XVI

Tomás n’était pas encore entièrement revenu de sa surprise que le cardinal Barboni était près de lui, avec la femme qui l’accompagnait. L’historien l’examina du coin de l’œil ; elle était attirante et élégante. Elle avait l’allure d’un cadre supérieur ; sa robe bleu marine parfaitement coupée et l’écharpe violette en soie qu’elle portait autour du cou révélaient le bon goût raffiné et intimidant de quelqu’un qui sait attirer les regards.

– Professeur, dit le secrétaire d’État, laissez-moi vous présenter Mme Catherine Rauch, une auditrice française réputée qui collabore avec nous.

Face à une telle beauté, avec ses cheveux blonds et raides tombant sur les épaules et ses yeux d’un bleu limpide, Tomás retint sa respiration. Ils se serrèrent la main pendant que le cardinal approchait une nouvelle chaise. Tous trois s’assirent alors devant le bureau du pape et regardèrent le souverain pontife, à qui il appartenait naturellement de conduire la réunion.

– Je vous disais, professeur, que le Vatican a été cambriolé, répéta-t-il, reprenant la conversation où il l’avait interrompue un peu plus tôt. C’est justement à cause de cet incident que nous avons besoin de vous. Une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de l’Église, le mal nous entoure, et l’heure est extrêmement grave. Par-delà ce qui semble être, à première vue, un simple cambriolage se cache une sinistre menace, un danger terrifiant et absolu, au point que nous craignons que l’apocalypse prédite par les visions dantesques de saint Malachie, de Pie X et de Fátima ne se réalise.

Le Portugais s’agita sur sa chaise, troublé par les paroles de son hôte, mais aussi par la beauté angélique de la femme assise à côté de lui.

– Avec tout le respect que je vous dois, Votre Sainteté, cela n’est-il pas exagéré ?

– Lorsque vous connaîtrez les détails du cambriolage, professeur, vous comprendrez ce que je veux dire.

– S’il s’agit d’un cambriolage et d’une réelle menace, l’affaire ne relève-t-elle pas de la police ?

– Les autorités s’en occupent, bien sûr. Cependant, le problème va bien au-delà d’un simple cambriolage. La triste vérité est que nous sommes entourés d’intérêts occultes et de gens qui jouent un double jeu. Les courtisans sont la lèpre de la papauté. À dire vrai, les seules personnes dans lesquelles j’ai véritablement confiance sont celles qui sont ici avec moi. J’ai choisi le cardinal Barboni pour exercer les importantes fonctions de secrétaire d’État, et c’est lui qui m’a encouragé à m’attaquer à la pourriture qui est au cœur des finances de l’Église. Quant à Mme Rauch, elle est la responsable de la COSEA, l’équipe d’auditeurs que nous avons engagée pour vérifier les comptes du Saint-Siège. Vous êtes les seules personnes sur lesquelles je peux m’appuyer. Tout le reste n’est qu’incertitude. La curie qui gouverne le Vatican est corrompue, les cardinaux sont divisés, le corps de fonctionnaires est infiltré, la gendarmerie n’est pas fiable, quant à la police judiciaire italienne, elle ne nous inspire guère confiance. La terrible vérité c’est qu’ici rien ni personne n’est ce qu’il paraît être. (Il haleta, presque à bout de souffle.) Une horreur !

– Mais qui est derrière tout cela, Votre Sainteté ?

– Satan.

La réponse déconcerta Tomás. Il regarda les trois personnes assises autour du bureau, en face et à côté de lui, comme s’il leur demandait s’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, mais leur expression fermée indiquait clairement qu’ils prenaient tout cela très au sérieux.

– Satan, Votre Sainteté ? Que voulez-vous dire par là ? Le pape s’appuya sur la table et le dévisagea fixement.

– Professeur, avez-vous déjà entendu parler de l’Institut pour les œuvres de religion ?

– Bien sûr, c’est la banque du Vatican.

– Officiellement, la banque du Vatican n’existe pas, coupa le souverain pontife avec une soudaine brusquerie. Nous l’appelons l’IOR. Peu après le début de mon pontificat, j’ai mis sur pied une commission d’auditeurs, dirigée par Mme Rauch, pour enquêter sur l’IOR et les finances du Saint-Siège. (Il fit un geste en direction de la technocrate française.) Racontez-lui, madame Rauch, ce que vous avez découvert.

L’auditrice rompit le mutisme qu’elle avait observé jusque-là, et dit, sans tergiverser :

– Le Vatican est au bord de la faillite.

L’expression était forte et elle suscita chez Tomás une expression d’incertitude.

– Comment cela ? s’enquit-il. Cet État est l’un des plus riches au monde si l’on s’en tient à la richesse per capita. Il y a ici quelques-uns des plus grands trésors de l’art mondial, des œuvres qui valent des milliards. Des statues et des peintures de Michel-Ange, de Raphaël, de Léonard de Vinci, du Titien, du Caravage, de Botticelli, de Fra Angelico, de Giotto, de Crivelli et de qui sais-je encore. La richesse du Vatican est incommensurable. Sans parler, bien sûr, de la capacité de l’Église à lever des fonds, à recevoir des donations, ni des aumônes et des oboles des fidèles du monde entier. Comment une telle institution pourrait-elle être au bord de la faillite ? Ce n’est pas possible !

– Cependant, c’est le cas.

– Mais comment ? Pour que le Vatican fasse faillite il faudrait… je ne sais pas moi, une escroquerie aux proportions bibliques ! Je n’ignore pas qu’il y a eu de graves problèmes à cet égard récemment, en particulier à l’époque de monseigneur Marcinkus, mais je suppose que des réformes ont été engagées et que plus personne ne ferait cela aujourd’hui !

Embarrassée par cette dernière observation, Catherine Rauch échangea un regard avec le pape comme si elle lui demandait l’autorisation de répondre. Le souverain pontife acquiesça d’un subtil mouvement de la tête.

– L’intendance du Saint-Siège est une véritable catastrophe, professeur Noronha, expliqua l’économiste. La gestion des ressources est inexistante, les dépenses ne sont pas contrôlées, il n’y a aucune transparence, les produits sont achetés à des prix invraisemblables. La manière dont le Vatican est administré est totalement irrationnelle.

– Que voulez-vous dire ?

– Eh bien, par exemple, la restauration de la bibliothèque du Vatican était estimée à cent millions d’euros, mais on s’est rendu compte qu’elle avait coûté deux cents millions d’euros et que personne n’y avait trouvé à redire. Les travaux sont effectués sans devis, les entrepreneurs demandent des sommes incroyables, tout est réglé sans regarder à la dépense, ni faire d’appel d’offre.

 

Le cardinal Barboni toussota, un peu gêné. La gestion du Saint-Siège relevait de la responsabilité du secrétariat d’État, qu’il dirigeait, et tout cela le mettait dans une situation inconfortable.

– Eh bien… on ne peut pas non plus avoir une vision purement économique des choses, n’est-ce pas ?

– Sans vouloir vous offenser, Éminence révérendissime, c’est ce que disent les incompétents et les irresponsables pour se justifier de dépenser sans compter l’argent des autres, rétorqua l’experte sans prendre de gants. Tenir des comptes, ce n’est pas avoir une vision bassement économique, c’est faire preuve de bon sens. On ne peut pas dépenser ce que l’on n’a pas, n’importe quelle ménagère vous le dira. Le Saint-Siège doit apprendre à vivre selon ses moyens avant qu’il ne soit trop tard.

Malgré son air débonnaire, le secrétaire d’État se raidit.

– On ne saurait réduire les âmes chrétiennes à des chiffres, madame !

– Certes, mais l’Église ne s’administre pas avec des Ave Maria. Pour faire la charité, il faut en avoir la volonté, mais il faut aussi avoir de l’argent et, pour qu’il ne soit pas dilapidé, il faut savoir le gérer.

– Seriez-vous par hasard en train d’insinuer que…

La conversation s’envenimait, à tel point que le pape se vit contraint d’intervenir.

– Du calme, demanda-t-il, en levant les mains pour les apaiser. Du calme. Notre objectif n’est pas de désigner des coupables ni de montrer qui que ce soit du doigt. N’oublions pas que le cardinal Barboni a été celui qui a le plus bataillé pour que le Saint-Siège mette ses comptes à jour et apprenne à gérer ses ressources de manière rationnelle. Ce qui importe à présent, c’est évaluer la situation, identifier les problèmes et les régler. Ce n’est pas par la discorde que nous y arriverons. C’est en coopérant de façon harmonieuse.

Tous deux baissèrent la tête.

– Je vous demande pardon, Votre Sainteté.

L’ordre étant rétabli, le chef de l’Église reprit la parole.

– Le vieux curé de ma paroisse m’a dit un jour : « Si nous ne savons pas préserver notre argent, alors que c’est une chose visible, comment pourrions-nous préserver les âmes de notre troupeau, qui sont invisibles ? » Nous devons régler nos difficultés. Le problème c’est qu’elles ne se limitent pas à la gestion au jour le jour. Prenez les investissements, par exemple. Quand j’étais un prélat provincial, mon comptable m’a raconté que les Jésuites argentins avaient investi quelques réserves dont ils disposaient dans une banque qu’ils pensaient honnête. Or, ils ont fini par découvrir que plus de soixante pour cent des sommes qu’ils avaient ainsi investies avaient été placées en actions d’entreprises qui fabriquaient des armes ! Vous avez bien entendu : soixante pour cent de l’argent de l’Église investi dans l’armement ! Comment est-ce possible ?

– Les investissements sont effectivement des opérations sensibles, reconnut Catherine Rauch. Le Vatican a investi quatre-vingt-quinze millions d’euros par le biais de Goldman Sachs, d’UBS et de Black Rock. Vous savez ce qui s’est passé ensuite ? Il a perdu la moitié de cette somme. Les deniers des croyants ont été dilapidés dans le casino des marchés spéculatifs.

– Comme vous le savez, notre ministère est un ministère de Dieu, se défendit le cardinal Barboni avec douceur. Nous qui sommes de simples bergers du Seigneur, des hommes humbles uniquement habitués à nous occuper des fidèles, que savons-nous de ces questions d’argent, de gestion, des marchés à terme et de je ne sais quoi d’autre ? Ce monde est si complexe et nous sommes si ignorants qu’il est très facile pour des vautours de profiter de notre ingénuité et de notre bonne foi.

La Française s’éclaircit la voix, ce qui signifiait qu’elle n’était pas de cet avis et qu’elle n’était pas disposée à se taire.

– Je vous demande pardon, Votre Éminence, mais cela fait des années que les auditeurs appellent l’attention du Vatican sur ses problèmes de gestion, sans que personne ne leur prête attention, affirma-t-elle sèchement. McKinsey, Ernst & Young, KPMG, Promontory Financial Group… les sociétés d’audit les plus réputées du monde ont déjà fait des suggestions et proposé des améliorations. À quoi bon ? Tous leurs conseils ont été superbement ignorés. Les responsables de la curie semblent considérer que les règles ne s’appliquent pas à eux. Lorsqu’on tente d’évaluer les faits, l’information est court-circuitée et le travail saboté. Si les auditeurs arrivent, malgré tout, à comprendre ce qui ne va pas et suggèrent des solutions, celles-ci sont purement et simplement ignorées. Il n’est pas possible de gérer une institution qui fonctionne de la sorte !

– C’est vrai, j’en conviens, dit le pape. Maintes anomalies dans les structures de l’Église sont enracinées dans le solipsisme. Une espèce de narcissisme théologique conduit de nombreux membres de la curie à penser qu’ils sont au-dessus des autres, mais surtout que rien n’existe au-delà d’eux-mêmes. C’est pour cette raison qu’ils considèrent que les règles ne s’appliquent pas à eux.

– Avec une telle attitude, il est impossible de redresser la situation, ajouta la chef de l’équipe d’auditeurs. Le Vatican va tout droit à la faillite et personne ne fait rien.

– Personne ne fait rien, en effet, souligna le souverain pontife, en se tournant vers le cardinal Barboni. Tu te souviens, Angelo, de ce que tu m’as dit le premier jour de mon pontificat ?

Le secrétaire d’État sourit.

– Comment pourrais-je oublier, Votre Sainteté ? Je vous ai dit que l’heure était venue de nettoyer la curie et de rendre l’Église aux pauvres, comme nous l’enseigne l’Évangile.

– Et tu avais raison. C’est pourquoi j’ai décidé de réformer le fonctionnement du Saint-Siège et, avec l’aide de Dieu, nous le réformerons. Je ne saurais dire comment tout cela s’achèvera, mais l’IOR, que ce soit une banque, un fonds d’appui ou tout autre chose, doit être régie honnêtement. Nous devons veiller à la transparence de nos comptes et mettre un terme aux dépenses effrénées qui nous conduisent tout droit à la ruine. Au cours des cinq dernières années seulement, les dépenses de personnel ont augmenté de trente pour cent. (Il tapa de la paume de la main sur la table.) On ne peut pas continuer comme ça ! Les fidèles ne nous confient pas leur argent pour alimenter des vices de cour, mais pour aider ceux qui sont dans le besoin. Les cardinaux devront comprendre que le monde ne tourne pas autour d’eux et qu’il existe une réalité au-delà des murs du Vatican ! Nous vivons pour servir les autres, et non l’inverse ! Notre troupeau a besoin de bergers disposés au sacrifice, et non de bureaucrates choyés. Le Saint-Siège regorge de Narcisse entourés d’adulateurs, et l’esprit de cour qui prévaut ici est devenu un vrai cancer. La curie vit centrée sur elle-même et se soucie uniquement de défendre ses intérêts temporels. L’argent a contaminé la pensée et la foi, il corrompt notre âme et nous conduit à considérer la religion comme une simple source de revenus. (Il secoua la tête avec solennité.) Ça ne peut pas continuer ! Jésus veut que ses évêques soient des serviteurs, non des princes. On ne peut pas comprendre l’Évangile sans la pauvreté. Il est temps de réformer le Vatican !

Catherine Rauch ébaucha une expression d’impuissance.

– Mais, Votre Sainteté, comment allons-nous faire ?

Le chef de l’Église désigna l’économiste comme s’il l’accusait :

– C’est justement pour ça qu’Angelo et moi-même avons créé la COSEA et que nous vous avons nommée pour la diriger, madame Rauch ! s’exclama-t-il. Vous avez les pleins pouvoirs ! J’ai signé un chirographe qui oblige tous les départements du Saint-Siège à collaborer avec votre Commission pour l’organisation de la structure économique et administrative et qui vous donne accès à tous les documents nécessaires à l’accomplissement de votre mission, même ceux classés top secret ! La COSEA dispose d’une complète autonomie et d’un accès total ! La confidentialité ne saurait être invoquée comme obstacle ! Que voulez-vous de plus ? Il vous appartient à présent d’établir un diagnostic et d’élaborer des solutions pour nous sortir de ce bourbier !

– Mais la curie a paniqué lorsqu’elle a su que vous alliez toucher aux fonds gérés par les cardinaux et vous en prendre à leurs privilèges. Malgré le chirographe que Votre Sainteté a signé, aucun d’entre eux n’a voulu collaborer avec ma commission d’auditeurs. Pire, notre travail est saboté. Dès qu’ils entendent le mot COSEA, les cardinaux sortent leurs griffes ! Nous avons introduit de nouveaux règlements budgétaires, or nous venons de découvrir que de nombreux départements du Saint-Siège ont créé un budget parallèle afin de ne pas déclarer leurs recettes. Ils gèrent ces sommes comme s’il s’agissait de leurs biens privés ! Comment peut-on réformer avec cet état d’esprit ? Pour ne rien dire du problème posé par le manque d’appui au plus haut niveau, bien entendu.

Le pape se raidit.

– Que voulez-vous dire ?

– Vous vous souvenez, Votre Sainteté, que monseigneur Viganò s’est plaint que l’arbre de Noël érigé place Saint-Pierre avait coûté plus de cinq cent mille euros ? Il avait critiqué le fait que c’était toujours les mêmes entreprises qui travaillaient pour le Saint-Siège, à des prix deux ou trois fois supérieurs à ceux du marché, et accusé le Comité des finances et de la gestion d’avoir dilapidé plus de deux millions de dollars dans une opération financière sans rendre de comptes à personne. Eh bien, au lieu de le récompenser pour lui avoir fait part de ce scandale, qu’a fait le pape Benoît XVI ? Il a destitué monseigneur Viganò de la direction du Gouvernorat et l’a exilé aux États-Unis ! En somme, il l’a sanctionné !

– Certes, mais c’est du passé, argumenta le pape. Angelo et moi-même, nous vous apporterons tout le soutien nécessaire, comme je l’ai déclaré à plusieurs reprises. Nous sommes tous pécheurs, mais nous ne sommes pas tous corrompus. Je sais que nous nous attaquons à des castes privilégiées ici au Vatican, mais il faut le faire car il est immoral de continuer à dilapider des ressources pour alimenter une cour alors que ces sommes devraient être mises à la disposition de ceux qui en ont véritablement besoin, à savoir les pauvres. Que le Seigneur nous aide à ne pas tomber dans le piège de l’idolâtrie de l’argent. (Sa main tournoya dans l’air, désignant l’espace qui les entourait.) Ce n’est pas seulement parce que le Palais apostolique m’intimidait que j’ai décidé de ne pas vivre ici. C’est surtout parce que je trouve que le pape doit donner l’exemple ! Le pape ne saurait prêcher qu’il faut aider les pauvres et vivre dans une telle opulence, ni permettre que des sommes considérables soient dilapidées pour alimenter les vices de la curie ! Je ne le tolérerai pas !

– Et il n’y a pas que cela, Votre Sainteté, ajouta Catherine Rauch. Comme vous le savez, la situation financière du Vatican est devenue extrêmement préoccupante et la survie de l’Église dépend de la réforme que vous serez capable d’entreprendre.

– Oui, ça aussi, je le sais.

– Je n’ai pas le moindre doute que vous nous soutiendrez, Votre Sainteté, ajouta-t-elle. Mais, comme vous le savez, les attitudes de vos prédécesseurs ont engendré certaines habitudes qui frisent la criminalité pure et simple. Ainsi, après les incroyables efforts que nous avons déployés pour parvenir, enfin, à obtenir quelques informations intéressantes sur la gestion douteuse du Saint-Siège, que nous est-il arrivé ? Nous avons été cambriolés ! Les voleurs sont entrés ici, au Vatican, et ils ont emporté les documents compromettants que nous avions découverts ! Comment peut-on travailler dans un tel climat ?

Un lourd silence s’installa dans la bibliothèque. Le souverain pontife et le secrétaire d’État savaient que la chef de la COSEA venait de mettre le doigt sur un point délicat. Le pape se tourna vers Tomás et posa sur lui un regard plein d’espoir.

– Le professeur Noronha va nous sauver, proclama-t-il. C’est la divine providence qui vous a envoyé pour nous aider à résoudre cet imbroglio. Nous avons besoin de vous et des talents dont vous avez fait preuve par le passé pour mener, avec toute la discrétion voulue, une enquête parallèle. Vous serez notre agent invisible, l’arme secrète dans laquelle nous pouvons mettre toute notre confiance.

Le Portugais sembla préoccupé par l’énorme responsabilité qui venait de s’abattre sur ses épaules.

– Votre Sainteté m’attribue des pouvoirs que manifestement je n’ai pas, souligna-t-il, alarmé. Je ne suis qu’un simple historien spécialisé en langues anciennes et en cryptanalyse. Je ne connais rien à la gestion, aux questions administratives et comptables, cela me dépasse complètement et…

– Mais ce n’est pas pour un audit que nous avons besoin de vous, professeur, précisa promptement le pape sur un ton plein de douceur. Pour cela nous avons Mme Rauch et toute l’équipe de la COSEA.

– Mais alors, qu’attendez-vous de moi ?

Le chef de l’Église le dévisagea avec l’air de celui qui considère que la réponse est tellement évidente qu’il ne comprend pas pourquoi il doit la formuler.

– Eh bien, pour éclaircir le mystère du cambriolage du Vatican, bien sûr.

Puis il se leva, mettant un terme à la réunion.