STRATÉGIE N° 3
Montrer — ne pas uniquement critiquer

L’adolescence est souvent la période du développement de leur enfant qui inquiète le plus les parents. Cette inquiétude est surtout issue de stéréotypes répandus et déformés voulant que les adolescents soient difficiles, aient mauvais caractère et soient d’humeur changeante.

Pourtant, seule une infime proportion de familles (entre cinq et 10 pour 100) voient leurs relations se détériorer avec leur enfant durant l’adolescence. Au lieu d’adopter une attitude trop prudente ou rigide avec votre enfant, vous devriez plutôt l’encourager à mûrir et à devenir plus responsable et indépendant. Si vous réussissez dans cette voie, vous aurez franchi l’étape la plus importante de cette période cruciale.

Cependant, si vous vous conformez à des mythes et stéréotypes dépassés sur les adolescents, vous pouvez donner l’impression à votre jeune qu’il vous rend la vie infernale. Examinons certains de ces mythes afin de pouvoir envisager la situation d’un nouvel œil.

MYTHE N° 1: « L’ADOLESCENCE EST LA PIRE PÉRIODE! »

On s’attend à ce que les adolescents causent des problèmes et minent la vie de leurs parents, pas vrai? Faux. Les chercheurs qui se sont penchés sur ce stéréotype ont découvert que trois adolescents sur quatre, soit 75 p. 100, disent bien s’entendre avec leurs parents et que les autres adolescents qui se considèrent malheureux éprouvaient déjà des problèmes avant l’adolescence. Ce constat a bien ébranlé la théorie du fossé générationnel très répandue dans notre culture pour expliquer les problèmes vécus par les parents. La plupart des adolescents veulent en fait passer du temps avec leurs parents.

Et pourtant, malgré ce fait, la plupart des livres traitant de l’adolescence mettent encore l’accent sur les conflits, en rejetant sur l’adolescence les problèmes vécus par les parents. On croit encore que c’est une période difficile et que les adolescents sont des êtres singuliers, pénibles, colériques et ingrats.

Ce stéréotype surfait peut en effet influencer la façon dont nous réagissons aux situations normales de l’adolescence. Veillez donc à ne pas sauter trop vite aux conclusions! Vous devez vous attendre à un certain stress et à des conflits, mais essayez toutefois de profiter de cette période de transition. Dans quelques années, ces petits heurts vous paraîtront bien loin et vous aurez développé une relation solide et mature avec un adulte.

MYTHE N° 2: « TOUTTOURNEEN DISPUTE! »

Les parents se plaignent souvent de cette situation, mais elle reflète leur frustration lorsqu’ils tentent de résoudre les petits tracas quotidiens avec leur jeune. Sans doute serez-vous surpris d’apprendre qu’un peu de stress est souvent positif. Les experts croient que les petits problèmes quotidiens que vous vivez avec votre jeune, surtout ceux liés à son besoin d’indépendance, lui servent en fait de terrain de pratique pour devenir un adulte autonome plus tard. Même si cela peut vous sembler difficile à accepter, les discussions et les désaccords sont normaux, et ils peuvent même s’avérer utiles!

Quiconque vit avec un adolescent sait que les conflits sont inévitables. D’ailleurs, les experts disent que les adolescents ont en moyenne sept désaccords par jour! Les mères sont celles qui encaissent le plus le coup, suivies des frères et sœurs, des pères, des camarades et des autres adultes de leur entourage. Le plus souvent, ces disputes concernent l’heure de rentrée, le choix des amis et des activités, les corvées, la consommation d’alcool et d’autres drogues, les devoirs, la discipline, les règles à la maison, la participation à des activités illégales et la difficulté à communiquer.

Ces conflits font néanmoins partie de la croissance de tout être humain. La plupart ne dégénèrent pas en batailles intenses (même si cela peut arriver), mais prennent plutôt la forme de jeux de rôle où le jeune apprend à acquérir des aptitudes à la communication et à la résolution de conflit. Les jeunes doivent apprendre à résoudre les conflits dans leur vie, et leurs parents, frères et sœurs et amis les aident dans cette tâche (consciemment ou non). Voyez ces situations comme un tremplin où votre jeune acquerra les aptitudes pour résoudre de plus gros problèmes plus tard.

MYTHE N° 3: « JE N’ARRIVE PAS À LA RAISONNER — ELLE N’ÉCOUTE PAS! »

L’adolescence n’est certainement pas une période exempte de disputes. Mais les parents vivent cependant les conflits différemment de leurs enfants. Mères, pères et adolescents voient en réalité les interactions d’un œil tout à fait différent. Selon les experts, les parents se préoccupent beaucoup plus des chamailles que les adolescents. Le psychologue Lawrence Steinberg explique dans son livre You and Your Adolescent (voir la section Ressources) que cela est lié à la nature du développement de l’adolescence. Vous pouvez vivre et décrire les disputes différemment de votre jeune, car les parents analysent les problèmes selon les notions de bien ou de mal, tandis que les adolescents voient souvent le même problème comme une question de choix personnel.

Pour illustrer cette différence importante, le psychologue se sert de l’exemple de la propreté de la chambre à coucher. Pour les parents, il s’agit habituellement d’une chose importante, car c’est la « bonne chose à faire », alors que le jeune, lui, voit l’état de sa chambre comme ses propres affaires (une question d’autonomie si l’on peut dire).

Cette différence de perception peut aussi expliquer pourquoi les parents et les adolescents se sentent différents après un conflit. Les parents voient souvent un conflit comme un reflet (négatif) de la façon dont ils élèvent leur enfant. Ils concluent alors que leur adolescent rejette intentionnellement leurs valeurs, ce qui leur apparaît comme un manque total de respect. (Une petite voix dans leur tête peut crier: « Dans mon temps, mon père ou ma mère m’aurait fait entendre raison! »)

Les adolescents, quant à eux, attachent beaucoup moins d’importance à ces conflits. À leurs yeux, leur comportement n’a rien de bien rebelle. C’est le temps pour eux de s’affirmer, voilà tout. (Ils peuvent vous dire: « C’est ma chambre, pourquoi ça te dérange? ») Pour cette raison, c’est habituellement le parent qui se fâche et se sent frustré pendant un certain temps.

MYTHE N° 4: « IL SAIT COMMENT ME FAIRE FÂCHER. » (C’EST PEUT-ÊTRE EN PARTIE VRAI…)

S’il est vrai que les conflits entre parents et adolescents sont normaux, ils n’en sont pas plus faciles, surtout pour les parents! Cette période transitoire est stressante, pour vous comme pour votre jeune, et elle peut avoir des répercussions sur votre santé mentale et vos autres relations. Même si les disputes à propos de choses banales détruisent rarement la relation parent-enfant, leur nature répétitive peut cependant miner la santé mentale des parents et leur bien-être.

La relation des mères avec leur fille et des pères avec leur garçon semble être plus difficile. Ces parents signalent une plus grande détresse psychologique, se disent moins satisfaits de leur mariage et s’inquiètent davantage lorsque leur enfant se transforme physiquement, commence à sortir avec un garçon ou une fille et s’éloigne d’eux au plan émotif. Les couples qui ont tissé des liens étroits entre eux et avec des amis et des collègues peuvent être épargnés, contrairement aux parents célibataires qui peuvent être plus vulnérables.

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© ZITS Partnership. Reproduit avec la permission spéciale de King Feature Syndicate

Les parents qui sont bouleversés (qui se sentent par exemple déprimés ou anxieux, ou qui doutent d’eux-mêmes) se sentent moins efficaces dans leur rôle de parent et le sont effectivement moins. Si c’est votre cas, essayez de vous concentrer sur votre rôle et sur ce que vous tentez d’accomplir, et essayez de ne pas vous en faire.

Si vous voyez votre rôle comme une personne qui montre, et non qui exige, vous pourrez peut-être aborder cette tâche complexe de façon plus réaliste. En tant qu’enseignant, votre devoir est de montrer à votre enfant ce que vous savez et ce qu’il doit apprendre, les bonnes choses, comme les moins bonnes. Les adolescents essaient souvent de voir le revers des situations. Donc, si vous ne faites que les sermonner sur les mauvais côtés des choses (par exemple sur les dangers de l’alcool et des autres drogues), ils se montreront naturellement curieux de leurs avantages (ils pourraient vous demander par exemple: « Pourquoi aimez-vous alors prendre un verre? »). Un enseignant — et parent — efficace montre à ses élèves comment penser par euxmêmes et devenir autonomes. Les adolescents sont futés. Il est alors préférable de leur enseigner à peser le pour et le contre des nouvelles situations et expériences, tout en évitant de tomber dans les explications trop catégoriques qu’ils peuvent trop facilement rejeter d’emblée.