Vous ne devez pas vous demander si vos rapports avec votre enfant vont changer à l’adolescence, mais plutôt de quelle façon et dans quelle mesure, et quelles en seront les conséquences. Selon les études, il est courant que les adolescents perçoivent leur relation avec leurs parents sous un œil moins positif que lorsqu’ils étaient plus jeunes. Dès 14 ans, la plupart des adolescents disent vivre plus de conflits avec leurs parents et vouloir moins d’ingérence dans leur vie. Ils déclarent aussi se sentir moins positifs à leur égard (et vice versa). Ces sentiments sont bien normaux.
Plus que toute autre étape du développement, l’adolescence semble être pavée d’un nombre interminable de crises. Ces crises, bien évidemment, font partie du processus d’adaptation bien courant qui favorise le développement de l’enfant, comme la première journée d’école et la première nuit passée hors du foyer familial.
Les jeunes font face à beaucoup de stress et à de nouveaux défis. Ils ont besoin d’individualité et veulent en même temps se conformer à un groupe et aux attentes de leur entourage. En plus, certains doivent surmonter d’autres difficultés comme leur identité culturelle ou orientation sexuelle, qui deviennent critiques si ces caractéristiques sont minoritaires dans leur entourage. Ils peuvent se sentir tiraillés par les exigences de leur culture et de la société et devoir faire des choix difficiles.
Pour comprendre qui ils sont et ce qu’ils feront de leur vie, les adolescents doivent avoir un sentiment d’indépendance et d’accomplissement. Ils veulent être considérés comme autonomes et, pour ce faire, ils doivent donc devenir moins dépendants émotivement de leurs parents. Les jeunes luttent pour affirmer leur indépendance. Ils ont besoin de prendre leurs propres décisions et d’affirmer leurs valeurs fondamentales et morales.
Et en même temps, ils ont besoin de se sentir près de leur famille, car elle leur assure un filet de sécurité à partir duquel ils peuvent tenter de nouvelles expériences et où ils peuvent se réfugier lorsque ces tentatives tournent mal. Les efforts déployés par les jeunes pour établir un équilibre entre leur liberté et leur lien familial peuvent aussi les mener à adopter des comportements contradictoires. Ils peuvent se montrer affectueux envers leurs parents un instant, et l’instant d’après s’esquiver. Vous pouvez reconnaître en eux le petit enfant de toujours ou vous retrouver devant un parfait étranger. Ces énormes variations traduisent leurs efforts pour se démarquer de leurs parents ou frères et sœurs et de l’enfant qu’ils étaient avant. (Ils peuvent même vous rétorquer: « Je ne suis plus un enfant. »)
Vous serez peut-être surpris d’apprendre que l’adolescence implique plus de changements biologiques, psychologiques et sociaux que toute autre étape du développement, outre la petite enfance. Cette période permet l’acquisition des habiletés et des valeurs nécessaires à l’âge adulte. C’est aussi la période qui comporte les plus grands risques relativement à l’échec scolaire, à la violence et aux comportements malsains.
Votre enfant de 12 ans a probablement établi une relation satisfaisante avec vous et ses frères et sœurs et d’autres adultes, et il est à la recherche de sa propre identité. En moins de sept ans, il sera sur le point s’assumer des responsabilités d’adulte et on s’attendra à ce qu’il devienne complètement autonome. Faut-il s’étonner alors que les parents aient besoin d’aide pour savoir comment offrir le meilleur soutien à leur adolescent?
Examinons de plus près les changements majeurs qui surviennent durant l’adolescence.
Les changements physiques sont les plus apparents et peuvent influencer la façon dont les adolescents se perçoivent et interagissent avec leur entourage. Alors qu’ils prennent conscience d’eux-mêmes, ils doivent gérer des poussées de croissance rapides et des fluctuations hormonales qui peuvent accroître leur sentiment d’insécurité et d’éveil de soi. Et le fait d’être parmi les premiers ou les derniers d’une classe à vivre ces changements complique davantage la situation.
Bien entendu, le comportement des jeunes durant l’adolescence est très différent de celui qu’ils avaient durant l’enfance, tout comme leur mode de pensée et leur perception du monde. Les relations qu’ils entretiennent changent aussi considérablement, car les jeunes commencent à accorder plus d’importance à leurs amis qu’à leur famille. Dans leur lutte pour se forger une identité, ils tentent de s’éloigner de leur famille et de former des liens plus serrés avec leurs camarades. Entre l’âge de 12 et 15 ans, les jeunes commencent à délaisser les activités avec les personnes de même sexe pour s’intéresser davantage aux activités de groupes mixtes et aux fréquentations.
Les parents doivent aussi connaître les changements importants qui s’opèrent au niveau du cerveau. La partie responsable du contrôle des émotions, des impulsions et du raisonnement se développe rapidement durant cette période. Toutefois, comme cette partie du cerveau est encore en développement, les adolescents ne sont pas tous capables d’avoir de l’autocontrôle et peuvent aussi mal juger les conséquences possibles de leurs actes.
Au fur et à mesure qu’ils grandissent, leurs capacités intellectuelles deviennent plus sophistiquées, leurs attentes à l’égard des relations sont plus réalistes et leur capacité à contrôler leurs émotions s’aiguise. Leurs raisonnement et capacité à résoudre les problèmes s’améliorent avec le temps, ce qui signifie qu’ils sont dorénavant en mesure d’examiner une situation sous plusieurs angles. Ils peuvent penser à ce qui pourrait arriver tout autant qu’à ce qui est en train d’ arriver et se servir de cette information pour réfléchir à eux-mêmes, à leurs relations et au monde en général de façon plus complexe.
Le développement d’un cerveau immature peut donc en partie expliquer la raison pour laquelle les expériences avec l’alcool, les autres drogues et les relations sexuelles peuvent s’avérer particulièrement dangereuses. Les adolescents sont naturellement portés à tenter ces expériences, mais ils n’ont pas encore le jugement et les connaissances nécessaires pour retarder cette gratification et faire des choix plus sécuritaires. Des études récentes indiquent d’ailleurs que certaines substances, en particulier l’alcool, ont des conséquences néfastes à long terme sur le développement du cerveau, surtout en ce qui a trait à la mémoire. Les adolescents doivent comprendre que les excès d’alcool en particulier, peuvent causer des dommages irréversibles, car ils freinent le développement du cerveau.
À mesure que les adolescents mûrissent, ils peuvent planifier, anticiper les réponses des autres et débattre de questions plus efficacement. D’une part, cette compréhension accrue de leurs émotions et de leur capacité d’analyse favorise le développement de rapports plus intimes avec les autres. D’autre part, ils peuvent devenir trop centrés sur eux-mêmes et croire que leur entourage ne fait que les regarder et les juger. Les choix par rapport à leurs relations, à leurs intérêts et à leur bien-être se font aussi durant l’adolescence et peuvent durer toute leur vie.
À ce stade, les adolescents commencent à délaisser les activités familiales pour s’intéresser davantage à celles de leurs camarades et à séparer leur « personnalité en famille » de leur « personnalité entre amis ». Ils s’éloigneront des membres de leur famille et chercheront des réponses à leurs questions auprès de leurs camarades. Les parents devront graduellement délaisser leur rôle dominant tout en conservant une présence active. Les camarades pourront être de bon conseil pour des questions superficielles comme la tenue vestimentaire, mais les parents conserveront une grande influence sur les questions d’importance comme les valeurs morales, la sécurité, les résultats scolaires, la gestion financière et les objectifs à long terme.