SIXIÈME SÉRIE

DU 5 AU 26 JANVIER 1871

 

Bombardement

 

5 janvier

 

PROCÉDÉ RECOMMANDÉ POUR DÉCHARGER UN OBUS :

Plonger le projectile dans l’eau, en le faisant reposer sur le culot ; attendre une heure pour donner à l’eau le temps de pénétrer dans l’intérieur de l’obus et de noyer la poudre.

 

À peine ai-je collé ce procédé sur ma feuille de notes, qu’un coup formidable se fait entendre. Je dégringole dans la rue et cours du côté du Luxembourg, en suivant le monde. Un obus est tombé au coin de l’ancienne rue Sainte-Catherine-d’Enfer ; un autre a effondré le toit des Dames Saint-Michel ; un troisième celui de l’institution Barbet ; un quatrième a pénétré dans les appartements du no 36, rue Gay-Lussac. Les éclats du premier obus sont ramassés avec un frénétique enthousiasme. Ils sentent la poudre et le goudron.

Mon client, le treillageur au coin de la rue Gay-Lussac et de la rue des Feuillantines, ferme précipitamment. Sa fillette tremble de peur, je la réconforte comme je peux.

Je rentre chez moi pour fermer mes persiennes.

 

6 janvier

 

Fête des Rois (de l’Allemagne).

Le Nord est envahi ; Péronne est investie. Mourant d’inquiétude, je fais, par la voie d’un journal, appel à ma chère femme (Gaulois du 6 janvier) ; l’insertion consiste en ces mots : B. P. S. N. (bien portant, sans nouvelles).

Les colonnes du Gaulois étaient pleines d’insertions semblables, qu’il acceptait gracieusement, sans la moindre rétribution. Il priait les journaux de province, auxquels il était envoyé par ballons, de vouloir bien reproduire les appels désespérés des tendres époux parisiens. Ces avis étaient fort utiles aux Parisiennes exilées, qui souvent obligées de fuir devant l’ennemi et de quitter la résidence connue de leurs maris ne recevaient plus de nouvelles.

Même jour, 6 janvier

 

Au jardin du Luxembourg, les bombes pleuvent sur les ambulances.

Les sœurs évacuèrent les blessés au milieu de la nuit ; tout le monde dans notre quartier les aida avec beaucoup de courage.

7 janvier

 

La pluie semble se rapprocher du boulevard Saint-Germain.

En effet, ce jour-là, un caporal du 245e bataillon fut blessé non loin de la rue Soufflot ; le lendemain 8, une personne fut atteinte boulevard Saint-Michel, numéro 75, et deux petits enfants furent broyés dans la rue Victor Cousin, faisant suite à ma rue de la Sorbonne.

Lundi 9 janvier

 

11 heures du soir, bruit effrayant. Je descends sur le boulevard Saint-Michel où je trouve tout le monde sous le coup d’une surexcitation extraordinaire ; une avalanche de projectiles s’abat partout. Je remonte en courant le boulevard ; l’un de ces projectiles éclate au coin du boulevard et de la rue Soufflot, abîmant le balcon de la maison où se trouve Dauvin, le libraire ; un autre tombe au coin de la rue Médicis sans éclater ; on ne le retrouve plus. Je m’aperçois qu’il s’est frayé un, passage dans la cave du pâtissier Cross. Un garçonnet s’en aperçoit comme moi, et crie en sautillant : « Il est allé manger des petits pâtés chez le pâtissier1. »

On me dit que des obus sont arrivés jusqu’à l’Odéon, pas bien loin de la demeure de mon beau-père2. Je rase les maisons de la rue de Médicis pour aller chez lui. Au moment où je passe, la boutique du papetier, au coin de la rue de Vaugirard et de la rue Corneille, s’affaisse, entièrement broyée.

J’enfile la rue de Vaugirard, en me ratatinant sur moi-même ; l’air se déchire sinistrement, je me précipite à terre, l’obus file au-dessus de moi3 et va frapper le numéro 10 ; je me relève, la main droite ensanglantée par des éclats de verre.

J’arrive chez papa, au premier étage, où les locataires du haut sont descendus en se lamentant. J’emballe le papa pour la rue de la Sorbonne ; nous y serons tranquilles, puisque la mitraille n’arrive pas jusque-là. En longeant la rue Racine, nous voyons les pompiers en train d’éteindre l’incendie allumé par une bombe4 chez un pharmacien, dont l’employé a été tué. Enfin, nous voilà chez moi.

Je couche papa, qui ronfle trois heures ; quant à moi, je reste levé et m’assieds au coin du feu ; tout à coup, aux gais ronflements du beau-père viennent s’en mêler d’autres, ceux-là sinistres, ceux des obus. Je n’ai pas été effrayé dans la rue et chez moi j’ai peur ; à chaque sifflement, mon cœur se serre, l’obus semble devoir m’éclater en pleine poitrine5.

À trois heures du matin, tintamarre effroyable. La maison voisine a dû être atteinte. J’écorche un pater : « Notre Père qui êtes dans les cieux... délivrez-nous du mal et du Prussien, le plus grand de tous les maux. »

Je regarde par ma fenêtre ; l’hôtel de Cluny fume. Je fais lever papa ; nous descendons vite et vite dans la cave où se sont déjà refugiés les locataires de la maison. C’est navrant de les voir, surtout Mme L..., qui tient dans ses bras une petite fille malade.

Dans la cave nous entendons quelques bruits sourds ; probablement des bruits de bombes éclatant dans le chantier de la Sorbonne, à deux pas de nous.

 

10 janvier

 

Ce matin, nous remontons au rez-de-chaussée, et mettons le nez à la porte ; les fenêtres du musée de Cluny ont été atteintes par des éclats d’obus ; l’un d’eux a brisé les dalles de l’entrée. Mon concierge me montre un gros fragment de fonte, trouvé dans la chambre de Mlle L..., fille du membre de l’Institut ; l’enfant, heureusement, n’est pas à Paris en ce moment.

Cette chambre est dans le pan coupé au-dessus de la mienne ; je ne m’étonne plus que papa et moi ayons été si secoués.

Mon beau-père me quitte ; rentré dans sa demeure, il rassemble ses hardes, son argent au plus vite et va chercher un gîte rue du Mail, dans un hôtel où on ne lui loue pas trop cher ; on n’abuse pas de sa situation de bombardé, comme dans certains autres hôtels.

Rue de Vaugirard, en face la maison de papa, la petite fille de la blanchisseuse est morte de frayeur. Quel bonheur de ne pas avoir mes enfants avec moi !

Beaucoup d’habitants de mon quartier se réfugient dans les caves du Panthéon.

Ces notes décousues, des 9 et 10 janvier, ont été écrites par moi le 11 janvier, après être revenu de mon ahurissement et il y avait bien de quoi être ahuri ! Mon bon voisin et camarade de rempart, M. Caro, lui, ne se laissait pas aussi facilement émouvoir et ahurir. Sans attendre le lendemain 11, dans la nuit même, pendant l’épouvantable nuit du 9 au 10 janvier, tranquille et calme, comme un vrai philosophe, il écrivait ceci : « Il est donc venu le moment psychologique du bombardement, annoncé par les aimables pédants de l’état-major prussien. C’est en même temps l’aube de la nouvelle année qui vient d’éclore, frissonnante et ensanglantée. C’est elle que célèbrent ces coups répétés sur un rythme funèbre, impatiemment attendus par la noble et poétique Allemagne, invoqués par le chœur des douces fiancées de là-bas et qui va remplir enfin les vœux de leur candide férocité. » (Caro : Les Jours d’épreuve, p. 95.)

11 janvier

 

Je reçois de Mme Jules Simon un mot charmant. Elle me remercie d’une coupe vieux Rouen, envoyée pour la vente6 au profit de la Société de secours aux blessés ; « ce don, arrivé le premier, a porté, me dit-elle, bonheur à la vente. »

Le mot était si aimable que je commençai immédiatement une lettre de remerciement pour le gentil remerciement, mais il me fut impossible de continuer tant le tonnerre prussien grondait autour de moi ; par deux fois en ce jour, la grêle de fer atteignit mon cher Louis-le-Grand, dont j’apercevais le vieux beffroi, entre deux grandes cheminées.

« Le bombardement prit le 11 des proportions encore inconnues ; les salves se suivaient, et de neuf heures à midi et dans l’après-midi, le bruit était celui d’un grondement continu de tonnerre. » (Docteur Hermann Robolsky, Le Siège de Paris raconté par un Prussien, p. 310.)

12 janvier

 

De nouveau, affreuse nuit, un obus a rebondi sur le pan coupé de la maison Delalain, du côté de la rue des Écoles, en projetant des éclats de tous côtés ; l’un d’eux a brisé, à l’entresol de ma maison, l’encadrement d’une fenêtre.

« Dans la nuit du 11 au 12, plusieurs bombes tombèrent dans la rue des Écoles, et occasionnèrent de grands dégâts. Les accidents furent nombreux. » (Docteur Robolsky, p. 310.)

Trois nymphes légères du Quartier latin furent broyées dans la rue Champollion.

Pauvre Mimi Pinson !

Pauvre Musette !

Pauvre Phémie !

Lugete Veneres Cupidinesque !

Dimanche 15 janvier

 

La pluie de fer7 continuant, j’envoie chez l’ami Lœbnitz, rue Pierre Levée, ceux de mes meubles qui me rappellent le plus de souvenirs.

Deux déménageurs entassaient les meubles, vite et vite dans la voiture ; car je m’étais engagé d’honneur, envers mon ami, à ne pas lui ramener son cheval en plusieurs morceaux. C’était grâce à mes relations avec le haut commerce que j’avais pu, comme on le voit, obtenir un cheval, attelé à une voiture. Mon luxe éblouit mes malheureux voisins, obligés de déménager dans des voitures à bras, auxquelles, du reste, ils s’attelaient en riant.

Un de nos plus grands peintres, demeurant près du Luxembourg, ayant reçu la visite d’une bombe, entassa ses chefs-d’œuvre dans une petite voiture et les emporta au galop de ses jambes.

Même jour, 15 janvier

 

Mon voisin, M. Julian, tapissier, rue de la Sorbonne, Picard des environs de Péronne, a reçu une dépêche qui lui annonce la prise de ma pauvre petite ville ! Que sont devenus mes vieux parents !

Verglas affreux.

Le matin du 15, il avait fait un horrible froid ; la pluie tomba ensuite ; le froid sévit de nouveau, si bien qu’un verglas très dangereux couvrit les rues ; revenant de la garde avec mon fusil, j’allai chez mon beau-père ; j’avançai timidement dans la cour, brillante comme un miroir, mais j’eus beau faire, mon fusil et moi tombâmes fraternellement côte à côte, sans nous blesser.

On remarque les alternatives de chaud et de froid, dont je parle en cette journée ; il en fut souvent ainsi. La Seine par suite gelait et dégelait, coup sur coup ; voilà pourquoi, avec une température aussi glaciale, le fleuve ne fit que rouler des glaçons en décembre, sans être pris entièrement d’un bord à l’autre.

16 janvier

Je n’ai rien écrit ce jour-là ; tant mieux ! Cela me permettra ainsi d’insérer une note qu’à la date du 15 janvier 1871, le très distingué ornithologue Nérée Quépat inscrivait sur son cahier de siège ; impossible de mieux peindre l’aspect du Quartier latin :

« Le Quartier latin est depuis quelques jours d’une tristesse navrante ; tous les magasins sont fermés ; le soir, l’éclairage est presque nul. De nombreux passants se servent de falots. Les cafés eux-mêmes qui, jusqu’à présent, étaient demeurés ouverts, sont aujourd’hui fermés ou blindés avec des sacs de terre, car plusieurs d’entre eux ont été visités par les dragées du père Krupp.

« Les cafés de Cluny, Soufflot, Vachette, d’Harcourt, de la Rive gauche, Molière, de l’École de droit, du Luxembourg et Voltaire sont fermés ; on entr’ouvre, on s’y glisse par une porte dérobée. Procope, lui, tient bon ; il n’a, il est vrai, encore rien reçu, mais son tour viendra. D’ailleurs ses habitués, obstinés joueurs de dominos8, entrent en rage, quand on prononce devant eux le mot de fermeture. » (Nérée Quépat, Simples notes du Siège, 1871, Thorin, éditeur, rue de Médicis.)

Jeudi 19 janvier

 

Hier soir, mon bataillon a été convoqué pour aller bivouaquer la nuit, au Palais de l’Industrie. Il devait au besoin soutenir, avec d’autres bataillons, l’effort des compagnies de marche, chargées de faire une sortie du côté de Saint-Cloud. L’immense palais, à peine éclairé, était d’un aspect lugubre.

Il y faisait un froid ! un froid ! à une heure avancée de la nuit, nous nous couchâmes tous par terre, les uns à côté des autres ; un autre bataillon s’étendit près de nous, têtes contre têtes. Enveloppé dans ma couverture, je finis par faire un somme, sans rêves couleur de rose.

Le matin nous avions tous les reins brisés. L’air était brumeux ; malheureusement, pour nous réchauffer, il nous fut impossible, dans cette grande promenade des Champs-Élysées, de trouver le plus petit bouillon, la plus petite soupe d’eau chaude.

Dans le courant de la journée, un garde national, accourant effaré de Saint-Cloud, vint nous dire que l’attaque de nos troupes n’avait pas réussi ; nous fûmes pris d’un violent accès de désespoir.

L’ordre du départ arriva ; nous rentrâmes transis de froid au Quartier latin.

 

22 janvier

 

On se bat à l’Hôtel de Ville. Notre bataillon est convoqué d’urgence ; nous restons toute l’après-midi, par un temps pluvieux, les pieds dans l’eau, sur le boulevard Saint-Germain, devant la grille du jardin de Cluny. Le bruit de la fusillade nous arrive. On nous distribue des cartouches. Nous allons donc être obligés de tirer contre des Français. Hélas ! il le faut. Quelques-uns de nos camarades déclarent qu’ils ne tireront pas. Cette déclaration nous consterne9.

Le bruit de la fusillade a cessé, j’en remercie Dieu. On nous remise au Collège de France, où éclatent continuellement des obus. L’un d’eux manque de nous tuer ; j’en attrape un morceau pour m’en faire un presse-papiers, mais... mais mon nez s’allonge10. C’est si ennuyeux d’être tué bêtement, loin du champ de bataille.

« Capitaine, permission d’aller dîner ? »

« Allez. »

Je profite de la permission pour, en croquant un morceau de pain, courir du côté de l’Hôtel de Ville.

Toutes les voies qui y mènent sont garnies de mitrailleuses ; c’est fini, mais il y a foule et une foule grandement émue. J’aperçois mon brave confrère Bétolaud, qui très courageusement tâche de calmer des groupes fort animés ; je retourne au Collège de France, après lui avoir serré la main.

À une heure du matin on nous renvoie. Ne pouvant retourner à cette heure rue Pierre-Levée, où j’ai transporté mes pénates, je vais coucher chez le camarade J..., qui, dans sa cave, a organisé une chambre à coucher à l’abri de la grêle, oh ! l’incroyable encombrement de meubles. Pendant la nuit, me levant (pas pour dire matines), je mets le pied sur une pendule de marbre. Je crois marcher sur un serpent à la peau glacée, sur Bismarck, la dernière incarnation de l’antiquus serpens.

 

Dimanche 23 janvier

 

Ma lettre de ce jour à ma femme :

« Le calme le plus grand règne à Paris malgré une algarade terrible dans l’après-midi d’hier. Les journaux t’en donneront bientôt les détails. Un bataillon de marche bellevillois s’est jeté contre l’Hôtel de Ville, sans pouvoir s’en emparer, heureusement.

« Il était, disait-il, venu pour protester contre la mollesse et les insuccès du gouvernement. Ils auraient dû, ces Bellevillois, protester plutôt contre les desseins de Dieu qui certainement a cessé de nous protéger.

« Le 19 janvier, on avait fait une belle sortie ; nous allions peut-être occuper Versailles ; tout à coup se déroule devant nos combattants un épais brouillard, on ne peut plus favorable aux Prussiens assaillis. Il était tellement intense, ce brouillard, que le locataire de ton père, M. Gaildreau11, membre des ambulances, nous a dit avoir ramassé un petit arbre abattu, croyant ramasser un blessé.

Lors des grandes batailles de décembre, il en a été de même ; nous débutâmes par de véritables succès ; un froid, comme jamais on n’en avait vu à Paris, arrêta forcément les opérations. Les soldats pouvaient à peine tenir leur fusil...

« Tout à toi... »

24 janvier

 

Les omnibus ne remontent plus le boulevard Saint-Michel, que les obus rendent malsain. Ils s’arrêtent à la fontaine Saint-Michel, sous la protection de l’archange, le vieux patron de la France, qu’il semble bien avoir abandonnée !

 

25 janvier

 

* Au combat du 19 est mort héroïquement le fils de M. Regnault, directeur de la manufacture de Sèvres, ancien professeur au Collège de France. Connaissant son frère, je suis allé le voir un jour au Collège de France, où il demeurait avec son père.

En traversant une chambre, j’aperçus des dessins très remarquables, notamment une esquisse de cheval. Mon ami me dit : « Ce sont les études de mon frère Henri. »

Lors de cette visite j’eus à présenter mes hommages à Mme Regnault, femme d’un esprit charmant, d’une distinction infinie ; couchée très malade sur un canapé, elle me reçut avec la plus grande affabilité.

Que cruelle doit être sa douleur !

Le peintre Henri Regnault était fiancé à une jeune personne de grande distinction, petite-fille du fondateur de la maison Hachette. La pauvre enfant fut en proie à une horrible douleur. Pendant longtemps, presque tous les dimanches, à l’église de la Sorbonne, elle faisait peine à voir avec sa figure attristée et ses vêtements de deuil.

Pour ne pas désoler ses parents, elle consentit enfin à se marier avec un jeune homme de mérite et digne d’elle. Mais le jour de la cérémonie à Saint-Séverin, personne ne refusa une prière ou un souvenir au pauvre Henri Regnault.

Tout Paris a connu cette douloureuse histoire ; plusieurs écrivains l’ont racontée. Il n’y a donc aucune indiscrétion à la rappeler dans ce modeste journal du quartier des Écoles.

26 janvier

 

Je me promène sur le boulevard Montparnasse, si frais pendant l’été ; hélas ! les arbres tombent pour chauffer l’héroïque population de la rive gauche.

Des bruits de capitulation se propagent.

* Dans la Gazette des absents que j’ai envoyée à ma femme, j’ai vu que M. Peloux, bâtonnier des avocats de Valence, avait été tué à Montretout.

« L’avocat de Valence, Peloux, bâtonnier de son ordre, volontaire dans les mobiles de la Drôme, fut tué au combat de Montretout, en tête d’une compagnie qui l’avait nommé capitaine. La mort de M. Peloux honore le barreau français, dont presque tous les membres ont pris part à la guerre et qui compte beaucoup de victimes dans ses rangs. » (Arnold Henryot, Paris pendant le Siège, p. 171.)

Un jeune avocat du barreau de Paris, Marie Duponchel, fut également tué à Montretout. Deux autres, Léon Quillard et Jacques Pinon, succombèrent à Buzenval.


1.  « On riait, du reste, toujours pendant le bombardement, surtout dans le Quartier latin ». (Docteur Hermann Robolsky, Le Siège de Paris raconté par un Prussien, p. 304.)

2 Rue de Vaugirard, numéro 7.

3 « Comment viens-tu du ciel, toi qui sors de l’enfer ? » (V. H., L’Année terrible.)

4 L’expression n’est pas bien juste, l’ennemi ne se servait plus guère de bombes, mais les Parisiens employaient souvent le mot bombe pour désigner un obus.

5 Je me rappelle m’être assoupi au coin du feu, mais d’un mauvais assoupissement ; je rêvassais que les Prussiens, ayant aperçu la fumée de mon pauvre foyer, envoyaient des projectiles sur ma cheminée. Je me réveillai épouvanté et continuant à être, quoique réveillé, sous l’horrible impression du cauchemar, je saisis ma carafe et noyai mes maigres tisons.

6 C’est à cette vente mémorable, organisée par Mme Jules Simon, dans les salons du ministère de l’Instruction publique, qu’une pomme d’api fut vendue 15 francs, et un dindon 500 francs.

7 Le Panthéon, la Sorbonne, l’église Saint-Étienne reçurent pas mal d’obus en ce saint jour du Seigneur ; singulière manière pour les Allemands d’observer le repos du dimanche ; c’est le Panthéon que visaient surtout nos ennemis, parce qu’ils le croyaient plein de poudre.

8 La voix des obus ne pouvait guère troubler les joueurs de dominos, habitués à la voix tonitruante de Gambetta.

9 Suivant l’expression de M. Caro : déjà la Commune germait.

10 L’avant-veille, un fragment d’obus était tombé au pied de la chaire d’un professeur de géographie, M. Levasseur, qui continua néanmoins son cours ; les auditeurs ne s’en allèrent point ; on ne peut pas dire qu’ils étaient endormis, car M. Levasseur n’est pas homme à endormir son auditoire.

11 Le dessinateur qui a donné à L’Illustration tant de dessins remarquables.