L’aspect le plus déconcertant des affaires vaticanes tient probablement au fait que la liste des atteintes du Saint-Siège à l’éthique, à la transparence et à la légalité présentée dans ce roman n’est pas le produit de l’imagination d’un auteur de fiction, mais un simple compte rendu factuel. À vrai dire, il existe tellement d’informations authentiques sur la question que je me suis vu contraint de laisser de côté une source presque inépuisable de scandales, pour me concentrer uniquement sur quelques cas emblématiques.
Les relations entre le Saint-Siège et la mafia, ainsi que l’implication de l’IOR dans des opérations de blanchiment d’argent à grande échelle, passant par l’utilisation de comptes fictifs, comme ceux de la Fondazione Cardinale Francis Spellman et du Fonds Mamma Roma pour la lutte contre la leucémie, entre autres, ont été amplement décrites dans plusieurs documents explosifs, en particulier les célèbres dossiers Dardozzi, mettant en cause des hommes politiques italiens de renom, notamment le plus important chef d’État italien d’après-guerre, le démocrate-chrétien Giulio Andreotti. Lorsqu’on lui a fait part de l’affaire, Andreotti a affirmé ne pas se souvenir de ce compte.
Le comportement du Vatican a été clairement répréhensible. Ainsi, au lieu de coopérer avec la justice au sujet des nombreux scandales impliquant l’IOR, il a, pendant des années, entravé et saboté les enquêtes judiciaires successives concernant l’argent des politiciens et des mafieux, parmi lesquels des barons de la drogue. Même ceux qui, au sein de l’Église, s’opposaient à cet état de faits, avaient peur d’enquêter. « Je crains pour ma vie lorsque je contrôle le nom des titulaires de certains comptes », a reconnu Ettori Gotti Tedeschi, le successeur de l’archevêque Marcinkus à la tête de l’IOR, qui avait jugé prudent d’établir un dossier de deux cents pages comme « assurance-vie ». Ce que craignait Tedeschi, ce n’étaient pas les autorités, mais la curie.
Les audits ordonnés par le pape, qui ont été menés par des entreprises internationales réputées, comme Promontory Group et McKinsey, ou par des équipes telles que la COSEA, et dont il a été rendu compte, au fil des années, dans divers ouvrages soulignant les irrégularités du fonctionnement du Vatican et de sa banque, en particulier ceux du journaliste italien Gianluigi Nuzzi, ont révélé la déliquescence qui se cachait derrière les murailles léonines. D’autres organisations indépendantes sont parvenues à des conclusions similaires. Par exemple, l’Institute of Applied Economic and Social Research de l’université de Melbourne a comparé les systèmes bancaires de deux cents pays et conclu que le Vatican se classait parmi les dix premiers sanctuaires internationaux du blanchiment d’argent. De même, selon un rapport publié dans l’Inside Fraud Bulletin, l’IOR était considéré comme la huitième banque la plus populaire du monde parmi les criminels impliqués dans le blanchiment d’argent sale, et la quatrième meilleure banque du monde pour dissimuler l’origine de fonds illégaux. À cet égard, le Vatican a été jugé encore plus efficace que les Bahamas.
Ironiquement, c’est au milieu de toutes ces turpitudes que le pape Benoît XVI a estimé disposer de l’autorité suffisante pour publier, deux ans après la crise financière qui a éclaté en 2008 avec la chute de la banque Lehman Brothers, l’encyclique Caritas in veritate qui prône l’éthique dans la banque et un sens moral dans la conduite des activités bancaires.
Il est important de souligner qu’après toutes les violations commises sous plusieurs pontificats, en particulier ceux de Paul VI et de Jean-Paul II, un grand nombre de gens d’Église ont ressenti de la honte et appelé de leurs vœux un grand nettoyage général. François est le premier pape à s’attaquer, de façon soutenue et avec détermination, à cet état de faits. Il a dû pour cela faire face à la résistance de la curie.
Le cambriolage du palais des Congrégations raconté dans le prologue, au cours duquel ont été volés des documents embarrassants pour le Saint-Siège qui avaient été rassemblés par la COSEA, est un fait avéré. Il s’est produit le 30 mars 2014 et, aujourd’hui encore, on présume qu’il a été commandité, au sein même du Vatican, par des entités qui voyaient leurs intérêts remis en cause par le pape François. Les seuls éléments de fiction dans le récit de ce cambriolage concernent les cambrioleurs et la « piste » islamique. Il va de soi que tout ce qui touche à l’enlèvement du pape est, bien évidemment, fictif.
Je dois néanmoins souligner que les menaces de l’État islamique contre la vie du souverain pontife sont bel et bien réelles. Du reste, les autorités israéliennes et irakiennes ont alerté le Vatican au sujet des intentions des fondamentalistes islamiques à cet égard. Dabiq, le magazine publié par l’État islamique, a consacré la couverture de son quatrième numéro à la conquête de Rome, en l’illustrant avec une image du drapeau noir du mouvement flottant sur l’obélisque de la place Saint-Pierre et, en 2016, il est revenu sur cette question en déclarant que le pape était son « ennemi numéro un ». En outre, l’État islamique a confirmé dans une vidéo son intention d’envahir Rome et d’assassiner le pape. Un porte-parole du Vatican a révélé que le chef de l’Église « est au courant de toutes ces menaces », mais qu’« il n’a pas peur ».
Les menaces contre la vie du pape proviennent également des milieux dont les intérêts sont remis en cause par François. La mafia, par exemple, a manifesté son profond mécontentement. « Le pape veut faire le ménage, mais la ’Ndrangheta n’apprécie guère », a déclaré Nicola Gratteri, le procureur adjoint de la région de Calabre, faisant référence à la mafia calabraise. Il a ajouté : « Si les parrains le peuvent, ils entraveront son action. Le pape représente un danger pour eux. »
Même dans la curie, des voix menaçantes contestent les actions engagées par le pape François. En novembre 2015, l’évêque Luigi Negri aurait même souhaité la mort du souverain pontife. « Espérons que la Madone réservera à Bergoglio le même sort qu’elle a réservé à l’autre », aurait dit Negri. L’« autre » à qui l’évêque fait allusion serait le pape Jean-Paul Ier, lequel avait également voulu réformer la curie et qui est mort dans des circonstances peu claires décrites dans ce roman, trente-trois jours après le début de son pontificat. La responsable des relations publiques du Vatican, Francesca Chaouqui, a d’ailleurs confirmé en public que de nombreux cardinaux « n’attendent qu’une chose, que le pape François meure rapidement. »
François lui-même a indiqué qu’il connaissait bien les menaces qui pesaient sur lui. Dans un entretien accordé en 2015 à un journaliste mexicain, il a fait une déclaration assez énigmatique. « J’ai le sentiment que mon pontificat va être bref, quatre ou cinq ans », a-t-il dit, avant de répéter aussitôt la même idée : « J’ai une sensation un peu vague, celle que le Seigneur m’a choisi pour une mission brève. »
Mais ce roman ne raconte pas seulement des histoires de corruption et de malversations. Il évoque aussi un certain nombre d’autres faits véridiques, notamment la découverte du mausolée et des ossements de saint Pierre. Tout s’est déroulé comme c’est décrit ici — à ceci près que Tomás Noronha n’y a pas participé, bien sûr ! On peut aujourd’hui visiter le mausolée et voir les ossements de l’apôtre qui a fondé l’Église, dans les catacombes situées directement sous le maître-autel de la basilique Saint-Pierre. Le nombre de visiteurs étant limité, il est conseillé de réserver à l’avance.
Les prophéties présentées dans ce roman concernant la mort du pape sont également authentiques, notamment celles de Malachie, de Pie X et de Fátima. Comme nous le savons tous, l’histoire de l’humanité regorge de prophéties qui ne se sont pas réalisées ; cela étant, les trois qui sont ici mentionnées évoquent un cataclysme destructeur qui s’abat sur Rome et culmine avec la mort du souverain pontife.
Pour élaborer la partie non fictive de ce roman, j’ai consulté une multitude d’ouvrages, à commencer par ceux consacrés aux anomalies touchant l’activité financière et la gestion du Vatican, ainsi qu’aux liens de l’Église avec le monde politique et criminel, y compris le crime organisé. Ma source principale est constituée par les ouvrages de référence de Gianluigi Nuzzi, en particulier Sua Santidade : As Cartas Secretas de Bento XVI ; Vatican SA : Les Archives secrètes du Vatican ; et Merchants in the Temple : Inside Pope Francis’s Secret Battle Against Corruption in the Vatican.
J’ai consulté d’autres sources sur la même question, notamment les suivantes : Avareza, d’Emiliano Fittipaldi ; God’s Bankers : A History of Money and Power at the Vatican, de Gerald Posner ; The Vatican at War : From Blackfriars Bridge to Buenos Aires, de Phillip Willan ; In God’s Name : An Investigation Into The Murder of Pope John Paul I et The Power and the Glory : Inside the Dark Heart of John Paul II’s Vatican, de David Yallop ; The Vatican Connection, de Richard Hammer ; The Vatican Exposed : Money, Murder, and the Mafia, de Paul L. Williams ; Dark Mysteries of the Vatican, de H. Paul Jeffers ; Render Unto Rome : The Secret Life of Money in the Catholic Church, de Jason Berry ; Histoire secrète du Vatican, de Corrado Augias ; La Maxitangente Enimont, des juges Romeo Simi De Burgis, Salvatore Cappelleri et Marisella Gatti, Tribunale di Milano, V Sezione Penale ; Os Abutres do Vaticano, d’Eric Frattini ; Francisco entre os Lobos : O Segredo de Uma Revolução, de Marco Politi ; Curiosidades do Vaticano, de Luís Miguel Rocha ; et Associates of the Sicilian Mafia : Roberto Calvi, Licio Gelli, Giulio Andreotti, Salvatore Lima, Salvatore Cuffaro, Michele Zaza, de divers auteurs.
Concernant la découverte du tombeau et des ossements de saint Pierre, les références bibliographiques ont été les suivantes : The Tomb of St Peter, de Margherita Guarducci ; Vatican : La nécropole et le tombeau de saint Pierre, de Paolo Liverani et Giandomenico Spinola ; et Les Derniers Secrets du Vatican, de Bernard Lecomte.
Enfin, et s’agissant spécifiquement des prophéties relatives au dernier pape, j’ai consulté : Pope Francis : The Last Pope ? Money, Masons and Occultism in the Decline of the Catholic Church, de Leo Zagami ; Petrus Romanus : The Final Pope is Here, de Thomas Horn et Cris Putnam ; The Last Pope : Francis and the Fall of the Vatican, de Robert Howells ; et Les Secrets du Vatican, de Bernard Lecomte.
J’adresse mes remerciements à Ana Paula Faria, du Bureau des fouilles du Saint-Siège, qui m’a ouvert les catacombes du Vatican et montré le trophée de Pierre ; et à Mario Nissolino, qui m’a guidé dans les passages secrets qui mènent du Vatican à l’extérieur. Merci également à Paulo Almeida Santos, pour l’assistance qu’il m’a apportée en arabe et en ce qui concerne les spécificités des djihadistes, et à Giancarlo Bocchi, pour son aide en italien.
Il convient de souligner, au sujet des prophéties, que les expériences de physique quantique ont démontré qu’il est possible, sur le plan expérimental, d’avoir accès à des informations venant du futur. La démonstration en a été faite à plusieurs reprises, en laboratoire, avec l’expérience de la double fente retardée, théorisée par le physicien américain John Wheeler, et expliquée en détail dans La Clé de Salomon, une autre aventure de Tomás Noronha.
Faut-il en conclure que les trois prophéties relatives à l’assassinat du pape vont effectivement se réaliser et que la papauté s’achèvera avec François ? Pas le moins du monde. Après le pape actuel, un autre sera élu. Vous en doutez ?
Qui vivra verra.