Faisons un petit retour en arrière. Lorsque votre enfant grandissait, votre priorité était d’assurer sa sécurité. Chaque matin vous lui rappeliez ces règles: boucler sa ceinture en voiture, porter un casque ou prendre la main d’un adulte pour traverser la rue et ne pas parler aux inconnus. Plus tard, vous lui avez demandé de vous aviser lorsqu’il sortait et avec qui. La sécurité de votre enfant était prioritaire, quelque chose que vous ne remettiez jamais en question et qui était toujours primordial. La sécurité était au cœur de toute nouvelle situation ou décision prise.
Vous avez pris des décisions concernant la sécurité de votre enfant et vous vous êtes assuré qu’il vous écoutait, car vous saviez qu’il avait des leçons à apprendre. Dans le même ordre d’idée, votre enfant s’attendait à ce que vous vous préoccupiez de sa sécurité et il ne remettait jamais en question vos raisons — après tout, pourquoi aurait-il voulu faire quelque chose qui pourrait lui faire du mal?
Votre enfant est maintenant adolescent. Sa sécurité est toujours primordiale, mais il se fie maintenant souvent à son propre jugement pour évaluer si la situation est sûre ou non. Son jugement est aussi influencé par ses amis et d’autres facteurs, comme ses valeurs et même le vaste monde des télécommunications, des médias et du divertissement auquel il est exposé tous les jours. (Selon les études, les adolescents passent six heures et 32 minutes quotidiennement à regarder la télévision, les annonces télévisées, des vidéos commerciaux et maison, et des films. Ils sont aussi exposés à d’autres médias et formes de divertissement, dont les jeux vidéo, les imprimés de toute sorte, la radio, la musique, les téléphones cellulaires, les ordinateurs et l’Internet!)
Vous ne pouvez protéger constamment votre jeune (et vous vous inquiétez autant que lorsqu’il était petit), mais vous pouvez faire tout votre possible pour l’aider à se protéger du mieux qu’il peut. Le même principe qu’avant s’applique: vous êtes son père ou sa mère, et il est de votre devoir de veiller à ce qu’il prenne des décisions sûres et raisonnables. Si vous communiquez ce message de façon posée et aimante, vous aurez plus de chances qu’il vous écoute. Voici un exemple:
Adolescente: << Un gars à l’école m’a demandé d’aller au cinéma avec lui vendredi soir. Puis-je y aller? >>
LE SURPROTECTEUR (LE PARENT AUTORITAIRE)
<< Tu n’as même pas à me le demander, tu connais la règle: interdiction absolue de fréquenter les garçons avant ton seizième anniversaire. Tu es beaucoup trop jeune pour sortir avec un garçon. Il n’est pas question que tu y ailles. >>
RÉSULTAT: Vous ne comprenez vraisemblablement pas le besoin de votre fille d’établir des rapports avec les garçons. Vous avez raison de vous préoccuper des fréquentations à un jeune âge, mais peut-être que vous pourriez permettre cette activité si elle se faisait en groupe dans un cadre social sécuritaire. Pensez à d’autres façons d’assurer la sécurité de votre fille plutôt que de simplement lui interdire certaines activités. Comment apprendra-t-elle à faire de bons choix si elle n’a jamais l’occasion de prendre des décisions?
L’AMI (LE PARENT PERMISSIF)
<< De quoi a-t-il l’air? C’est ton premier rendez-vous galant! Que c’est excitant! Je peux t’aider à te coiffer et à te maquiller si tu veux. >>
RÉSULTAT: Vous devez vous renseigner davantage sur ce rendez-vous. Le garçon a-t-il l’âge de votre fille ou est-il plus âgé? Quel film vont-ils voir? Comment s’y rendront-ils et en reviendront-ils? Vous devez vous assurer qu’elle sera en sécurité avant de la laisser partir. N’oubliez pas: plus tôt les jeunes adoptent des comportements risqués, plus les conséquences peuvent être fâcheuses.
L’ENTRAÎNEUR (LE PARENT ENCADRANT)
<< Parle-moi de lui. Comment est-il? Comment l’as-tu rencontré? Serez-vous seuls ou en groupe? Quel film irez-vous voir? Je ne me sens pas très à l’aise de te voir fréquenter un garçon à ton âge. Peut-on trouver un compromis qui nous satisfait tous les deux? Que dirais-tu qu’on aille vous reconduire au cinéma et qu’on vienne vous chercher après? Comme ça, nous pourrons le rencontrer et serons sûrs que tu rentreras à la maison à l’heure convenue. >>
RÉSULTAT: Vous avez raison de vous montrer réticent à laisser votre fille sortir avec un garçon que vous ne connaissez pas, mais vous gardez le dialogue ouvert en lui posant des questions. Si d’autres personnes sont de la partie, il s’agit d’une expérience normale de l’adolescence. S’ils vont seuls au cinéma, alors il est normal de décourager les fréquentations à un trop jeune âge. (Vous décidez ce que signifie << trop jeune >> pour vous; pour bien des parents, 15 ans est un âge raisonnable.) Votre ouverture d’esprit pour trouver un compromis vous aidera à garder votre fille en sécurité. Si elle préfère ne pas faire de compromis, vous lui expliquerez qu’elle ne pourra pas y aller, car votre devoir est d’établir des limites raisonnables pour elle.
Comme nous venons de le voir ci-dessus, vous pouvez hésiter à laisser votre fille sortir avec quelqu’un que vous ne connaissez pas, car ce n’est pas sécuritaire ou qu’elle est trop jeune, à moins d’établir certaines règles. Dans d’autres situations, vous pourriez demander à votre garçon ce qu’il fait après l’école, car il pourrait s’adonner à des activités dangereuses ou non appropriées pour son âge. Vous devez lui exposer les règles (pas d’alcool, pas de drogues, ne pas aller en voiture avec quelqu’un qui a pris de l’alcool, rentrer avant 23 h) non pas parce que vous avez arbitrairement décidé qu’il était trop jeune ou que ces activités ne sont pas légales, mais parce que vous voulez qu’il soit en sécurité et responsable et savoir que vous pouvez lui faire confiance de suivre les règles.
Votre jeune est train de développer sa capacité à évaluer les risques et les gratifications, il est donc souvent nécessaire de prendre des décisions pour assurer, entre autres choses, sa sécurité. Vos priorités — sécurité, responsabilité et respect des règles — peuvent entraver les priorités de votre jeune, à savoir son désir d’indépendance, d’acceptation sociale et de divertissement. Si vous réussissez à établir dès le départ l’équilibre entre la sensibilité et la fermeté, vous donnerez le ton aux futures discussions et à la prise de décision conjointe.
Que vous le vouliez ou non, votre adolescent (comme la majorité des jeunes) essaiera éventuellement l’alcool et d’autres drogues, aura des relations sexuelles et rencontrera toutes sortes de gens (que vous n’aimerez pas tous). Même si de lui-même il n’est pas tenté, soyez assuré que ses amis le pressent d’essayer. Au lieu d’essayer de contrôler ces changements rapides par la force ou d’autres moyens, vous devriez plutôt le conseiller, vous montrer cohérent dans vos règles et assurer sa sécurité. En mettant l’accent sur sa sécurité au lieu de vous en tenir à dicter des règles et à imposer des punitions, vous conservez le même rôle familier et important que vous avez toujours tenu à ses yeux depuis son enfance.
Votre adolescent respectera ce rôle changeant, mais familier — même si cela l’exaspère à l’occasion — parce que vous faites tous deux votre travail. Il doit affirmer sa propre identité et son indépendance (parfois à une allure alarmante), et vous, encourager son épanouissement tout en veillant à ce qu’il fasse des choix sécuritaires et en retardant des choix risqués.
Même si votre enfant n’affiche pas encore les comportements susmentionnés, son entourage peut faire pression sur lui ou encore il peut se retrouver dans des situations où ses amis s’exposent à des risques. Ce n’est pas facile, pour lui comme pour vous. Il est très important pour un adolescent d’être accepté par ses pairs, et les parents se sentent parfois exclus de la vie de leur enfant. Néanmoins, si vous mettez en garde votre adolescent et le conseillez de manière appropriée, vous influencerez ses choix, même si ce n’est pas évident sur le coup. Les études ont montré à maintes reprises que les parents continuent d’avoir une influence considérable sur leurs enfants durant l’adolescence. N’en doutez plus: vous avez de l’importance.
Pour conserver votre importance dans la vie de votre enfant et demeurer efficace, vous devez cependant vous montrer sensible aux transformations qu’il vit et à la façon dont votre rôle peut changer. Ce livret expose certains des changements qui s’opèrent, mais surtout explique comment les parents peuvent encourager des changements positifs et atténuer certains des effets négatifs de l’adolescence.
Les parents qui s’intéressent vivement aux activités et allées et venues de leurs adolescents et qui établissent des règles et limites appropriées au sein d’une relation positive et ouverte favorisent le développement d’une bonne estime de soi et d’une image positive chez leurs enfants.
On se rend donc compte que ce n’est pas uniquement ce que font les parents qui importe, mais aussi le contexte émotif qu’ils établissent. Les adolescents sont très sensibles aux émotions ambiantes et sont capables de lire les humeurs et le langage corporel de leurs parents; ils choisissent alors le moment propice pour présenter leurs demandes. Ils se sentent parfois plus à l’aise de laisser libre cours à leurs émotions et s’attendent à ce que vous fassiez de même. Vous ne tomberez pas dans ce piège si vous établissez dès le départ le ton de la conversation. Rappelez-vous de rester centré sur le problème en question et de transmettre votre point de vue ou opinion dans une atmosphère de soutien.