1869

 

14 mai, 9-11 juin

Le 24 mai et le 7 juin 1869 se déroulèrent des élections pour le Corps législatif. Rochefort se porta candidat dans la septième circonscription de la Seine (Ve arrondissement de Paris) ; parmi ses concurrents figuraient le vieux fouriériste Cantagrel et le républicain Jules Favre, qui l’emporta au second tour. L’échec de Rochefort provoqua des troubles ; lui-même en attribua la responsabilité à des agents provocateurs, les « blouses blanches ». Mais, à cette époque, il était possible d’être candidat dans plusieurs circonscriptions et, en cas de victoires multiples d’un même candidat, des élections complémentaires étaient organisées. Gambetta, vainqueur à Belleville et à Marseille, choisit Marseille ; en novembre, Rochefort fut élu dans la circonscription de Belleville et alla siéger à l’extrême gauche.

Le phénomène météorologique décrit par Henri Dabot est une aurore boréale. Les aurores boréales se produisent en général dans les latitudes élevées ; cependant, on en vit plusieurs dans les régions tempérées durant les années 1850 et 1860, par exemple le 13 mai 1869, date à laquelle se produisit une importante perturbation magnétique et atmosphérique. Cette aurore fut vue dans plusieurs pays européens.

 

31 mai

La Société d’encouragement au bien fut fondée en 1862, autorisée le 5 septembre 1863 et reconnue d’utilité publique le 2 mai 1894. Elle cherchait à exercer une influence moralisatrice sur le peuple et à promouvoir une saine littérature. Depuis sa fondation, elle était présidée par Louis Charles de Ladoucette (1809-1869), conseiller d’État, sénateur et conseiller général de la Moselle, qui fut nommé maire du VIIIe arrondissement de Paris en 1867. Catholique et homme d’œuvres, Charles de Ladoucette contracta la variole en visitant les varioleux de son arrondissement lors de la terrible épidémie qui toucha la capitale à partir de novembre 1869. Quant à M. de Lapommeraye, à cette date, il était le chef du service des pétitions du Sénat.

 

13 juin

Se remémorant le 19 septembre 1870, jour où il observait Paris depuis les hauteurs de Gonesse, Paul von Hindenburg écrivit : « Les coupoles dorées du dôme des Invalides et d’autres églises brillaient dans le soleil du matin » (cité par François Roth, La guerre de 1870, Fayard, 1990, p. 191).

 

29 juillet

Le 3 août 1869, Louis Veuillot publia un texte intitulé « Les demoiselles Carpeaux » ; pour le bouillant patron de L’Univers, ces « Rigolboches de marbre », si elles avaient été de chair, auraient été conduites au violon, « digne asile de leur condition, de leur parure et de leur beauté ».

Ernest Aimé Feydeau (1821-1853), père de Georges, publia divers ouvrages historiques, mais se fit surtout connaître par ses comédies et ses romans. En 1858, son roman Fanny remporta un immense succès. Pour la revue Polybiblion, il était « un corrupteur du goût et de la morale publique ».

Cora Pearl, Emma Cruch de son vrai nom, était née à Plymouth en 1837. Elle eut de très nombreux amants, choisis dans l’aristocratie (le marquis de Gallifet, le duc de Gramont, le prince Demidoff, le duc de Morny, le duc de Masséna, le prince Napoléon...) ou la haute bourgeoisie, et en ruina plusieurs. En 1867, elle tint le rôle de Cupidon dans Orphée aux Enfers, aux Bouffes. Elle mourut d’un cancer en 1886, esseulée et dans la gêne.

 

11 août

La prison de Mazas avait remplacé la prison de la Force. Achevée en 1850, elle occupait l’espace délimité par le boulevard Diderot, la rue de Lyon et l’avenue Daumesnil. Il s’agissait d’une prison cellulaire moderne, dans laquelle les prisonniers souffraient fortement de la solitude et de la surveillance ; les tentatives de suicide et les suicides y étaient très nombreux. Elle fut détruite en 1898, à l’approche de l’Exposition universelle de 1900, car on ne voulut pas que les visiteurs arrivant gare de Lyon eussent de la capitale cette première image. Elle fut remplacée par la prison de Fresnes.

 

13 août

La garde nationale mobile fut créée par la loi du 3 février 1868, dite « loi Niel », bien que le projet déposé par le maréchal Niel eût été largement déformé par tous les amendements votés au cours de son examen. Tout le titre II de cette loi, fort de quatre sections, est consacré à la garde nationale mobile, dont le but était de « concourir, comme auxiliaire de l’armée active, à la défense des places fortes, des côtes et des frontières de l’Empire et au maintien de l’ordre dans l’intérieur ». Elle était composée des jeunes gens de la classe 1867 et des classes suivantes ne faisant pas partie du contingent, grâce à leur « bon numéro » lors du tirage au sort ; s’y ajoutaient les jeunes gens des mêmes classes qui avaient été exemptés pour l’armée active, ou qui s’étaient fait remplacer, et les volontaires. Un certain nombre de jeunes gens étaient dispensés de servir dans la Mobile : les ouvriers travaillant dans les ateliers de la marine, les arsenaux ou les manufactures d’armes de l’État, les préposés des douanes et des contributions indirectes, les facteurs de la Poste aux lettres et les mécaniciens de locomotives et des jeunes gens soutiens de famille dont le nombre était contingenté. Chaque année étaient organisés des exercices qui ne devaient pas excéder quinze jours. Le temps de service dans la Mobile était de cinq ans.

 

15 août

À cette date, correspondaient l’Assomption, déclarée fête légale en 1802 (de même que la Nativité, l’Ascension et la Toussaint), et la Saint-Napoléon, qui avait été créée en 1806. Célébrée sous le premier Empire, la fête de l’Empereur avait disparu en 1815 ; le décret du 15 février 1852 la rétablit comme unique fête nationale. Le 15 août 1869 revêtit une importance particulière à cause du centenaire de la naissance de Napoléon.

 

8 septembre

Napoléon III souffrait de lithiase vésicale depuis 1863. Le calcul formé dans sa vessie lui causait d’atroces douleurs ; il mourut le 9 janvier 1872, après avoir subi une lithotritie pratiquée par deux chirurgiens anglais.

 

21 et 29 septembre, 28 novembre et 20 janvier 1870

Un mécanicien d’une vingtaine d’années, Jean-Baptiste Troppmann, persuada le propriétaire d’un établissement de Roubaix, Jean Kinck, de s’associer avec lui pour fonder une entreprise en Alsace, province dont les deux hommes étaient originaires. Il l’empoisonna, mais n’ayant pas trouvé sur son cadavre la somme dont il espérait s’emparer, il attira ensuite dans un piège son fils aîné, âgé de quinze ans, qui n’avait pas l’argent et fut assassiné. La mère tomba aussi dans un guet-apens. Elle vint de Roubaix à Paris avec ses cinq autres enfants ; tous furent égorgés ou étranglés, achevés à coups de pioche et enterrés dans un champ de Pantin. Leurs corps furent découverts le 20 septembre. Troppmann gagna Le Havre, où il espérait s’embarquer pour l’Amérique du Nord, mais son attitude retint l’attention d’un gendarme qui l’arrêta. Troppmann incrimina successivement le fils aîné et le père, dont la mort était alors ignorée. Mais leurs cadavres ayant été découverts, il dut renoncer à ce mode de défense. Son procès se déroula le 28 décembre 1869. Troppmann fut condamné à la peine de mort et exécuté le 19 janvier 1871 devant la prison de la Grande-Roquette, en présence d’une foule considérable. Après l’exécution, deux ou trois hommes parvinrent à se glisser sous l’échafaud, pour tremper leurs mouchoirs dans du sang qui s’était écoulé ; ils purent s’enfuir avant d’être appréhendés par les sergents de ville (La Gazette des tribunaux, 20 janvier 1871). Ivan Tourgueniev, qui avait assisté à l’exécution, a laissé un récit sur ce supplice et les heures le précédant (L’Exécution de Troppmann, traduit du russe par Isaac Paulovsky, Association des amis d’Ivan Tourgueniev, Pauline Viardot et Maria Malibran, 1979).

 

14 octobre

Son client, du nom de Tarlier, fut même lourdement condamné : trois ans d’emprisonnement et deux cents francs d’amende. En réalité, la peine qui frappa le client de Me Beurdeley fut beaucoup plus légère : deux mois de prison (La Gazette des tribunaux, 15 octobre).

 

26 octobre et 17 septembre

Le groupe de bronze mentionné par Henri Dabot est le monument du maréchal Moncey. Érigé au centre de la place Clichy, il rappelle le combat contre les Russes, à la barrière de Clichy, le 30 mars 1814. Le sculpteur, Amédée Doublemard (1826-1900), a représenté la ville de Paris, coiffée d’une couronne crénelée, le maréchal Moncey et un élève de l’École polytechnique affaissé sur un affût de canon. Le piédestal, haut de huit mètres, porte des bas-reliefs représentant le combat de la barrière de Clichy, la Patrie en deuil et le patriotisme.