐν τῆι ʹΡωμαίων οὐρανοπόλει), c’est de tous les jours qui se comptent dans l’année tant elles sont. En effet, des nations entières y sont réunies, comme celles des Cappadociens, des Scythes, des gens du Pont et beaucoup d’autres encore. » C. Nicolet propose le chiffre d’un million d’habitants à Rome au début de l’Empire (1988a, p. 14 sq.).
Fr.26 P. (I, p. 107) = Pline, N.H. XXIX, 12. Une grande partie de la littérature de langue latine vient de l’Italie : cf. F. Millar, 1988, p. 41 ; on soulignera par exemple le rôle de la Cisalpine dans la poésie élégiaque des années 50 (A. Grilli, 1990, p. 211 sq.) ; cf. aussi Sén., ad Helv. 6,2-3, sur l’afflux des hommes « de tous les coins du monde ». L’expression « ville des hommes » est de Varr., Sat. Mén. 36 (36) (= J.-P. Cèbe, 1974, t. II, p. 143).
Sur la multiplication des étrangers : Pol., XXXI, 24,7 (cf. G.W.Bowersock, 1965 ; J.P.V.D.Balsdon, 1979, p. 54 : liste de tous les Grecs vivant près de riches Romains. Une bonne synthèse également dans E. Rawson, 1985 p. 5 sq.). L’expression « seconde hellénisation » est de P. Veyne, 1979 ; sur cette question, voir aussi J.-L. Ferrary, 1988 ; R. McMullen, 1991. Sur Philologus : Suét., gram. 10 ; Peter, II, p. LVII-LVIII et p. 41 ; sur Épicadus : Suét., gram. 12 ; cf. aussi M.H.Crawford, 1978 ; sur Timagène : Sén., de ira 3,23 : cf. G.W.Bowersock, 1965, p. 125. Autres exemples dans E. Rawson, 1985, p. 69 sq. Sur l’ambassade de 155, voir G. Garbarino, 1973, p. 80-86 ; également J.-L. Ferrary, 1988, p. 353 sq. Sur Posidonius, cf. Plut., Mar. 45,7 ; cf. H. Strasburger, 1965, p. 40-41. Sur Archias, cf. Cic., pro Arch. 5,11 ; Att. I, 16,15. Les autres exemples sont cités par F. Coarelli, 1970-1971 ; 1976 ; P. Gros, 1976b ; 1978.
Panétius et Scipion se rencontrèrent sans doute à Rome vers 145 : cf. J.-L. Ferrary, 1988, p. 595 sq. ; sur Blossius, cf. Plut., Ti. Gracch. 8,6 ; sur Philodème, cf. M. Gigante, 1987. Les rapports avec Pompée sont attestés par Cic., Arch. 10,24 ; plus généralement, sur l’entourage grec de Pompée, cf. W. Anderson, 1963, p. 35-40 ; 54-56 ; M.H.Crawford, 1978, p. 203-204. Enfin, sur Lucullus : Cic., Arch. 5,11 ; 9,21 ; Plut., Luc. 42,1 ; le cas particulier d’Antiochus est étudié par J. Glucker, 1978, p. 21 sq.
Tel est le cas par exemple de la pratique archaïque du ver sacrum (Liv., XXII, 9,7-11 ; XXXIII, 44,1-2) : ce rituel faisait suite à un vœu par lequel on promettait à la divinité de lui sacrifier tout ce qui naîtrait au printemps – ce qui signifiait le sacrifice du bétail né à cette époque et l’exil des jeunes gens de cette génération, une fois parvenus à l’âge adulte : cf. J. Heurgon, 1957 ; G. Dumézil, 1974, p. 469 sq. Sur la mobilité italienne aux époques anciennes, cf. C. Ampolo, 1988, p. 172 sq. Un exemple plus récent dans F. Coarelli, 1991, p. 177-185.
Marcellus, adversaire politique de César, s’installa à Mytilène (cf. Sén., ad Helv. 9,4) ; C. Aurelius Cotta à Athènes lors de son exil entre 90-88 ; il y suivit les leçons de Philon de Larissa et de Zénon de Sidon (Cic., nat. deor. I, 21,59 ; cf. J.-L. Ferrary, 1988, p. 446 ; 603). Sur Athènes devenue la capitale de la culture : Cic., de orat. III, 11,43. Le nombre de ces « émigrés », toutes catégories confondues, est difficile à évaluer. P.A.Brunt (1971, p. 159 sq. ; surtout 204-233) trouve en citoyens mâles adultes – donc un chiffre à multiplier par trois si l’on veut connaître la population civique globale – environ 125 000 en 69, 150 000 en 49, 375 000 en 28. Le chiffre est très approximatif, notamment parce que, parmi ces citoyens, il y a les provinciaux qui ont reçu la citoyenneté. Sur l’émigration italienne, voir en dernier lieu A.J.N.Wilson, 1966 ; et l’analyse de l’émigration en Sicile, dans A. Giardina et A. Schiavone éd., 1981, I (art. de F. Coarelli, M. Mazza et A. Fraschetti).
Sur les publicains, voir C. Nicolet, 1977 ; G. Clemente, 1990, p. 365 sq. Quelques exemples ont été bien étudiés : celui des sociétés installées en Sicile (C. Nicolet, 1991b) et en Espagne (C. Domergue, 1990, p. 253 sq.) où, selon Strabon, ils employaient 40 000 personnes dans les mines. Pour la fondation de colonies hors d’Italie, on citera Carthage en 122 (C. Nicolet, 1977, p. 135), Narbo en 118 ; citons aussi les colonies marianistes d’Aléria et de Mariana, en Corse, et surtout, depuis le début du IIe siècle, celles de Gaule Cisalpine – des colonies de 2 000 à 3 000 bénéficiaires (cf. E. Gabba, 1990b, p. 69-78 et la bibliographie). Mais c’est surtout à partir de César puis d’Auguste que, selon l’expression de Gabba, l’« émigration agricole » se développe (Suét., Caes. 42)… Sur la colonisation césarienne, cf. E.T.Salmon, 1969 ; L. Keppie, 1983.
Les Cossutii de Pouzzoles en furent de célèbres exemples (E. Rawson, 1975 ; sur les trafiquants italiens en Orient, cf. J. Hatzfeld, 1919) ; sur le commerce de marbre, voir aussi J. Ward-Perkins, 1980a, p. 325 sq. ; 1980b, p. 23 sq. ; sur celui des œuvres d’art, cf. par exemple Cic., Att. I, 8,2 ; I, 10,3. Pour les changeurs et banquiers, cf. Cic., Att. V, 20,10-12 (et J. Andreau, 1987, p. 554 sq. notamment).
En Espagne où les armées romaines étaient présentes continuellement de la guerre d’Hannibal à 90, de nombreux soldats, romains et italiens, ont pu s’installer et s’intégrer à la population, à Carteia, Cordoba, Italica (cf. P. Le Roux, 1995, p. 19 sq.). Pour la Grèce, voir par exemple J. Kaimio, 1979, p. 37 ; et l’étude de B. Helly sur l’intégration des Italiens en Thessalie (1983). Sur les rapports diplomatiques entre Rome et les Grecs, par exemple., cf. E.S.Gruen, 1984, p. 158 sq., et 1992, p. 87 sq. Mais la seule lecture des livres XLV de Tite-Live et XXXIII de Polybe fait comprendre l’intensité de cette activité. Sur la clientèle de Pompée, cf. par exemple, Cic., Fam. IX, 9,2.
Diod., I, 4,1. Sur la satire du voyage, cf. Lucilius, Sat. 97-98 M. (voyage de Rome à Capoue, puis jusqu’au détroit de Sicile) ; la critique du voyage deviendra un lieu commun : cf. Hor., Ep. I, 8 (voyage de Rome à Brindes). On peut ajouter : Hor., Odes, I, 7 ; II, 6 ; Sén., ad Luc. I, 2 ; 28 ; 104 ; de tranq. an. II, 13 ; Pline le J., Ep. VIII, 20,1.
Strab., III, 1, C166.
Les fragments de Théophane se trouvent dans FGrH, 188 F, 2, 4 et 5 (calcul de la grandeur de l’Arménie). Pompée lui-même, aux dires d’Appien, était d’un naturel curieux : App., Mithr. 15,103. Sur l’expédition de Caius César, cf. Pline, N.H. VI, 31,141 (on trouve aussi Dionysos à la place d’Isidore). Sur ces historiens-géographes : K.G.Sallman, 1971, p. 50 sq. ; 85 sq. ; cf. R.K.Sherk, 1974, p. 538 sq. Pour les recueils de textes, on renverra à ceux de GGM ; FGG ; et FGrH. Sur la géographie grecque, F. Prontera, 1983 (notamment l’article de 1962 de A. Dihle, p. 175 sq.), et C. Jacob, 1991.
Dans l’ordre, Pol., III, 59 (trad. D. Roussel) (Cf. Strab., I, 2,1, C14). Excursus sur la Gaule : Pol., II, 14-17 ; Pline, N.H. V, 1,9-10 ; sur Carthage : X, 11,4. En histoire, de même, Polybe doit sans doute aux Romains Fabius Pictor et Caton : cf. D. Timpe, 1971 ; J.-L. Ferrary, 1984. Sur la méthode de Polybe, voir P. Pédech, 1964.
A.Momigliano, 1979b ; et la biographie de M. Laffranque, 1964. C’est en termes raciaux que s’est longtemps vécue l’opposition entre Grecs et Barbares. Au contraire, Posidonius, comme sans doute Panétius (cf. Cic., de div. II, 47,97), conclut à une « parenté originelle entre tous les hommes » (Diod., I, 1,3, qui lui emprunte sans doute l’expression [cf. K.S.Sacks, 1990]). Sur la théorie du climat : Posid., fr.168,85-96 ; 169 ; 272 E. et K. ; cf. aussi Strab., II, 2,1 ; Plut., Mar. 11,8-10. Cette théorie était déjà utilisée à l’époque hellénistique : ainsi expliquait-on la couleur de peau des Éthiopiens ou la faiblesse de leur constitution par un effet de la forte irradiation du soleil dans leur pays. (Notons que la valeur dépréciative donnée à la peau noire n’apparaîtra dans la classe cultivée que sous l’influence des doctrines religieuses, et notamment du christianisme : cf. A. Dihle, 1962 = 1983, p. 177 sq. ; 182-183 avec la bibliographie.) Pour certains, cependant, ce n’était pas le climat mais la nécessité plus ou moins grande de dominer le contexte physique qui déterminait le degré de civilisation : cf. Strab., II, 3,7, C103, qui, contre Posidonius, suivait Agartharchide (sur ce passage, cf. C. Van Paassen, 1983, p. 263 sq.). Strabon polémiquait sur bien d’autres plans avec Posidonius ; il lui reprochait par exemple de s’intéresser à la recherche des causes, question qui ne lui paraissait pas pertinente, parce que trop obscure (II, 3,8, C104).
Cic., de prov. cons. 22. Un bon exemple de propagande militaire est donné par les trois autels érigés par L. Sestius (consul suffect en 23 = PIR S, 436, III, p. 230), dans l’extrémité de la Galicie et en l’honneur d’Auguste, et dont Pomponius Mela (III, 13) dit qu’« ils rendirent illustres des terres autrefois obscures » (illustrantque terras ante ignobiles). Il veut dire que la présence du nom d’Auguste sur ces autels suffit à leur donner de la gloire. (Sur le sens des trophées, cf. C. Nicolet, 1988a, p. 41 sq.) Au contraire, Cicéron met l’accent sur la découverte de nouvelles terres, comme le fera Cornelius Balbus en 19 : CIL, III, 14147 = ILS, 8995. De fait, grâce à la conquête romaine, les régions comme l’Égypte, l’Éthiopie, l’Inde sont mieux connues… Sur l’état de la connaissance du monde à la fin de la République et sous l’Empire, cf. notamment C. Nicolet, 1988a, p. 87.
Sur Laelius, cf. Pol., X, 3,4 : « c’est sur ce que Laelius m’a dit que j’ai formé mon jugement sur cet homme » (Scipion) ; cf. aussi XIV, 4,2, etc. Cf. P. Pédech, 1964, p. 365-372 ; 528 sq. Sur l’influence de Caton, voir C. Letta, 1984.
Sur les informations données par les ambassades : Pline, N.H. VI, 24,84 et 86 sq. (sur ce passage, voir E. Gabba, 1981). Puis, successivement, Pline, N.H. VI, 31,13 ; 8,1 ; Liv., XXXII, 37,2-3.
Tous les auteurs anciens ne s’accordent pas avec Plutarque sur la valeur pédagogique de ce butin : Polybe (IX, 10,12) et Tite-Live (XXVII, 16,8) étaient beaucoup plus réservés. Sur la question, voir en dernier lieu J.-L. Ferrary, 1988, p. 573 sq. La citation d’Aelius Aristide est tirée de l’Éloge de Rome 13 (éd. J.H.Oliver, p. 983).
De la guerre contre Antiochus de Syrie, furent rapportés quantité de vases d’argent et d’or (Liv., XXXVII, 59,3-5) ; de Macédoine, vases, tableaux, tissus, statues d’or, de marbre, d’ivoire, ainsi que la bibliothèque du roi Persée (Liv., XLV, 40,1). Sur les animaux : Pline, N.H. VII, 73 ; VIII, 69-70 ; IX, 11. Sur la gestion du butin, cf. I. Shatzman, 1972 ; contra, L. Pietiliä-Castren, 1982 ; A.M.Eckstein, 1987. Sur l’Histoire naturelle de Pline et les jeux, cf. M. Vegetti, 1983, p. 91 sq.
Pline, N.H. V, 5,6 : nomina ac simulacra omnium gentium… Évidemment, la précision des écriteaux était douteuse. Les généraux avaient en effet intérêt à amplifier leurs victoires, comme le soulignait Strabon (III, 4,13, C163). En ce qui concerne les représentations iconographiques des pays, la vraie question est de savoir sous quelle forme elle était exécutée : on trouve dans les textes les expressions Italia Picta (Varr., R.R. I, 2,1), effigies Hiberae (Silius Italicus, 17,635), forma Sardiniae (Liv., XVI, 28,8) : s’agit-il de cartes à proprement parler ou de personnifications, d’allégories, comme le suggère K. Brodersen (1995, p. 152 sq.), identiques à celles qui ornaient le Portique ad nationes de Pompée, le forum d’Auguste ou le Sebasteion d’Aphrodisias (cf. R.R.R.Smith, 1988) ? Si le terme effigies renvoie plutôt à une personnification, le mot forma est un terme technique qui désigne un document cartographique, cadastre, carte d’aqueduc, ou plan de cité (cf. C. Moatti, 1993, p. 31 sq.). Quant à l’expression Italia picta, le doute demeure. Les descriptions de triomphes enfin ne donnent pas toujours des indications précises : notons toutefois que, dans le triomphe de Pompée décrit par Appien (Mithr., 116-118), le mot εἰκόνες » n’est employé que pour les tableaux représentant les scènes de bataille ou bien les portraits des grands rois vaincus mais absents, ou enfin les images des dieux barbares (cf. note suivante). Sur la représentation des batailles, cf., par exemple, Liv., XLI, 28,8.
Plut., Pomp. 45,2-4. Énumération à peu près confirmée par Appien (Mithr. 117) qui parle d’une tablette (πίναξ) portant le nombre de navires capturés, de villes fondées, de rois conquis ; la liste des nations conquises diffère en revanche : cf.Degrassi, 1, p. 84-85 ; Varron donne, lui, le chiffre de quatorze : Pline, N.H. XXXVI, 41.
Dans l’ordre : Pline, N.H. V, 37 (mons Gyri in quo gemmas nasci titulus praecessit). Sur le triomphe de ce Balbus, voir J. Desanges, éd. CUF de Pline, livre V, Paris, 1980, notes au § 37 ; en dernier lieu, G. Cresci Marrone, 1993, p. 128 sq. Il faut distinguer ces acta triumphorum des fastes triomphaux, liste succincte des triomphateurs où n’étaient précisés que la date du triomphe, le nom entier du triomphateur avec sa filiation et le pays qu’il avait soumis : cf. par exemple CIL, I, 2 p. 50, fr. XXXVI ; cf. A. Degrassi, 1954.
Successivement, Pline, N.H. VII, 26,98 ; XXXVII, 12 : verba ex ipsis Pompei triumphorum actis ; Cic., II Verr. I, 26,57 : in tabula publica ad aerarium perscribenda curavit. Cf. aussi Ps. Asconius, 237 St.
Suét., Caes. 56 : « On possède ses lettres au Sénat, qu’il fut, semble-t-il, le premier à diviser en pages à la façon d’un mémoire (formam memorialis libelli convertisse) alors qu’auparavant les consuls et les généraux écrivaient toujours leurs rapports sur toute la longueur de la feuille (transversa charta). » Le débat reste ouvert pour savoir ce qu’est cette forma memorialis que certains interprètent comme désignant la forme du codex (C.H.Roberts et T.C.Skeat, 1983, p. 18 ; contra, C. Nicolet, qui prépare une mise au point sur la question). La correspondance de Cicéron pour l’année 51-50 donne une bonne idée du contenu de ces lettres qu’envoyait au Sénat le général ou le gouverneur d’une province. Cf. Fam. XV, 1 ; 2 ; 4 ; 10 ; 13 ; VIII, 10,1 ; cf. aussi Cic., de imp. Cn. Pomp. 13,39 ; Val. Max., II, 8,1.
De très nombreux textes font allusion à ce rapport : Val. Max., II, 8,1 ; Liv., XXVIII, 9,7 ; XXVIII, 38,3 ; Dio., XLIX, 15 ; Gell., IV, 18,7. Sur celui d’Octave, publié à son retour de Sicile en 36 : App., B.C. V, 130 : il rendit compte de ses exploits devant le peuple et le Sénat et « ces discours, il les mit par écrit et les publia sous forme de livre » (τὰ εἰρημένα συγγράψας τὸ βιβλίον ἐξέωκε). Outre ces documents officiels, les généraux conservaient dans leurs archives privées des notes personnelles (commentarii également). Demandant à son ami Lucceius d’écrire l’histoire de son consulat, Cicéron propose de lui envoyer ses notes privées : Fam. V, 12 (Shakelton Bailey, no 22) ; sur la question, voir notamment L. Canfora, 1993, p. 21 sq.
Sur les journaux des généraux d’Alexandre, cf. Pline, N.H. VI, 21,59 sq. ; 26,96. Sur la liste du butin, cf. Plut., Pomp. 36,10, où Pompée demande à ses questeurs d’enregistrer les objets d’or qui lui ont été offerts par le roi des Ibériens ; cf. aussi Liv., XXVII, 16,8, où l’on voit un scribe demander au général Q. Fabius s’il doit compter les statues dans le butin ; comme on en voit un autre recenser les prisonniers (§ 19).
App., Illyr. 1,2. Sur l’instabilité des frontières des provinces, cf. Pline, N.H. III, 3,13 : mutato provinciarum modo ; autres exemples de mesures : Cés., B.G., V, 13,4 ; Végèce, III, 6,11-19.
Pline, N.H. IV, 27,7 : sur le promontoire des Cimbres, « vingt-trois îles ont été découvertes par les victoires de Rome » (Romanis armis cognitae) ; III, 9,6 ; 20,16, etc. Sur les renseignements économiques : Pline, N.H. VI, 32,17 ; également VI, 26,1.
Sur Corbulon, Pline, N.H. VI, 8,23 ; 15,102 (sur l’éloge des autochtones : III, 1 ; VI, 31,141 ; même idée chez Polybe, IX, 25,1-3). Sur César, Plut., Cés. 23,2-4 ; sur Néron : Sén., Q.N. VI, 8.
L’analyse du fragment des Origines, livre II (34 P.) a été proposée par H. Bardon, 1974, p. 126 sq. On remarquera que la date de sa censure (184) correspond à l’exploitation méthodique de la Cisalpine. Sur Scipion, Liv., XXVI, 49,6-7.
Cés., B.G. V, 13,4. Sur les pratiques religieuses des Gaulois : B.G. VI, 13 ; 16 ; militaires : I, 48,5-7 ; III, 13 ; 22,2-3 ; V, 21 ; institutionnelles : I, 4 ; 16,5, etc. : nombreuses références et commentaire dans E. Rawson, 1985, p. 260-263 (cf. aussi plus bas, n. 49). Sur les enquêtes de César : B.G. IV, 20-21. Enfin, la comparaison avec les Germains est dans B.G. VI, 11 sq. Cf. Tac., Germ. 2,1-5.
Par exemple, R.R. I, 7,8 : « A l’intérieur de la Gaule transalpine, à l’époque où je conduisais une armée vers le Rhin, j’ai atteint plusieurs régions où ne croissait ni la vigne, ni l’olivier, ni les arbres fruitiers, où l’on fumait la terre avec une craie blanche extraite du sol, où l’on ne connaissait ni le sel gemme, ni le sel marin, et où l’on le remplaçait par des charbons salés obtenus par la combustion de certains bois » ; R.R. II, 10,7 ; 9. F. Ritschl (1877, p. 436-439) consacra quelques pages pour tenter de déterminer le contenu du de legationibus ; R. Reitzenstein (1885, p. 517), lui, nie toute possibilité d’en savoir quelque chose. Les rapports de légations sont attestés par Strabon, selon qui il était revenu à Q. Dellius, historiographe d’Antoine de 42 à 31, de rédiger le rapport de l’expédition de 36-35 à laquelle il avait participé en tant que légat (XI, 13,3, C523).
Pol., III, 26,1 ; X, 9,3 ; XXI, 11 (l’ensemble des sources est réuni par P. Pédech, 1964, p. 382 sq.) ; et Diod., I, 4,2 ; un peu plus loin (I, 4,4), Diodore dit qu’il a pu avoir à Rome accès aux ύπομνήματα conservés là, c’est-à-dire aux commentarii et acta officiels de Rome (comme le suggère F. Cassolà, 1982, n. 59) ; cf. aussi III, 38,1 ; cf. K.S.Sacks, 1990, p. 85 ; et 118, n. 3.
Pol., IX, 13,6 ; Liv., XXII, 38,8. G. Basalla (1967, p. 611-621) distingue, d’après le modèle occidental de la colonisation, trois étapes : la science exploratoire, entièrement due aux savants venus de la métropole ; la science coloniale, développée sur place mais dépendante d’institutions de la métropole ; et la science autonome, liée à l’indépendance intellectuelle de la colonie. Rome en est resté au premier stade et P. Le Roux (1995, p. 21) a raison de parler, dans son cas, d’une « culture militaire ». Sur la géographie du Principat, cf. C. Nicolet, 1988a, p. 103 sq.
Sur Scipion, Liv., XXVIII, 16,10 (et sur les progrès des connaissances en Espagne, voir P. Le Roux, 1995, p. 20 sq.) ; sur la relation de Caton, fr.93 P. Sur les Origines, cf. D. Musti, 1989, p. 187 ; G. Traina, 1993, qui montre que l’enquête sur les mythes italiens accompagne la conquête romaine (p. 592-593). Quant aux emprunts de Polybe à Caton, ils sont sans doute importants : les trois premiers livres des Origines sont achevés aux alentours de 168, c’est-à-dire bien avant la publication des Histoires de Polybe, dont les premiers livres datent de 150-149 (cf. en dernier lieu, J.-L. Ferrary, 1988, p. 279 sq.) et les quatre derniers sont publiés après sa mort en 146 : cf. F. Della Corte, 1969, p. 156 ; D. Musti, 1974, p. 126. Pour l’autorité de Caton sur le livre VI de Polybe, cf. C. Nicolet, 1974, p. 254 sq. L’exploration de Polybe en Afrique est rapportée par Pline, N.H. V, 1,9 ; sur celle de Pompée, ibid., VI, 19,52.
Les Romains se déplaçaient beaucoup par nécessité (il faudrait calculer le nombre de déplacements qu’un sénateur romain devait faire pour sa carrière), et par curiosité : Pompée ayant vaincu les pirates et « ne sachant plus que faire dans la région, alla visiter les villes » (Plut., Pomp. 30,1). Caton d’Utique, avant d’aborder sa carrière politique, « voulut parcourir l’Asie pour son instruction, afin d’observer les mœurs, les coutumes et les forces de chaque province » (Plut., Cato min. 12,2). Cicéron fut tenté en 59 par une mission en Égypte, qui pourtant lui déplaisait, parce qu’il avait « un désir, et un désir ancien de voir Alexandrie et le reste du pays » (Att. II, 5,1). Il existe d’autres exemples de curiosité touristique (Germanicus visitant les antiquités égyptiennes [Tac., Ann. II, 59,1]), mais celle-ci reste, avouons-le, très secondaire : le même Cicéron est capable d’écrire : « Ah Rome ! mon cher Rufus, c’est Rome qu’il faut habiter, dans cette lumière qu’il faut vivre. Il n’y a point de séjour à l’étranger (peregrinatio) – j’en ai ainsi jugé dès mon adolescence – qui ne soit obscur et misérable quand on peut à Rome faire briller son activité » (Fam. II, 12,2). En revanche, la conscience de la relativité des mœurs (cf. C. Nepos, Vies, praef., et sur ce texte, A. La Penna, 1981) et de la diversité des peuples (Cic., de div. II, 46,96 : incredibilis varietas dissimilitudoque ; de rep. III, 9,14) fait naître l’idée qu’il faut s’adapter aux usages du pays étranger dans lequel on séjourne : ainsi, selon Plutarque (Cés. 17,9), César reprocha un jour à ses amis de se plaindre qu’à Milan, chez leur hôte Valerius Leo, les asperges ne fussent pas assaisonnées à l’huile d’olive. Montaigne relèvera cette anecdote qui témoignait de la part de César d’une grande ouverture d’esprit (Essais, III, p. 259 [Gallimard, coll. « Folio »]).
Les allusions aux géographes grecs se trouvent, respectivement, dans Cic., Att. II, 4,1 ; 20,6 ; et 22,7 : Alexandre est un contemporain de Cicéron, connu de Strabon (XIV, 1,25) ; Cic., Att. II, 6,1 : c’est à Tyrannion, que l’on doit la redécouverte des manuscrits d’Aristote. Strabon fut son élève et étudia Aristote à Rome avec Boethius de Sidon dans les années 30 ; à propos d’Ératosthène : cf. Cic., Att. II, 6,2 ; sur Posidonius : Cic., Tusc. I, 2,6 par exemple. Par ailleurs, Cicéron fait plusieurs fois allusion à son projet de livre de géographie : Att. II, 6,2 : « c’est une tâche immense que le livre de géographie que je projetais d’écrire » ; cf. II, 7,1. C’est Atticus qui apparemment lui demande de l’écrire (ibid., II, 4,3) : Cicéron s’enferme donc à Antium dans sa bibliothèque, mais il renoncera au projet. Sur la comparaison entre Grecs et Romains, cf. Tusc. I, 1,1-3,6 : il s’agit d’un long développement sur les « aptitudes intellectuelles » respectives des deux peuples.
Les digressions géo-ethnographiques du Bellum Gallicum de César sont en partie identiques à celles de Diodore ou de Strabon, sans doute parce que tous se sont inspirés de Posidonius – par exemple sur les dimensions de la Gaule : cf. Strab., IV, 1,1 ; 5,1, 198-199C, et Cés., B.G. I, 1,5-7. Sur Cornelius Nepos source de Pline, outre les sources réunies par Peter, fr.6 et 7 (= Pomp. Mela, III, 5,44 ; 9,90) ; fr.10 ; 11 (= Pline, N.H. III, 132 ; IV, 77), voir K.G.Sallmann, 1971, p. 119 sq. notamment. Sur Salluste, cf. Sall., Iug. 79, et le commentaire de R. Oniga, 1990 ; 1995 ; cf. aussi T.P.Wiseman, 1987, p. 260-261, qui souligne l’absence de distinction très nette entre histoire et légende dans l’historiographie antique. Il faudrait, dans cette littérature géo-ethnographique, faire la part précise de la paradoxographie, c’est-à-dire de cette littérature des Merveilles dont les Grecs avaient donné de nombreux exemples, surtout depuis Callimaque, fondateur du genre, et qui s’est développée sous forme de recueils des Merveilles de la Nature et d’us et coutumes étonnants (la παραδόξων ἐθῶν συναγωγή de Nicolas de Damas n’en est qu’un exemple : voir G. Giannini, 1963 et 1964), une littérature indéniablement liée aux voyages et à la découverte d’autres mondes (cf. E. Gabba, 1981, p. 53). On en trouve des traces chez Caton : selon Cornelius Nepos (Cato 3,3), les Origines comportaient notamment « ce qui en Espagne et en Italie avait été ou avait semblé digne d’être remarqué » (quae in Italia Hispaniisque aut fierent, aut viderentur admiranda), un intérêt qu’on retrouvera plus tard chez Vitruve, Pline l’Ancien, mais aussi chez Varron. L’un de ses logistorici, dédié à Gallus Fundanius, portait le titre de admirandis, selon le témoignage d’Arnobe (adv. nat. VI, 3). Notons que Servius (ad Georg. III, 113) cite un livre de Varron, Qui Mirabilium inscribitur, qui pourrait être le même (voir Ritschl, 1877, p. 393 sq.).
Sur Pline et Varron, cf. N.H. III, 1,8 ; 5,45 ; 22,142 ; IV, 12,62 ; 66 ; 77 ; 21, 115, etc. Les principales études dans ce domaine sont celles de R. Reitzenstein, 1885 ; F. Ristschl, 1877, p. 385 sq. (§ 17 sq.) ; F. Della Corte, 1970, p. 237 sq. ; et en dernier lieu, K.G.Sallman, 1971, p. 8-20 (qui fait le point de la bibliographie). Aucun ne parvient aux mêmes conclusions, ce qui conduit Sallmann à adopter plusieurs principes : il faut renoncer à déterminer le titre exact (certains passages sont cités avec des titres différents) et même parfois la nature des ouvrages (des remarques géographiques ne relèvent pas nécessairement d’ouvrages de géographie au sens qu’on donne à ce mot aujourd’hui) ; en revanche, les fragments et les citations parvenus jusqu’à nous attestent l’existence bien réelle d’ouvrages.
Varron lui-même cite le premier titre (L.L. IX, 26) : il est donc incontestable. Il s’agit d’un ouvrage sur les marées, sujet que traitait aussi le livre de Posidonius Sur l’Océan. Selon K.G.Sallmann (1971, p. 10), les deux autres titres, de ora maritima (Serv., ad Aen. I, 108 ; 111 ; 112-113 ; VIII, 710) et de littoralibus (Solin, XI, 6), pourraient bien renvoyer au même ouvrage. Mais rien ne peut permettre de décider (contra, R. Reitzenstein, 1885, p. 517 sq.). Sallmann conclut (p. 11-13) qu’il vaut mieux s’en tenir à Servius et ne pas chercher la nature exacte de l’ouvrage.
L’Ephemeris (Itin. Alex. M. 3, p. 2, 11 Volkm.) est-il un ouvrage de géographie ou un mémoire comparable à celui que Varron rédigea en 70, à l’intention du même Pompée, sur la manière de présider le Sénat (Gell., XIV, 7) ? La question demeure obscure : K.G.Sallmann, 1971, p. 36-39. En ce qui concerne le livre sur la géométrie, on peut se demander s’il ne s’agit pas du même livre que le de mensuris, attesté jusqu’au Moyen Age (cf. K.G.Sallmann, 1971, p. 11, n. 21 ; p. 10 et 16) Sur la définition varronienne de la géométrie, cf. Ps. Boèce, p. 393 Lachmann. Quant aux chapitres géographiques des Antiquités, connus par Jérôme (Quaest. hebr. in Gen. 10,5) et Augustin (civ. Dei VI, 3,1), leur plan est contesté : contre l’hypothèse de P. Mirsch (1882) (celle des trois livres), R. Reitzenstein, qui s’appuie notamment sur Aulu-Gelle (X, 7,2), propose un découpage plus large : Rome, l’Italie, l’Europe, l’Asie, l’Afrique (1885, p. 545 sq.). Un ouvrage sur les îles ne serait toutefois pas impossible : le livre V de Diodore par exemple porte sur ce sujet, sans doute à l’imitation du grec Éphore qui traitait par thèmes des problèmes de géographie (cf. E. Rawson, 1985, p. 254 ; F. Prontera, 1989). Sur la perception de l’insularité chez les Anciens, cf. E. Gabba, 1991c.
Cf. E.J.Bickermann, 1952, p. 407 sq. (d’où est tirée l’expression « révolution copernicienne », p. 411) ; et dans le même sens T.J.Cornell, 1975, p. 16-21 (surtout p. 20-21 et n. 3 p. 21) sur l’attitude des Grecs à propos de l’origine des cités italiques.
Hérod. III, 16,29-31 ; Paus., II, 1,6 (cf. H. Verdin, 1968, p. 306 sq.) ; sur Caton : G. Traina, 1993, p. 595 sq. : Caton rapporte les traditions locales tout en répétant la version grecque ; sur Salluste, cf. Iug. 17,7 ; cf. W. Peremans, 1969 ; R. Oniga, 1995, p. 56 sq. (et la bibliographie sur le sujet) : selon ce dernier, les libri punici, bien qu’écrits en grec, reflétaient des sources indigènes.
Successivement, sur Silenus, Cic., de div. I, 24,49 = fr.11 P. (cf. aussi Corn. Nepos, Hann. 13,3) ; puis, Den. Hal., A.R. I, 35,3 : les ἐπιχωρίοι ; cf. I, 67,4 (et d’autres sources dans G. Traina, 1993, p. 593-595). Et Diod., I, 4,5 (cf. aussi VII, 4,5 ; Strab., V, 229 ; voir E.J.Bickermann, 1952, p. 411). Sur les méthodes pré-thucydidiennes, cf. Den. Hal, Thuc. 5 (Op. rhet. VII) : les auteurs anciens ne poursuivaient qu’un seul objectif, « celui de collecter tout ce qui était conservé par les naturels du pays – traditions orales par peuples et par cités, écrits déposés dans les lieux sacrés ou profanes, afin de les porter à la connaissance de tous, sans rien y ajouter ni rien en retrancher ». Sur les problèmes soulevés par les variantes de ce texte, cf. G. Aujac, éd. Budé, 1991, p. 46 ; pour un commentaire, voir H. Verdin, 1970 = 1979, p. 113 ; L. Troiani, 1983, qui rapproche la méthode décrite par Denys de la méthode pratiquée par les historiens antiques du Proche-Orient et de leur goût pour les documents d’archives.
Sur les légendes : B.G. VI, 18,1. César rapporte les explications des Gaulois et multiplie les expressions comme « à leurs yeux », « selon eux », « ils professent » : VI, 22,3-4 ; 23,2 ; 4 ; il se réfère à leur savoir (VI, 25). César vit à l’époque où la peur du Gaulois commence à diminuer en raison des progrès de la romanisation en Cisalpine et en Transalpine (Cés., B.G. I, 32,2 ; Cic., Att. I, 19,2) ; la barbarie se déplace vers la Germanie (cf. L. Cracco-Ruggini, 1986, p. 22 sq.). Sur l’éloge de leur courage : B.G. II, 15,5 ; de leur sens de la liberté : VII, 89,1-2, etc. Une attitude d’esprit en conformité avec la largesse avec laquelle César a donné le droit de cité aux Transpadans. Cf. A.N.Sherwin White, 1967, p. 18-31. Sur la position de Strabon, cf. Géogr. III, 2,15. Sur Sall. (Iug. 79), R. Oniga, 1990, p. 24 ; Salluste établit même un parallèle entre Rome et Carthage : Iug. 19 ; Catil. 6.
Vitr., de arch. II, 1,4-5 : ethnologie comparée fondée sur l’observation des techniques de construction des peuples étrangers ; Varr., R.R. II, 10,7-9 ; 4,9. Sur la comparaison des calendriers, cf. Gell., III, 2,2-6 (sur les différentes manières de compter les jours) ; Censor., d.n. 17,14 ; sur celle des dieux : Lyd., de mens. IV, 53,110,25 ; III, 3 Wuench (sources et commentaires dans P. Boyancé, 1976, p. 153 sq.).
Les indications sur Caton, Fabius et Scipion viennent de Cicéron (Sen. 20 ; 12, et Q.fr. I, 1,8). Pour le Ier siècle : Cic., Orat. 120 ; cf. aussi Orat. 30-31. D’autres témoignages sur les lectures des Romains dans de orat. II, 55-58 ; Brut. 29. Que les Romains se soient intéressés à l’histoire étrangère, surtout grecque, ne veut toutefois pas dire qu’ils en aient eu une connaissance approfondie ou chronologique ; sans doute était-elle plutôt fragmentaire. Une étude sur ce sujet serait à mener de manière systématique. Voir dans ce sens A.C.Dionisetti, 1988.
Successivement, fr.2 ; 6 P. (I, p. 148-149). On trouve aussi ce genre d’indication chez Fabius Pictor et Cincius : cf. Peter, fr.1, p. 5 ; p. 40 ; sur le récit de la fondation : p. 151 P. ; cf. A. Novara, 1983, I, 123. Le thème des inventeurs-bienfaiteurs se retrouve chez Diodore (I, 90,3 ; 95,5), Lucrèce (V), Vitruve (II) et Manilius (I), mais aussi sans doute chez Posidonius : cf. Sén., ad Luc. 90 ; Voir K.S.Sacks, 1990, p. 61 sq. Toutefois, si certains (Lucrèce par exemple) pensaient qu’à l’origine l’homme était sauvage (cf. F. Della Corte, 1976, p. 126), le progrès vers la civilisation n’était pas à leurs yeux infini. En ce sens, notre progressisme diffère fondamentalement de celui des Anciens, qui, par ailleurs, jugeaient néfastes certaines inventions : le fer, par exemple, moteur de la guerre (cf. S. Blundell, 1986, p. 165 sq.).
Sur les rois légendaires chez Varron : Aug., civ. Dei, XVIII, 3. Sur l’agriculture comme signe de progrès, cf. Varr., R.R. I, 2,16. Quant à Dicéarque, aristotélicien, géographe et historien du IVe siècle, auteur d’un Bios Ellados, dont s’inspire sans doute en partie le de vita populi romani de Varron, il est cité de nombreuses fois : cf.Cic., Att. VI, 2,3 ; II, 12,4 ; 16,3 ; de off. II, 5,16 ; Varr., R.R. I, 2,16 ; II, 1,3… Sur lui, cf. F. Wehrli, 1944 ; sur son influence sur Varron, cf. F. Della Corte, 1976, p. 126-130.
Dans l’ordre, Varr., ap. Censor., d.n. 4,3 (et sur l’ouvrage dédié à L. Aelius Tubero, l’ami de Cicéron, cf. H. Dalhmann, 1957, p. 142 sq.) ; Lucr., de nat. rer. V, 65, et A. Grilli, 1953b. A côté de la vision de Lucrèce, existent d’autres interprétations de l’histoire à la fin de la République, mais toutes les variantes se résument en fait à deux conceptions, l’une, le « primitivisme chronologique » qui idéalise l’état de nature (avec les mythes de l’âge d’or et du bon sauvage), l’autre, qui fait de l’état de nature un état proche de l’animalité (Lucrèce, Salluste, Vitruve) et exalte la civilisation et le progrès technique. Chez Cicéron, on trouve les deux : l’Antiquité est proche des dieux selon le de leg. (II, 10,27) ; mais, à l’origine, on savait moins de choses d’après le de rep. (II, 10,18-19) ; et la vie sauvage était proche de l’animalité selon le pro Sest. (42,91-92). Cf. A.O.Lovejoy et O. Boas, 1933, p. 222 sq. ; 243 sq.
Les datations de Caton sont données par Cic., Sen. 12,41 ; pour celle de Cassius Hemina, cf. fr.8 P. ; cf. aussi Gell., XVII, 21,3 ; sur les différentes traditions concernant Homère : Clém., Strom. I, 21,117,1-10. Sur les Chronika de Nepos, cf. Gell., XVII, 21,3 sq. ; Cf. aussi Peter, fr.1-7 (II, p. 25-26) ; le témoignage d’Aulu-Gelle fait plutôt penser à un de viris illustribus, titre également attribué à Cornelius Nepos (Peter, II, p. 35-40) : ne pourrait-ce être le même ouvrage ? Selon G. D’Anna (1975), la source principale d’Aulu-Gelle est le liber annalis d’Atticus.
Successivement, FGrH 6 F 2 (pour Hippias) ; Pol., XII, 11,1 (sur les efforts de Timée) ; Strom. I, 138,1-3 = FGrH, 241 F 1a. Le recours à la datation par années olympiques durera jusqu’au Ve siècle de notre ère : c’est Théodose II qui, selon Jean le Lydien, y mettra officiellement fin (de mens. IV, 103 ; cf. M. Maas, 1992, p. 53 sq.). Sur la chronographie hellénistique, cf. A.A.Mosshammer, 1979, p. 4 sq., et B.Z.Wacholder, 1968, p. 463 sq.
P.Pédech, 1964, p. 436 sq. Polybe suit donc Ératosthène. Au contraire, la chronique d’Apollodore (FGrH, 244), en 140, utilise seulement la liste des archontes d’Athènes comme, au IIIe siècle, le marbre de Paros (FGrH, 239 et K. p. 668-670).
Sur Diodore, voir les remarques de K.S.Sacks, 1990, p. 64 sq. ; sur Caton, cf.Den. Hal., I, 74,1-2 ; sur les historiens latins, cf. s.n. Cincius, fr.12 P., p. 194.
Pour Hérodote, le fondateur de la dynastie assyrienne n’était qu’un descendant d’Héraclès… Et même Éphore de Cymè qui était persuadé de l’ancienneté des Barbares (Diod., I, 9,5) commençait pourtant son histoire au retour des Héraclides (cf. Pol., V, 33,2 ; Diod., IV, 1,2 ; V, 1,4 ; voir le commentaire de Jacoby : FGrH, II C 22-23). Au contraire, Aristote considérait les Égyptiens comme les plus anciens des hommes et admettait que le déluge de Deucalion n’intéressait que l’histoire grecque ; Dicéarque (fr.58 W.), lui, plaçait le début de l’histoire égyptienne en 3719. Cf. S. Mazzarino, 1983, I, p. 482 ; E.J.Bickermann, 1952, p. 72 ; p. 416-417. Les nations antiques se disputaient ainsi la priorité dans l’histoire. Il en était de même dans le domaine de la philosophie : qui avait inventé la sagesse ? Clément d’Alexandrie consacre plusieurs chapitres des Stromates à prouver que la sagesse (comme l’histoire) barbare est antérieure à celle des Grecs (notamment I, 15,66 sq.). Cf. R.P.Festugière, 1944, p. 21 sq. Sur la question de l’ancienneté des peuples, voir aussi, plus bas, p. 266-268. Sur la date qui sépare l’histoire (l’antiquitas) et la préhistoire, cf. Gell., XVII, 21,1 (cf. chap. 3, n. 1).
Les fragments de Ctésias se trouvent dans FGrH, 688. Sur son œuvre et sa vie, voir G. Goossens, 1940-1941 ; G. Drews, 1965. L’histoire universelle du IIe siècle est, selon Jacoby (FGrH, 244 F 83-87), celle d’Apollodore ; cf. B. Z. Wacholder, 1968, p. 463 sq. Sur Castor, cf. FGrH, 250 F 1-20 (Kubitschek, RE, X, 2347-2356) ; également Aug., civ. Dei. XXI, 8. Pour la date de Ninus, Bérose donnait 2232 et Ctésias 2150, date confirmée par les découvertes de Korsabad dans les années 1940. Cf. G. Drews, 1965, p. 130-131 ; 138.
Aug., civ. Dei XVIII, 13. Pour Varron, le déluge de Deucalion n’avait concerné que les Grecs (ibid., § 10 ; R.R. III, 1,2) tandis que le déluge d’Ogygès avait touché tous les peuples – ce qui a suggéré à certains que Varron identifiait ce dernier au déluge biblique, comme l’avait fait Alexandre Polyhistor, auteur entre 85 et 35 d’une histoire universelle (cf. B.Z.Wacholder, 1968, p. 469 sq.). Par ailleurs, en faisant débuter l’histoire par Ogygès, Varron suivait Castor de Rhodes qui donnait Ogygès (quatre cents ans avant Inacchos) comme le premier personnage attesté de l’histoire : cf. R.R. III, 1,2, où Varron parle du « cataclysme d’Ogygès » et fait de sa ville, Thèbes, « la plus ancienne des cités ».
Dans l’ordre, Aug., civ. Dei. XVIII, 2 (ailleurs [XXI, 8], Augustin cite « textuellement » un passage du de gente p.R. où Varron se réfère à Castor) ; Censor., d.n. 21,4-5 : diversarum civitatum conferens tempora ; Aug., civ. Dei XVIII, 8. Sous l’influence de Panétius (Van Straaten, fr.68), Varron distinguait trois périodes dans l’histoire de l’humanité (Censor., d.n. 21,1) : l’une non connaissable (adèlon), la deuxième mythologique (mythicon), la troisième historique (historicon) « parce que les événements qui s’y sont déroulés ont été consignés dans de vraies histoires » : une tripartition qu’on retrouve chez Diodore de Sicile pour qui, toutefois, la période mythique n’était connaissable que par les mythes, non de manière chronologique, l’histoire ne commençant qu’avec les premiers documents écrits.
Successivement, Velleius Pat., I, 8,1-2 : la cérémonie des jeux Olympiques fut instituée « 823 ans avant ton consulat, M. Vinicius [donc pour Velleius en 793, alors que la date reconnue par Ératosthène est 776]… C’est alors qu’à Athènes les archontes cessèrent d’être nommés à vie, le dernier ayant été Alcméon » ; Florus, praef. 1 ; même idée chez Den. Hal., A.R. I, 3.
Dans l’ordre, Velleius Pat., I, 6,6, et les remarques de S. Mazzarino, 1983 ; Peter, II, p. 161. (L’interpolation, qui se trouvait dans un manuscrit du VIIIe siècle, a été reconnue comme telle au XVIe siècle. Cf. éd. J. Hellegouarc’h, Paris, CUF, 1982, n. 8, p. 29). Sur le livre de Daniel, cf. A. Momigliano, 1984b, p. 87 sq., et 1987. La référence de Polybe est Hist. I, Préf. 2 (et le commentaire de D. Musti, 1978, p. 15-16 ; F.W.Walbank, 1957, p. 42-45). Sur la translatio imperii, cf. J. Swain, 1940 ; D. Mendels, 1981. Pour Appien, cf. Pun. 132 et D. Mendels, 1981, p. 335. Ajoutons que le titre de l’ouvrage de Sura, de annis populi romani, ouvrage de chronographie, correspond plutôt à l’esprit du Ier siècle. Sur la propagande anti-romaine en Orient, cf. notamment A. Momigliano, 1984b, p. 89 sq.
Non seulement les historiens orientaux écrivaient leur histoire nationale en grec (le Babylonien Bérose ou encore l’Égyptien Manéthon, qui polémique avec Hérodote : cf. FGrH, 609 F 13 ; cf. A. Momigliano, 1989, p. 401 sq. ; 1990 [1992], p. 5-28), mais des Grecs écrivaient l’histoire des Barbares : la première histoire d’Occident est ainsi l’œuvre de Timée de Tauromenium (cf. A. Momigliano, 1966) ; on citera aussi l’histoire des guerres puniques, écrite par Philin d’Agrigente pour la première guerre ; et pour la deuxième par Sosilos de Sparte et Silénos de Kalèaktè, historiens qui, selon Cornelius Nepos, accompagnaient Hannibal (Corn. Nep., Hann. 13,3 ; Cic., de div. I, 49 ; Diod., XXVI, 4 ; Pol., III, 20,5).
Sur Fabius Pictor, Liv., XXII, 7,3 ; cf. B.W.Frier, 1979 p. 231 sq. On ne connaît toutefois ni ses dates de naissance et de mort, ni la date de composition de ses Annales (entre 216 et 209). Sur l’ambassade : Liv., XXII, 57,5 ; XXIII, 11,1-6 ; Plut., Fab. 18,3 ; App., Hann 5,27. Il existe par ailleurs une tradition qui rapporte l’existence d’Annales en latin attribuées à un Fabius : s’agit-il de la traduction des Annales grecques de Fabius Pictor par lui-même ou par un de ses descendants, ou d’Annales latines indépendantes ? Pour une mise au point sur toutes ces questions, voir en dernier lieu l’édition de L’Annalistique romaine, par M. Chassignet, 1996, p. LIV sq. Sur les débuts de l’historiographie romaine, cf. E. Badian, 1966 ; B. Gentili et G. Cerri, 1979 ; B.W.Frier, 1979. Sur Polybe et Fabius, Pol., I, 14,1-3 ; 15,12 ; 58,2-6 ; III, 9,1-5. Denys d’Halicarnasse aura plus d’estime pour lui : A.R. VII, 71,1. Sur le patriotisme de Fabius, cf. B.W.Frier, 1979, chap. 11, notamment p. 283 sq. Le contenu de la bibliothèque de Taormine nous est connu par une inscription datée de 125, découverte en 1969, et qui n’est autre que son catalogue (cf. G. Manganaro, 1974 ; 1979). Sur Cincius, cf. Liv., XXI, 38,3 sq. Cf. Peter, p. CIII sq. ; fr. p. 40 sq. ; cf. G.P.Verbrugghe, 1982 ; en dernier lieu, M. Chassignet éd., L’Annalistique romaine, p. LXXVI sq. Cincius, qu’il faut distinguer du polygraphe homonyme du Ier siècle, eut moins d’influence que Fabius : il n’est par exemple jamais cité par Polybe. Enfin, sur Cornelius Scipion, cf. Cic., Brut. 77. Sur C. Acilius : Gell., VI, 14,9 (cf. aussi Plut., Cato maior 22) ; Liv., Per. LIII, 4 : graece res romanas scripsit ; cf. Cic., de off. III, 115 : graece scripsit historiam ; sur la traduction en latin : Liv., XXXV, 39,11-17 ; cf. Peter, I, p. CXXII.
Sur Albinus, Gell., XI, 8,2 ; cf. Pol., XXXIX, 1 ; Plut., Cato maior 12,6 ; Gell., XI, 8,1 ; Macr., Sat. I, praef. 13 (il présida la séance du Sénat où fut reçue l’ambassade de 155 : cf. Cic., Acad. II [Luc.], 45,137. Sur le concept d’histoire pragmatique [qu’il distingue de l’histoire généalogique ou des récits de migrations et de fondations], voir Pol., IX, 1-2). Sur Lucullus, cf. Plut., Luc. I, 7-8 ; Cic., Att. I, 19,10 ; cf. aussi Peter, II, p. 3. Rappelons aussi qu’Atticus écrivit en grec le récit du consulat de Cicéron : Att. II, 1,1 ; Une pratique qui se poursuit à l’époque impériale : cf. Suét., Claud. 42,2.
Tarutius Qui graece de astris scripsit, lit-on dans l’index du vol. XVIII de l’Histoire naturelle ; sur Q. Sextius, cf. Sén., Ep. 59,7 ; 64,2 ; Pline, N.H., index des livres 12-16, 20-30 ; cf. aussi J. Kaimio, 1979, p. 239 sq.
Sur la bibliothèque de Persée, Plut., Paul Em. 28 ; la circulation des livres dans l’élite est attestée par Cicéron notamment : cf. de fin. III, 2,7 : « Étant à ma campagne de Tusculum et ayant besoin de certains livres qui se trouvaient dans la bibliothèque du jeune Lucullus, je me rendis à sa villa, pour les y prendre moi-même comme j’en avais l’habitude. En y arrivant je trouvai Marcus Caton, que je ne savais pas y rencontrer : il était assis dans la bibliothèque avec de nombreux ouvrages de stoïciens répandus autour de lui. » La bibliothèque de Lucullus était réputée pour sa facilité d’accès (Plut., Luc. 42,1-2). Sur le développement de la lecture, cf. aussi p. 105-106.
Dans l’ordre, Cic., pro Arch. 10,23 ; Val. Max., II, 2,2 ; Liv., XXXV, 14,5-12 ; cf. aussi Just., XX, 5,12-14. L’affirmation de Valère Maxime pourrait bien alors s’expliquer, selon J. Kaimio (1979, p. 96), par une volonté de soutenir la politique de Tibère en faveur du latin : cf. Suét., Tib. 71. On peut dire toutefois que les Romains n’ont pas eu de politique linguistique : cf. M. Dubuisson, 1982 ; les exemples de bilinguisme abondent, cf. Sherk, RDGE ; J. Kaimio, 1979, p. 110 sq.
Sur Apollonius, cf. Val. Max., II, 2,3 ; exemples d’interprètes dans Cic., de fin. V, 89 ; de div. II, 131 ; sur Decimus Brutus, App., B.C. III, 97,404-407 ; sur l’ignorance des langues, successivement, Cic., Tusc. V, 40,116 : « nos contemporains ne savent généralement pas le grec ni les Grecs le latin… et nous sommes tous dans le même cas pour les langues que nous n’entendons pas et qui sont innombrables » ; Pline N.H. VI, 5,2. Cf. aussi J.P.V.D.Balsdon, 1979, p. 140 sq.
Sur la difficulté de traduire la philosophie en latin, cf. Cic., de fin. I, 2,4. Par ailleurs, interpretatio est le mot le plus souvent employé pour parler de « traduction » littérale. L’effort de traduction créative s’en distingue : cf. de fin. I, 3,6 ; de opt. gen. orat. 4,14 : à propos de certaines traductions, il écrit : « je les ai mises en latin non en traducteur (nec converti ut interpres) mais en orateur (sed ut orator)… ; je n’ai pas cru nécessaire de rendre mot pour mot ; c’est le ton et la valeur des expressions dans leur ensemble que j’ai gardés ». La traduction mot à mot, qui, selon Cicéron, est le propre des épicuriens, est l’objet de ses critiques : cf. de fin. III, 15, où il désigne les traducteurs qui s’y livrent comme des interpretes indiserti (sur ce sens de l’expression, cf. P. Lamagna, 1994, p. 276 sq.).
Comme le faisait remarquer A. Momigliano (1979b, p. 51-52), ils n’ont pas même appris le latin – sauf dans le cas où ils ont dû séjourner longtemps à Rome. Les sources nous ont transmis toutefois quelques exemples de Grecs plus motivés : l’Épirote Charops aurait été envoyé à Rome par son grand-père « pour apprendre à parler et à écrire le latin » (Pol., XXVII, 15,4). Polybe lui-même semble avoir connu la langue des Romains avant son séjour « forcé ». Sur cette question, en dernier lieu, voir M. Dubuisson, 1985, p. 258. Mais ces exemples ne remettent pas en cause ce qui apparaît comme un fait majeur : l’absence de curiosité linguistique de la part des Grecs ; cf. M. Lejeune, 1940-1948. Sur l’expression de Tacite, voir Ann. II, 88,4. De cette « fermeture » des Grecs sur eux-mêmes, on a un témoignage très clair à l’époque hellénistique où le développement de la science grecque à Alexandrie se fait dans le cercle étroit des Grecs, sans aucun rapport avec la science égyptienne : cf. J. Blomquist, 1992. La citation de Novalis est tirée de Briefe und Dokumente, éd. Wasmuth, Heidelberg, 1954, p. 366 (cité par A. Berman, 1983, p. 141).
C’est ce que firent notamment les dramaturges : cf. Cic., de opt. gen. orat. 6,18 ; de fin. I, 3,7 ; cf. aussi Macr., Sat. VI, 1,4, qui rapporte les propos d’Afranius : il avouait avoir puisé non seulement dans l’œuvre de Ménandre mais dans celle de tous les autres, même latins, où il avait trouvé quelque chose qui lui convenait. Voir p. 273 sq.
Dans l’ordre Cic., Tusc. II, 2,5 ; cf. aussi II, 2,6 : « que ces études passent aux mains de nos compatriotes, nous n’aurons même plus besoin des bibliothèques grecques » (voir aussi, de nat. deor. I, 4,8 sq. ; de div. II, 2) ; Hor., Sat. I, 10,20-35 ; Odes IV, 3,17-24, etc ; Properce, lui, veut faire passer l’élégie de la Grèce à l’Italie : il se veut « le Callimaque des Romains » (El. IV, 1,63 sq. ; III, 1,1-4). Cf. I. Opelt, 1969, p. 27 sq. La dernière citation est de Cic., de fin. I, 3,6 : on opposera à cette conception romaine celle du médecin grec Galien, au IIe siècle de notre ère, qui ne comprendra pas qu’on puisse philosopher autrement qu’en grec (de meth. med. I, 9,6).
Sur la traduction de Livius Andronicus, à propos de laquelle Cicéron émet toutefois quelques réserves (Brut. 71-72), cf. S. Mariotti, 1985.
Pour le théâtre, cf. Cic., de fin. I, 2,5. Quant au texte de Magon, il fut également traduit en grec, au début du Ier siècle, par Cassius Dionysius d’Utique, et cette version fut dédiée à P. Sextilius, préteur en Afrique en 89 ou 88 (cf. Broughton, II, p. 41) : ce Dionysius parlait punique et traduisit sans recourir au texte latin. Il réduisit la version originale à 20 livres – et ce sont eux que cite Varron. (Pline, N.H. XVIII, 22 ; Varr., R.R. 1,1,10 ; II, 1,10 ; 27 ; III, 2,13). Vers 64, Diophane de Bithynie en donna une nouvelle qu’il offrit au roi Deiotarus. Enfin, ces livres furent abrégés en 2 volumes par Pollion de Tralles, sophiste et philosophe qui enseignait à Rome avant 48 (sur toute cette histoire du texte de Magon, cf. H. Bardon, 1976 ; E. Rawson, 1985, p. 135-136). Pour d’autres traductions célèbres, par exemple celle des Fables milésiennes, texte érotique d’Aristide, par un certain Sisenna (cf. Ov., Trist. II, 443-444 ; sur lui, E. Rawson, 1979, p. 331-333), voir aussi J.P.V.D.Balsdon, 1979, p. 46.
Traductions de Platon : cf. de rep. VI, 28 ; il faut aussi faire état des citations de Platon éparses dans les ouvrages de Cicéron et référencées en termes souvent généraux : de div. I, 60,1 : verba ipsa Platonis expressi ; Orat. 41 : his ipsis verbis ; Leg. II, 45 : si modo interpretari potero… Il faudrait en dresser la liste exhaustive, ainsi que des citations des autres philosophes : cf. Tusc. III, 40-41. Cicéron est par ailleurs qualifié d’homo platonicus (Q. Cic., Comment. petit. 46 ; cf. Quint., I.O. X, 1,81 ; sur le platonisme à Rome, cf. P. Boyancé, 1953 = 1970, p. 226). Sur la traduction de Xénophon, cf. de off. II, 87 ; III, 5 ; Columelle (R.R. XII, praef. 7) dit plutôt que Cicéron adapta Xénophon : eum (Xénophon) Latinae consuetudini tradidit (cf. aussi Quint., I.O. X, 5,2). L’allusion aux traductions d’Eschine et de Démosthène se trouve dans de opt. gen. orat. 5,13 sq. : il s’agit respectivement des discours Contre Ctésiphon et Sur la couronne. Enfin, pour les traductions poétiques, voir l’édition des Phénomènes, dans la CUF, 1972 ; et sur les traductions d’Homère, Cic., de div. II, 30 (autres exemples dans J. Kaimio, 1979, p. 282-283 ; 295 sq.). Nous n’aborderons pas dans le cadre de cet ouvrage les modes réels de transcription qu’utilisèrent les Romains. On peut sur la question consulter R. Poncelet, 1953 ; ou encore les actes du colloque La Langue latine, langue de philosophie…, 1992. Sur les trois langues d’Ennius, Gell., XVII, 17,1 (commentaire dans Ennius, Annales, éd. Skutsch, p. 749 sq.).
De fin. I, 3,8 ; puis Tusc. V, 40,116. Rappelons que la philosophie grecque commence à être adaptée en latin dès le IIe siècle – même si Lucrèce dit qu’il est le premier à le faire (I, 922-930), tout comme Cicéron qui se désigne comme le premier et le meilleur de ses interprètes (Tusc. I, 3,6). L’Evhemerus d’Ennius expose en effet en latin la doctrine d’Évhémère sur la nature des dieux ; son Epicharme, le système de l’univers et la théorie de l’âme de Pythagore notamment (cf. éd. J. Vahlen, Leipzig, 1928).
Sur les emprunts, Cic., de fin. III, 2,5 (cf. aussi de div. II, 4,11 : « le mot sorite comme philosophia, comme beaucoup de mots grecs est passé dans la langue latine »). Sur la richesse du latin, Cic., de fin. III, 2,5 (cf. aussi de fin. I, 3,10 ; Tusc. II, 15,35 ; de nat. deor. I, 4,8). Sur la position de Lucrèce, voir de nat. rer. I, 139 : propter egestatem linguae et rerum novitatem ; 831-832 ; III, 259-260 ; cf. Manilius, Astron. III, 40-42 ; sur la position d’Atticus, voir Cic., Acad. I, 7,25 : quin etiam Graecis licebit utare, cum voles, si te latina forte deficient ; cf. aussi Vitr., de arch. V, 4,1 ; 6,7. Sur la pratique cicéronienne des emprunts, Orat. 48,164 ; cf. aussi de fin. III, 4,15 ; Acad. I, 7,25-26 ; de off. I, 111. Un exemple célèbre : la traduction du terme kaqh~kon, qu’il trouve chez le stoïcien Panétius, par officium. Le débat qui s’ouvre sur ce sujet avec Atticus, selon qui le mot a une coloration trop latine, se trouve dans la correspondance (Att. XVI, 11,4 ; 14,3) ; d’autres exemples dans C. Lévy, 1992a. Voir aussi E. Rawson, 1985, p. 121 sq.
L’épitaphe de Naevius est citée dans Gell., I, 14,3. Sur Ennius, les témoignages se trouvent dans Cic., de orat, III, 40,162 ; Enn., Ann., fr.11 Valhen ; sur Lucilius, voir Hor., Sat. I, 10,20-21 : verbis Graeca Latinis miscuit ; cf. aussi J. Kaimio, 1979, p. 295 sq.
Dans l’ordre, de orat. I, 34,155 (cf. aussi Quint., I.O. X, 5,2 sq. ; cf. aussi Pline le J., Ep. VII, 9) ; et Acad. I, 7,25 (cf. Tusc. III, 1-4 ; Varr., L.L. IX, 20 sq.). Vitruve, de son côté, expliquera aussi que dans certaines disciplines nouvelles – la musique, par exemple, ou l’architecture – le latin a besoin d’un grand nombre de mots grecs même s’il les emploie dans des sens qui lui sont propres (de arch. VI, 7).
Successivement, Cic., de orat. I, 34,155 ; Quint., I.O. X, 5,2.
D’abord de orat. I, 12,52 ; puis III, 24,92 ; puis III, 20,74 ; cf. aussi III, 36,146 où Cicéron oppose l’universalité des connaissances des Grecs et « notre bagage à nous autres Romains ».
Tac., Dial. 39,1. La citation précédente est de Cic., de orat. I, 4,14-15 : Excitabat eos magnitudo ac varietas multitudoque in omni genere causarum.
Dans l’ordre, Cic., Orat. 3,12 ; Brut. 93,323 ; de fin. I, 4,12 (cf. aussi [à Crassus], de orat. III, 22,82 : « l’abondance de ta parole trouve en la philosophie sa source ») ; de orat. III, 31,125 : rerum copia verborum copiam gignit (cf. aussi III, 27,104 : « le triomphe de l’éloquence, c’est d’amplifier [amplificare] le sujet par les ornements de la diction » ; Orat. 36,125-126 ; Brut. 124) ; la dernière citation du paragraphe est tirée du de orat. II, 16,67.
De leg. I, 61. Sur Socrate et Zénon, cf. Tusc. V, 37,108. (La comparaison du mundus (l’univers) avec une cité est assez différente de celle qui va se développer à l’époque impériale dans le fameux jeu de mots urbis/orbis, qui met l’accent sur l’universalité de Rome [Ovide par exemple, Fasti II, 684 : Romanae spatium est Urbis et orbis idem – « et la ville et la terre ne forment qu’un seul lieu » ; cf. C. Nicolet, 1988a]. L’image de Cicéron définit davantage l’unité naturelle du genre humain, l’image de la cité n’étant là que pour faire comprendre l’idée.) Puis, successivement, Lucr., de nat. rer. I, 963 ; puis I, 981-982 (cf. aussi I, 1005-1006 : « Tant il est vrai que partout s’ouvre aux choses un immense espace sans limites qui se prolonge en tous sens » ; cf. II, 1044-1047).
Hor., Ep. II, 1,1, où l’adjectif solus, pour désigner Auguste, se détache en fin de vers.
A.Berman, 1983, p. 147 sq.
Dans l’ordre, Cic., Q.fr. I, 1,27-28 (éd. Shackleton Bailey, 1980, p. 147 sq.) (sur ce texte et sur la notion d’humanitas en général, voir aussi J.-L. Ferrary, 1988, p. 511 sq. ; et P. Veyne, 1992) ; Den. Hal., XIV, 6,5-6, pour qui ce qui est grec est cultivé ; cf. aussi Strab., XIV, 5,23-26 (et G. Vanotti, 1992). Le grand savant Ératosthène en revanche avait loué Alexandre d’avoir pris ses amis parmi les Barbares (cf. Strab., I, 4,9). Certains voient dans la position de Cicéron une influence de Panétius : pour une discussion, cf. J.-L. Ferrary, 1988, p. 514 sq.
La lex Aurelia d’octobre 70 : Cic., Verr. II, 71,174 ; Cluent. 47,130 ; la lex Antonia de Termessibus de 72 ou 68 rendant aux habitants de Termessos, en Pisidie, leurs biens spoliés par les Syllaniens et les libérant du contrôle des publicains par la restitution à la cité des portoria (CIL, I, 2, 744 = ILS, 5800) ; mais aussi les lois du tribun C. Cornelius en 67, l’une visant à lier les gouverneurs à leur édit pour éviter toute forme d’arbitraire, l’autre visant aussi à interdire l’usure au détriment des provinciaux (cf. M. Griffin, 1973, notamment p. 204 sq.) ; puis les lois césariennes (cf. Cic., pro Sest. 64,135 ; in Vat. 12,29 ; Phil. I, 8,19). Sur Pompée et le problème des provinciaux, cf. Verr. I, 45 ; III, 42 sq. ; Cic., de imp. Cn. Pomp. 39 ; Plut., Pomp. 10,2. Sur la place de ces lois dans la constitution cicéronienne, cf. de leg. III, 11 ; 20,46.
D’abord Cic., de rep. II, 15,29 ; 17,34. Le comportement de Caton, par ailleurs, est bien étudié par C. Letta, 1984. Sur la réception de la culture grecque, la bibliographie est immense : cf. en dernier lieu, pour le IIe siècle, J.-L. Ferrary, 1988 et E.S.Gruen, 1990 ; 1992 ; pour le Ier siècle, E. Rawson, 1985.
Successivement, Cic., de orat. II, 36,153 (ce qui fait penser à W.W.Fortenbaugh [1989, p. 44-45] que Cicéron lui-même a procédé ainsi, en ce qui concerne notamment la Rhétorique d’Aristote). Cf. aussi de orat. II, 1,4 : « Crassus voulait donner à penser non point précisément que l’instruction lui manquât, mais qu’il la dédaignait et que les Romains lui semblaient avoir en toutes choses des lumières supérieures à celles des Grecs ; Antoine de son côté estimait qu’avec un peuple comme le nôtre ses discours seraient mieux accueillis s’il faisait croire qu’il n’avait jamais étudié. » Tant la tradition romaine incitait non au loisir studieux mais à l’action politique. La dernière citation vient de Q.fr. I, 1,28 : inertiae et levitatis suspicio.
Successivement, Fam. IX, 15,2 (46 av. J.-C.), à Paetus : cum in urbem nostram infusa est peregrinitas ; Brut. 258 : Confluxerunt enim et Athenas et in hanc urbem multi inquinate loquentes ex diversis locis ; sur le site des cités, cf. de rep. II, 4,7 : au contraire, le site de Rome en retrait par rapport à la mer assurait à la cité une certaine protection.
L’épisode de l’affiche est rapportée par Suét., Caes. 80,3. On connaît quelques expulsions d’Italiens (cf. Cic., Balb. 48 ; 54 ; 63), mais certaines furent décidées à la demande des cités elles-mêmes qui voyaient leur démographie baisser : cf. Liv., XXXIX, 3,4-6 ; XLI, 8,6-9,12 ; XLII, 10,1-3. Sur la question, plus généralement, cf. R.W.Husband, 1916 ; J.P.D.V.Balsdon, 1979, p. 98 sq. ; sur les usurpations de citoyenneté, cf. M. Reinhold, 1971. Et chap. 6, p. 283-284. La dernière citation est de Cic., de off. III, 47.
Cic., Phil. V, 5,13. Parmi les lois permettant aux généraux d’offrir la citoyenneté romaine, on citera la lex Pompeia de 89 ; la lex Gellia Cornelia, de 72 (Cic., pro Balb. 5,11 ; 8,19) ; la lex Vatinia de 59 (cf. G. Luraschi, 1979, p. 379 sq.). A quoi il faut ajouter la loi de César de 49 destinée à donner la citoyenneté aux Cisalpins (U. Laffi, 1986, p. 5 sq.).
Successivement, Pline, N.H. XIV, 1,2 ; Cic., Brut, 65 ; 112.