25.

Un des aspects importants du travail des antiquaires (Caton le Censeur, Varron, Hygin) fut de mettre par écrit les traditions orales, les légendes concernant notamment l’origine des cités italiques ou de Rome : pour une étude précise de ce travail, on renverra désormais à G. Traina, 1993-1994 (avec une très bonne bibliographie), qui, à la suite de D. Musti (1988, p. 173-195), montre comment les Romains sélectionnent les sources (Caton sur la fondation de Pise, par exemple, p. 598-599), modifient les traditions locales italiques avec l’avancée de la conquête : le mythe de Diomède, par exemple, disparaît de l’histoire locale en Daunie avec la fondation de la colonie romaine de Bénévent ; même chose pour la fondation de Lavinium attribuée dans la vulgate grecque à Diomède, mais rendue à Énée dès Fabius Pictor. Les Romains se sont ainsi attachés tout à la fois à recueillir les traditions locales des cités et des sanctuaires et à rationaliser le passé. L’évhémérisme y a joué un rôle (il a influencé Cassius Hemina, Cn. Gellius, Varron même : cf. P. Wiseman, 1983, p. 302 sq.). De manière générale, Varron explique, rend raison, interprète les mythes, les fêtes, multiplie les détails chronologiques (cf. Aug., civ. Dei XVIII, 3 ; 5 ; 6, etc. ; et sur le traitement des légendes par Varron, cf. G. Traina, 1993, p. 615 sq.) ; cf. aussi Hygin dont les extraits sont rassemblés dans GRF, p. 533 sq. L’existence des légendes orales chez les Romains est attestée par Caton (Orig., fr.118 P.), Varron (de vita p.R., fr.84 Riposati), et Cicéron qui cite Caton (Brut. 75 ; Tusc. I, 2,3) : pour une appréciation de ces témoignages, cf. T. P Wiseman (1989, p. 129 sq.), après A. Momigliano (1958) ; cf. aussi G. Traina, op. cit. Une approche problématique de toute cette question se trouve aussi dans J.N.Bremmer et N.M.Horsfall, 1987, p. 1-11 notamment.

26.

Gell., N.A. I, 12,14 (formules) ; X, 15,1-17 ; 19-30 (devoirs des prêtres) : on y trouvait aussi une sorte de catalogue d’instructions : religio est, fas est, piaculum est…, ce qui montre bien l’aspect pratique de ces ouvrages. Les auteur anciens citent en fait deux Fabii comme source de la connaissance du droit sacré : un Fabius Pictor, celui du IIe siècle (Gell., X, 15,1 sq.), et Fabius Servilianus (Macr., Sat. I, 16,25 ; III, 2,3). Sur ce dernier : cf. Bremer, p. 9 ; 28-30 ; cf. S. Mazzarino, 1983, II, 1, p. 302 sq. ; D. Musti, 1970, p. 9 ; et l’étude de L. Pepe, 1975. Sur les définitions de la science pontificale, cf. par exemple Macr., Sat. III, 3-5. En ce qui concerne les archives sacerdotales, il est difficile de savoir ce qu’elles contenaient exactement : sur la question, cf. F. Sini, 1983, et en dernier lieu J. Scheid, 1994. Sur les archives des augures, on renverra à J. Linderski, 1986, p. 2241 sq. Parmi les ouvrages de droit sacré, enfin, outre les iuris pontificii libri de Q. Fabius (Macr., Sat. I, 16,25), citons ceux de Q. Mucius Scaevola (références dans Bremer, p. 51 ; Lenel, p. 51) ; le de religionibus de Trebatius Testa, contemporain de César et d’Auguste (Bremer, p. 404 sq.), qui comporte à la fois des définitions (fr.1 ou 5) et des préceptes (fr.7). Selon les sources, il y aurait 9 ou 11 livres : cf. aussi GRF, p. 437 ; le de diis, de Nigidius Figulus, sorte de clarification des notions du culte romain, les Penates, les Lares, les dei indigetes… (éd. Swoboda) ; le de rebus divinis de M. Tarquitius Priscus : cf. Amm. Marc., XXV, 2,7. Au Ier siècle encore, le de vestalibus sacerdotibus d’un certain Titius (Bremer, p. 132) ; les libri de sacris detestantibus de Ser. Sulpicius Rufus (Bremer, p. 224-225) ; les libri auspiciorum d’un L. Iulius Caesar (soit le consul de 90, selon Bremer, p. 106-107, soit le consul de 64 [RE, XI, no 143, p. 473] ; cf. Macr., Sat. I, 16,29) ; le de indigitamentis de Granius Flaccus adressé à César et celui de Varron (Bremer, p. 260 ; sur les indigitamenta, ces dieux dont l’existence est liée à un grand dieu et qui n’ont pas de prêtres spéciaux, cf. G. Dumézil, 1974, p. 50-52). Il faudrait également citer les ouvrages rédigés au début du Principat : les de pontificio iure (Gell., IV, 6,10) ; et le de iure sacrificiorum de C. Ateius Capito (Macr., Sat. III, 10,3) ; cf. aussi F. Schulz, 1953, p. 40 ; G. Dumézil, 1974, p. 520 sq. Enfin, sur l’ouvrage du descendant de Fabius Pictor, Gell., X, 15 (= Bremer, p. 10). Du même esprit participent les ouvrages de discipline étrusque, ceux de Tarquitius Priscus et d’Aulus Caecina, contemporains de Cicéron : G. Dumézil, 1974, p. 603 sq. Autre exemple, Varr., L.L. VI, 21 : « Meditrinalia, de mederi guérir, jour férié du mois d’octobre, pendant lequel, comme le disait (dicebat) le flamine de mars, Flaccus, on était dans l’usage de faire des libations de vin vieux mêlé à du vin nouveau… »

28.

Gell., XIV, 7 ; sur ce texte voir A. Cenderelli, 1973, p. 72-74 ; sur la transmission familiale, Cic., de rep. I, 2,35-36 ; sur la lex Villia Annalis, cf. Liv., XL, 44,1 ; A.E.Astin, 1958 ; sur l’imprécision des statuts : S. Mazzarino, 1971-1972 (sur le tribunat de la plèbe), et nos remarques, ici, p. 32 sq.

29.

Par exemple le de officio iudicis de Q. Aelius Tubero cité par Aulu-Gelle (XIV, 2,20) contenait des praecepta, comme en avait composé Q. Mucius Scaevola, selon Cicéron (de off. III, 17,70) ; Ateius Capito écrivit un ouvrage de officio senatoris ; L. Cincius, grammairien de la fin de la République, un de officio iurisconsulti (Fest., p. 176, 3 ; 428, 4 L. ; GRF, p. 376). Cette littérature en pleine expansion sous l’Empire formera un véritable droit administratif (F. Schulz, 1953, p. 138-140). Rappelons que le mot officium a toujours servi à désigner l’aspect technique d’une fonction et ce sera une innovation quand Cicéron l’utilisera pour traduire l’idée de devoir moral (cf. Att. XVI, 11,4 ; 14,3).

30.

Sur Gracchanus : D. I.13.1 : Gracchanus Iunius libro septimo de potestatibus etiam ipsum Romulum et Numam Pompilium binos quaestores habuisse, quos ipsi non sua voce sed populi suffragio crearent, refert. Le de potestatibus semble avoir été un exposé sur le contenu des magistratures (et sur leur histoire), traitées chacune séparément : au livre VII, par exemple, il étudiait les questeurs, ce qui conduit M. Bretone (1982, p. 14) à suggérer que les livres précédents traitaient du consulat, de la censure, de la préture, de l’édilité curule, de l’édilité plébéienne et du tribunat. Ce qui apparaît clairement d’après les extraits, comme l’a bien analysé P. Catalano (1974), c’est que ce proche des Gracques, qui devait ce surnom à l’amitié qu’il leur portait, mettait l’accent sur le suffragium populi, expression de la souveraineté populaire, qu’il faisait remonter à l’époque royale. Cf. aussi M. Bretone, op. cit., p. 13 ; C. Nicolet, 1965. Du livre de Tuditanus, par ailleurs, quatre fragments principaux nous sont parvenus ; ils portent sur les problèmes de l’intercalation, les nundinae, les auspicia, et sur les tribuns de la plèbe : cf. Peter, I, p. 146-147 ; et M. Bretone, op. cit., p. 13-14. Tuditanus examinait sans doute plutôt les caractères généraux de la magistrature, étudiant les rapports entre les magistrats, sans traiter la question des sacerdoces, suivant en cela, comme le suggère P. Catalano (1974), la tradition juridico-religieuse romaine, qui traitait séparément magistratures et sacerdoces.

31.

La question du droit de prensio se pose bien avant la crise gracquienne (Cic., de leg. III, 20 ; Liv., Per. 48). Au Ier siècle, Varron y répond par la négative, suivi par Labéon (ap. Gell., XIII, 12,2-5). Celle de la sacrosanctitas fait aussi le thème d’un discours au peuple de Caius Gracchus : cf. ORF, no 48, VII, 31, p. 183. Quant à la question du iussum populi, elle rejoint celle de la lettre et de l’esprit de la loi. Cf. les remarques de A.E.Astin, 1967, p. 68 sq. ; 185-189. Ce débat sur le iussum populi est attesté déjà en 136 entre les juristes M. Iunius et P. Mucius Scaevola à propos de la deditio et de l’interdictio aqua et igni. Cf. M. Bretone, 1982, p. 18. On citera aussi l’élection de Scipion Émilien contre l’avis des consuls et du Sénat et sous la pression du peuple qui, rapporte Appien (Lib. 112), « clamait que le peuple était souverain dans les élections ». Sur cette élection, dont l’« illégalité » ressemble fort à la destitution d’Octavius par Tiberius, cf. A.E.Astin, 1967, p. 61 sq., notamment, p. 63-67. Et pour une analyse de tous les antécédents des Gracques, cf. L. Ross- Taylor, 1962. Sur les conceptions des Romains concernant le tribunat de la plèbe, cf. S. Mazzarino, 1971-1972 ; sur les différentes réformes qui l’affectent, C. Nicolet, 1977, p. 408 sq. ; cf. aussi Cic., de leg. III, 19-26.

32.

La limitation de l’obnuntiatio est l’objet d’une lex Clodia de 58 notamment : une loi qu’on connaît toutefois assez mal, et exclusivement par ce qu’en dit Cicéron qui lui est hostile (cf. E.S.Gruen, 1974, p. 255-256, pour les sources et la bibliographie). Sur Messalla, cf. Fest., p. 486, 10 L. ; 428, 5. Sur Appius et Marcellus : Cic., de leg. II, 32. Quant aux augurum libri de Varron (Macr., Sat. I, 16,19), P. Catalano (1960, I, p. 34) suggère de les identifier au livre II des Antiquités divines, qui, au témoignage d’Augustin, traitait des augures (civ. Dei VI, 3). En ce qui concerne les livres sur les comices et sur les pouvoirs des consuls, il s’agit de ceux de L. Cincius (Fest., p. 277,2 L. ; cf. GRF, p. 371 ; Bremer, p. 252). Ce Cincius que Tite-Live cite en VII, 3 comme diligens monumentorum auctor (voir p. 116-117 et plus bas, n. 38), également auteur d’un de fastis (cf. Macr., Sat. 1,12,12) et d’un de re militari (Gell., XVI, 4,1), n’est pas l’annaliste Alimentus, mais un grammairien que H. Bardon (1952, p. 30) faisait vivre à l’époque impériale et qu’il faut plutôt situer au Ier siècle avant notre ère, d’après Macr., Sat. I, 12,12 : Cincio autem Varro consentit. L’expression indique que Varron lui est postérieur.

33.

Sur Cicéron et la divination, de leg. II, 21 ; 33 : « Chez nos ancêtres, la pratique de l’art augural me paraît avoir eu un double caractère : elle se prêtait quelquefois aux opportunités de la politique ; le plus souvent, à la prudence des décisions à prendre. » Sur la théologie de Varron, cf. A. Schiavone, 1976, p. 63-68 ; et plus bas, p. 173 sq.

34.

Gell., XIV, 7. Ainsi Varron et Ateius Capiton divergent sur le vote des sénateurs ; ou bien ils s’accordent contre Iunius Gracchanus.

35.

Sur Manilius, cf. Pomp., D. I.2.2 39 (Bremer, p. 25) ; sur la constitution de Romulus : cf. E. Gabba, 1960 ; 1987. Quant aux lois de Numa, le ius Papirianum, constitué par son successeur le roi Ancus Marcius, selon Tite-Live (I, 32,2) et Denys (III, 36,4), il s’agit sans doute d’un recueil tardif, daté du IIe ou Ier siècle : cf. C.W.Westrup, 1929, p. 19 sq. ; E. Gabba, 1960, p. 202-205. Le commentaire se trouvait dans le de ritu sacrorum de Flaccus : cf. Serv., ad Aen. XIII, 836 ; D. L.16.144. Sur la découverte des livres de Numa, en 181, cf. Liv., XL, 29,3-14 ; Plut., Num. 12,2-5 ; Pline, N.H. XIII, 27,84-87 ; Val. Max., I, 1,12. Selon E.S.Gruen, l’épisode fut monté de toutes pièces (1990, p. 166). Voir aussi G. Dumézil, 1974, p. 516-520.

36.

Successivement, Den. Hal., I, 80,1 : καί περί συνάγωγην τῆς ίστορίας ἐπιμέης (sur le mot grec ἱστορία au sens d’enquêtes sur des données précises, cf. l’article de P. Louis, 1955) ; Cic., de sen. 38 (sur Caton) ; de orat. II, 12,53 (sur les monumenta). Le double sens de monumentum est attesté dans les textes antiques : Festus, p. 123 L. : monumentum est quicquid ob memoriam alicuius factum est, ut fana, porticus, scripta et carmina (cf. aussi Caton, fr.83 P. ; Gell., III, 7,19 [à propos de Léonidas] : virtutes decoravere monumentis : signis, statuis, historiis aliisque rebus). Sur le sens de « témoignage » écrit, cf. aussi Cic., de div. I, 39,86 ; pro Deiot. 37. Et encore : Probus, de notis, § 1, où monumentum renvoie aux libri pontificii. Cf. C.W.Westrup, 1929, p. 15. Pour d’autres exemples dans l’œuvre de Cicéron, voir H. Merguet, 1961, II, p. 579 sq. ; pour d’autres témoignages, TLL, s.v. monumentum. Sur Caton, cf. fr.45 P. (à propos de l’origine de Pise, par exemple) : Cato negat sibi compertum, sed inveniri… Sur les archives des cités, cf. fr.59 P. (Selon Solin, II, 9, p. 36 Momms., les Praenesti libri donnaient la même version que lui sur la fondation de Préneste par Caeculus [cf. Fest., p. 38 L.]. Mais Solin entend-il par là des registres sacerdotaux locaux, que Caton a pu aussi consulter [voir C. Letta, 1984, n. 236], ou les Fastes de Verrius Flaccus [selon J.N.Bremmer et N.M.Horsfall, 1987, p. 59 sq.] ?) Sur les archives des sanctuaires, cf. G. Traina, 1993, p. 615 sq. ; des exemples de prières dans Cato, de agric. 132 ; 141 ; 160 ; sur la reproduction de ses discours, cf. Orig. V, 3 (et plus haut, n. 15).

37.

Macr., Sat. I, 13,21 : à propos de l’introduction de l’intercalation dans le calendrier, Varron infirme l’hypothèse de Fulvius Nobilior (qui la faisait remonter aux decemvirs, c’est-à-dire en 450) en « rapportant qu’une très ancienne loi, où il est fait mention de l’intercalation, fut gravée sur une colonne de bronze par les consuls Pinarius et Furius » (consuls en 472). Exemples de citation de documents : pour L. Cincius, cf. GRF, p. 374, 6 : il disait que le mois de juin était appelé junonien à Aricie et à Préneste ; Pour Varron : L.L. VI, 86 : « je citerai d’abord un extrait des registres censoriaux » (nunc primum ponam de censoriis tabulis) ; plus loin (88) : « j’ai trouvé écrit dans les archives consulaires » (in commentariis consularibus scriptum sic inveni) ; cf. aussi V, 21 : il cite les livres des augures ; V, 45-54 : le rituel des Argées ; V, 98 : les livres pontificaux ; VI, 90-92 : le commentarium vetus anquisitionis d’un certain Marcus Sergius… Le jugement de Cicéron sur Varron se trouve dans Phil. II, 41,104 sq.

38.

Pour la première inscription de Cincius, cf. Festus, s.v. tientem tertium, p. 498,4 L. = GRF, p. 375 : l’elogium racontait les exploits du dictateur et mentionnait le poids de la couronne, que Cincius traduit par « deux livres un tiers ». Pour la seconde : Liv., VII, 3,5 : Lex vetusta est, priscis litteris verbisque scripta, ut qui praetor maximus sit idibus Septembribus clausum pangat ; fixa fuit dextro lateri aedis Iovi Optimo Maximo, ex qua parte Minervae templum est. Sur ce texte et son attribution à Cincius, cf. J. Heurgon, 1964, p. 432-437. Cincius (comme Tite-Live qui le cite) se méprend apparemment sur le sens du rite, puisqu’il n’en comprend pas le caractère magique (confiner dans le passé les mauvaises influences), pensant que le clou permettait seulement de compter les années. Cf. J. Heurgon, op. cit., n. 19, suivi sur ce point par A. Magdelain, 1990, p. 316 (l’étude du rite lui-même et de son accomplissement par le praetor maximus ou par un dictateur fait plus largement l’objet de ce dernier article). Sur l’inscription d’Aricie, cf. Cato, Orig. II, 28 = fr.58 P. : « Le lucus de Diane fut consacré dans le bois d’Aricie par Egerius Baebius de Tusculum, dictateur des Latins. Voilà quels sont les peuples réunis : de Tusculum, d’Aricie, de Lanuvium, de Laurentum, de Cora, de Tibur, de Pométia, les Rutules d’Ardée. » Comparer avec Den. Hal., V, 61,5 qui donne vingt-neuf noms, ce qui laisse à penser que la citation de Caton par Priscien est incomplète (comme le fait remarquer M. Chassignet, éd. des Origines, 1986, p. 29, n. 28,2) ; Tite-Live (II, 18,3) précise qu’il y avait trente peuples mais il ne donne pas les noms.

39.

Ou « de tels monuments ». On peut ici hésiter sur la traduction : monumentum peut renvoyer soit aux inscriptions soit aux temples. Pour notre part, nous suivons plutôt la traduction de J. Heurgon (1964) par « documents ».

40.

Sur Varron, cf. Censor., d.n., 14,2-6 : Etruscis quoque libris fatalibus aetatem hominis duodecim hebdomadibus discribi Varro commemorat ; Gell., II, 10,3 : il s’agit de la lettre adressée à S. Sulpicius Rufus dans laquelle Varron donnait au juriste des informations sur l’expression favisae capitolinae ; il y disait notamment « qu’il n’a pas trouvé dans des documents pourquoi on les appelle favissae, mais il rapportait que Q. Valerius Soranus avait coutume de dire… » A la différence des antiquaires, les historiens citent souvent de seconde main ou ne se donnent pas la peine de citer précisément le document (cf. C. Ampolo, 1983 ; J. Linderski, 1993, p. 57). D’où les erreurs. Par exemple, citant Cincius sans vérifier, Tite-Live se trompe en attribuant l’inscription relative à la couronne d’or non à T. Quinctius Cincinnatus mais à T. Quinctius Flamininus (VII, 3,5 ; cf. J. Heurgon, 1964, p. 434). Sur les annalistes du Ier siècle, cf. Quadrigarius (fr.40-41 P.) et Valerius Antias (fr.21 P.) qui citent ainsi de fausses lettres du Sénat. Cf. B.W.Frier, 1979, p. 150 sq. La référence précédente de Tite-Live est IV, 20,7 : il s’agit de la question des dépouilles opimes (cf. plus bas, n. 113).

41.

Dans l’ordre, Pison, fr.20 P. (cf. S. Mazzarino, 1983, II, p. 104 ; 706, qui montre comment l’histoire de la bataille et celle du lac Curtius sont étudiées d’un point de vue topographique [fr.6 ; cf. aussi fr.16] ; d’autres fragments pourraient aussi être attribués à Pison [cf. E. Rawson, 1985, p. 709] ; ils ont trait au Capitole, au Forum, aux statues… mais le traitement de cette topographie n’est pas critique ; il faut attendre Varron pour cela. Autres exemples dans T.P.Wiseman, 1994, p. 37 sq.). Sur l’émotion que suscitent les lieux : Cic., de leg. II, 4 ; de fin. V, 1,2 : tanta vis admonitionis inest in locis ; sur la tombe d’Archimède, Tusc. V, 23,64 ; éloge de Varron, dans Acad. I, 3,9 ; sur les escales d’Énée, cf. J. Perret, 1942, p. 58 ; 120 sq. ; 580 sq.

42.

Dans l’ordre, Den. Hal., I, 14, qui reprend l’énumération de Varron (sur ce texte, cf. J. Poucet, 1963, p. 175 sq.) ; pour Labéon, voir Fest., p. 298, 6-9 et 474, 19-21 L. (cf. M. Bretone, 1978b, p. 281) ; sur l’esprit antiquaire de Pline, cf. L. Braccesi, 1981, p. 57-93 ; sur les recherches de Caton, voir Orig. II, 21 = fr 50 P.

43.

Les livres topographiques des Antiquités ont aujourd’hui presque entièrement disparu, mais il est possible d’en reconstituer l’esprit à partir du livre V du de lingua latina, du livre III du de vita populi romani et de quelques témoignages dispersés. A ces textes, il faudrait ajouter, mais on en ignore le contenu, un livre sur l’origine des tribus romaines (Tribuum liber) et trois Rerum urbanarum libri qui, selon B. Riposati (1975, p. 320), sont un ouvrage de topographie, au moins partiellement (fragments dans P. Mirsch, 1882, p. 100 sq. ; cf. aussi K.G.Sallmann, 1971, chap. 1). L’expression res urbanae renvoie, en effet, au fonctionnement des institutions (et donc à leur localisation), à la gestion quotidienne des affaires de la cité, comme le suggèrent à la fois la correspondance de Cicéron où les acta populi sont aussi désignés comme un commentarium rerum urbanarum (Fam. VIII, 2,2 ; 11,4 ; XII, 23,2), et un témoignage d’Aulu-Gelle disant, à propos du Commentarium adressé par Varron à Pompée, que le savant était, aux yeux du général, expers rerum urbanarum (XIV, 7).

44.

Successivement, Liv., XXVIII, 56,3 (référence à la tombe de Scipion l’Africain. Notons que la descriptio loci relève en général de la poésie : on en trouve de bons exemples chez Lucain [Phars. II, 610 ; 390] et, avant lui, chez Virgile ou Properce). Cassius Hemina, fr.15 P. (cloaca) ; fr.26 : in compito Acilio (médecin grec). Sur l’épisode de la truie : Cassius le plaçait sous Romulus et à Rome, alors que pour Fabius et Caton, comme plus tard pour Virgile (Aen. VIII, v. 81 sq.) et Denys (I, 55,2 à 57,1), il concernait Énée et sa première fondation (Albe selon l’un, Lavinium selon l’autre) : Fabius, fr.4 P. ; Caton, fr.13 P. ; Cassius, fr.11 P. Sur les débats topographiques dans l’œuvre de Cassius, cf. l’analyse précise de E. Rawson, 1976, p. 696 sq. Sur Pison : cf. fr.4 ; 15 ; 6, etc. (et E. Rawson, op. cit., p. 702 sq.). Sur Caton, cf. Corn. Nepos, Cato 3,3 (cf. aussi Den. Hal., I, 11,1 ; 74,2 ; Solin, II, 2).

45.

Sur le Mystagogicon, cf. GRF, p. 375. Cicéron donne au mot grec le sens de « guide » (Cic., Verr. II, 4,132), un sens que gardera la Renaissance (cf. J. Heurgon, 1964, p. 435). Sur Cincius, cf. plus haut, n. 32. Sur Santra, GRF, p. 386, 7 : reconnaissons toutefois que le fragment, qui vient de Festus, est bien difficile à restituer.

46.

Varron a donné en fait deux définitions du mot septimontium. Selon l’une, complètement nouvelle, « l’emplacement actuel de Rome avait reçu le nom de Septimontium en raison des sept hauteurs que la ville engloba ensuite dans son enceinte » (L.L. V, 41). Comme l’a montré R. Gelsomino (1975), avant Varron, le toponyme n’existe pas. Cicéron n’y fait pas allusion : il ne voit, lui, en Rome qu’une cité « naturellement unitaire » (de rep. II, 6,11). Selon la seconde définition, il s’agit d’une fête annuelle, célébrée le 11 décembre par les seuls habitants de sept collines. Sur cette fête, il existe deux traditions distinctes : la plus ancienne la présente comme célébrée par les habitants de huit petites hauteurs de la ville – Palatium, Velia, Germa, Cispius, Oppius, Fagutal, Subure, et une fraction du Celius ; le témoignage nous vient de Labéon, cité par Festus (p. 474-476, 1 L.). L’autre tradition, forgée par Varron sur l’étymologie du mot qui semble contenir le chiffre 7, illustre l’idée que le nom de la Rome pré-romaine correspondait en fait à la zone entourée des murs serviens, avec les vrais monts géographiques : le Palatin, le Celius, l’Esquilin, le Viminal, le Quirinal, l’Aventin et le Capitole. L’invention de Varron consiste précisément à établir un lien entre le rituel attesté et un lieu (sept collines à l’intérieur de la muraille servienne) : « Septimontium, jour férié, qui doit son nom aux sept monts dans lesquels Rome est renfermée et qui n’est célébrée que par les habitants de ces monts » (L.L. VI, 24). Après Varron, sous Domitien, la fête du Septimontium devient la fête de Rome tout entière (Suét., Dom. 4,12). Il y a donc dans cette idée des sept collines, une reconstruction, que Plutarque soupçonnait d’ailleurs (Quaest. rom. 69) et qui vise à reconstituer l’unité originelle de la ville ainsi que la continuité topographique avec l’époque royale proprement dite. Sur l’opposition Labéon/Varron, voir aussi J. Poucet, 1960. En ce qui concerne la Roma quadrata, l’évolution est la même. L’idée d’une cité romuléenne située sur le Palatin « entre en crise », selon D. Musti (1975, p. 310 sq.), avec Varron. Désormais, ce qui subsiste sur le Palatin, c’est sans aucun doute un lieu sacré, mais la cité romuléenne concerne au moins le Palatin, le Capitole et le Forum. Pour une appréciation archéologique, voir A. Grandazzi, 1993.

47.

Dans l’ordre, Prop., El. IV, 1,69 ; Varr., ap. Aug., civ. Dei III, 17, in fine ; sur le lien entre rituel et topographie, cf. par exemple Varr., L.L. VI, 24.

48.

Varr., L.L. V, 41-42 : « Le mons Capitolinus fut ainsi appelé du fait qu’en creusant les fondations du temple de Jupiter on y trouva, dit-on, une tête (caput). Cette hauteur antérieurement s’appelait le mont Tarpeius, nom calqué sur celui de la vierge vestale Tarpeia que les Sabins, à cet endroit même, mirent à mort et ensevelirent sous leurs boucliers. Il reste un souvenir de son nom, puisque aujourd’hui encore le rocher en question s’appelle Tarpeium saxum. Selon la tradition cette colline s’appelait antérieurement mons Saturnius… On trouve écrit qu’il exista sur cette colline une antique cité nommée Saturnia. Il en subsiste d’ailleurs trois traces (vestigia) : le sanctuaire de Saturne, sur l’étroite voie d’accès ; la porta Saturnia, nommée aujourd’hui Pandana, dont Iunius écrit qu’elle était à cet endroit ; enfin, derrière le temple, les parois extérieures du mur, au milieu des lois concernant les édifices privés, portent l’inscription SATURNI » (trad. J. Collart).

49.

Suét., Caes. 44, 3 : Caesar destinabat ius civile ad certum modum redigere atque ex immensa diffusaque legum copia optima quaeque et necessaria in paucissimos conferre libros. Dans le projet, il y a une idée de choix à faire, comme le montre l’emploi des mots optima et necessaria. Il y a aussi le souci d’efficacité : in paucissimos libros (voir p. 123 sq.).

50.

Dans l’ordre, Varr., R.R. I, 6,2 (cf. I, 8) (terres) ; Pline, N.H. II, 5,69 (peuples albains) ; Varr., L.L. VII, 107-108 (comédies) ; Serv., ad Aen. VII, 176 (fr.37 Fraccaro) (emprunts) ; Varr., R.R. I, 10,1-2 ; 25,3 (mesures) ; R.R. I, 2,6-7 ; 44,2 (taux de production). Sur la liste des dieux, cf. Aug., civ. Dei VI, 9. Varron avait ainsi donné la liste de quarante-trois homonymes d’Hercule (Serv., ad Aen. VIII, 564), dont Cicéron parodie peut-être l’érudition, de son côté, dans le de nat. deor. III, 16,42 et 53-60 : (et le commentaire de M. Van den Bruwaene, 1981, p. 70, n. 96, et p. 94, n. 193, qui y voit au contraire, sur Cicéron, l’influence de Carnéade). Ces listes de dieux, compilés par les mythographes (theologoi), étaient connues en Grèce (cf. J.-L. Girard, 1983, p. 117-126).

51.

Sur les listes : Varr., R.R. I, 1,8-9 ; Vitr., de arch. VII, praef. 11-15 ; ce sera aussi la méthode de Pline l’Ancien : cf. Pline le J., Ep. III, 5. Sur les inventaires administratifs, cf. C. Nicolet, 1988a, p. 181 sq. ; C. Moatti, 1993, p. 54 ; 56 sq. Sur Caton, cf. de agric. 135 ; sur Tiberius, App., B.C. I, 18 ; Liv., Per. 58,2. Pour les cippes, cf. ILLRP, 467-475 ; AE, 1979, 196 ; cf. aussi F. De Martino, 1984, p. 68 sq. ; F.T.Hinrichs, 1989, p. 60.

52.

Sur le projet de César : Suét., Caes. 44, 4 : bibliothecas Graecas Latinasque quas maximas posset publicare, data Marco Varrone cura comparandarum ac digerendarum. Sur la réalisation de Pollion : Pline, N.H. XXXV, 2,10 ; Isid., Orig. VI, 5,2 : primum… Romae bibliothecas publicavit Pollio, Graecas simul atque Latinas, additis auctorum imaginibus in atrio quod de manubiis magnificentissimum instruxerat ; cf. Ov., Trist. III, 1,71-72 ; Pline, N.H. VII, 115 ; sur l’Atrium Libertatis, cf. en dernier lieu N. Purcell, 1993. Auguste continuera cette œuvre : construction d’autres bibliothèques (cf. P. Fedeli, 1988, p. 49 sq.), « institutionnalisation » de la poésie (Horace, Virgile, Tite-Live) et, d’une certaine façon, « fonctionnarisation » des experts : en droit par l’instauration du ius publice respondendi. (cf. M. Bretone, 1982, p. 261 sq. ; A. Magdelain, 1950 = 1990, p. 103 sq., qui propose une définition plus souple de ce droit) ; et peut-être même dans le domaine de l’haruspicine : cf. Dio., LII, 36,3 : il s’agit du fameux discours de Mécène où ce dernier propose de publier les listes d’haruspices et d’augures qui aient en quelque sorte l’agrément officiel (sur ce texte, A. Bouché-Leclercq, 1882, IV, p. 307-308, cité par H. Massa- Pairault, 1991, p. 18).

53.

Successivement Pline, N.H. XXXV, 9,26 ; Suét., Caes. 10 ; Pline, N.H. XXXV, 9,26 (sur Agrippa).

54.

Sur Atticus : Corn. Nep., Att. 18,7. Pour Varr., cf. Pline, N.H. XXXV, 2,11 : avec ses imagines, écrit-il, Varron a voué des hommes à l’immortalité « et cet avantage, il en fit bénéficier des gens qui ne lui étaient pas parents ». Varron commençait en expliquant la valeur du chiffre 7 (Gell., III, 10) ; puis suivaient les portraits et les textes. Aulu-Gelle retranscrit l’éloge d’Homère (III, 11). Pour une série de discussions sur l’organisation de cet ouvrage, cf. F. Ritschl, 1877, p. 511-592. Varron s’inspirait sans doute des Pinakes de Callimaque (sur ce dernier, cf. A. Pfeiffer, 1968, p. 127 sq. ; R. Blum, 1977). Sur Velleius, cf. L. Alfonsi, 1984, p. 10 sq.

55.

Suét., Caes. 44,3 (texte cité n. 49) ; cf. aussi Isidore, Etym. V, 1,5 : « Le premier Pompée, alors qu’il était consul, voulut ordonner de ramener les lois dans des livres (leges autem redigere in libris primus consul Pompeius instituere voluit), mais il dut renoncer au projet, par crainte de haines ; puis César tenta de le faire, mais il fut tué avant. » Le consulat de Pompée est sans doute, le troisième, celui de 52, où Pompée exerça la charge tout seul. Cf. E. Polày, 1963 ; 1965. Sur la question de savoir s’il s’agit, dans ces projets de codification, de droit privé ou de droit public, il est impossible de se prononcer : cf. les remarques de J.-L. Ferrary, art. à par.

56.

D’abord Liv., III, 34,6 (in hoc cumulo…). Sur la gravure des lois, cf. Suét., Caes. 28,2 : in aes incisa ; Liv., VIII, 11,16 ; Cic., de leg. III, 11. Mais, selon une suggestion de bon sens de Rodriguez Almeida, le bronze est plutôt réservé à l’affichage. Sur le stockage à l’aerarium, cf. Schol. Bob., ad Sest. 140 St. : quoniam leges in aerario condebantur ; Sisenna, fr.117 P. : uti lex perveniret ad quaestorem… Cf. G. Cencetti, 1940, p. 20 sq.

58.

Le projet de systématisation est présenté dans le de oratore, écrit en 55 (cf. de orat. I, 189-190, et plus bas, p. 230 sq) ; sur le de arte civili in artem redigendo de Cicéron, on ne dispose que de quelques brefs fragments qui ne permettent pas de juger du contenu de l’œuvre (cf. Bremer, p. 130) ; sur Sabinus, cf. A. Magdelain, 1995, p. 198-202.

59.

Sur la dictature syllanienne, cf. E. Gabba, 1987, p. 169 sq. Pour les pamphlets, on citera par exemple la « constitution de Romulus » que cite Denys d’Halicarnasse et qui repose sur un pamphlet d’époque syllanienne (E. Gabba, 1960), augustéenne (J.-C. Richard, 1963, p. 344) ou peut-être césarienne (M. Polhenz, 1924, suivi par S. Weinstock, 1971, p. 180 sq.). Sur les lois tribuniciennes, voir chap. 1, n. 23 ; sur le de legibus, cf. K.M.Girardet (1983, p. 164 sq.) : selon lui, ce texte et le de republica sont des programmes de codification pour la mise en œuvre desquels Cicéron aurait voulu recourir à une dictature reipublicae constituendae ou à un décemvirat législatif. Thèse tout à fait contestable, quand on songe aux critiques formulées par Cicéron contre toute forme de pouvoir absolu. On peut au contraire supposer que la codification de Cicéron était une manière de proposer une réforme globale sans recourir à une dictature. Sur le programme de Pompée, cf. Isid., Etym. V, 1,5 (texte cité n. 55), selon qui le général romain l’aurait abandonné « par crainte des haines ». Selon E. Polày (1963), c’est sa tentative de restauration syllanienne qui aurait soulevé une forte opposition. On peut toutefois se demander s’il n’avait pas commencé sa codification. Consul unique en 52, il avait fait en effet voter la lex Pompeia de iure magistratuum dont on ne connaît qu’un seul chapitre : il s’agit de la disposition interdisant les déclarations de candidature in absentia (Suét., Caes. 28). Mesure de circonstance, certes, au moment où César négociait depuis la Gaule sa prochaine candidature au consulat, mais mesure institutionnelle tout de même qui réaffirmait les principes généraux de la constitution romaine. A la même époque, dans le de legibus, Atticus s’inquiétait de ce que les magistrats étaient le plus souvent dans l’ignorance de leur droit (plerosque in magistratibus ignoratio iuris sui) et il demandait à Cicéron de traiter des pouvoirs de la magistrature (de potestatum iure) (de leg. III, 48). Rencontre de mots ? En tout cas le problème de la réglementation par la loi, par l’écrit, était d’actualité. Sur les recueils privés, cf. A. Watson, 1974, p. 132-168 ; E. Rawson, 1985, p. 352-354. Sur la comparaison entre Pompée et Sylla, cf. par exemple Cicéron (Att. IX, 7,3 ; IX, 10,2 : Sullaturit animus Pompei…) et César (B.C. I, 5 ; ad Opp. et Corn. Balb. dans Cugusi, II, 1, no 52).

60.

La première citation est de P. Nora, 1984, p. XXVI ; la deuxième, d’A. Koyré, 1948 = 1971, p. 318 ; la troisième de Clemenceau.

61.

La difficulté de cette évaluation réside dans le caractère limité du corpus des séries archivistiques parvenues jusqu’à nous. C. Nicolet a eu l’idée, pour augmenter ce corpus, de répertorier l’ensemble des témoignages indirects attestant l’existence de ces séries, c’est-à-dire de rechercher en quelque sorte les traces perdues de cette administration. Un groupe de travail réuni autour de ce programme, « La mémoire perdue », tente de faire le point secteur par secteur. Cf. C. Nicolet, 1994, et l’ouvrage collectif La Mémoire perdue, 1994.

62.

Certains mirent les terres sous de faux noms ou sous le nom de parents, ce qui permettait de frauder en toute tranquillité : cf. App., B.C. I, 8. Sur les leges de modo agrorum, voir G. Tibiletti, 1948 et 1949. Sur la concession précaire, voir en dernier lieu C. Moatti, 1992.

64.

Pour établir la liste des pièces authentiques de Plaute, Varron cherche un critère objectif : ce sera l’ensemble des traits propres à la langue et au génie de Plaute – la proprietas ; une façon aussi d’interpréter sans dogmatisme, en cherchant le plus probable. Cf. Gell., III, 3. Autre exemple de débat sur les attributions d’œuvres : Cic., Brut. 99-100. Sur les erreurs des copistes, cf. par exemple Cic., Att. XIII, 22,3.

65.

Liv., VIII, 40,4 ; cf. IV, 23,3 : « Licinius trouve bon de suivre, sans aucun doute, les livres de lin ; Tubero ne sait où est la vérité. Comme tous les faits que nous dérobe leur antiquité, laissons celui-ci dans le doute. » Sur la question de la « certitude » dans le domaine du droit, cf. G. Luraschi et M. Sargenti éd., 1987 (surtout les contributions d’E. Gabba et de F. Bona).

66.

Cic., Brut. 181 (cf. § 26) ; cf. de inv. I, 27,39 : parmi les événements du temps passé, écrit Cicéron, il y a ceux qui ont été oubliés en raison de leur ancienneté (vetustas) ou qui semblent tellement incroyables qu’ils sont mis au rang de fables ; et ceux qui se sont déroulés il y a longtemps et qui ont presque disparu de notre mémoire (quae iam diu gesta et a memoria nostra remota), mais dont nous sommes pourtant convaincus qu’ils viennent d’une tradition authentique (vere tradita esse), parce qu’il y a d’eux des témoignages écrits précis (quia eorum monumenta certa in litteris exstant). Cette définition correspond à celle de l’historia qui est donnée dans le même texte (I, 19,27) : gesta res, ab aetatis nostrae memoria remota. L’historia n’est donc pas nécessairement de l’histoire contemporaine, c’est de l’histoire qui repose sur des documents fiables. Une définition différente de celle rapportée par Aulu-Gelle (V, 18,1), selon laquelle l’historia rapporte des événements dont l’auteur a été le témoin.

67.

Varr., ap. Censor., d.n. 21 ; Lucr., de nat. rer. V, 1446-1447. Ajoutons que la critique des annales porte sur le contenu, non sur le mode d’exposition par années, adopté en fait par tous les historiens latins (cf. C.W.Fornara, 1983, p. 27 sq.). En ce qui concerne le débat sur le style, il était inséparable de celui sur la méthode, comme le soulignait Cicéron : de orat. II, 51 sq. ; cf. Suét., gramm. 10 : Lucius Ateius Philologus, maître de Salluste et d’Asinius Pollion, dédia à ce dernier une méthode historique : instruxit praeceptis de ratione scribendi. Sur la méthode historique de Cicéron : de leg. I, 3,8. Les fragments de C. Fannius se rapportent à l’histoire des Gracques ; Sisenna écrivit une histoire de la guerre sociale et une biographie de Sylla ; Salluste rend compte de la conjuration de Catilina (il avait 23 ans quand elle a éclaté) et, dans les Histoires, de toute la période qui suit la dictature de Sylla ; Asinius Pollion fait commencer son histoire en 60.

69.

La première citation de Tite-Live est tirée du livre VI (1,4-6) (cf. aussi VIII, 40,4 ; et aussi, sur le lien entre histoire et écriture, Cic., de inv. I, 27,39) ; sur la préférence pour l’histoire ancienne, cf. Liv., praef. 5 ; puis, successivement, cf. Liv., II, 21,2 : sur la date de la bataille du lac Régille ; Liv., IV, 23,3. Ici le débat portait sur la fiabilité des libri lintei, liste de magistrats distincte des Annales des pontifes (cf. Serv., ad Aen. I, 373) : deux historiens, Licinius Macer et Tuberon, disaient les avoir consultés, mais ils divergeaient sur les noms des consuls. La question est de savoir pourquoi, alors même que ce document est considéré comme peu fiable, selon le mot de Tuberon, il est utilisé de préférence aux fastes pontificaux. Selon R.M.Ogilvie (1958, p. 47), c’est sans doute parce que les fastes des pontifes étaient eux-mêmes fort contestés à cette époque, n’ayant pas encore été « établis » de manière scientifique par les grammairiens. Une interprétation qui va dans le sens de B.W.Frier, 1979 (cf. plus loin, n. 77).

70.

Dans l’ordre, sur Caton : Corn. Nep., Cato 3 ; sur Cicéron, Cic., Brut. 16,62 : his laudationibus historia rerum nostrarum facta est mendosior ; multa enim scripta in eis quae facta non sunt, falsi triumphi, plures consulatus, genera etiam falsa et ad plebem transitiones ; cf. aussi Cic., Att. VI, 1,17 : Cicéron se moque de Scipion Metellus qui ne sait pas (ou feint d’ignorer ?) que son arrière-grand-père ne fut jamais censeur et qui a fait graver l’inscription CES au bas d’une statue l’honorant. Pourtant, ajoute-t-il, « la statue placée du côté du temple d’Ops portait seulement COS ». Puis Liv., VIII, 40,4 (et le commentaire de B. Gentili et G. Cerri, 1979, p. 88). Sur les éloges mensongers, cf. aussi Liv., IV, 16,3 sq. ; VII, 9,4 ; XXII, 31,11 ; IV, 34,6 ; Pline, N.H. XXXV, 8. Sur la critique des familles Fabia et Claudia, cf. les remarques de S. Mazzarino, 1983, II, p. 246 sq. ; 281 sq. ; 311 sq.

71.

Sur Messalla, cf. Pline, N.H. XXXV, 2,8 ; sur Atticus, cf. Corn. Nep., Att. 18 ; Asconius, p. 162, 58 St. ; sur Hygin, cf. T.P.Wiseman, 1974, p. 157 ; sur le forum d’Auguste, cf. P. Zancker, 1989, p. 227 et biblio. Du réveil généalogique, on a aussi la trace dans les monnaies notamment ; cf. R. Brilliant, 1933, p. 37 sq. ; T.P.Wiseman, 1974, p. 153-157.

72.

Dans l’ordre, Cic., Att. VI, 1,8 (50 av. J.-C.) ; sur Pythagore et Numa, de rep. II, 15,28-29 (cf. aussi 17,34 : pour Cicéron, l’influence grecque commence seulement avec Tarquin). Plutarque rapporte que Claudius, l’auteur des Réfutations chronologiques, s’en prenait sur cette question à M. Calpurnius Piso Frugi, consul plébéien en 133, qui prétendait descendre de Numa : cf. S. Mazzarino, 1983, II, n. 431 ; enfin, Cic., Att. XVI, 13a (b), 2 (sur l’erreur de Cicéron, voir Broughton, III, s.n. C. Fannius M. f.) ; voir aussi Att. XII, 23,2 ; 24,2 ; 5b ; XIII, 33,3.

73.

Sur Caton, cf. Den. Hal., I, 74,2 ; Velleius parle de la diligentia Catonis, de sa recherche de l’exactitude, notamment à propos des chiffres (cf. par exemple Orig. III, 1 qui discute la date de la fondation de Capoue) ; sur Varron, cf. Acad. I, 3,9, où Cicéron le remercie d’avoir étudié descriptiones temporum. Sur le de numeris, cf. M. Ferrero, 1955, p. 327 sq. ; A.T.Grafton et N.M.Swerdlow, 1985 ; sur Nepos : Catulle, 1,5-6 (cf. Peter, I, p. XXXVIII, et G. D’Anna, 1953, p. 228). Sur toute cette littérature, cf. S. Mazzarino, 1983, II, p. 167 sq.

74.

Sur la date varronienne de la fondation de Rome, cf. Cic., Brut. 72 ; Solin, I, 72 ; cf. Peter, p. 25, n. 3. L’historien sicilien Timée avait proposé 814-813, Ératosthène 751-750 (Solin, I, 27). A Rome, Cincius Alimentus donnait 729-728, Fabius Pictor 748-747 (sur leurs calculs, cf. S. Mazzarino, 1983, III, p. 415) On hésitait surtout entre 759 et 743. Polybe, lui, donne 751-755 (VII, 11a, 2), comme au Ier siècle Lutatius Catulus (fr.12 P.), Cornelius Nepos (fr.3 P.) ou Diodore (VII, 5,1). Quant à Cicéron, si dans le de republica (II, 18) il suit la version de 751-750, dans le Brutus (72) il dit suivre Atticus (cf. G. D’Anna, 1975, p. 337-338, qui reprend F. Münzer, 1905). Sur les excès des datations varroniennes, cf. Aug., civ. Dei XVIII, 2 sq. (et dans cet essai, chap. 2) : Varron parvenait par exemple à dater le combat d’Athéna et de Poséidon à Athènes. Cf. aussi F. Della Corte, 1970, p. 134 ; B. Riposati, 1978, p. 57 sq.

75.

Sur la naissance de la République, Varron, Denys, les fastes capitolins adoptent une chronologie haute (reprise par Clément d’Alexandrie), c’est-à-dire 509, tandis que Diodore proposera une chronologie basse (482) : cf. S. Mazzarino, 1983, II, 479 sq. ; sur les biographies d’hommes illustres : cf. les Hebdomades de Varron, le liber annalis d’Atticus, les biographies de Cornelius Nepos… A Alexandrie aussi, à partir du IIIe siècle, le travail herméneutique sur les textes s’accompagnait d’une enquête chronologique et biographique (cf. A. La Penna, 1992, p. 47, qui souligne l’influence des Pinakes de Callimaque sur les Hebdomades de Varron). Enfin, après d’autres, Varron essaie d’établir une chronologie qui permette de dater les ouvrages d’art (cf. Pline, N.H. XXXV, 157). Il est le seul à le faire. Mais, comme l’a souligné E. Rawson (1976, surtout p. 244), sa méthode reste simpliste par rapport à la méthode grecque (cf. Plut., Aristide 1,6,2.) Sur les débats du Brutus : Brut. 72 (sur Livius Andronicus ; cf. aussi Atticus, fr.5 P., II, p. 7 ; S. Mariotti, 1985, p. 14-28) ; Brut. 60 (sur Naevius) : le livre de Varron auquel Cicéron se réfère est le de poetis (Gell., XVII, 21,45) : cf. GRF, p. 209-210 ; H. Dalhmann, 1962, p. 52-53.

76.

Dans l’ordre, Cic., Brut. 15 (explicatis ordinibus) ; Orat. 34,120 (cf. aussi de fin. II, 21,67) ; Corn. Nep., Att. 18,1-2 ; cf. Att., fr.7 et 8 P. ; sur les annales pontificales, Cic., de orat. II, 52. Le passage de Cicéron s’accorde parfaitement à la définition de Servius (ad Aen. I, 373) : ita autem annales conficiebantur : tabulam dealbatam quotannis pontifex maximus habuit, in qua praescriptis consulum nominibus et aliorum magistratuum digna memoratu notare consueverat domi militiaeque terra marique gesta per singulos dies, cuius diligentiae annuos commentarios in octoginta libros veteres retulerunt eosque a pontificibus maximis, a quibus fiebant, annales maximos appellarunt (Cf. Gell., V, 18,9).

77.

Sur les archives sénatoriales, cf. Cic., Att. XIII, 33,3 ; sur les libri lintei, cf. n. 69. Sur les annales pontificales, les sources antiques donnent trois indications : d’une part, elles attestent l’existence d’une table annuelle (tabula dealbata), où étaient consignées différentes informations concernant la vie de la cité et qui forment les Annales ou Annales maximi ; d’autre part, elles nous informent que P. Mucius Scaevola mit fin à cette pratique, vers 130, alors qu’il était Grand Pontife (Cic., de orat. II, 52) ; qu’enfin, à une date incertaine, fut réalisée une compilation en 80 livres de ces documents (Serv. auct., ad Aen. I, 373). Depuis au moins Mommsen, les savants ont débattu sur deux points principaux : ils se sont demandé si les pontifes rédigeaient, en plus de la tabula dealbata annuelle citée dans les sources, un autre document plus complet (appelé par Mommsen le liber annalis) résumant les tables annuelles – ce que semblent suggérer certaines sources ; et si la compilation en 80 livres a eu lieu vers l30, ou bien à l’époque augustéenne, comme l’a proposé B.W.Frier (1979, p. 39-48 ; 64-66 ; 175 ; 181-200) : de ce débat, qui reste ouvert (cf. E. Gabba, dans Ath., 1982, p. 589-591), on trouvera une bonne mise au point dans L’Annalistique romaine, 1996 p. XXX-XXXV, où sont également rassemblées les sources sur la question. En dehors de tous les documents officiels que nous avons cités, des fastes sous forme de livres circulaient aussi peut-être à la fin de la République. Cicéron se demande en effet ironiquement si « Pompée a dès maintenant, dans les fastes de ses tablettes particulières, une liste des consuls à venir aussi longue que celle des consuls passés » (ut non minus longas iam in codicillorum fastis futurorum consulum paginulas habeat quam factorum (cf. Cic., Att. IV, 8a, 2 ; De Ruggiero, D.E., s.v. Fasti ; et en dernier lieu, J. Rüpke, à paraître).

78.

Les fastes composés sous Auguste furent gravés sur l’Arc parthique, au forum romanum, inauguré entre 18 et 17 (cf. en dernier lieu F. Coarelli, 1985, p. 269 sq. [surtout p. 307] ; A. Wallace-Hadrill, 1987, p. 222 sq.). Ils ont sans doute servi également à la rédaction des éloges des grands hommes au forum d’Auguste (cf. L. Braccesi, 1981, p. 42 sq.), inauguré, lui, aux premiers jours d’août en 2 (cf. P. Zanker, 1984). Sur Corvinus, cf. Pline, N.H. XXXV, 8 : l’hypothèse est de L. Ross-Taylor, 1946, p. 10 ; sur Capiton, cf. Tac., Ann. III, 70 et 75 ; Gell., XIII, 12,1. Sur la falsification des fastes augustéens, cf. L. Ross-Taylor, 1951 : selon elle, les fastes de Tite-Live sont plus fiables que ceux d’Auguste, qui mettaient en bonne position les ancêtres d’Auguste, de Livie, de Tibère et d’un certain nombre de familles patriciennes. Une thèse en partie critiquée par A. Drummond, 1978, qui met l’accent, de son côté, sur les erreurs de Tite-Live.

79.

Sur l’indignation de Cicéron, cf. Att. V, 21,14. Parmi les réformes, on citera par exemple celle du consul de 191, M’.Acilius Glabrio : cf. P. Brind’Amour, 1983, p. 156 sq. Sur les débats relatifs aux intercalations, notamment dans les ouvrages de « droit constitutionnel », cf. Macr., Sat. I, 13,20-21. On comprend que pendant longtemps les Romains aient utilisé la chronologie des jeux Olympiques, fixée scientifiquement par Ératosthène, parce qu’elle était plus facile à manier que leur propre calendrier, où la succession irrégulière d’années intercalaires de 377 ou 378 jours et d’années communes de 355 jours avait introduit un réel désordre. C’est pourquoi sans doute Polybe s’en tient aussi aux olympiades (cf. P. Pédech, 1964, p. 449 sq.). Sur l’histoire du calendrier pré-julien, cf. A.K.Michels, 1967. Sur les ouvrages des érudits du Ier siècle, cf. Macr., Sat. I, 16 ; et sur les Antiquités : Aug., civ. Dei VI, 3 (une partie des Antiquités était consacrée aux temporade feriis, de ludis circensibus, de ludis scaenicis) ; Varr., L.L. VI, 27-32. La liste des jours fériés donnée par Varron confirme que « le temps de la fête à l’époque républicaine n’appartient qu’aux dieux ; César, puis Auguste, en revanche, devaient introduire dans leur calendrier les fêtes instituées en leur honneur », ainsi qu’en témoignent les Fastes de Préneste établis par Verrius Flaccus, grammairien et antiquaire proche de l’empereur, et les Fastes d’Ovide (cf. A. Fraschetti, 1994, p. 17-22). Verrius écrivit peut-être également un ouvrage érudit de fastis, ou plutôt de feriis, vu le nombre de gloses concernant les fêtes privées. Si Varron constitue sa source principale, Flaccus cite aussi le de iure pontificio d’Antistius Labeo, les livres de auspiciis de Messalla, l’ouvrage d’Ateius Capiton sur le droit augural, ou encore les Libri spectaculorum de Sinnius Capito, consacrés aux différents jeux en l’honneur des dieux (voir F. Bona, 1964, p. 82 sq., notamment p. 99 sq.). Sur les Fasti Antiates maiores, datables entre 84-46, ou même entre 67 et 55, cf. Degrassi, 2, p. 2-27.

81.

Sur les ouvrages de droit civil, cf. F. Wieacker, 1988, p. 538 sq. ; A. Magdelain, 1995, p. 182 sq. Sur l’idée que les XII Tables sont la source du droit, cf. Liv., III, 34,6 : fons omnis publici privatique iuris. Sur l’édit du préteur, M. Bretone, 1987, p. 186 sq. (ce texte que chaque préteur devait publier à son entrée de charge et qui indiquait les règles de sa juridiction n’était pas définitif à l’époque républicaine ; même si la plupart des normes étaient maintenues d’année en année [Cic., Verr. II, 1,44,114], un bon nombre étaient d’origine récente. Et les jurisprudents qui jouaient un grand rôle dans leur édification ne se privaient pas d’en critiquer le texte constitué). Sur l’interpretatio, cf. A. Magdelain, 1984, p. 91. M. Fuhrmann (1970, p. 91 sq. ; p. 101 sq.) doute toutefois que le terme interpretatio ait jamais été employé dans un sens technique, juridique, avant le IIe siècle de notre ère. Selon lui, le mot a d’abord une valeur religieuse, puis philologique (au contraire, D. Nörr, 1976, p. 534-535). Notons aussi que l’interprétation de la loi ne se donnait pas que dans le responsum, mais aussi par la rédaction d’actes (cavere) ou la préparation d’une action (agere : cf. Cic., de orat. I, 48,212) ; et que, à côté de la littéralité, un autre critère d’interprétation apparut au IIe siècle : la recherche de l’intention (sententia) – (cf. D. 10.4.19 ; F. Wieacker, 1967 ; B. Vonglis, 1968 ; M. Bretone, 1969). Enfin, sur la définition, cf. Quint., I.O. V, 14,33-34 (et Hermagoras, p. 23, 12 et p. 24, 21-23 : altera rationalis est quaestio, quam Hermagoras finem vocat, Theodorus περὶ τῆςἰδιτητος id est de proprietate). On trouvera quelques exemples de définitions juridiques dans Cic., Top. 29 ; 37 ; GRF, p. 57, 22 (Aelius Stilo) ; GRF, p. 423 = Bremer, p. 228 sq. (Servius Sulpicius Rufus). Voir aussi plus bas, p. 226 ; 234 sq.

82.

Ce souci d’expliquer les institutions aux nouveaux citoyens n’a pas été prise en compte assez souvent. Plus généralement, on peut se demander ce que les étrangers comprenaient aux coutumes des Romains. Plutarque racontait que Posidonius se trompait complètement sur leur onomastique (cf. Plut., Mar. I, 2-3) et Denys d’Halicarnasse écrit ses Antiquités pour combler les ignorances du public grec. On peut penser qu’il en était de même à l’époque de la guerre sociale de la part de certains Italiens.

83.

De verbis priscis de Cincius : Fest., 236,26 L. ; cf. Bremer, p. 252 sq. ; E. Rawson, 1985, p. 247 ; de antiquitate verborum de Santra : Fest., p. 176, 10 L. = FGrH, p. 384 sq. ; de origine vocabulorum de Gavius : Gell., XI, 17,4 ; Macr., Sat. III, 18,2 ; Quint., I.O. I, 6,36 ; cf. M. Schanz et C. Hosius, 1959, I, p. 585 ; de significatu verborum quae ad ius civile pertinent de Aelius Gallus : Gell., XVI, 5,3 ; Bremer, p. 245 ; de significatu verborum de Verrius Flaccus : GRF, § 509 (cf. plus haut, n. 79). Sur l’ordre alphabétique, voir principalement L.W.Daly, 1967. Tous ces ouvrages doivent être distingués des glossaires, ouvrages de lexicographie portant sur des mots rares et techniques trouvés chez les auteurs littéraires (les poètes notamment) et destinés à des usages scolaires, sur le modèle des glossai alexandrins, liés aux éditions critiques. A la fin du IIe siècle, Aurelius Opillus, ami de Rutilius Rufus, semble s’y être intéressé (Suét., de gramm. 6) ; Varr., L.L. VII, 50 ; 65 ; 79… ; on peut aussi rappeler, à la génération suivante, le Glossematorum liber de Lucius Ateius Philologue, ami de Salluste puis d’Asinius Pollion : Fest., p. 192, 2 L. Sur ces ouvrages de lexicographie, voir Quint., I.O. I, 1,35 ; Varr., L.L. VII, 10. Cf. Goetz, introduction, p. 4 sq. ; et une synthèse chez J. Collart, 1954, p. 305 sq.

84.

Varron, L.L. I, fr 3 = Diomède, GLK, I, 426, 21. L’école de Pergame distinguait au contraire le critique du grammairien qui, disait Cratès de Mallos, « doit savoir seulement expliquer les mots difficiles, savoir prendre en compte la prosodie et en général être au courant des détails de ce genre » (Sext. Emp., Contre les gramm. 79 ; trad. Baratin-Desbordes, 1981, p. 147). Les Romains rapportaient la naissance de la grammaire romaine à ce stoïcien, Cratès de Mallos, qui, venu auprès du Sénat comme ambassadeur du roi de Pergame vers 169, se cassa une jambe en visitant l’égout de la ville et, contraint de demeurer à Rome, se mit à enseigner son savoir (Suét., de gramm. 2 ; L.D.Reynolds et N.G.Wilson, 1988, p. 18-23). C’est toutefois d’abord à Alexandrie qu’était née, au IIIe siècle, la science herméneutique, sous l’impulsion de Callimaque et de Zénodote, qui s’appliqua à l’interprétation des textes homériques (R. Pfeiffer, 1968, p. 87 sq.) ; puis Pergame avait pris le relais en développant, sous l’influence de la philosophie stoïcienne, la critique des textes : telle est la tradition qui parvient en premier à Rome dans la seconde moitié du IIe siècle (J. Collart, 1954, p. 7 sq.). Elle ne se développa toutefois qu’au Ier siècle, sous l’impulsion de Denys le Thrace, érudit de l’école alexandrine émigré à Rhodes, auteur d’un Système grammatical (Τέχνη γραμματίκη) (M. Baratin et F. Desbordes, 1981, p. 34 sq.) et qui influença sans doute le premier grand grammairien latin, L. Aelius Stilo, savant en droit, en histoire et en philosophie, et intéressé par la langue archaïque – celle des XII Tables notamment (Cic., de orat. I, 193) – et son disciple, Varron. C’est Stilon, chevalier romain, ami de Metellus le Numidique, qui fit entrer la grammaire dans les honneurs : jusqu’alors, à Rome, seuls des affranchis s’y étaient adonnés (cf. F. Della Corte, 1937, p. 41 sq. ; p. 64 ; R. Pfeiffer, 1968, p. 266).

85.

Dans l’ordre, Gal., Hippocr. l. de fracturis comm., vol. XVIII B, p. 318-322 Kuhn (cité par P. Moraux, 1986, p. 133) ; sur les projets de Cicéron, cf. Brut. 300 : un travail dont on a un écho dans l’œuvre même de Tiron (cf. Gell., VI, 3,49 : cf. G. Calboli, 1978, p. 11 ; 92-97). Sur le corpus de Plaute, cf. plus haut n. 64. Quant à Tyrannion, originaire d’Amisus au Pont, élève de Denys le Thrace, il avait été emmené en Italie comme prisonnier de guerre en 71 au cours de la deuxième guerre contre Mithridate et il vécut ensuite à Rome à partir de 67, donnant des conférences, se liant d’amitié avec César, Cicéron, Atticus. Strabon fut de ses auditeurs (XIII, 1, 54C, 608). Tyrannion travailla sur la bibliothèque d’Apellicon, qui avait été apportée d’Athènes en 84 par Sylla, et commença à la mettre en ordre. Après lui, c’est Andronicos de Rhodes qui est considéré comme le premier commentateur des œuvres d’Aristote. Sur Tyrannion et les grammairiens grecs séjournant à Rome (Asclepiades, Philoxenos, Didyme), cf. A. Pfeiffer, 1968, p. 272-279 ; sur Tyrannion et Andronikos, cf. H.B.Gottschalk, 1987, p. 1079 sq.

86.

Quelques exemples : dubitare : Aelius Stilo, dans GRF, p. 66, no 33 ; Brutus, Manilius, Scaecola dans Bremer, p. 23 ; demonstrare : GRF, p. 66, no 37 ; interpretari : GRF, p. 67, no 38 ; 363, no 435 ; Cic., de div. I, 34 : les grammatici sont des interpretes poetarum. Dans le de orat. I, 42,187, Cicéron définit les quatre parties de la grammaire : poetarum pertractatio, historiarum cognitio, verborum interpretatio, pronuntiandi quidam sonus.

87.

Successivement, Gell., II, 10,1 (Servius Sulpicius avait demandé à Varron le sens de l’expression favissae capitolinae qu’il avait trouvée dans les registres des censeurs ; cf. aussi V, 21. Sur Nigidius : Gell., XVII, 7,4 = GRF, I, p. 163, no 8 (34) ; sur Labéon : Gell., XIII, 10,1 ; sur les rapports entre grammaire et droit, et notamment sur le choix de l’analogie par Labéon, cf. par exemple P. Stein, 1971 ; sur la définition varronienne de spondere, cf. de L.L. VI, 69-73 (et A. Cenderelli, 1973, p. 167).

88.

Dans l’ordre, Quint., I.O. I, 6,29. Sur l’étymologie des nations, cf. Aug., civ. Dei XVIII, 10 (le cas d’Athènes ; et le commentaire de F. Cavazza, 1981, p. 78 sq.). Sur l’idée que l’essence est inaccessible, cf. n. 94. Sur l’étymologie chez les juristes, cf. Cic., Top. 36 qui rapporte le débat qui oppose Servius Sulpicius Rufus et Quintus Mucius Scaevola sur le postliminium. L’étymologie était particulièrement importante pour Varron (cf. J. Collart, 1954, p. 251-302). Comme les stoïciens, ce dernier définissait quatre modes généraux d’évolution du langage (par nature [natura], par habitude [consuetudo], par analogie, par auctoritas), mais il posait aussi le problème de l’historicité de la langue : le parler campagnard lui semblait, par exemple, plus proche de la langue originelle (R.R. I, 2,1 ; cf. F. Cavazza, 1981, p. 75). L’étymologie était ainsi un moyen de remonter vers l’origine historique des mots (notons que le sous-titre du livre V du de lingua latina, dédié à Cicéron, était justement de disciplina originum verborum).

89.

Sur le nexum, cf. Varr., L.L. VII, 105 ; sur les fiançailles, cf. Servius Sulpicius, ap. D. XII.4.8 (de dotibus) (cf. aussi Gell., IV, 4,3 : « ces coutumes furent observées jusqu’à l’époque où le droit de cité fut accordé par la loi Julia à l’ensemble du Latium ». Signe qu’après la guerre sociale le droit civil romain a remplacé les pratiques antérieures). Sur le lien entre histoire et interpretatio, cf. aussi Pomp., D. I.2.2.1 ; Gaius (ad leg. XII T I [1,2].1 = Lenel, p. 242 ; 418) : facturus legum vetustarum interpretationem necessario prius ab urbis initiis repetendum existimavi…

90.

Exemples : Varr., L.L. V, 1 (sur l’étymologie) ; VII, 105 (les définitions du nexum).

91.

P.Ricœur, 1986, p. 145.

92.

Aug., civ. Dei III, 17.

93.

Successivement, Enn., Ann. 282-283 Sk. ; Liv., IV, 23,3 ; sur Iunius, cf. Schol. Bob., p. 163, 2 St. ; Varr., L.L. VI, 2 (cf. aussi VII, 1) ; V, 3 : l’usure de l’âge a fait disparaître certains mots (vetustas… delevit) ; Ov., Fasti I, 1 ; à rapprocher de Cicéron, Mur. 16, où l’orateur se moque de l’oubli dans lequel est tombée l’origine noble de Servius : « ce n’est pas de la mémoire des contemporains, mais de la poussière des annales qu’il faut mettre au jour (eruere) le souvenir de ta noblesse ».

94.

Dans l’histoire du monde, la première période est un adèlon, un inconnaissable (cf. Censor., d.n. 21, et plus haut, p. 340 n. 62) ; et pour la langue, des quatre degrés d’explication distingués par Varron, trois sont accessibles, le niveau populaire, celui des grammairiens (qui travaillent sur le matériau poétique), celui des philosophes, mais le niveau suprême – « le secret sanctuaire, les principes ineffables réservés au roi » –, réservé aux initiés, reste le plus souvent caché (cf. L.L. V, 7-8 : ubi est adytum et initia regis). Nous suivons ici la version et la traduction de J. Collart (1954, p. 274, ainsi que dans son édition du livre V du de lingua latina, p. 155), selon qui le quatrième degré serait pythagoricien. P. Boyancé (1975a, p. 103 sq.), tout en suivant cette interprétation, propose de traduire initia non par « principes » mais par « initiation ». Le degré suprême de vérité est comparé à une initiation comme celle des mystères d’Éleusis. L’allusion au rex, enfin, renvoie à l’idée largement répandue qu’une monarchie éclairée gouvernait à l’origine de l’humanité et que ce sont les premiers rois qui ont donné leurs noms aux choses. Ainsi, Varron diffère des stoïciens pour qui il n’y a pas de mot dont on ne puisse donner l’origine certaine (Varron dans GRF, fr.265, 125, cité par F. Della Corte, 1937, p. 34). Pour lui, tout ne s’explique pas (cf. Varr., L.L. VII, 2).

95.

Varr., L.L. V, 5 ; cf. VIII, 6 : « pour connaître l’origine des mots primitifs, nous avons besoin de l’histoire, parce que cette connaissance ne peut nous arriver qu’en remontant le temps ».

96.

Dans l’ordre, de fin. V. 2,5-6 ; sur les ruines : cf. Prop., El. IV, 1,34 ; et au Ier siècle de notre ère : Lucilius Junior, Etna, v. 563 sq. ; sur les mots vieillis employés par Varron, cf. J. Collart, 1954, p. 321 sq. Sur l’imitation du passé, cf. aussi de leg. II, 2,4 : pour Atticus, l’émotion que suscitent les lieux n’est pas esthétique mais morale ; Sén., Ep. 86,11, sur l’émotion qu’il éprouve à visiter l’ancienne villa de Scipion l’Africain, à Literne ; sur le goût des Romains pour le passé, cf. Velleius Pat., II, 92,5 ; Tac., Ann. II, 88,4 : vetera extollimus, recentium incuriosi (« nous exaltons l’ancien, sans curiosité pour le nouveau »). La curiositas a souvent, on le voit, un sens péjoratif. C’est même parfois l’équivalent du « voyeurisme » – qui chez Augustin prendra le sens de « concupiscence » (Conf. X, 30-38). Le curiosus est celui qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas (Plaut., Stich. 198 sq. ; Tér., Eun. 553), c’est aussi l’intellectuel perdu dans les affaires de l’esprit. Cf. Cic., Tusc. I, 40,108. Sur le mot, voir H.D.Jocelyn, 1973, qui montre que le fameux vers de Térence, « rien de ce qui est humain ne m’est étranger », définit aussi bien le généreux que le curiosus, au sens négatif du terme, d’où sa force comique ; et surtout M. Tasinato, 1994, qui étudie l’évolution du concept, notamment chez Augustin. Le passage du de finibus, qui n’est cité par aucun de ces deux ouvrages, illustre bien l’ambivalence de la notion.

97.

Successivement, Cic., de orat. I, 193 (sur le charme des XII Tables) ; de rep. II, 2,4. Comme me le suggère J.-L. Ferrary, entre le de oratore et le de finibus (note précédente) Cicéron a peut-être changé de point de vue : en donnant à voir, dans ce dernier livre, l’aspect négatif de la curiosité, il émet peut-être une réserve sur la démarche esthétisante, alors que l’urgence, sous la dictature de César, est plutôt de former les jeunes générations, moralement et politiquement.

98.

Cf. Cic., de leg. II, 27 (antiquitas proxime accedit ad deos) ; inversement : Cic., de rep. II, 10,19 ; Orat. 169 ; de div. II, 70 ; Rhet. Her. IV, 2,4 ; cf. Sén., Q.N. II, 42,1 : in his errat antiquitas. Sur tous ces sens, cf. TLL, s.v. antiquitas. L’expression « temps des générations » est de P. Ricœur, 1985, p. 155.

99.

Successivement, Cic., Att. I, 10,3 (cf. aussi I, 8,2 ; 9,2 ; 4,3 ; 3,2) ; Fam. VII, 23,2 (et les remarques de P. Zancker, 1989, p. 29 sq. ; sur les collections, cf. P. Gros, 1976a, p. 155 sq. ; sur ce commerce, cf. par exemple E. Rawson, 1975) ; Pline, N.H. XXXV, 2,9 ; sur Paolo Govio, C. Franzoni, 1984, I, p. 354-355.

100.

Dans l’ordre, Hor., Sat. II, 3, v. 20-25 ; Att. IV, 16,8 (sur Paullus) ; sur le temple de Jupiter, cf. Liv., IV, 20,7 ; Corn. Nep., Att. 20,3. Sur la protection des bâtiments, cf. les articles des lois municipales : lex Tarentini, FIRA, I, no 4, l.32-38 ; Lex de la colonie d’Urso LXXV, tab. II, col.2, l.17-23 ; lex Malacitana, LXII, col.3 l.54-72. Nombreux exemples pour l’époque impériale dans E. Thomas et C. Witschel, 1992. Sur le contraste entre César et Auguste, cf. P. Gros, 1976a, p. 51-52 ; sur la façon dont Auguste a voulu se démarquer du modèle créé par César : E.S.Ramage, 1985, notamment p. 241 sq.

101.

Cic., Brut. 67-68. C’est aussi l’attitude de Caton, pourtant le plus réfractaire à l’invasion de la culture grecque.

103.

Sur les restaurations augustéennes, cf. P. Zanker, 1989, monnaie 89a et p. 258. Sur le renouveau en Grèce, on rappellera, par exemple, la reconstruction du temple d’Arès d’Acharnes dans l’Agora à Athènes : H.A.Thompson, 1960, p. 350-351 ; 1962, p. 200 sq. ; G.W.Bowersock, 1978 p. 72 sq. ; cf. Brut. 66, où Cicéron semble attribuer aux Romains le regain d’intérêt pour Lysias et Thucydide. Cf. Den. Hal., préface aux Œuvres rhét. (I, 2,1-5) ; G.W.Bowersock, op. cit. ; E. Gabba, 1982.

104.

Ann. IV, 33,4. Sur Labéon : D. I.2.2.47 (Pomp., Ench. 47) ; Suét., Cal. 16,1 (cf. N. Horsfall, 1974, p. 252 ; M. Bretone, 1978b, p. 273). Sur Severus : Tac., Ann. I, 72,3 ; IV, 21,3 ; sur Labienus : Sén., Contr. 10 praef. 4-8 ; sur Cremutius : Tac., Ann. IV, 35,4 ; Suét., Tib. 61,3.

105.

Velleius Pat., II, 89,3 ; Sén., de clem. I, 4,3 ; même idée chez Macr., Sat. II, 4,18 ; Dion Cassius sera plus réaliste : LII, 1,1 ; LIII, 11,4.

106.

Sur le patriciat : il s’agit de la lex Saenia de 30 av. J.-C. (Dio., LII, 42,5). Cf. E.T.Salmon, 1976, p. 12 sq. Déjà César avait promu quelques familles par la lex Cassia en 44 (Tac., Ann. XI, 25 ; Suét., Caes. 41 ; Dio., XLIII, 47,8 ; en effet, les anciennes familles patriciennes sont à cette époque en voie de disparition : cf. A. Momigliano, Oxf. Class. Dict., s.v. Patricians ; en 68 de notre ère, elles auront toutes disparu : cf. R. Syme, 1958b, p. 574 ; 577 ; 579). Dans le domaine de l’interprétation jurisprudentielle, également, le Principat renoue avec les veteres : cf. O. Behrends, 1980 ; et de même sur le plan religieux : 82 sanctuaires furent rétablis, selon les sources officielles (Auguste, RG 19-20) ; cf. P. Gros, 1976a, p. 24 sq. Sur Livie : Ov., Fasti V, 156-157 : à propos du temple de Bona Dea : « Livie l’a restauré, pour imiter son mari, et elle a suivi en toutes choses les traces de son époux. » Sur Tibère (Tac., Ann. III, 5,1) : Tibère félicita un préteur d’avoir rappelé le nom de ses ancêtres à son entrée de charge, selon l’ancien usage ; lors des funérailles de Drusus, père de Germanicus, « toutes les cérémonies inventées par les ancêtres ou imaginées par leurs descendants furent accumulées ». Sur l’attitude de César et d’Auguste par rapport à la religion, cf. Suét., Caes. 69 ; Aug. 90-91 ; sur la pietas d’Énée, cf. notamment J.N.Bremmer et N.M.Horsfall, 1987, p. 13 sq. Sur les restaurations d’Auguste, cf. Ov., Fasti II, 58 sq. Déjà sous le triumvirat, la Regia avait été reconstruite : cf. FE. Brown, 1967 ; sur le paysage urbain, cf. Suét., Aug. 34,2 ; P. Gros, 1976a, p. 51-52.

107.

Sur Tellus, cf. Aug., civ Dei VII, 24 ; sur les sept collines, voir plus haut n. 46.

108.

Sur Atticus : Corn. Nep., Att. 20,2 ; sur l’école de Verrius : Suét., Gramm. 17 ; cf. B.W.Frier, 1979, p. 197 sq. Sur le langage : Suét., Aug. 86,3 ; sur l’haruspicine, cf. en dernier lieu H. Massa-Pairault, 1991, notamment p. 17-18 ; sur l’aménagement du temps, cf. A. Wallace-Hadrill, 1987 ; critique de l’archaïsme, Hor., Ep. II, 1 ; sur cette lettre, cf. A. La Penna, 1963, p. 148 sq., qui montre que Horace s’oppose aussi à une restauration du théâtre latin populaire ; voir en dernier lieu C.O.Brink, 1982, p. 31 sq., qui minimise l’opposition à Auguste.

109.

Successivement, sur Varron : Den. Hal., II, 21 ; Aug., civ. Dei VI, 2 : quis Marco Varrone curiosus ista quaesivit ? ; Symm., Epist. I, 2 (375) : illum romanae eruditionis parentem ; puis Suét., Aug. 89,2 (sur Auguste). Sur le temple de Mars, cf. P. Zanker, 1989, p. 240. L’usage des gemmes rappelle aussi une tradition archaïque (G. Sena Chiesa et G.M.Facchini, 1985, p. 19 ; P. Zanker, op. cit. p. 259). L’expression « pensée nostalgique » est de J. Habermas (Esprit, juin 1980, p. 121, à propos de H. Arendt).

110.

U.Laffi, 1967 ; cf. aussi A. Wallace-Hadrill, 1982 ; J. Clair, 1982… Sur l’Horologium, cf. E. Buchner, 1982.

111.

Sur les édifices, cf. Auguste, RG 20,2. Sur les fata publica et fata privata, cf. H. Massa-Pairault, 1991, p. 26 sq. ; sur Auguste, nouveau Romulus, cf. Suét., Aug. 7,2 ; Dio., XLVI, 46,3… Caligula aussi : Suét., Cal. 16. Sur cette question, cf. S. Weinstock, 1971, p. 179 sq.

112.

Sur les dieux Lares : Ov., Fasti V, 143-145 ; cf. A. Barchiesi, 1993 p. 97-99. Sur les aspects religieux des innovations augustéennes, cf. J. Scheid et F. Jacques, 1990, p. 117 sq. (qui donne en outre la bibliographie). Sur le patriciat, cf. plus haut, n. 106.

113.

Les dépouilles opimes sont celles qui sont prises par le général romain au roi des ennemis : cf. Plut., Marc. 11 ; Fest., s.v. Opima spolia, p. 202 L. ; Dio., LI, 24,4 ; cf. L. Braccesi, 1981, p. 45, pour qui Auguste a falsifié son témoignage ; F. Cassolà, 1970, p. 7 ; A. Giovannini, 1983 (sur les pouvoirs du proconsul) ; sur les précédents : A. Magdelain, 1990, p. 243 ; sur la version de Tite-Live, cf. IV, 20,5-11 (cf. Virg., Aen. VI, 858 sq.) ; et Prop., El. IV, 10 (sur ces derniers textes, cf. S.J.Harrison, 1989).

114.

Dans l’ordre, Tac., Ann. I, 3,7 ; 4,1 : verso civitatis statu, nihil usquam prisci et integri moris ; sur Tibère, ibid., I, 72. Sur Labéon : Gell., XII, 1-2. ; pour lui, le vetus ius incarne la liberté ; Auguste, lui, cite l’ancien droit avec hypocrisie, c’est-à-dire « en évitant de reconnaître l’intention de liberté qu’ils contenaient » (A. Michel, 1978b, p. 165 ; cf. aussi Gell., XIII, 12,1). Sur Varron, ibid., § 6.

115.

Sur la fin des conquêtes, cf. Dio., LVI, 33,1 (ce dont Vitruve se fait l’écho : de arch. VII, praef. 3. Voir les remarques de I. Lana, 1990, p. 26 ; L. Braccesi, 1981, p. 39 sq.) ; sur César, Dio., XLIV, 4,2 ; sur l’unification, par Auguste, du temps, cf. aussi G. Cresci Marrone, 1993, p. 60 sq. ; A. Wallace Hadrill, 1987 : alors que le calendrier républicain était désarticulé, que chaque fête avait son dieu, le calendrier impérial présente une continuité, il raconte l’histoire des hommages impériaux. Façon de subsumer l’histoire sous son nom.