Belle écarta Amy avec douceur. Elle se releva et marcha vers Abraham-de-Pique en s’essuyant les yeux avec sa manche. Elle paraissait avoir vieilli. La fatigue creusait son visage et en accentuait les ombres, comme si les ténèbres qu’elle s’efforçait de maintenir en elle la débordaient.
— Je suis désolée, dit-elle.
Il lui fallut un couteau pour trancher les nœuds qui s’étaient serrés au point d’écorcher la peau fragile du mustang.
— Je crois que j’étais encore sous son emprise.
La Harpiste, pensa Abraham-de-Pique en faisant précautionneusement bouger ses membres.
— Ce salaud… exhala-t-elle.
Le masculin surprit le mustang. Comme il ne pouvait pas poser de question, il se remit debout à son tour et s’ébroua, soulevant un nuage de poussière rousse. Il était trempé d’écume et frissonnait. Les lacérations infligées par le fouet pulsaient. L’adrénaline, en s’écoulant de son corps blessé, le laissait faible et un peu assommé.
Belle finit par tendre la main, tout doucement, comme pour une trêve. Il ne pouvait pas la serrer. Il se laissa toucher sur l’encolure, là où cascadait sa crinière noire, la greffe qui l’avait fait basculer dans un autre monde.
— J’ai l’impression de sortir d’un long rêve, dit-elle. Mes pensées étaient embrumées. Pleines d’un brouillard rouge. Je t’en voulais. Parce que tu avais tout gâché, là-bas, parce que tu m’avais trahie, mais… C’était trop. Tu n’as jamais été mon véritable ennemi. La Harpiste m’a détournée d’elle en faisant de toi une cible. Elle a joué une musique qui parlait à nos greffons. Ça ne sortait plus de nos têtes… Noah a perdu l’esprit. Il ne savait plus s’il était un homme ou un oiseau. Le pouvoir d’Earl a pris une ampleur démentielle. Nous ne pouvions même plus l’approcher. Il déplaçait un champ de fleurs empoisonnées avec lui. Quant à Jesse, il n’a jamais voulu révéler ce qu’il voyait, mais j’ai l’impression qu’il vivait dans un cauchemar.
Elle secoua la tête.
— Et moi, je ne sais pas. J’étais habitée par un désir de prédation dément. Je voulais t’avoir, te tuer, te manger… Mais quand je t’ai vu, attaché et sanglant, étendu sur le sol, j’ai eu…
Elle hésita, ouvrit et serra les poings. Elle ferma les yeux, prit une grande inspiration, et lâcha :
— Une révélation. C’était comme un souvenir, mais plus fort. Plus réaliste. Je crois que je l’avais oublié, depuis tout ce temps… C’est remonté avec violence… et ça a explosé en moi, dans ma tête. Peut-être que ça a rompu le charme de la Harpiste. Le silence est revenu…
De nouveau, elle l’effleura du bout des doigts.
— En fait, tu m’as rappelé ma situation, quand j’étais encore avec… lui.
Amy s’était rapprochée. Elle caressa le bras de Belle, un toucher très doux, plein de délicatesse et de pudeur.
Belle s’arracha aux yeux du cheval noir et se retourna vers elle.
— Tu ne devrais pas y penser, dit Amy.
— Et pourquoi pas ? répliqua Belle. Pourquoi je devrais enfouir ça en moi, alors que ça me dévore ? On dirait que c’est lui qui vit dans mon ombre et non un lion.
Elle refit face à Abraham-de-Pique.
— Après ce que je t’ai fait, laisse-moi m’expliquer… Je veux te confier ça. Veux-tu m’écouter ?
Il aurait pu la blesser, en partant. Il n’avait qu’à faire volte-face et à s’éloigner. Belle l’aurait laissé s’enfuir. Il la sentait fragile, plus qu’elle ne l’avait jamais été, et elle proposait de se découvrir encore davantage.
Il resta.
Belle poussa un long soupir, les yeux mi-clos, et au terme d’une brève inspiration, elle se mit à raconter.
*
J’ai débarqué à Nacarat, il y a cinq ans de cela, avec mon mari, André. Comme tout le monde, j’étais transportée d’espoir. Même si nous étions ruinés, ce n’était pas la perspective de m’enrichir qui me motivait, mais celle de réenchanter mon mariage qui battait de l’aile. Sur le vieux continent, André avait monté une affaire qui nous avait beaucoup endettés. Avec les pertes, il s’était refermé sur lui-même. Il buvait, souvent, et trop. Bien avant lui, j’avais compris qu’on ne remonterait jamais la pente. Nos dettes continueraient de se creuser jusqu’à ce qu’on perde tout. Mais je ne savais pas quoi faire. Je ne travaillais pas. J’étais entièrement dépendante de lui… Puis, il a eu cette idée : tout abandonner, tout laisser derrière nous et partir pour le Nouveau Monde. Soudain, il est redevenu l’homme dont j’étais tombée amoureuse. On aurait dit que le soleil de l’Ouest irradiait en lui. On a vendu la maison, en prétextant que l’argent irait à nos créanciers, puis on s’est enfui en bateau, laissant tout le monde derrière nous. On en riait comme deux gamins. Alors qu’on allait si mal et qu’on était en train de mourir à petit feu, étranglés par les dettes et sans aucune perspective d’avenir, c’était comme si Nacarat avait fait crouler le mur qui nous retenait prisonniers.
Beaucoup de gens débarquaient comme nous sur le nouveau continent, avec leurs derniers sous en poche, dans l’espoir de faire fortune. André parlait tout le temps des minerais. Il convoitait de l’or, surtout. Il était exalté. Alors qu’il ne savait même pas tirer, il s’était acheté une carabine et deux colts. Je crois que cela lui plaisait de jouer les pistoleros devant moi, mais assez vite, je me suis rendu compte que ses mains tremblaient et qu’il n’avait pas la patience nécessaire pour progresser. Il aurait dû s’entraîner, comme le faisaient tant d’autres. On ne s’aventurait pas dans l’Ouest sans savoir manier un revolver, c’était de la folie, et cela, malgré tout, il l’avait bien réalisé. Il s’est donc mis à passer du temps dans les saloons. Il avait noué de mauvaises fréquentations, des desperados que je détestais. Je sentais leur regard visqueux couler sur moi quand je l’accompagnais. Leurs yeux concupiscents me brûlaient la peau. Rien de ce que je pouvais dire ou faire ne les intéressait. Mon corps n’était qu’un territoire de plus à conquérir. Sur l’ancien continent, j’étais une femme respectée. Je n’avais encore jamais vraiment souffert de ce désir gluant qui me changeait instantanément en objet à posséder. Dans l’Ouest régnait une sorte de loi du plus fort qui me plaçait du côté des faibles. La jalousie d’André s’est réveillée. Il m’accusait de flirter avec ses camarades de boisson, de chercher à les exciter. J’ai cessé de sortir. Je me réfugiais de plus en plus souvent dans notre chambre sordide, à l’étage du saloon, et ce rêve de liberté que j’avais conçu, des étoiles dans les yeux, lors de notre grande traversée, se réduisait à quatre murs de planches à travers lesquels j’entendais les soupirs simulés des prostituées.
Rien n’avançait. Notre pécule fondait comme neige au soleil. L’alcool, de nouveau, engloutissait notre argent. André sombrait dans son humeur crasse et méchante. Des idées malsaines lui venaient. Un de ses camarades de beuverie avait proposé de payer pour coucher avec moi. L’offre ne l’avait pas choqué autant qu’elle l’aurait dû.
Je fuyais ma chambre et je m’isolais aux frontières de la ville, au bord des terres rouges auxquelles nous avions tant rêvé tous les deux. Puisque André était un piètre tireur, je m’étais mis en tête de remplir ce rôle. Nous pourrions partir en expédition. Je chasserais et assurerais notre nourriture pendant que lui chercherait de l’or. La répartition des tâches lui laissait le beau rôle et épargnait ainsi sa susceptibilité. Du moins, c’est ce que je croyais. Quand il m’a surprise en train de casser des bouteilles, à cinquante mètres de distance avec sa carabine, il est devenu fou. C’était la première fois qu’il me violentait. Il me ramena au saloon en me tirant par les cheveux. Il vociférait comme un ivrogne. Peut-être que j’aurais pu me défaire de lui, mais j’étais terrifiée et je me laissais malmener en silence. J’avais honte de moi. J’avais humilié mon mari. J’étais sortie de mes attributions. Je me suis excusée en pleurant…
La suite de notre relation tourna au cauchemar. Il ne me frappait pas. S’il l’avait fait, peut-être serais-je partie ? Et encore, était-ce si sûr ? Je n’avais que lui dans ce pays étranger. Notre pauvre argent était au fond de ses poches. Quand je mettais un pied hors de la chambre, les regards des autres hommes me pelotaient comme si j’avais été nue. Leurs sourires cariés me répugnaient. Je les haïssais et André me paraissait moins pire que cette faune hideuse et frustrée. J’avais bien conscience que mon mari était le seul rempart entre eux et moi. Si je me séparais de lui, si je devenais « libre », la horde se jetterait sur moi. Sans argent, je ne me voyais pas d’autre destin que de rejoindre les rangs des prostituées.
Je tentai de me satisfaire de mon sort, mais les intimidations et les insultes me brisaient peu à peu en mille morceaux. Chaque fois que je prenais une minuscule initiative ou que mon estime personnelle se rehaussait de quelques millimètres, André me rabaissait. Sans doute se sentait-il menacé. Il se moquait de moi, m’expliquant combien j’étais laide et vieille. Il était bien gentil de me désirer encore et de vouloir de moi. Bien sûr, tout le monde dans le saloon voulait me baiser, mais c’était parce que je n’étais qu’un sac à foutre, une vraie traînée, une pute. Les insultes s’amplifiaient jusqu’à ce que j’éclate en sanglots. Alors il me retournait sur le ventre et il me transperçait comme je pleurais encore dans l’oreiller. Ses menaces et ses jeux sexuels dégradants me laissaient inerte, démoralisée dans mes draps sales, dans cette chambre que je vomissais. Les jours qui suivaient, je me sentais morte. Mon cœur, mon âme étaient en lambeaux. Plusieurs fois, je suis tombée malade. J’errais et je tournais dans la pièce comme un lion en cage. Plusieurs fois, j’ai pensé au suicide, ou bien je devenais tout à fait folle, et je hurlais d’angoisse en me tirant les cheveux.
André, un soir, dégoûté et enragé par une de ces nouvelles crises m’attrapa par le bras et me jeta au sol. Il criait :
— Que tu es laide, ma pauvre ! Mais regarde-toi. Toujours à pleurer et à chouiner alors que je travaille comme un damné pour subvenir à tes besoins. Tu pourrais être gentille avec moi, tu pourrais sourire pour une fois !
Il m’enfourcha et s’assit sur mon dos. Il me tenait fermement, me tirant la tête en arrière. J’étais bloquée, je suffoquais, je pleurais, et lui répétait de plus en plus fort :
— Souris ! Mais souris, salope !
Il m’a tailladé la bouche au couteau. Ce sourire, il me l’a dessiné en découpant mes joues. Il faisait gicler mon sang jusqu’à découvrir le blanc de mes dents. Il aurait pu me lacérer tout le visage, dans sa rage, mais une fille est entrée dans notre chambre, une des prostituées du saloon, une fille frêle et bizarre qu’on surnommait « la truie », et elle s’est jetée sur mon agresseur. Sans elle, je serais morte ce jour-là.
Tu l’as compris, cette fille, c’était Amy.
J’étais recroquevillée sur le plancher couvert de sang, de cheveux et de grumeaux de chair, à baver et à râler, les yeux exorbités. Je n’avais même plus la force de pleurer. J’étais en état de choc. D’autres clients se sont engouffrés dans la chambre, alertés par les cris d’Amy. Devant le carnage, beaucoup se sont sentis mal, mais au moins, je n’étais plus seule. J’étais sauvée.
Amy m’a aidée à me relever. Elle m’a fait traverser le saloon. Tous ces hommes affreux, qui avaient tant rêvé de me baiser, s’écartaient sur mon passage avec effroi.
J’ai éprouvé un bizarre sentiment de satisfaction. Ça me plaisait… beaucoup trop. J’ai pris conscience de mon désir secret, la petite flamme qui brûlait en moi. Le regard dégoulinant de tous ces conquérants à la queue molle n’exprimait plus le désir. L’incision du couteau dans ma chair avait révélé le monstre au grand jour. Mon sourire dégoulinant, mêlé de bave et d’hémoglobine, enfin, m’offrait ce statut que j’avais toujours désiré.
J’étais devenue une prédatrice.
En me rendant laide, André m’avait embellie à mes propres yeux.
Une joie sauvage m’a possédée.
Je triomphais, je me redressais dans le saloon, j’éructais des postillons dégueulasses et sanglants pour les faire tous reculer devant moi, livides de peur.
Quand Amy m’a traînée chez le chirurgien, je me suis débattue. La douleur était insoutenable, mais elle me rendait effrayante. Je ne voulais pas être rafistolée, je voulais rester monstrueuse. Belle, à ma façon.
— T’as pas le choix, insista Amy. Si on ne te recoud pas et qu’on ne nettoie pas tout ça, tu vas mourir d’une septicémie. Crois-moi, je connais ce genre de blessure.
Le chirurgien était un de ces sorciers de la greffe, qui officiait dans un laboratoire épouvantable, comme l’antichambre de l’enfer. Tandis qu’il me recousait avec du gros fil, je lorgnais, à travers mes larmes de souffrance, les bocaux pleins d’organes baignant dans le formol. Amy restait près de moi. Elle me tenait la main pendant l’opération. Le chirurgien était un de ses clients réguliers et il appréciait tant ses talents au lit qu’il acceptait de me rendre ce service. Je ne sais pas pourquoi, mon regard revenait sans cesse sur une crinière de lion blanc, tassée à grand-peine dans un bocal. Elle flottait sans grâce dans son bouillon verdâtre. Prise par la fièvre, je m’imaginais qu’il s’agissait de mes propres cheveux, arrachés par André, qu’il avait vendus au chirurgien pour s’acheter à boire.
— C’est les restes d’un lion blanc, m’a expliqué Amy qui avait suivi mon regard.
Elle connaissait tous les petits secrets du chirurgien, racontés avec tendresse sur l’oreiller.
— À ce qu’il paraît, c’était une bête énorme qu’un pistolero a abattue à Symphonie. On attendait beaucoup de ses organes, mais aucune greffe n’a tenu. Tous les gens qui ont essayé sont morts à cause des rejets. Il ne reste que cette crinière qui moisit là depuis des mois. Personne n’en veut. Tu l’aimes bien ?
— On dirait… mes cheveux, j’ai répondu, toujours dans mon délire.
Amy et moi sommes devenues amies depuis ce jour. Elle m’a aidée quand je suis retournée au saloon. André avait peur de moi. Ma crise de folie l’avait impressionné. Il ne me parlait plus. Mon sourire ignoble, en train de cicatriser, le révulsait.
Amy a négocié avec ses clients pour que je puisse avoir une chambre à moi, gratuitement. J’étais libérée de mon mari, mais je ne savais comment m’émanciper réellement. Des hommes payaient toujours pour moi, à travers Amy.
Je passais donc du temps avec ma nouvelle amie quand elle n’était pas avec des clients. Elle me raconta son histoire sordide, la greffe immonde qu’elle avait subie, et qui faisait aussi d’elle la prostituée numéro un du saloon. Puis elle avait été captive de l’Opéra. Elle avait survécu à ce cauchemar avant de retomber entre les griffes des hommes qui l’avaient « sauvée » alors qu’elle errait dans Symphonie, en état de choc. Nous pleurâmes beaucoup. J’aurais voulu l’aider comme elle m’avait secourue. Nous nous sentions faibles et sans ressource contre nos oppresseurs.
Alors, j’ai eu cette idée… La greffe… Amy est revenue avec la crinière de lion. Elle n’avait même pas eu besoin de la dérober. Le chirurgien la lui avait donnée après l’un de ses orgasmes de porc… Pour lui, la relique n’avait aucune valeur. Elle macérait dans le formol depuis des mois.
Nous avons passé un long moment à observer les poils blancs flotter dans le liquide, mais je savais que je n’avais pas d’autre choix. Soit je subissais l’épreuve de la greffe et je renaissais autre, soit je végéterais dans cette chambre jusqu’à la fin de mes jours. Et surtout, je voulais protéger Amy. En devenant plus forte, j’espérais l’extirper du bordel.
— Vas-y, lui ai-je dit.
Amy était presque certaine de réussir à me greffer de la crinière, au milieu des cheveux que m’avait arrachés André et qui n’avaient jamais repoussé. L’opération était facile, en comparaison de toutes celles qui nécessitaient d’ouvrir le corps du patient. Le rejet, en revanche, était un risque important, surtout au vu des antécédents, mais Amy et moi avions une confiance étrange. Le lion me ressemblait, disait-elle, nous allions fusionner.
J’ai subi l’opération en serrant les dents, tandis qu’elle m’écorchait une partie du cuir chevelu avec ses aiguilles pour y implanter du crin.
La greffe a pris. Mes cheveux ont repoussé. Mon ombre a blanchi. Et je suis devenue ce monstre que j’avais tant appelé de mes vœux.
J’ai dévoré mon mari. Ma chimère blanche l’a taillé en pièces et on a bâfré pendant une journée entière, comme deux ogres, le lion et moi, assis au milieu d’un tas de chair répandu au sol. Ensuite, j’ai bouffé le mac d’Amy. Puis son client. Puis tous ceux qui osaient s’interposer entre nous deux. J’ai revendiqué Amy. J’ai affirmé que plus personne ne la toucherait à partir de ce jour. Et les hommes se vautraient en pleurnichant dans le sang et le sperme, leur petite queue rabougrie entre leurs cuisses, leurs bourses toutes serrées de trouille.
Plus personne n’a touché Amy.
Plus personne ne l’a appelée « Sexy Amy » ou « la truie ».
Puis la nuit, pour la première fois, le lion s’est retourné contre moi.
Je subissais mon revers.
Mais je n’étais plus la jeune femme fraîchement débarquée à Nacarat. J’avais décidé que plus jamais je ne me laisserais faire.
Les hommes avaient voulu me mater, me dominer, me réduire à une petite chose soumise.
Je les ai bouffés.
Mon camp, désormais, c’était celui des prédateurs, celui des dompteurs, et mon nouveau nom ne faisait pas rire longtemps les hommes dégoûtés par mon sourire noir.
Belle.
La dévoreuse.
La dompteuse.
La cheffe de gang.
*
Belle repoussa avec délicatesse une mèche de cheveux blond platine derrière son oreille, découvrant un peu plus le sillon boursouflé de sa cicatrice.
— Quand je t’ai vu, dit-elle, harnaché, battu et meurtri, cela m’a rappelé les tortures dont j’avais été victime et toutes les expériences sexuelles avilissantes qu’André m’avait fait endurer. J’ai revu Amy aussi, attachée et violée pendant des heures. Mais… Oui… surtout moi. Quand tu t’es débattu dans tous les sens et que tu es finalement retombé au sol, je me suis revue, lorsque j’ai compris que je devais enfin me révolter contre André pour ne pas subir cette mort lente et sans fin. J’avais sauté, rebondi contre les murs, avant de m’écrouler et de me retrouver chevauchée par ce pervers, la bouche tailladée à vif.
Elle toucha ses cicatrices du bout des doigts.
— Toi… et moi. À l’identique.