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Si j'avais eu à faire mes études en France, malade de réussir comme je l'étais (mais avec la loi du moindre effort), j'aurais tout coulé, doublé sans cesse et je me serais suicidé. Ce système à punition qui coûte cher en temps, de démotivation qui fait recommencer des années même quand on travaille fort, c'est de la grosse bullshit. Ça nous laisse dans la rue avec rien après vingt ans d'études. Même pas un diplôme qui permette d'avoir un emploi un cran plus haut que serveur, emploi qui a besoin de zéro année d'étude. Et encore, après vingt années d'études tu as quelque chose de changé dans le cerveau, tu es moins compétent que le premier con du bord pour servir les gens aux tables. On m'a dit que ce système était bien mieux, il forçait les gens à étudier, il permet l'accès, mais en élimine ensuite de 60 % à 80 %. Faut pas exagérer ! On n'étudie peut-être pas comme des malades, mais on étudie beaucoup quand même. Où est la motivation lorsque tu travailles fort pour rien ? Après vingt ans, ça suffit. J'en ai mon quota des études ! Si j'échoue, j'échoue et c'est fini. Pas de maîtrise et c'est tant mieux. Quand on nous a dit qu'Ionesco a abandonné son doctorat, on voulait dire que, ou bien il avait coulé un p'tit christ de cours d'histoire du latin et tout était fini pour lui, ou bien justement, après 25 ans à l'école, il n'en pouvait plus et il a laissé faire sa dernière année d'étude pour enfin respirer l'air pollué de Paris à son aise. C'est ça la vie, l'obsession de la réussite alors que seuls quelques-uns réussiront. Mais attention, il n'y en a pas que quelques-uns qui ont fourni un effort totalement inutile pour la société, et ce ne sont pas ceux qui abandonnent qui étaient les pires sujets. De ceux qui réussissent, je ne peux m'empêcher de penser aux monstres que cela donne. Genre, le journaliste Michel Vastel, ils finissent par se transformer en quelque chose de pas vivant. La vie pourrait être si intéressante, on en a fait un calvaire monumental.
carole cadotte <138194788@archambault.ca>