Examinons de plus près ce que votre adolescent attend de vous:
• Il a besoin d’être renseigné sur les choix, les responsabilités et les conséquences qui accompagnent les nouvelles expériences et les pressions auxquelles il devra faire face.
• Il doit être préparé, et non découragé, à faire face aux pressions de l’adolescence.
• Il doit sentir qu’il peut se fier à vous pour le comprendre, le soutenir, l’informer et le guider (même si cela signifie que vous établirez des limites strictes).
• Il doit apprendre de vous des façons positives de gérer les conflits, les déceptions, les risques et les pressions de l’extérieur, vous y compris.
• Il doit se sentir lié non seulement à ses amis, mais aussi à son école, à sa famille et à sa collectivité. Il doit aussi se sentir apprécié.
• Il doit se faire traiter en tant que personne (plutôt qu’en tant de problème potentiel) et avec équité.
• Il a besoin de conseils pour résoudre des problèmes et prendre des décisions par lui-même.
Le plus important sans doute pour votre adolescent durant cette période critique, c’est qu’il sente que vous êtes capable de faire preuve de sensibilité devant les défis et pressions auxquels il fait face tout en montrant de la fermeté de sorte qu’il ne pense pas pouvoir tout se permettre. Autrement dit, votre rôle de parent est de vous montrer attentif et compréhensif, tout en énonçant des attentes claires et en fixant des limites.
La prochaine section, Exemples de types de parents, vous donne un aperçu des stratégies efficaces auprès de votre adolescent.
LE SURPROTECTEUR (LE PARENT AUTORITAIRE)
Certains parents agissent comme un surveillant ou un policier lorsqu’ils interagissent avec leur adolescent. Autrement dit, ils ne le laissent pas prendre part à des activités ou à des rassemblements auxquels ils ne participent pas. Ils croient que les jeunes doivent être constamment surveillés et ils leur interdisent de s’adonner à des activités douteuses. Ils ont établi des règles claires et des punitions pour manquement aux règles, et ils montrent peu de souplesse pour accéder aux désirs ou demandes des jeunes. Ils croient qu’ils peuvent éviter les problèmes potentiels en imposant des règles strictes et de la discipline.
RÉSULTAT: Le surprotecteur se montre peu sensible aux pressions auxquelles font face les jeunes, y compris leur besoin croissant d’autonomie. Les parents qui prennent cette voie perdent bien vite le contact avec leur adolescent. Les jeunes ne divulgueront pas de renseignements qui pourraient être utilisés contre eux plus tard. Ils opteront plutôt pour les cachotteries et ne dévoileront pas leurs véritables intentions. Il est probable que devant ce type de parents, les jeunes se rebellent contre des exigences rigides et déraisonnables. Le surprotecteur croit que la façon dont il ou elle a été élevé était la bonne méthode.
L’AMI (LE PARENT PERMISSIF)
Certains parents sont trop complaisants, distants ou déconnectés et croient que les jeunes sont assez grands pour prendre leurs propres décisions. Ils croient que peu importe ce qu’ils disent ou font, les jeunes auront des problèmes de toute façon, alors pourquoi se disputer inutilement. Et comment apprendront-ils s’ils ne peuvent jamais prendre leurs propres décisions, se disent-ils. Selon eux, les jeunes tirent des leçons importantes lorsqu’ils vivent les conséquences de leurs choix. Ces parents se disent: << J’ai fait telle ou telle chose quand j’étais jeune et je n’en suis pas mort! >>
RÉSULTAT: L’ami laisse trop de place à la chance. Ce genre de parents ne fournit pas les conseils et la ligne de conduite dont un jeune a besoin. Les jeunes ont besoin d’un modèle! Ils ont désespérément besoin de renseignements et de conseils pour les guider durant ces années difficiles, et ils croient (habituellement implicitement) que leurs parents les guideront au besoin. Le risque que l’adolescent se trouve dans le pétrin s’accroît considérablement lorsque les parents ne participent pas à la prise de décisions.
L’ENTRAÎNEUR (LE PARENT ENCADRANT)
Ni le surprotecteur ni l’ami n’emploient de méthodes efficaces, car ils n’ont pas atteint un équilibre entre la fermeté et la sensibilité. L’entraîneur, quant à lui, sait que les jeunes d’aujourd’hui bénéficient des discussions ouvertes sur les pressions et les choix auxquels ils font face. Il cultive une relation d’amour et de confiance avec son jeune, sans craindre de se montrer ferme lorsque les circonstances l’exigent. Il offre des informations à jour et des conseils fondés sur son expérience et sa connaissance des problèmes possibles que peuvent entraîner des activités risquées, plutôt que d’avoir recours à des menaces et à des tactiques alarmantes. Il ne dit pas toujours non comme il ne dit pas toujours oui. Il étudie attentivement chaque demande et activité, puis prend une décision. À titre de parent encadrant, il reconnaît l’importance de la cohérence et de la transmission claire des attentes.
RÉSULTAT: L’entraîneur s’est adapté aux changements qui s’opèrent tout au long de l’adolescence. Il sait qu’il s’agit d’une étape difficile pour son enfant. Il s’attarde donc à répondre aux besoins sociaux et émotifs de son enfant tout en limitant les risques qu’il prendra. Il entretient un dialogue régulier avec lui, ils discutent ensemble ouvertement et respectent le point de vue de l’autre. Lorsque l’entraîneur doit prendre une décision qui ne fera pas plaisir à son enfant, il est assez fort pour l’assumer. Les deux ne s’entendent pas toujours, mais ils travaillent ensemble à prendre de bonnes décisions.
Trouver l’équilibre entre fermeté et sensibilité n’est pas aussi facile qu’il y paraît (vous en avez sans doute déjà fait l’expérience). Vous devez étudier attentivement chaque situation avec votre jeune, car il existe peu de règles établies. Cependant, il existe des stratégies efficaces. Si vous saisissez l’essentiel de cette approche et abordez chaque nouvelle situation avec fermeté et sensibilité, vous vous faciliterez la tâche à tous deux. Les parents encadrants font un effort conscient de comprendre l’univers de leur jeune et lui permettent de développer son autonomie au fil du temps.
Pour être un parent encadrant, il faut avant tout avoir établi une bonne relation avec son adolescent et continuer à la développer. Les relations saines ne sont pas le fruit du hasard; elles doivent être cultivées. La pensée traditionnelle qui considère les adolescents comme une source de problèmes ne tient pas compte de l’importance de l’établissement de liens favorisant la communication positive et la résolution de problèmes.
Les adolescents qui ont profité de rapports proches avec leurs parents, enseignants, entraîneurs et amis dans leur jeunesse auront une base solide pour développer de futures relations et régler les désaccords. Avant d’examiner les façons d’établir une relation saine avec votre enfant en appliquant les méthodes de parent encadrant, réfléchissez aux dialogues suivants.
Quel type de parent êtes-vous? Le surprotecteur (l’autoritaire), l’ami (le permissif) ou l’entraîneur (celui qui est encadrant et équilibré)? Dans les dialogues suivants, lisez quel type de réponse vous auriez probablement donné à votre enfant pour la même demande.
Adolescent: << Je sors avec mes amis. On se revoit plus tard. >>
LE SURPROTECTEUR (LE PARENT AUTORITAIRE)
<< Tu ne vas nulle part. Je n’aime pas tes amis; ils se mettent toujours dans le pétrin. Tu dois rester à la maison et faire tes devoirs. Ton dernier bulletin n’était pas très bon. >>
RÉSULTAT: Votre adolescent sent que vous ne lui faites pas confiance pour faire des choix responsables et que vous ne comprenez pas son besoin de voir ses amis. Votre autorité peut commencer à lui déplaire et il peut résister à vos requêtes. La prochaine fois, il pourra tenter de vous mentir sur ses intentions.
L’AMI (LE PARENT PERMISSIF)
<< À tout à l’heure. Je vais me coucher tôt ce soir, alors ne fais pas de bruit en rentrant. >>
RÉSULTAT: Votre jeune peut aller où il veut et faire ce qu’il lui plaît. Personne n’est là pour le surveiller. Il devra se fier à son propre jugement et non pas à vos conseils lorsque viendra le temps de faire des choix difficiles. Ceci peut l’inciter à adopter des comportements risqués.
L’ENTRAÎNEUR (LE PARENT ENCADRANT)
<< Un instant. Peux-tu me dire où tu vas et avec qui? As-tu besoin que quelqu’un t’y conduise? Que pensez-vous faire? À quelle heure penses-tu rentrer? Appelle-moi si vos plans changent s’il te plaît. N’oublie pas de rentrer avant minuit. Je te verrai à ton retour. Bonne soirée. >>
RÉSULTAT: Votre jeune sait que vous vous intéressez à ce qu’il fait et que ses projets doivent être raisonnables. Cette série de questions ne lui plaira peutêtre pas, mais il sait qu’il doit vous rendre compte de ses allées et venues et de ses activités. S’il sait qu’il devra répondre à ces questions à chaque fois qu’il sort, il pourra décider lui-même si les plans qu’il fait avec ses amis sont une bonne idée. Il aura aussi une idée claire des activités que vous trouvez acceptables, car vous commenterez les réponses qu’il donnera à vos questions. Vous êtes en train d’établir ensemble une relation de confiance.
Adolescent: << Jane fait une soirée pyjama vendredi. Je peux y aller? >>
LE SURPROTECTEUR (LE PARENT AUTORITAIRE)
<< Je n’aime pas ces soirées. Tu as besoin de repos pour ne pas tomber malade. De toute façon, Jane s’intéresse un peu trop aux garçons à mon goût — elle en invitera sûrement quelques-uns et tu n’as pas encore l’âge de fréquenter les garçons. Je crois que tu devrais rester à la maison. On peut louer un film et le regarder en famille. >>
RÉSULTAT: Votre préoccupation de la santé physique de votre fille ne tient pas compte de sa santé émotive. Elle a besoin de voir des amies et de s’amuser. Vous présumez aussi que Jane fera de mauvais choix et que votre fille se laissera entraîner dans ces activités douteuses. C’est insultant et cela ne lui permet pas de vous prouver qu’elle a un bon jugement. (Et en plus, la suggestion qu’elle passe une soirée en famille peut ressembler davantage à une punition qu’à quelque chose de divertissant.)
L’AMI (LE PARENT PERMISSIF)
<< J’aime bien Jane. Bien sûr que tu peux rester chez elle. Je viendrai te chercher samedi midi. >>
RÉSULTAT: Parce que vous posez peu de questions, votre adolescente ne vous donnera aucun détail. Vous ne saurez pas s’il y aura des garçons ou de l’alcool ou si un parent surveillera la soirée. Vous croyez que votre fille prendra les bonnes décisions malgré le fait qu’elle n’est peut-être pas encore assez mûre pour prendre ce genre de décisions.
L’ENTRAÎNEUR (LE PARENT ENCADRANT)
<< Dis-m’en davantage sur cette soirée. Les parents de Jane seront-ils présents? Qui sera de la partie? Y aura-t-il des garçons? Tu connais les règles concernant l’alcool n’est-ce pas? Peux-tu m’assurer que tu les suivras? Ça me semble une soirée de filles bien agréable. Amusez-vous. Appelle-moi si les plans changent. >>
RÉSULTAT: Vous précisez vos attentes à l’égard de cette soirée tout en laissant à votre fille la chance d’y penser aussi. Vous établissez des limites concernant les libertés qu’elle a tout en lui permettant de s’amuser dans les limites imposées.
Comme vous pouvez le constater dans ces échanges, il n’est pas facile de se montrer sensible aux besoins des adolescents tout en assurant leur sécurité. Peu importe la réponse que vous donnez à votre adolescent, vous devez toujours garder le dialogue ouvert afin de vous montrer respectueux de ses besoins et désirs. Parallèlement, vous devez garder à l’esprit que les jeunes veulent tester nos limites et qu’ils n’ont pas toujours la maturité pour déterminer ce qui est sécuritaire. Nous devons les aider à prendre les bonnes décisions en établissant des limites et des attentes justes et raisonnables, qui pourront être relâchées graduellement lorsqu’ils nous auront montré qu’ils se comportent de façon responsable.
Les experts considèrent qu’un parent encadrant est le type de parent qui est le plus efficace. Ce parent arrive à conjuguer sensibilité et fermeté, une méthode qui s’avère aussi efficace chez les enfants que chez les adolescents. Un tel parent arrive à se montrer compréhensif à l’égard des préoccupations et opinions de son adolescent (à savoir lui prêter attention, l’écouter et valider ses propos) tout en se montrant suffisamment ferme (offrir ses conseils, contrôler les choix qu’il juge appropriés et exposer clairement ses attentes). Comme le terme le sous-entend, le parent encadrant a un vaste bagage de connaissances, il est fiable et influent, mais sans être trop strict, critique ni complaisant.
Bien entendu, un parent encadrant fait beaucoup plus qu’établir un équilibre entre sensibilité et fermeté. Il clarifie les problèmes, justifie les limites imposées et laisse à son jeune la chance de prendre des décisions appropriées et sécuritaires. Cela ne signifie pas qu’il faille vous justifier constamment ou débattre toutes les questions ni qu’il n’y ait pas de place à la discussion. Le parent encadrant assure l’établissement d’un dialogue respectueux entre les deux parties. Si la discussion devient trop vive, alors il s’en remettra à son autorité pour mettre un terme au débat jusqu’à ce que chacun ait retrouvé son calme.
Les adolescents bénéficient de parents qui expriment leurs préoccupations et leur intérêt (par exemple à propos des problèmes, choix et privilèges) tout en se montrant fermes lorsque la situation l’exige. En gros, notre objectif est de faire en sorte que les adolescents se sentent acceptés et maîtres de leur destinée — dans les limites du raisonnable — afin que leur individualité et leurs opinions puissent s’épanouir pleinement (phénomène que l’on appelle autonomie). Nous devons toutefois contrebalancer cette liberté avec des messages clairs à propos de la sécurité personnelle et des responsabilités. Fait intéressant, les enseignants, directeurs d’école et même les organisations utilisent cette même combinaison de sensibilité et de fermeté.
Puisque le concept de parent encadrant est si important dans le cadre des autres stratégies expliquées dans le présent ouvrage, examinez le diagramme ci-après, intitulé Équilibre dans les relations, afin de bien saisir tout ce qu’il englobe.
Il a été prouvé que cet équilibre entre sensibilité et fermeté est bénéfique au développement de l’adolescent. La fermeté agit à titre de dissuasif contre les problèmes comportementaux, comme la consommation d’alcool et d’autres drogues et la délinquance. Les marques de sensibilité, comme l’autorisation de pratiquer certaines activités pour favoriser l’autonomie chez votre adolescent, aident à réduire la détresse chez ce dernier et à établir une ambiance aimante et stable.
En revanche, les parents surprotecteurs peuvent voir dans l’indépendance croissante de leurs adolescents un signe de rébellion ou de manque de respect, et ils peuvent s’opposer à leur besoin d’autonomie. Malheureusement, les jeunes qui grandissent dans des familles où les règles sont très strictes et peu justifiées ont plus de
Figure 1 É QUILIBRE DANS LES RELATIONS
difficulté à faire la transition vers l’adolescence. Ils ont tendance à se montrer dépendants ou passifs ou encore rebelles et influençables, et se sentent moins confiants et autonomes. Ces jeunes se préoccupent plus d’être pris en flagrant délit et punis que des principes du bien et du mal.
Lorsqu’un contrôle parental excessif s’accompagne d’une froideur extrême et de punitions, un jeune peut se rebeller et mal se comporter dans le but d’affirmer son indépendance et de contrarier ses parents. L’expression << il est incontrôlable >> veut souvent dire que le jeune, frustré, laisse savoir qu’il refuse de but en blanc toutes règles — un chemin très dangereux et autodestructeur (les parents, bien entendu, peuvent également devenir << incontrôlables >>). N’oubliez pas que le jeune, tout comme vous, ne souhaite pas que ceci arrive, même si ce n’est pas ce qu’il laisse entendre.
© ZITS Partnership. Reproduit avec la permission spéciale de King Feature Syndicate
On associe aussi les parents trop permissifs ou indifférents à des effets négatifs sur la santé mentale et le développement des adolescents, ce qui peut éventuellement entraîner des problèmes de comportement. Les adolescents élevés dans des foyers où règne l’indifférence sont souvent plus impulsifs et susceptibles d’afficher des comportements délinquants. Ils ont tendance à se considérer comme des << meneurs >> dans les expériences liées aux relations sexuelles, à l’alcool et aux autres drogues. Ils se soucient peu des conséquences négatives et s’intéressent davantage à l’attention qu’ils reçoivent de leurs camarades. Les adolescents élevés dans des foyers très permissifs et indulgents ont tendance à être moins matures, plus irresponsables, à se conformer davantage à leurs camarades et à être moins en mesure d’assumer un rôle de leader.
Pourquoi le type de parent encadrant réussit-il mieux? Il fournit un contexte émotif aux discussions quotidiennes avec ses enfants et aux décisions qu’ils prennent. Il est utile de se rappeler ces trois points:
• En s’intéressant à la vie de votre adolescent et en y participant, vous le rendez plus réceptif à l’influence parentale et par extension, aux règles. Ceci signifie que vous devez passer du temps avec votre jeune.
• Communiquez votre opinion sur plusieurs questions — les fêtes, l’alcool, les drogues, le travail scolaire, les emplois — et écoutez celle de votre jeune. Il ne suffit pas de vous fermer aux demandes de votre adolescent ou bien de lui accorder facilement tout ce qu’il vous demande. Ce genre de discussions aide votre adolescent à développer sa capacité de penser par lui-même et de faire de meilleurs choix.
• En se montrant sensibles et en offrant leur soutien, les parents encadrants encouragent leurs jeunes à développer leur propre autocontrôle, un élément essentiel pour devenir une personne responsable et compétente.